Vos écrits.
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Vos écrits.

Un forum pour ceux qui aiment la littérature.
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-55%
Le deal à ne pas rater :
Coffret d’outils – STANLEY – STMT0-74101 – 38 pièces – ...
21.99 € 49.04 €
Voir le deal

 

 Aetherion

Aller en bas 
AuteurMessage
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Aetherion   Aetherion EmptyDim 20 Mai - 6:25

Voilà donc mon récit. Je préviens à l'avance qu'il parle de démons et d'anges et potentiellement de grosbills, mais de manière tout à fait expliquée, puisque c'est dans l'univers-même.

Je vous souhaite bonne lecture et beaucoup de patience Rolling Eyes

INDEX

Prologue
Chapitre 1 : Défaite ?
Chapitre 2 : Avalon
Chapitre 3 : Hell or heaven ?
Chapitre 4 : Le mort de Salem
Chapitre 5 : Mémoires perdus
Chapitre 6 : Le démon des Bathory
Chapitre 7 : The Mad in the Hat
Chapitre 8 : La rencontre
Chapitre 9 : Les templiers noirs


Dernière édition par Hellwing le Dim 27 Juil - 4:48, édité 12 fois
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptyDim 20 Mai - 6:37

PROLOGUE



Il faisait un temps radieux, comme toujours, sur la vallée verdoyante dans laquelle était érigée un magnifique château aux murs d’un blanc à faire pâlir les colombes. Dans la cour de celui-ci, deux jeunes femmes discutaient énergiquement. La première, assise sur le bord d’une immense fontaine, donnait l'impression d'être une bonne soeur heureuse de sortir enfin de son couvent. Elle était vêtue d’une longue robe blanche fendue de chaque côté et d’un décolleté dévoilant ses formes bien généreuses. Sa cornette avait l'air de s'être perdue. Le visage d'Eve rappelait celui d’un ange. En revanche, la seconde était tout son contraire. Un long manteau de cuir noir, et un visage si pâle que l’on aurait cru que la Mort lui avait rendu visite plus d’une fois.

« Je refuse, fit-elle d’une voix pure comme du cristal et séduisante à en faire tomber des sirènes sous le charme.
- Pourtant nous n'avons pas le choix…
- Nous n’en avons pas besoin ! Ta demande est inacceptable un point c'est tout.
- Tu n’es pas leur porte-parole. C’est à ton chef de clan d’en décider…
- Bah… répondit alors Eve qui cherchait désespérément une bonne raison susceptible d’appuyer sa discutable autorité… puis trouva une excuse.
- Ils sont d’accord avec moi de toute façon !!
- Je ne te crois pas.
- On parie ?
- Je ne parie jamais…
- Tu as peur de perdre, gamine ? Rétorqua Eve, sûre d’elle. Hahaha !
- Je ne suis pas une gamine… Continue, et tu le regretteras…
- Pour moi, les vierges ne sont encore que des gamines… Donc tu es une gamine, Craven.
- Voilà pourquoi j’ai horreur de parler avec toi… Ca finit toujours comme ça…
- Ah non, répliqua Eve de manière exagérément énergique. D’habitude ça se finit dans un bain de sang, ma jolie.
- Certes… N’empêche, tu m’énerves quand même. »

Eve haussa les épaules en poussant un long soupir. « Hun… tu parles comme lui, fais attention. »

Craven ne l’écoutait même plus. Elle se leva et quitta la demeure de sa rivale sans dire un mot, ni même se retourner. C’était dans ses habitudes de rester loin des autres. Elle aimait cette solitude. D’ailleurs, rares étaient les gens qui osaient l‘approcher, sans doute parce qu'elle adoptait toujours une attitude froide envers les autres, même ses proches. La plupart des membres de son clan pensaient même qu’elle était frigide, mais personne n’avait eu l'audace d'oser vérifier. Jamais elle ne montrait le moindre sentiment de compassion ou d’attachement, ce serait faire preuve de faiblesse. La seule chose qu’elle aimait, c’était la Mort. Plutôt normal, quand on maîtrise la Mort. Elle n’appréciait presque que ce qui relevait du macabre.
Ce n’était pas du tout le style d’Eve qui aimait les choses de la vie, la luxure plus que tout. C’est d’ailleurs ce péché mignon qui lui valut son exclusion du Paradis. Grâce à ses techniques hautement sadiques pour ses ennemis mais étrangement jouissives pour elle, on la considérait comme un des plus puissants Anges Noirs de son clan, et elle ne ratait jamais une occasion de s’en vanter.

Le contexte commençant à prendre forme, le lecteur se demande sans doute où il a mis les pieds. Mais qui donc a dit que les anges étaient mignons tout pleins et les démons cruels, monstrueux et sadiques ?
Un peu de réalisme, bon sang.
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptyDim 20 Mai - 7:08

CHAPITRE I : DÉFAITE ?


Craven quitta le grand château blanc d’Avalon sans un regret, sauf peut être celui d’avoir failli à sa mission. Mais tout compte fait elle s’en moquait, puisque pour elle, la réponse était évidente dès le début. Encore une perte de temps se disait-elle.
La Vallée des Rêves. Tel était le si joli nom donné à la grande plaine verte parsemée de fleurs de toutes sortes dans laquelle était implantée Avalon. Il y avait des coquelicots, des marguerites, des bleuets, des roses rouges sang, et des buissons de plantes carnivores dont oiseaux et papillons se méfiaient. Bref, on se croirait au paradis, et on en oublierait presque la nature même des habitants de la cité. Et Craven savait trop bien où elle était. Ce n’était qu’un terrain ennemi en ce temps où la bataille faisait rage, et rien que l’idée de fouler ce sol plein de ces mignonnes pseudo vies la dégoûtait. Heureusement, elle ne tarda pas à arriver à la Montagne Grise qui séparait les deux royaumes.

Elle s’arrêta au pied de la montagne, claqua des doigts et ses habits noirs se fondirent en un grand nuage envahissant cet air si pur qui l’incommodait. Il se dissipa ensuite pour laisser apparaître une grande banshee aux immenses ailes noires. On aurait dit une liche croisée avec un démon. La Mort personnifiée. Et elle prit son envol pour rejoindre sa forteresse.
Arrivée de l’autre côté de la montagne après quelques banales minutes de vol, elle se posa sur un sol peu stable. Un crâne vide se brisa sous son poids, et des os roulèrent quelques mètres plus bas. Au loin on entendait des gémissements qui n’avaient plus grand-chose d’humain. En fait, c’était plutôt des hurlements de douleur, implorant une mort rapide, qui bien sûr ne serait pas accordée. Ca ne serait pas amusant, sinon. Habituée d’une si douce musique, Craven claqua des doigts, acérées cette fois-ci, et retrouva sa forme humaine. Elle prit la peine de réajuster son long manteau de cuir noir et redressa son chapeau haut de forme assorti. Sa longue chevelure noire était encore en désordre, mais ça ne la dérangeait pas plus que cela. Sauf peut être son épaisse mèche blanche qui pendait devant son visage pâle comme un mort. Elle la sépara en deux plus fines pour les ranger chacune derrière une oreille. Elle entreprit alors la descente de la colline d’ossements qui l’avait si chaleureusement accueillie.
A l’horizon se dressaient les immenses portes de Pandémonium, au sommet d’un long escalier de pierres noires. En dessous du fort coulait une large rivière de lave. Mais avant de monter cet escalier, il fallait emprunter une route pavée, dont les bords étaient délimités par de grands pics plantés à intervalles réguliers sur lesquels étaient empalés des humains, encore vivants bien entendu. On avait l’habitude d’appeler cette route, l’Allée des Vanneurs. Voici donc l’origine de cette douce musique que Craven appréciait tant. Eve aussi l’appréciait, mais pour une toute autre raison.

Deux gargouilles gardaient l’entrée de la forteresse. Craven s’arrêta devant eux. « Tar’beth el danakh! » prononça-t-elle d’un ton blasé. Cela voulait approximativement dire « Debout feignasses et ouvrez-moi ! » Une des gargouilles prit vie et voulut ouvrir la porte, qui ne voulait pas bouger d’un millimètre. Elle essaya avec plus de force, sans résultat, puis se tourna vers sa camarade encore en train de dormir. On pouvait aisément lire de la colère dans les yeux de la créature vivante qui frappait frénétiquement sur sa comparse pétrifiée.

« Ho, réveille-toi espèce de con, tu gênes !
- Rnfff… koaaa… kékésééé ? fit une voix endormie accompagnée d’un craquèlement signifiant le réveil du bestiau.
- Faut ouvrir la porte, la maîtresse veut entrer. »
Craven croisa les bras et attendit patiemment la fin de leur ménage.
« Bah vas-y, ouvre !
- Mais t’es devant la porte, abruti !!
- Ah ? »
L’endormi se retourna constater qu’il n’était effectivement pas à son poste et bloquait l’accès à la grande poignée métallique.
« Ah ouais ! Ben j’comprend pôa ! Rétorqua-t-il d’un air bêta. J’étais pourtant à mon poste la dernière fois.
- On s’en cogne ! Remet toi à ta place !! »
Ce que fit la gargouille. Craven n’attendit pas et ouvrit elle-même cette satanée porte. Un grincement à réveiller les morts plus tard, elle se trouva dans la grande cour pavée de Pandémonium. C’était en fait une fresque formant un immense pentacle noir orné d’une multitude d’inscriptions runiques. Du haut de ses deux mètres, Behemoth l’attendait adossé à un des piliers du fond de la cour, impatient et fatigué. En tant que chef de clan respectable - mais pas aussi admiré qu’il ne l‘aurait voulu - il se devait de ne montrer aucune faiblesse à ses compagnons et se redressa péniblement, essayant tant bien que mal de mettre ses muscles ravagés par son précédent combat en valeur.
« Alors… Craven… cracha-t-il.
- Navrée Behemoth, je n’ai pu voir ton frère. Eve m’a accueillie à sa place... »
Elle détourna le regard, puis continua.
« Inutile, de te raconter la suite…
- Si… Continue...
- Et bien… Elle a prétendu parler en son nom, et bien entendu elle a refusé.
- C’est déloyal! aboya Behemoth. Leviathan t’aurait écoutée, lui... Je vais y aller moi-même, d’ailleurs je d… Voldy, retourne d’où tu viens, on a eu assez de problèmes comme ça !
- Hein ? répondit une voix loin derrière lui. Qu’est ce que j’ai encore fait ? Et tu comptes aller où dans cet état, chef ? »
- Un jeune homme coiffé d’un tricorne noir galonné de bleu, et vêtu d’une chemise noire ouverte dévoilant une musculature plutôt faible, se tenait derrière son chef. On aurait pu dater son corps d’à peine vingt sept ans d’existence, tout comme celui de Craven.
« Ca ne te regarde pas.
- Pffff… soupira l’indésirable. Et comment t’as su que c’était moi ? Mo aura est encore faible.
- Inutile de sentir ton aura, tes chaînes font tant de vacarme quand tu marches…
- Certes mais bon, t’exagère un peu quand même, j'ai encore rien fait. Puis elles sont bien mes chaînes ! »

Le pantalon large noir de Voldy était orné de trois longues grosses chaînes d’argent qui contournaient les jambes par derrière. Les deux extrémités de la première étaient accrochées de part et d’autres de la boucle de son épaisse ceinture, une autre était suspendue par deux boutons d’argent fixés sur les genoux, et la dernière était tenue par des boutons identiques, juste entre les deux chaînes précédentes, au niveau des cuisses. Le Chevalier du Chaos - de son ancien titre - trouvait qu'elles avaient de la classe. Et elles en avaient, mais pas quand il était débraillé ainsi. Ses chaussures noires n’étaient même pas bien mises. Etant plus jeune, il n’avait pas dû être le genre de gamin à ranger sa chambre. Il enchaîna, sans mauvais jeu de mots.
« Non, sincèrement Behem, tu n’as quand même pas l’intention d’y aller dans cet état ?
- Grrrm, grommela ce dernier. C’est notre seule chance !
- Attend, mon grand, on s’est fait laminer sur le champ de bataille, c’est du suicide… enfin si on pouvais mourir, ça en serait !
- Pour une fois, je dois admettre que Voldy a raison, Behemoth, avoua Craven.
- Ouais super, merci Crav’, ironisa le jeune démon.
- Je DOIS y aller… Je dois voir mon frère !
- S’il avait été au château, j’aurais certainement pu parler avec lui… Mais il n’y était pas.
- Ah ? s’enquit Vold. Mais alors il est où cet abruti ? On est en pleine guerre quand même ! Il viole les règles, là ! Il n’a pas le droit de…»
L’empêchant de finir sa phrase, Behemoth se retourna brusquement et pris le cou du démon dans sa main. Il y appliqua une pression incommensurable. Leviathan avait beau être le chef du clan adverse, il n’en demeurait pas moins son frère, et il avait horreur que l’on insulte ce dernier. Un craquement se fit entendre. Behemoth lâcha sa proie qui s’effondra, la tête penchant de manière inquiétante vers la gauche. « Au moins, il la fermera un moment, soupira le chef soulagé.
- En temps de guerre, toute résurrection est interdite avant la fin des affrontements, rappela la banshee d’un ton calme et plat. Et toi, tu viens d’éliminer le seul Chevalier qui tenait encore à peu près debout… Et je ne peux pas le ressusciter, bien entendu… ça serait… déloyal.
- Alors nous avons perdu cette bataille, hein ?
- D’un échec cuisant, je le crains… Devons-nous nous rendre ? »

Behemoth réfléchit. Eux deux étaient à présent seuls face à cinq Anges Noirs, et dans un piteux état, contrairement à leurs ennemis.
Moins stratèges que ces derniers, ils avaient eu l’ingénieuse idée de foncer en barbares vers Avalon pour un assaut final, armes au poing et prêts à jeter leurs sorts les plus destructeurs, en pensant que leurs ennemis n’avaient pas eu le temps de se réfugier. Et ils s’étaient minablement heurtés à Zaël l’ange alchimiste.
Celui-ci improvisa à la dernière seconde une immense enceinte de pierre devant le château contre laquelle personne ne put s’empêcher de heurter. Le mur continua de pousser et se changea en une immense vague qui engloutit les démons dans la terre, changée en obsidienne pour l'occasion. Ce petit miracle fut produit en quelques secondes, mais engendra des conséquences désastreuses pour le camp adverse, notamment la réduction en purée de la moitié des troupes. Soit trois Démons.
Un des principes fondamentaux de l’alchimie était la conservation en équivalence de la matière, ce qui signifiait que l’on ne pouvait que transformer un objet en un autre de valeur équivalente. Et pour créer une pierre si dure que même les plus rapides ne purent détruire à temps, il fallut sacrifier la majeure partie du sol fleuri environnant. Et en y regardant de plus près, si la vague grandissait si vite, c’était parce qu’au fur et à mesure que celle-ci se formait, le sol se dérobait sous les pieds des prisonniers, qui furent non seulement enterrés immédiatement après la fermeture du piège, mais aussi compressés par l'obsidienne. En retrait et assisté de Craven, Behemoth scrutait la scène, sidéré par l’incompétence notoire de ses camarades, pour tenter vainement de trouver Zaël. Ce n’était bien évidemment pas par lâcheté, mais il avait été trop affaibli lors de l’assaut précédent pour charger avec ses compagnons, et d’autre part il était indigne d’une banshee d’attaquer d’une manière si irréfléchie. Quant à Vold, il avait simplement été en retard. Panne de réveil, avait-il prétexté.

« Hélas, je ne vois aucune alternative, soupira le chef, terriblement déçu.
- Alors je n’ai plus qu’à rentrer dans ma crypte et attendre l’annonce officielle de la fin pour ressusciter Voldy. »

Aucun d’eux ne bougea. Behemoth brisa alors le silence d'un soupir, et Craven s'en fut en direction de son antre qui se trouvait à l’extérieur. Elle était d’ailleurs la seule à vivre hors de la forteresse, où chacun avait pourtant ses propres appartements. Elle avait insisté pour rester à l’écart, prétextant qu’elle était bien mieux seule dans une crypte, au beau milieu d’un cimetière. A veiller sur la Mort. Alors qu'elle atteignit les portes de la forteresse, Behemoth lui dit :

« Je vais à Avalon, annoncer notre défaite, et voir pourquoi mon frère a quitté Aetherion. Il se peut que notre défaite se change en victoire, s’il a enfreint une telle règle. Mais ce serait surprenant de sa part.
- Tu es trop faible pour y aller… A moins que, réfléchit-elle. Non, tu ne comptes tout de même pas y aller avec Ekinox ?! »

Craven faisait très rarement preuve de panique, voire même jamais, mais là, elle avait touché dans le mille. Ekinox était un immense dragon noir. Tous les Chevaliers Noirs, anges ou démons, possédaient un oiseau qui leur correspondait. On les appelait les emblèmes et leur présence augmentait la puissance de leur maître. Par exemple, l’emblème de Craven était un corbeau noir et celui d’Eve un pigeon. Et bien pour Behemoth, c’était Ekinox, la créature la plus dévastatrice du monde, et surtout la moins vulnérable. C’était probablement pour cette dernière raison que la Mort elle-même en avait si peur. Tous les Emblèmes pouvaient mourir, et ressusciter ensuite, mais pas celui-ci. Du moins, personne n’avait jamais réussi à le tuer pour le vérifier. En général, il éliminait ses ennemis bien avant qu’ils n’eussent le temps de lui faire le moindre mal, et si par un quelconque miracle ils y arrivaient, ils étaient rôtis ou broyés avant d’avoir une nouvelle occasion.
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptyLun 21 Mai - 23:33

CHAPITRE II : AVALON



Avalon était un château magnifique du point de vue architectural. Dans son enceinte, il ressemblait plus à une cité grecque, avec une fontaine d’eau bénite majestueusement érigée en plein milieu de la grande cour, juste derrière un bâtiment de marbre blanc que l’on aurait pu apparenter au panthéon de par sa forme parfaite. Ici résidait en temps normal le plus sage des Damnés, Léviathan. Mais contrairement aux règles de guerre, il n’était pas là.
Pour que les combats soient équitables, tous les Damnés avaient approuvé l’instauration de diverses règles fondées sur la loyauté et le respect envers leurs semblables. Il n’y en avait que dix, mais en enfreindre une, signifiait la défaite de son clan lors d’une bataille. Et une de ces règles leur interdisait de rejoindre le monde humain lors d’un affrontement entre clans, afin d’éviter le moindre déséquilibre d’effectifs par rapport au camp adverse.

Par le passé, plusieurs problèmes étaient survenus parce qu’un des Anges Noirs s’était éclipsé hors d'Aetherion pour ramener un des artefacts uniques dispersés sur Terre pour remporter la victoire. Mais Pandemonium ne demandait jamais d’explications, les Démons avaient l’habitude d’envoyer un des leurs pour retrouver l’artefact avant leurs adversaires, soit pour l’utiliser à leurs propres fins, soit pour les piéger. Ainsi il était déjà arrivé que les Anges perdent après s’être protégés par des boucliers maudits ou après avoir invoqué des démons majeurs pour les protéger. Les Damnés s’amusaient bien, avant les règles.

Eve décroisa ses longues jambes puis se leva de la fontaine. « Pfiuuuuuuu ! Souffla-t-elle soulagée. On l’a échappé belle ! »

C’était le moment que Thémis choisit pour débouler dans la cour. Elle était plutôt jeune ou du moins en avait l’air. Du haut de ses dix-sept ans d'apparence elle connaissait tout, même ce qui ne s’était pas encore passé. Elle avait déjà vécu tous les futurs possibles, c’était là son grand pouvoir. La première des Damnés, bannie du Paradis pour avoir ouvert le Grand Livre des Eventualités, celui de Dieu. La puissance de ce livre était telle que tout son contenu s’était logé dans l’âme même de la jeune ange. Elle mit du temps colossal à s’habituer à un tel flux constant de connaissances incertaines. Mais elle avait finalement appris à contrôler ces savoirs ineffables. Chaque objet qu’elle touchait, chaque endroit où elle allait, elle en connaissait l’avenir et le passé depuis sa création. Mais ce n'était qu'après quelques siècles d'isolement qu'elle avait réussit à choisir d’elle-même quand laisser agir son pouvoir. Et elle venait de l’utiliser.

Eve se retourna, voyant la jeune fille se précipiter vers elle. Elle était entièrement vêtue de blanc, d’une longue robe et d’un manteau à capuche borduré de runes rouge sang dont la couleur était assortie à ses yeux. Le temps avait agi sur elle, mais à défaut de n’avoir pu la vieillir, il l’avait rendue albinos. Et elle se protégeait des rayons du soleil grâce à son manteau imperméable à toute énergie lumineuse. « Thémis ? Qu’est ce qu’il y a ? demanda-t-elle, surprise.

- Hooooooooooo du CALME ! Je comprends rien là !
- ! ! ! »

Thémis agitait frénétiquement ses mains dans tous les sens devant Eve. Le temps lui avait aussi dérobé l’usage de la parole. Ses cordes vocales s’étaient progressivement atrophiées lors de ses siècles d’exil. A force de ne pas les utiliser, c’était normal.
Elle avait acquis en contrepartie un autre moyen de communication bien plus efficace, directement lié à sa faculté. Il lui suffisait de toucher un être pour communiquer avec lui et lui faire partager son savoir par la même occasion. C’est ainsi qu’elle avait notamment pu sauver des espèces en voie de disparition et qu’elle était devenue la jardinière en chef d’Avalon. Aussi prit-elle soin de prendre la main d’Eve pour lui communiquer sa dernière vision.

« Jésus Marie Joseph !» Puis elle s’évanouit. Thémis s’agenouilla auprès d’elle, inquiète malgré elle. Mais ce qui l’inquiétait le plus, ce n’était pas l’arrivée d’Ekinox, mais la colère de Behemoth à la recherche de son frère, et elle savait ce qui allait se passer. D’abord son dragon noir atterrirait sur la fontaine, la réduisant littéralement en miettes, puis il irait demander des explications auprès d’Eve avec véhémence, comme d’habitude. Elle lui expliquerait alors ou s’était caché Léviathan, sans mentir – elle ne résistait pas à tout ce qui était grand, bronzé et très musclé. Et ensuite, Behemoth fracasserait tout de rage. Ou alors comprendrait-il immédiatement le niveau critique de la situation et saurait garder son calme ? Ces deux possibilités hantaient la jeune fille par leur équivalente probabilité. Et elle détestait avoir ce sentiment d’incertitude, si fréquent pourtant, dû à l’infinité de possibilités que le futur accorde aux êtres vivants – même si les Chevaliers Noirs ne pouvaient être considérés comme tels. Elle ne savait pas, même si Behemoth était son...

« Rhaaa mais pu... Bonté divine, que m’est-il arrivé ? S’exclama Eve encore en état de choc.
- ...
- Ah oui... Behemoth... Ecoute, Thémis, va chercher tout le monde et rejoins-moi dans ma chapelle. Nous devons trouver un moyen de... pourquoi ça ne servirait à rien ? fit-elle surprise en comprenant les signes de la jeune albinos... Mais il est si mignooooonnnnnnn ! ! ! Euh bon... il vaudrait mieux que je me calme. »

Eve tournait en rond, mal à l’aise, à la recherche de substituts de solution, comme elle en avait l’habitude. Thémis saisit alors sa main et lui fit part de tous les détails de sa vision, ce qui eut pour effet de la calmer, mais pas suffisamment pour l’empêcher de marcher de long en large tandis que l’ombre du dragon inondait les cieux comme une éclipse solaire. Mais Eve ne le remarqua pas vraiment, elle était trop plongée dans ses pensées en errant près de la fontaine. Trop près de la fontaine.
Ekinox se posa à l’endroit prédit. Ses ailes majestueuses dépassaient largement du château et son corps empruntait la majeure partie de la cour. Thémis eut la bonne idée de courir se réfugier dans le panthéon. Il replia ses ailes avec précaution afin de ne pas tout détruire, puis sentit quelque chose de bizarre sous sa patte droite. Il la souleva délicatement en tentant difficilement de garder l’équilibre et jeta un coup d’oeil aux débris rougeâtres de la fontaine. Behemoth en profita pour sauter de son familier et rater sa réception.
« Dans quoi j’ai marché, encore ?!? fit une voix grave qui semblait venir d’outre-tombe.
- Dans moi... répliqua une voix céleste semblant venir des restes d’Eve, dont seule la tête avait eu la chance de ne pas avoir été broyée.
Oh, veuillez m’excuser madame, je ne vous avais point remarqué, répondit poliment le dragon. »

A côté de lui, son maître, toujours très affaibli, semblait désespéré de la niaiserie notoire et surtout indigne de son Emblème. Dans sa précipitation, Thémis avait malencontreusement oublié de préciser ce petit contretemps à Eve, à moitié réduite en bouillie. En tout cas, il y eut de la véhémence, presque comme prédit. Ekinox eut la bonté de déplacer sa patte dont la couleur avait étrangement viré au rouge. Une brume blanche se leva autour des restes d’Eve, et un tourbillon de lumière divine apparut. Après quelques secondes aveuglantes, Eve en sortit, intacte.

« Je ne sais pas vraiment où est Lévi, reprit-elle en baissant les yeux devant le chef de ses adversaires. Mais les autres Anges sont là, hein, t’inquiète pas, ils sont en train de dormir. Ha quels feignants ceux là ! HAHA… ha … euh…
- Comment ça presque ? Fit ce dernier, plus furieux qu’intrigué.
- Et bien… A vrai dire, on a eu un léger problème il y a quelques jours et Lévi voulait s’en occuper avant d’engager la session… Malheureusement, il n’est pas revenu et j’ai cru bon de n’en parler à personne…
- Quel genre de problème ?
En bon ange modèle qu'elle était, Eve voulut mentir, mais se ravisa.
- Un de nos dossiers confidentiels a disparu… à la HellHeaven… »

Behemoth rugit de mécontentement. Il n’étais fort étonnamment pas furieux, bien au contraire, sa défaite venait miraculeusement d’être annulée. La session, terme employé pour désigner l’ensemble des combats jusqu’à la victoire d’un des deux camps, prit alors fin. Sur une muraille du château, un corbeau noir prit son envol vers les montagnes.

Près du fort de Pandémonium, dans le cimetière qui entourait la crypte de Craven, celle-ci l’attendait. Salem, son Emblème, se posa sur le long bâton runique de sa maîtresse et l’informa de la fin de la session. La banshee rentra immédiatement dans sa crypte pour ressusciter le malheureux Vold. Elle n’eut pas grand chose à faire, ce n’était pas comme s’il était véritablement mort, son âme s’était juste écartée de son corps. Elle y était toujours liée, mais n’était simplement plus en phase. C’était une occasion pour lui d’errer dans le monde parallèle des défunts et d’écouter les derniers potins de la région, pour s’occuper. Ils savent tout, les morts, et c’est pourquoi ils sont des informateurs à la fois fiables et fidèles. Mais ce monde n’étant accessible qu’aux âmes défuntes, seul un adepte de la nécromancie ou un démon qualifié pouvait entrer en contact avec elles tout en restant vivant.
Les Chevaliers noirs voyaient les âmes errantes dans le monde des Hommes, mais pour celles qui ont déjà rejoint le monde des morts, c’était une toute autre histoire. Mais c’était la spécialité de Craven. Elle était libre d’aller où bon lui semblait dans les trois mondes. C’est ainsi qu’elle informa son camarade qu’il pouvait rentrer à la maison. « HA LE SALAUD ! » furent ses premiers mots en se relevant en sursaut. Il se trouvait allongé sur un sarcophage froid, sculpté dans la pierre, dans la grande pièce de la crypte de la démone. Cette dernière soupira.
« Mais de rien, Voldy…C’est toujours un… plaisir… de te rendre service…
- Ah… euh… pardon Natalya, oui… merci beaucoup, fit-il confus. Qu’est ce qui s’est passé après ma mort ?
Et bien comme tu peux t’en douter, il est parti sur le dos d’Ekinox pour Avalon… Mon emblème l’a suivi puis m’a informé que comme il l’avait pressenti, Léviathan était absent, à cause de la disparition d’un document important de la HellHeaven.
- Et merde… Va falloir se remettre à bosser…
- Il semblerait bien, mon très cher Vold.
- Depuis quand te suis-je très cher ? »
Natalya ne répondit pas. Cette remarque l'avait gêné, aussi improbable que cela puisse paraître.
« Tu as l’air d’avoir changé ces temps-ci, Craven…
- Je ne sais pas. Je n'en ai pas l'impression.
- Bah, on dirait que tu m’aimes de plus en plus. Je ne vais pas m’en plaindre, continua-t-il sur le ton de la plaisanterie qui se voulut plus rassurant que moqueur.
- Jamais cela n’arrivera… J’ai banni tout sentiment de mon cœur.
- Un cœur bien sombre… »

Pas si sombre que cela pourtant.
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptySam 2 Juin - 14:08

CHAPITRE III : HELL OR HEAVEN ?


Tout le monde se souvient encore de la terrible tragédie qui frappa les Etats Unis le 11 septembre 2001 ; les attentats du World Trade Center à New York. Deux avions de ligne détournés par des terroristes frappaient les fameuses tours de plein fouet, les faisant ainsi s’effondrer et réduisant des milliers de vies à néant.
Et l’année suivante, elles furent remplacées, en une seule nuit, par deux immenses gratte-ciels de marbre, l’un aussi noir que peu rassurant et le second d’un blanc d’une pureté rare, voire unique. Au sommet du premier était inscrit un Hell agressif, et sur le second un Heaven bien entendu, mais aussi étrange que cela puisse paraître, dans le même style d’écriture diabolique. Voici comment ces bâtiments naquirent.

Tout commença vers minuit moins deux minutes, sous une pluie battante, bien désagréable. Deux hommes, perchés sur le toit d’un immeuble avoisinant leur chantier, observaient cette immense zone dont les décombres avaient progressivement laissé place à un jardin en l’hommage des victimes. L’un d’eux tremblait légèrement de froid.

« Quel temps pourri… Ca caille, ici. Tu veux pas faire quelque chose Maël, j’en ai marre, là… Je ne peux pas bosser dans ces conditions, implora Zaël.
- Espérons qu’on ne remarque pas ce petit tour de passe-passe.
- Oui, enfin… De toute façon après cette nuit, je ne pense pas qu’un changement soudain de la météo fasse la une des journaux, lui fit observer son compagnon.
- Bien vu. »

Maël brandit ses mains vers les nuages sombres et fit des mouvements complexes en marmonnant une longue incantation aussi incompréhensible que superflue. Et le ciel, crédule, l’écoutait attentivement. Il leva ses mains et les joignit comme pour chercher une prise dans les nuages et roula ses poignets. Une brèche d’air se forma alors et un puissant tourbillon émergea, ce qui eut pour effet de dissiper l’ombre nuageuse qui dominait la ville, et agaçait Zaël. Le tourbillon en question disparut aussi vite que les nuages, sans qu’il eût le temps de s’en prendre à la terre, ce qui aurait agacé Zaël, bien évidemment.
« C’était nécessaire, toute ce rituel débile ?
- Non, mais ça donne un effet plus spectaculaire, mystique. C’est ça la magie… Du théâtre, rien que du théâtre.
- Peu importe, nous sommes les seuls à savoir faire de la véritable magie de toute façon. Les humains ne la comprennent pas. Ils sont trop incrédules. A quoi bon cette mise en scène ?
- C’est facile pour toi de dire ça, rien que les effets de ton alchimie sont spectaculaires. Les transmutations de gaz et de liquides sont bien moins visibles. »
Maël s’interrompit, scruta les environs, puis se ressaisit.
« Allez, au boulot, on a un empire à bâtir en une nuit, fit-il motivé.
- C’est parti ! »

Les deux hommes sautèrent du toit pour atterrir sans dommages une vingtaine de mètres plus bas. Une poubelle fut renversée par un chat effrayé qui sortit en trombe. Ils avancèrent sans un bruit au milieu de la place réduite à leurs yeux à une immense tombe sans grande importance. Ce qui n’était pas l’opinion des âmes condamnées à hanter les lieux. Un vent de protestation se leva au moment même où les deux Chevaliers Noirs posèrent les pieds sur leur territoire qu’ils allaient raser avec autant de facilité qu’on change un immeuble en parking. Zaël s’immobilisa, peu rassuré.
« C’est toi qui fais ça ?
- Pas à ma connaissance. Maël renifla l’air, puis continua, moins rassuré. Nous ne sommes pas seuls, semble-t-il.
- Les morts… On les dérange… Bah, il suffit juste de les faire disparaître. Je contacte Eve pour les exor… ?
- On va appeler Craven ! le coupa-t-il sans l’écouter, et les envoyer dans l’autre monde ! C’est pas des âmes de seconde zone qui vont nous embêter !
- Non je ne pensais pas à elle, je voulais dire…
- Ta gueule ! On n’a pas de temps à perdre !
- Mais ça serait plus… Bon tant pis, ça revient au même de toute manière, ajouta-t-il vexé. »
Maël sortit alors un téléphone portable noir d’une poche intérieure de son long manteau et se mit à pianoter un numéro d’une vingtaine de chiffres – sécurité oblige – pour contacter la nécromancienne qui avait trouvé un logement pas cher auprès de ses amis les morts du cimetière quelques kilomètres plus loin.

Une voix d’outre-tombe lui répondit, ce même genre de voix dont le timbre digne des grands chanteurs de Death Metal en effrayerait plus d’uns. Elle semblait particulièrement désappointée d’être dérangée par deux imbéciles pour un vulgaire petit problème de fantômes. Evidemment elle n’eut d’autre choix que de les aider, l’opération devant être impérativement finie dans la nuit, à l’abri de tout regard.

Cet incident mineur réglé et quelques coups de bâton runique plus tard, Maël et Zaël se mirent en place. Chacun d’eux se mit de part et d’autre de la zone de travaux et appliquèrent leurs deux mains au sol. L’Ange Noir s’illumina d’une aura bleu pâle. Deux immenses formes carrées commencèrent alors à pousser, l’une noire, l’autre blanche. Zaël avait réussi à créer du marbre des deux couleurs à partir des minéraux du sous-sol de la grande place et s’apprêtait à en faire deux monuments incroyables. Loin en dessous de la croûte terrestre, le manteau perdit quelques milliers de tonnes de matière.
Maël semblait s’ennuyer. Son unique rôle dans cette affaire était de contrôler toute éventuelle fuite de gaz ou d’eau, et de placer correctement tout le dispositif sanitaire des deux bâtiments. La routine, quoi. De loin on aurait dit que la place était illuminée d’une ampoule bleue et d’une rouge à son opposé qui clignotait. Très joli.


Le soleil, paresseux, se leva enfin. La place victime d’attentats voilà deux années n’était plus vide. Deux immenses bâtiments s’y trouvaient. Les habitants ne mirent pas longtemps à s’y habituer, malgré quelques questions qu’ils se posaient continuellement à leur sujet.
C’étaient les bureaux de la HellHeaven, puissante organisation non gouvernementale et totalement indépendante. Tout le monde était persuadé que son activité se limitait à fournir toutes sortes services au monde entier pour les aider plus efficacement que bien d’autres grandes organisations. Et c’était vrai, ils avaient fait leurs preuves dans ce domaine en montrant les miracles dont ils étaient capables, sauf que…
Ces services n’étaient pas réellement au compte de l’humanité. En effet, si les deux bureaux étaient juxtaposés, cela ne signifiait pas qu’ils coopéraient, bien au contraire. En réalité, la HellHeaven était une couverture pour permettre aux Chevaliers Noirs de se livrer bien plus qu’une bataille habituelle. Leur plateau de jeu n’était donc plus limité à leur humble sanctuaire, mais s’étendait sur tout le royaume des Hommes, créatures pourtant insignifiantes, mais si faciles à duper.
Ils avaient réussi sans aucun mal à rester dans l’ombre, sans que personne ne se doute de la vérité. Léviathan et Behemoth avaient convaincu les chefs d’Etat les plus influents comme les Etats Unis, les membres de l’Union Européenne, le Japon et tant d’autres de signer un pacte avec l’entreprise pour donner à leurs agents – donc les Chevaliers Noirs eux-mêmes – tous les droits, surtout celui de disposer de la vie des humains et de leurs biens en cas de nécessité, droit qu’ils n’hésitent pas à utiliser sans toutefois en abuser. Mis à part les chefs d’Etat, personne d’autre n’était au courant de cet accord, et de l’horreur qui risquait d’arriver à leur peuple si le pacte était rompu. Ils étaient ainsi capables de dominer légalement le monde, mais cela ne les intéressait absolument pas. Leur but était bien plus louable, puisque finalement, ce puissant pacte leur permettait de se livrer à d’autres types de bataille, plus variés que de simplement se taper sur la gueule à longueur de journée. Ils s’étaient donné pour but de se fondre dans la masse humaine pour endosser des rôles leur permettant de s’affronter avec les moyens du bord ; si un membre d’un clan devenait malfrat, un autre du clan adverse devenait inspecteur de police.

Vold avait ainsi endossé le rôle peu louable de revendeur de drogue pour combattre son éternel rival et ami, Sphynx, Ange de la Lumière, et respectable agent du FBI pour l’occasion. La victoire fut arrachée par chance grâce à la maladresse de ce pauvre Vold. Ils s’étaient lancés dans une course poursuite comme dans les films d’action et bien sûr, le gentil a gagné. Le démon avait raté un dérapage pas vraiment contrôlé et rendu visite aux poissons du lac Michigan. Comme à Aetherion, les points étaient comptés mais ils faisaient la différence entre les deux terrains de jeu, et cela avait donc valu le premier point au Heaven. Mais Vold avait réussi à infiltrer un important réseau de drogue des Etats unis et avait mis des mois à monter au plus haut rang. Ceci fait, sa perte a permis à la police, aidée par Sphynx, à le démanteler. Une bonne action, qui était en fin de compte le vœu des deux Damnés, et tout ça uniquement à l’aide de leurs capacités physiques hors du commun et leur grande connaissance des humains, sans utiliser une seule fois leurs pouvoirs.
Ce n’était hélas pas le cas pour toutes les missions auxquelles Vold participait. Il arrivait souvent que son âme dérape, du fait de sa grande instabilité. Le genre de petit animal tout mignon qui ne manque pas de vous arracher un membre à la moindre caresse dans le mauvais sens du poil. Toute sa vie fut un torrent de malheurs qui firent naître en lui un désespoir si puissant qu’il en devint sa principale source de vie. Et son arme.
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptySam 23 Juin - 9:55

CHAPITRE IV : LE MORT DE SALEM



« T’as intérêt à t’mettre à table ! » hurla l’inspecteur Grundhill en frappant le poing sur la table. Il n’eut comme réponse qu’un classique « Va chier, poulet ! » de la part de son interlocuteur. Si près du but, c’était dommage, il ne lui manquait plus qu’à découvrir l’endroit où le corps avait été enterré et l’affaire aurait été bouclée pour de bon. Jack Holsey était un simple meurtrier arrêté après deux mois de cavale dans toute la Grande Bretagne. L’affaire s’était passée à Londres, une sombre histoire de crime passionnel dont les détails n’ont absolument aucun intérêt pour la suite.

C’était exactement ce moment-là que choisit la femme de ménage attitrée de l’inspecteur pour entrer dans la salle d’interrogatoire armée de son balais, prête à lancer une offensive contre les araignées et les tapis de poussière. Cela devait bien faire cinq bonnes années que la section criminelle de ce petit commissariat n’eût l’occasion de l’utiliser pour autre chose que stocker les bouteilles de Whisky et les packs de bière.
« Bonjour monsieur Scott ! dit la grosse Maria Da Costa en déboulant dans la pièce. Faites comme si jé n’étais pas là, jé né fais qué passer.
- Euh, bien, bien… Où en étions-nous ?
- T’as intérêt à t’mettre à table, t’as dit.
- Merci Jack… Hum… Donc tu l‘as planqué où, ce cadavre ?
- Ch’ais pas !
- Monsieur l’inspecteur, intervint Maria, jé crois que vous vous y prénez mal.
- Avec vous dans les parages, il est évident que je ne peux pas travailler correctement, vous me perturbez, rétorqua l’inspecteur de police, exténué.
- Mais...
- Pas de mais, dépêchez-vous !
- Ca va, je vous dérange pas trop dans votre scène de ménage ? » ironisa l’interrogé en insistant bien sur le dernier mot. Tu ferais mieux de l’écouter, ma grosse, sinon il va devenir méchant, l’inspecteur !
L’ironie a du bon quand on n’en abuse pas, mais peut s’avérer dangereux quand on a en face de soi un caractère susceptible dépassant les quatre-vingts kilos. Madame Da Costa posa alors délicatement son balai dans le coin le plus proche, retroussa ses manches et arma son poing imposant en direction de l’infortuné visage du coupable.
« Non Maria, ne faites pas ç… Ooooh shit ! »
Trop tard, le coup venait de partir.
« Je risque gros par votre faute, Maria, vous savez ! » dit un Grundhill énervé. Le coup de la bonne avait en effet déboîté la mâchoire de jack et arraché deux dents. Il saignait, le pauvre.
« Voyons, inspecteur, cé n’est pas dé la faute de la police, vous n’avez rien à craindre, rétorqua-t-elle d’un ton qui se voulut innocent.
- Pas faux, mais tout de même… Comment va-t-il parler, maintenant ?
- Oh ben ça, débrouillez-vous hein, jé vais pas faire tout le travail à votre place ! Mierda! »
Il était déjà bien tard et Grundhill avait faim, très faim. Il voulait en finir au plus vite avec Holsey, mais ce dernier ne l’entendait pas de cette façon. Il était vingt trois heures passées lorsqu’il avoua, ébloui par la lampe pointée à deux centimètres de son visage. Le cadavre avait été enterré profondément dans une vieille prairie délaissée.

Après avoir arpenté des routes sinueuses dont il ignorait alors même leur existence, Grundhill se retrouva sur ledit lieu avec une équipe de fouille sur le dos. Il ne les aimait pas ces gars-là, il fallait toujours qu’ils s’émerveillent sur un caillou sans importance pour dévier de leur objectif principal au désespoir de la police. La matinée risquait d’être longue.
La plaine n’appartenait à aucune des communautés environnantes et ne ressemblait d’ailleurs à rien. Des mauvaises herbes partout, quelques vieux arbres malades, des branches cassées et aucune faune. C’était l‘endroit idéal pour cacher un cadavre, personne n’y était venu depuis des siècles, pensait Grundhill sans vraiment songer à quel point il n‘avait pas tort. Les ouvriers commencèrent leur besogne, avec autorisation de creuser partout ce qui ne l‘enchantait guère. Vu l’état de la plaine, ils ne pouvaient que l’embellir.

Et ils tombèrent sur un premier caillou. Il était gros et taillé en brique, probablement le vestige d’un lieu. « God damn shit » se dit l’inspecteur. Mais tandis que les fouilles avançaient, sans aucune trace du corps, c’étaient des fondations d’un village qu’ils identifièrent. Comme c’est bizarre de trouver tout un village alors qu’on ne cherche qu’un corps de rien du tout. Mais ils découvrirent finalement un corps mutilé à une profondeur bien moins importante que prévue, après plusieurs jours de dur labeur.

La voilà enfin, la victime, ensevelie sous un mètre de profondeur alors qu’ils en avaient creusé une demi-douzaine pour être sûrs de la trouver. Mais les membres de l’équipe de fouille continuaient leur zèle et déblayèrent toute la plaine dans l’espoir d’avoir découvert quelque chose d’important. Contre toute attente, l’inspecteur commençait à s’y intéresser à ce village. Il avait l’intuition que quelque chose n’allait pas. On n’y trouvait que des vestiges de fondations et des ossements humains, rien d’autre. Tout lui paraissait sans vie… En même temps c’était normal de la part d’un lieu enfoui sous plusieurs mètres de terre depuis des lustres. Non, sans vie parce qu’il y émanait encore une sorte d’ambiance indescriptible, comme une omniprésence de mort. Les ossements, quant à eux étaient certainement ceux des villageois. Il devait y avoir une bonne centaine de squelettes, tous regroupés à un bout du village, en rang comme une armée. Aucun résident ne devait manquer à l’appel selon lui. Les squelettes se seraient tous levés, que cela ne l’aurait même pas surpris.

Les ouvriers s’interrogeaient aussi sur les raisons obscures de ce désastre, mais ne semblaient nullement affectés par cette sensation étrangement noire. Ils découvrirent peu de temps plus tard, au beau milieu de ce qui semblait être une place publique, de nombreux morceaux de bois noircis disposés en cercle. Miraculeusement, ils avaient moins vieilli.

Le soir de la découverte, Grudhill bâcla son rapport d’enquête pour commencer des recherches plus profondes au sujet de cet endroit. Un policier entra dans son bureau sans prévenir.
« Des analyses de la part de l’équipe de fouille que vous avez demandé, monsieur.
Hmm ? lança-t-il en levant vaguement le regard vers l’intrus. Ah, merci… Et bien c’est bon, vous pouvez disposer !
Euh, pardon monsieur… »
C’était le rapport d’un laboratoire qui s‘était occupé de dater une brique du village au carbone 14. Un millénaire… Et le bois noirci, huit cents ans environs. Voici donc sa première piste. Un drame avait eu lieu là-bas plusieurs siècles plus tôt. Il se mit alors à chercher une carte de l’Angleterre aux environs de cette date-là ; au moins il connaîtrait le nom de ce village. Il en chercha une deuxième, et encore une autre. Même Internet ne réussit pas à le satisfaire, et les livres d’Histoire qu’il avait à disposition encore moins.
« Incredible ! Ce village n’existe-t-il donc pas ?!? Hum… bon, passons. Qu’a-t-il bien pu leur arriver ? Pourquoi sont-ils tous regroupés à l’entrée du village ? Pourquoi n’y a-t-il aucune trace de tissu, ou des restes d’ustensiles ? La date, probablement… Non, ça ne disparaît pas si facilement avec le temps tout de même… Ila peut être été pillé peu après le désastre... Hmm… Mais… Quel désastre au fait ? Une Epidémie ? Mais ça ne colle pas... Ce bois, ça ressemble fortement à la disposition d’un bûcher, et sur une place publique, ça serait tout à fait logique… mais tous ces gens, morts ensemble… Ca n’a aucun sens…
- A moi, un bûcher, ca mé fait penser aux chasses aux sorcières. C’était très répandu à cette époque-là, vous savez !
- HA Maria ! Ne refaites plus jamais CA ! hurla l’inspecteur fatigué et terrifié par la femme de ménage qui finissait son travail.
- Refaire plus quoi ? Fit-elle les mains sur sa taille. Jé fais mon travail, moi. Et il est bientôt l’heure de rentrer chez vous, monsieur Scott.
- Une chasse aux sorcières, vous dites ?
- Si, qué voulez-vous qué cé soit d’autre ?
- Une exécution, tout simplement. En ces temps-là on ne se gênait pas.
- Et ces morts, là, hein ? ils viennent d’où ? La sorcière a dû leur jeter un sort et tous les tuer.
- C’est totalement irrationnel, ça ! C’est impossible, la magie, ça n’existe pas.
- Meu deus ! Alors expliquez-moi pourquoi ma tante qui était malade toute sa vie s’était réveillée un j…
- Maria ça suffit, la coupa-t-il, faites ce que vous savez le mieux après le bavardage, nettoyer ! Moi je rentre, ça vaudra mieux. »
Il se leva brusquement, rangea les documents déposés en un tas difforme sur son bureau, enfila son vieux manteau gris et laissa le reste du travail à Maria.

Le lendemain matin était un dimanche, et Grundhill ne se sentait pas au meilleur de sa forme pour autant. Il s’habilla et prit machinalement sa voiture en direction de la plaine défoncée par les fouilles. Arrive à destination, la première chose qu’il constata, c’était que les fouilleurs avaient déjà plié bagage. Mais il n’y fit guère attention, il se demandait encore ce qu’il faisait là. Un peu de marche lui ferait probablement du bien. La forêt environnante délimitait le village et il semblait y avoir un petit sentier, pourquoi ne pas y jeter un coup d’œil, se dit-il. Et il s’y enfonça, le regard vide.

Au fur et à mesure qu’il marchait, il prenait conscience que l’impression de la veille lui était revenue, mais plus intense, plus lourde. Et le sol plus souple. Il trébucha soudainement et se vit accompagner le sentier qui s’affaissait de plusieurs mètres. Le voilà dans un trou, aussi profond que le village, et le plus curieux, était l’entrée vers ce qui semblait être une grotte.. Il sortit une lampe de poche de la sacoche qui ne le quitte jamais, et emprunta le tunnel, ignorant totalement le danger qu’il courait s’il venait à s’écrouler.

Il aboutit immédiatement devant une sorte de cabane. Mis à part la forte odeur de renfermé qui en émanait, elle semblait intacte. Le bois qui n’avait pas pourri datait de quelques années, sans doute. Il y entra, moins sûr de lui à présent. Qu’allait-il trouver en ce lieu ?

Il ouvrit sans aucune peine les immenses portes de bois et s’engagea dans la cabane qui ressemblait plus à une grange, vue de l’intérieur. Sa lampe de poche lui semblait bien puissante ; le faisceau lumineux, plus vaste qu’auparavant suffisait à éclairer toute la zone. Une vieille armoire vide, suffisamment grande pour y faire entrer deux personnes debout, était à demi-ouverte contre le mur de gauche. Mais le plus curieux était une croix de bois plantée dans le sol, quelques mètres derrière une immense flaque de sang. Il s’approcha de la sépulture et plissa les yeux pour lire l’inscription gravée dessus :


Amanda CRAVEN
RIP
1186 – 1203


Un nouvel indice ! Il nota l’inscription sur un bout de papier qu’il glissa précieusement dans sa sacoche. Quelque chose clochait. « Ce lieu est intact, pourtant. Comment la tombe peut-elle dater de… huit cents ans ? C’est une farce, il n’y a pas d’autre explica… Huit cents ans ? » il se mit à fouiller frénétiquement dans ses affaires pour finalement en sortir les documents du laboratoire. « C’est la même époque où la suie trouvée sur les bûches s'est formée, selon les analyses… » Pensif, il se tourna vers la flaque et s’agenouilla pour tenter d’en récupérer des fragments. Armé d’un petit couteau sorti de sa poche, il commença à gratter le sol pour n’en dégager que de la terre. La flaque n’avait pas bougé, on aurait dit qu’elle était immatérielle, comme fantomatique. Elle était là, sa légère odeur en témoignait, mais en fait elle n’était pas là. Il songea à ce qu’avait affirmé la femme de ménage la veille. Après tout c’était peut être possible. Mis à part la fourche qui traînait non loin, il ne remarqua rien d’autre d’anormal après plusieurs dizaines de minutes de recherches et décida de sortir de là. Il emprunta le chemin du retour et se mit à escalader péniblement une des parois du trou par lequel il était tombé et réussit à remonter, à bout de souffle.

L’après midi même, il se trouvait de nouveau à fouiller les archives historiques d‘Angleterre et à son immense surprise, trouva un dénommé Craven. Un baron du nom de Richard avait effectivement logé non loin du village sans nom et avait deux filles, Amanda, et Natalya. La baronne Craven avait été condamnée au bûcher comme sorcière en début de l’année 1203 et… et c’était tout. Aucune autre information pertinente, ni même sur les deux filles, comme si la famille s’était subitement éteinte voilà huit siècles. Elle avait une bonne intuition, la grosse ménagère, finalement.

Plusieurs jours s’écoulèrent sans le moindre indice supplémentaire. Il avait une autre enquête à faire évidemment, une vague histoire de règlement de comptes, mais il laissait ses collègues s’en charger pour lui. Il avait une affaire plus importante à régler. Et il ne la réglait pas. Un numéro de téléphone traînait sur son bureau, caché sous la paperasse habituelle. Il le sortit et tenta de se rappeler à qui il appartenait. Il se souvint que la veille, après plusieurs litres de café, il avait eu l’idée de contacter une entreprise spécialisée dans de telles affaires occultes. Il se souvint même avoir le combiné de téléphone en main vers vingt trois heures. La porte s’ouvrit alors timidement.
« Euh… Bonjour, monsieur… Scott Grundhill, c’est bien ça ?
- Oui en effet, c’est marqué sur ma porte. Que voulez-vous ? soupira-t-il, exténué.
- Vous m’avez contacté hier soir, je m’appelle Daniel, agent des affaires occultes.
- Daniel comment ?
- Appelez-moi simplement Daniel.
- Hum… bien… J’enquête sur un village retrouvé sous une colline, à plusieurs…
- Oui, j’en ai entendu parler. J’ignorais que l’on confiait cette affaire à des inspecteurs tels que vous.
- Là n’est pas la question ! Voici les informations que j’ai pu tirer de ce village. Vous pourriez peut être m’aider.
- Voyons cela… »
Daniel feuilleta rapidement les feuilles de notes que Grundhill lui avait tendues. Seule celle où était noté le nom du baron manquait à l’appel, sans doute perdue dans le tas de paperasses du bureau. La première hypothèse que le spécialiste énonça était la chasse aux sorcières. Normal, lorsque l’on touche à l’occulte, pensait l’inspecteur de police, peu qualifié dans ce domaine et surtout sceptique.

L’agent des affaires occultes rentra chez lui quelques heures de débat plus tard, et fouilla dans sa bibliothèque personnelle où reposaient des milliers d’ouvrages relatant de l’occultisme dans le monde, dont les registres officiels des exécutions de sorcières. C’était un tome épais relié de cuir qui répertoriait les victimes de bûcher partout dans le monde depuis l’an mille. Il était classé par pays, puis par nom et aucune sorcière ne manquait à l’appel.


Dernière édition par le Sam 23 Juin - 9:56, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptySam 23 Juin - 9:55

Le jour suivant, Grundhill et lui fouillèrent dans le chapitre concernant la Grande Bretagne dans l’espoir de trouver une sorcière dans les environs, sans succès évidemment. Comment pouvaient-ils trouver une victime sans connaître son nom et le village ? Même l’inspecteur ne trouvait pas de Craven.
« Salem ! Il y a eu une chasse aux sorcières là-bas !
- On sait Maria, laissez-nous, nous travaillons…
- Bonjour… madame, répondit timidement Daniel. »
Maria s’en alla énervée. Elle y croyait aux superstitions et aux sorcières tout particulièrement, et elle était persuadée d’avoir raison.
- N’y faites pas attention, c’est notre femme de ménage, elle aime particulièrement se mêler de ce qui ne la regarde pas, un vrai calvaire… Et Salem est aux Etats-Unis, pas en Angleterre !… Et si… Voyons… USA… Salem, Salem, où est Sal… Ah, voilà ! Salem. Et dans les C… Cavola… Clodge… Crautz… Craven ! Tiens donc ! Cecilia Craven, condamnée au bûcher en 1203 pour hérésie. Mais comment se fait-il qu’elle soit répertoriée aux Etats Unis et non ici ? »
Daniel parut soudain effrayé.
« C…Craven, vous dites ?
- Oui, c’est ne nom trouvé sur la tombe dont je vous ai parlé. Répondit-il sans détourner le regard du livre.
- Oh, juste ciel ! Non, pas madame Natalya…
- Quoi ? Qui ?
- Euh.. hum, non, rien, rien. J’ai un autre rendez-vous je dois y aller.
- Euh.. c’est un peu précipité, mais bon, comme vous voudrez, je vous recontacterai si j’ai de nouvelles informations là-dessus. Merci de votre aide.
- Cela devient trop dangereux, monsieur. Cessez vos recherches, les Morts n’aiment pas qu’on parle d’eux. »

Daniel quitta précipitamment les lieux sans aucune explication, mais complètement effaré. « Il n’y a pas à s’en faire, des Craven, il y en a d’autres, se réconforta-t-il…. Doux Jésus, si elle apprend ça, je vais me faire arracher les ailes… »
L’inspecteur, lui, trouva ça louche, mais comme pour tout petit humain qui se respecte, la mise en garde de Daniel ne fit que le convaincre de continuer, mais sur une toute nouvelle piste : l’entreprise occulte qu’il avait contacté, elle savait quelque chose, c’était évident. Après de nombreuses recherches et des tentatives sans succès de contacter Daniel, il découvrit qu’elle était une petite filiale de la HellHeaven. C’était quoi, ça la HellHeaven ?

Vold restait assis sur le toit de son immense tour. C’était son sanctuaire, une tour carrée d’une dizaine d’étages et d’une cinquantaine de mètres de large. Son architecture rappelait Versailles, mais sans les dorures. Le toit de la tour, vide et plat, était un lieu idéal pour réfléchir, selon le démon. « Un document important, mhm ? Comment peut-on perdre un document chez nous ?
- En manquant de vigilence, bien évidemment.
- Je doute que nous manquons de vigilence, Amadeus. Ou alors tu as forcé le destin encore une fois ? »

Vold était seul un instant plus tôt. C’est lorsqu’on s’y attend le moins qu’un fou fait son entrée. Mais les Chevaliers Noirs en avaient l’habitude maintenant, le Treizième, le faisait tout le temps. On le nommait aussi le Chapelier Fou, normal lorsque l’on porte un chapeau haut de forme noir avec un as de pique dans le ruban, un long manteau de cuir et les yeux maquillés de noir. Il n‘était ni ange, ni démon, un neutre comme on les aime. Il arbitrait entre autres les jeux des Damnés. Il savait tout, mais ne disait rien. Le Destin, c’était lui, et il s’amusait beaucoup au détriment des autres. Et il gardait toujours sur lui un jeu de cartes bien meurtrier.

« Tu sais ce qui a été volé, n’est-ce pas ?
- Ma foi oui, répondit naturellement le Chapelier.
- Et tu ne vas pas me le dire, hein ?
- Ma foi non.
- Evidemment…
- Mais un des livres te concerne.
- Un livre ? Quel livre ?
- Ha haaaaa ? Qu’ai-je à y gagner, si je te réponds ?
- Rien évidemment, tu ne profiteras jamais de moi !
- Et pourtant tu m‘as déjà tellement profité, hihi ! »

Le Chapelier recula lentement, salua le chevalier, puis ajouta d’une voix grave et mystérieuse :
« Mais Ces vols vont te rapporter, mon cher. Ils vont te rapporter très gros mon ami. Ton Désespoir va enfin te profiter, patience. »
Ses paroles moururent alors qu’il disparaissait dans une légère brume noire.
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptyMer 27 Juin - 13:59

CHAPITRE V : MEMOIRES PERDUS


Daniel n’était pas humain, bien évidemment. Il faisait partie de ce qu’Ils appelaient les exilés, par abus de langage. Dieux et Diables travaillaient ensemble comme les meilleurs ennemis du monde, toujours à se défier et se jouer des tours dans une atmosphère plutôt amicale. Un peu comme les Chevaliers Noirs, en fin de compte. Mais ils s’étaient tout de même donnés une règle primordiale : ne jamais trop pardonner à leurs subordonnés.
Les Chevaliers Noirs furent condamnés à titre d’exemple, lorsque cela semblait nécessaire aux Tout Puissants. Quant aux autres, qui présentaient un danger moindre pour la Cour Sacrée, avaient tout de même été punis, d’une manière peut être plus cruelle encore que les Damnés. Exilés sur Terre, ils étaient devenus la cible des anges et démons en mission, et ils n‘avaient malheureusement plus aucun moyen de se défendre.
C’est ainsi que la plupart de ces exilés choisirent de prêter allégeance aux Chevaliers Noirs qui leur fournirent du travail et une couverture au sein de la HellHeaven. Ils étaient protégés, et Daniel sentait que sa si précieuse protection était sur le point de le quitter. Ce jeune ange se sentait coupable de trahison. Il ne connaissait Craven que de réputation, car les exilés préféraient par prudence ne pas trop en savoir sur qui ils servaient. Ils les aimaient mais les redoutaient parfois tout autant.

Mais l’inspecteur Scott Grundhill n‘avait plus besoin de Daniel pour la suite des événements. Cette sombre affaire semblait intimement liée à la HellHeaven, puissante organisation non gouvernementale dont les activités recouvrent un nombre incalculable de secteurs. Mais il aurait fallu être fou pour pénétrer leurs locaux, et des fous, il en avait sous la main. Et des tas. Il lui suffirait tout simplement d’aller rendre visite aux pensionnaires de la prison de la ville et leur demander ce service en échange de leur liberté. Mais seulement cinq d’entre eux acceptèrent, les plus redoutable, ne reculant devant rien. Du gâteau, cette mission ! Mais tant qu’ils n’avaient pas accompli leur mission, ils étaient considérés comme évadés, ce qui ne faisait que les encourager dans leur tâche.
Equipés comme il se doit pour ce genre de mission suicide, ils se rendirent alors devant les immeubles et se répartirent le travail, à savoir trois d’entre eux allaient inspecter le Hell, et les deux autres se réservaient le Heaven.

Chaque groupe réussit miraculeusement à entrer dans leur bâtiment, parce qu’il était extrêmement rare de voir le système d’alarme commun aux deux tours déconnecté. Dans le Heaven, tout se passa sans problèmes particuliers, le bâtiment blanc était vide. Aucun dossier ne traînait. On n’avait jamais vu des bureaux aussi bien rangés, un véritable paradis. Ils vérifièrent ainsi une dizaine d’étages sans succès. A première vue le onzième n’avait rien d’intéressant, à ceci près qu’un livre épais traînait sur la grande table d’une des nombreuses salles de réunion. Sur sa couverture de cuir était dessiné une sorte de pierre précieuse dans un style plutôt abstrait. Fatigués et estimant leur mission accomplie, ils s’en allèrent le livre mystérieux sous le bras, contents.

Au Hell cependant, après deux étages fouillés de fond en comble, ils tombèrent sur des bureaux pleins de paperasses, la plupart d’entre eux demeuraient sans intérêt pour l’inspecteur. Et pour aller plus vite, ils prirent la décision à ne jamais prendre dans une telle situation.

« Séparons-nous, faut aller vite les gars, chuchota le premier, sûr de lui.
- OK ! On reste en contact radio, je m’occupe des salles du fond.
- GO ! »
Le deuxième équipier pénétra dans un grand bureau bien sombre. Armé de sa lampe torche, il fouilla prudemment tous les coins.
« Rien ici… Chuchota le troisième membre.
- J’ai trouvé trois livres noirs, gros comme des dictionnaires, répondit le premier. Je les prends…
- Presque fini de mon côté… Attendez… Un bruit…
- Qu’est-ce qui se passe ? demanda le deuxième inquiet.
- J’entend un bruit bizarre… On dirait des griffes qui raclent le mur, répondit doucement le troisième d’un ton mal assuré.
- On arrive.
- Ca vient du conduit d’aération, ça se rappro… CCCRRRRRRRR !!! »

Voilà les dernières paroles reçues par ses deux coéquipiers. Malgré leur tendance à persévérer dans les situations les plus dangereuses possibles, ceux-ci commencèrent à prendre peur et se contentèrent d’approcher doucement de la salle. Le premier évadé pointa alors son pistolet et sa torche vers le fond de la salle et la balaya de son faisceau lumineux jusqu’à ce qu’ils virent leur coéquipier se faire dévorer par une créature qui se retourna subitement et s’enfuit. Ils n’eurent le temps de distinguer qu’une sorte de forme féminine dont les yeux rouges luisaient à la lumière de la torche. Elle grogna, puis le premier s’en fut de peur avec les trois livres lourds dissimulés dans son sac, laissant les cris de douleurs de son camarade se faisant dévorer vivant derrière lui.
Grâce à cette intrusion inattendue, Bloodlust put enfin étancher sa soif de sang, après des jours d’abstention, Craven sa tutrice, l’ayant mise au régime. C’était très désagréable pour une femelle vampire toujours affamée de devoir survivre en ne se nourrissant que de rongeurs et de maigres mendiants.

L’inspecteur Grundhill dut donc se contenter de quatre gros livres bizarres. Après avoir renvoyé les trois survivants en cellule, il se posa dans son bureau et ouvrit le premier livre de la pile.

Vold demeurait songeur. Un document le concernant ? Et un livre, qui plus est ? Il mit un certain temps avant de comprendre ce à quoi le Chapelier faisait allusion. Ce n’était pas si difficile à découvrir puisque aucun livre n’est rangé dans les bureaux de la HellHeaven, sauf onze tomes épais reliés de cuir noir sur lequel le glyphe de chacun des Chevalier Noirs accompagne leur nom écrit en lettrines d’argent. Ils résumaient l’histoire et les exploits de leur propriétaire. C’était comme un journal intime, à la seule différence qu’il s’écrivait tout seul et effaçait certains passages pour laisser place à des événements plus importants. Personne n’avait le droit d’y jeter un œil et c’est pourquoi on choisit de les mettre hors du monde d'Aetherion, à l’abri du Chapelier. Ces livres, ils les appelaient les Mémoires.

Six de ces fabuleux livres étaient gardés dans la tour noire, et cinq dans la blanche. Seule Thémis n’en possédait pas, ou plus du tout. Le sien avait explosé dans un feu d’artifice de magie quelques minutes seulement après sa création. Le Chapelier, responsable de l’ensorcellement de ces tomes avait omis le fait que la jeune fille, n’était pas vraiment toute jeune, justement. Elle avait déjà vécu des milliers d’années et l’équivalent de milliards d’années de connaissances. Aussi volumineux qu’il pût être, son Mémoire était bien trop petit pour toutes les choses qu’elle avait vécues et c’est pourquoi il avait judicieusement choisi de mettre fin à sa propre existence plutôt que de finir comme résumé commenté du Livre de Eventualités.
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptyMar 10 Juil - 11:48

CHAPITRE VI : LE DEMON DES BATHORY


Le Mémoire avait sur la couverture un glyphe qui semblait avoir la forme d’une dent pointue et les sortes d’épines qui se séparaient des contours faisaient étrangement penser à des traces de sang coulant le long de cette dent. En dessous, on pouvait lire Bloodlust. Voici à peu près ce qu’il racontait.

La Comtesse de Sang, Erzsebeth Bathory à l’histoire plus macabre que tragique a donné naissance à des légendez alimentées par les superstitions locales. D’une cruauté sans égal elle aimait le sang et l’employait comme un élixir de jouvence. Mais du fin fond de sa Transylvanie natale, elle cachait un secret bien plus redoutable qu’elle-même. A cette sombre époque du XVIème Siècle, les démons voyaient en elle un immense potentiel diabolique et avaient l’intention de se servir d’elle pour enfanter des démons sur Terre, ce qui s’était avéré impossible jusqu’alors. Elle devint l’objet de ce que les démons nommaient la Quète Rouge. Une sorte de course contre la montre. Le premier qui réussissait à la séduire pourrait engendrer le plus monstrueux des démons, en liberté sur le célèbre terrain de jeu des dieux.

L’un d’eux réussit, le plus puissant, et c’est ainsi que naquit une petite rouquine du nom d’Elbereth. Non seulement la comtesse avait eu vent du plan démoniaque dont elle avait été victime, mais elle avait en plus l’intention de se servir de sa fille illégitime pour ses propres desseins. Elle l’enferma donc dans un sombre cachot dont elle seule possédait la clef et nourrissait Elbereth de sujets incapables et d’innocents visiteurs. Bref, tout allait pour le mieux chez les Bathory. Mais la petite fille ne l’entendait pas de la même manière. Malgré sa soif et sa faim illimitées elle était curieuse de découvrir le monde duquel elle était mise à l’écart. Un grave incident lui en donna l’occasion le jour de ses seize ans. La comtesse mourut en 1560. Tout le monde pensait à une mort naturelle et l‘avaient oubliée, son corps disparu à jamais. Ou dévoré par sa fille, victime d’une folie sanguinaire incontrôlable.

Cette dernière réussit à fuir sans se faire remarquer grâce à une vitesse de Formule 1 et une dextérité inhumaine que son père – une race aux souches vampiriques – lui avait léguées. Tentant désespérément de commencer sa vie, elle entreprit un long chemin vers l’Ouest, mais tout le monde la considérait comme une étrangère, l’ignoraient, ou la craignaient, parfois. Elle ne resta jamais longtemps au même endroit, sa faim prenant toujours le dessus sur sa volonté. Un gentil démon abandonné, voilà ce qu’elle était, rien qu’un gentil démon perdu. Alors qu’elle n’existait dans le cœur d’aucun être humain, la rumeur de son existence ne tarda pas à se répandre parmi les démons et tous, déçus par le lamentable échec de la Quete Rouge, voulaient la voir disparaître. Et Satan non plus n’en était pas très content et choisit avec la plus grande joie de la damner. Les humains la considéraient comme un mauvais augure, les anges la traquaient, et à présent même les démons s’en mêlaient.

Sa fuite l’amena jusqu’en France, dans la région de Lozère. Par mirâcle sa réputation ne l‘avait pas suivie jusque-là. Elle se fit passer pour une orpheline perdue et fut acceptée dans un village du Gevaudan. Nous étions en 1763.
Elle ne tarda pas à sympathiser avec une fille physiquement un peu plus jeune qu’elle, la petite Jeanne. Tout se passait pour le mieux, Elbereth – qui se faisait alors appeler Beth – avait enfin le droit de vivre comme les autres jeunes filles de son âge apparent, à savoir seize ans. Depuis plus de deux longs siècles elle ne grandisait plus. Depuis qu’elle avait abondamment étanché sa soif en dévorant sa propre mère. Lors de ses crises elle fuyait dans la montagne, le temps d’une nuit et se contentait des mammifères qui avaient le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Une année passa ainsi.

Vint alors la journée la plus tragique que le village eût connu. Jeanne était partie seule se promener dans la montagne comme à son habitude, mais ne revint pas. Le soir venu, tout le monde commençait à s’inquiéter sérieusement de la disparition de la jeune fille et son père entreprit de la chercher. Il ne tarda pas à retrouver son cadavre dépecé parmi la cime des arbres. Les semaines passaient et les enfants disparaissaient à leur tour. On ne tarda pas à entendre parler de la Bête du Gévaudan dans tout le royaume et la traque de l’immense loup commença. Elbereth était elle-aussi touchée par la perte de ces enfants et commençait à croire en sa culpabilité. Elle avait bien mordu un loup pour le vider de son sang sans toucher à sa chair et elle craignait qu’il revînt en une espèce de loup-vampire, plus fort et plus dangereux.

Trois années meurtrières s’écoulèrent. Personne n’était épargné par la Bête. De nombreuses battues étaient évidemment organisées et Elbereth ne manquait pas d’y participer discrètement en effectuant sa propre recherche dans la montagne. Elle parvint finalement à la trouver. La Bête ressemblait à l’animal que les rumeurs avaient décrit. Un immense loup dont la rage était sans limites, mais la jeune fille n’en eut pas peur, bien au contraire elle ne désirait qu’une chose, se venger.
Elle se jeta sur sa proie et commença à la dévorer, mais au fur et à mesure qu’elle mangeait, Elbereth sentit quelque chose naître en elle, quelque chose de nouveau, de puissant. Elle se métamorphosait. Elle s’arrêta soudain, prise d’une douleur insupportable à la mâchoire et aux ongles. Ceux-ci durcissaient et l’émail de ses dents prenait lentement la consistance de l‘argent. Ses yeux devinrent rouge sang tandis que deux longues ailes semblables à de fines feuilles d’argent poussèrent sur ses omoplates. Sa longue chevelure rouge volant au gré du vent, lui donnait un air de succube sanguinaire. Elle continua son repas, plus affamée que jamais.

Elle aperçut soudain un groupe de chasseurs qui l’avaient suivie et observée, terrorisés. Ils crurent aussitôt qu’elle était la bête traquée et ouvrirent le feu lorsque le démon les dévisagea de son regard flamboyant. Mais plutôt que de les tuer, elle préféra fuir pour ne pas aggraver sa situation. Elle n’eut d’autre choix que de s’enfoncer dans la forêt pour semer ses poursuivant de sa vitesse fulgurante.

Plusieurs kilomètres plus loin, elle tomba sur une petite clairière isolée dans laquelle était tapie un cimetière dominé d’une maisonnette de pierre. Toujours méfiante, Elbereth s’y aventura et ne tarda pas à découvrir les sous-sols d’une crypte jonchés de cadavres dont certains tenaient encore debout. Qu’est ce qu’une crypte pouvait bien faire dans un endroit si isolé ? Les morts-vivants ne l’impressionnaient pas, mais elle n’était pas tranquille pour autant. Cette crypte sentait bizarre, il y régnait une odeur de mort, certes, mais surtout une forte odeur démoniaque. C’était sans doute ce qui mettait la jeune fille mal à l’aise. Elle mit fin à son exploration au troisième sous-sol lorsqu’une grande femme aux cheveux longs et noirs, le teint livide l’arrêta, intriguée. Natalya Craven…
« Tiens donc... Craven… J’en étais sûr… » Marmona Grundhill, passionné.

Natalya Craven ne tarda pas à comprendre qu’elles étaient semblables, et commencèrent à faire connaissance. Craven était intéressée par le récit d’Elbereth mais elles furent interrompues par les chasseurs qui pénétraient le cimetière. Les chiens avaient retrouvé sa trace et avaient conduit les hommes jusqu’ici. Craven accompagna la jeune Bathory jusqu’à la surface et transforma les intrus en squelettes par son Souffle d’Os. Démunis de leurs chairs, ils s’effondrèrent au sol en une fraction de seconde. Dès lors la rouquine se baptisa elle-même Bloodlust et parvint à convaincre Craven de devenir sa nouvelle mère, tutrice. Un accord les liait toutes les deux. Craven fournissait Bloodlust en nourriture en échange d’une gardienne de son paisible domaine mortuaire.

Les autres chasseurs trouvèrent la bête morte à moitié dévorée et, ne sachant expliquer la cause de ce retournement de situation, inventèrent l’histoire de la balle d’argent qui mit fin à la plus incroyable des légendes du Gevaudan.

Le livre fini, l’inspecteur le referma doucement. Pensif, il contemplait la dent ensanglantée gravée sur la couverture. Il n’y croyait pas. Cette histoire était trop invraisemblable pour être vraie. Il ne devait s’agir qu’un roman d’horeur comme les autres. Tant que ça ? Non, en fait l’irréalisme ne venait pas des faits décrits qui concordaient avec l’histoire que l’on connaissait des Bathory et de la bête du Gevaudan, mais du fait que la bête en question avait été un loup et rien d’autre, tout le monde le savait. Quant aux vampires, ils n’existaient pas. Alors encore moins une femmelle démon. Pourtant, que s’était-il passé près de Salem ? Ce dont il avait été témoin relevait clairement du paranormal, alors pourquoi les démons n’existeraient-ils pas ? Bien qu’encore incrédule, cette enquête le passionnait de plus en plus.
Il prit le livre suivant dans la pile, intitulé Craven.
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptyDim 2 Sep - 10:24

CHAPITRE VII : THE MAD IN THE HAT


Qu’est ce que le Chapelier manigançait encore ? Vold avait été son souffre douleur, son instrument de jeu depuis sa naissance. Du moins c’était comme cela qu’il l’avait toujours ressenti. Une vulgaire poupée entre les mains du plus grand marionnettiste de tous les temps.

Vold descendit l’escalier en colimaçon qui l’avait mené en haut de sa tour pour aboutir dans une grande salle dont les murs étaient ornés de grands tableaux représentant combats sanglants et événements parfois bien morbides. Ces peintures avaient tous deux point commun, la présence du chevalier sur chacune d’elles et leur signature, A.D., inscrite en petites lettres d’or, comme si elle était l’élément le plus précieux de chaque toile. La première représentait l’exécution d’une jeune fille emprisonnée par de lourdes chaînes, dans un décor médiéval, et parmi la foule, un jeune garçon blond pleurant et criant à pleins poumons. Une autre toile, la plus large, montrait une bataille sanglante à l’époque napoléonienne et un général agenouillé en pleurs, son épée plantée dans le cœur d’un de ses compatriotes. Toujours des souvenirs douloureux, mais nécessaires. Il arrivait parfois au chevalier de rester des heures à contempler les murs maculés de son propre passé, pour se remémorer chaque événement qui l‘avait forgé ainsi. Cela faisait partie de ce qu’il considérait comme sa malédiction.
Mais cette fois-ci, Vold traversa la salle en s’efforçant de ne pas poser le regard sur ces oeuvres. Il avançait droit vers la porte située à l’opposé de l’escalier, les yeux braqués sur la sortie de cette salle maudite en comptant à rebours dans sa tête le nombre de pas qu’il lui restait à faire. Il ne voulait pas entrevoir les événements qui hantaient son âme jour et nuit depuis des siècles.

Alors qu’il franchissait enfin la porte, il tomba nez à nez avec une jeune femme vêtue d’une longue robe bleue. Par-dessus cette robe était noué un tablier blanc orné d’un nounours rose. Ses longs cheveux bruns étaient noués en chignon, comme à son habitude.
« Maître, le dîner est servi !
- AH ! Elise… Tu m’as fichu une de ces trouilles !!!
- Oh, pauvre petit… répondit-elle en imitant une mère qui plaint son enfant.
- Bien, j’arrive. Qu’est-ce qu’on mange ? dit-il en feignant d’ignorer la remarque de sa servante.
- Du poulet rôti et des frites.
- Et m… Quelle négligeance…
- Vous préféreriez peut être une jeune vierge pure et innocente ? Il doit m’en rester dans le placard… Si vous n’êtes pas satisfait, faites-vous vous même votre repas ! » Répondit la servante d’une voix cinglante avant de tourner les talons pour rejoindre la salle à manger un étage en-dessous. Vold la suivit. Il n’était peut être pas complêtement satisfait du menu, mais sa faim l’emportait sur sa dignité. Tant pis, la vierge attendrait.

La salle à manger prenait presque tout l’espace de l’étage et même si le soleil se montrait très peu du côté « infernal » d'Aetherion, il y avait de nombreuses grandes fenêtres séparées par des piliers de marbre. Elles prenaient toute la hauteur de la salle à manger et donnaient sur un balcon décoré de quelques gargouilles inanimées – parce que dans cet univers, les gargouilles étaient rarement de simples sculptures – et qui faisait tout le tour de la bâtisse. D’ici, on avait une vue imprenable sur l’allée des Vanneurs et la montagne qui séparait les deux clans.
Au centre de la salle était disposée une très longue table d’ébène sur laquelle étaient équitablement disposés des chandeliers d’argent. Même si les lustres de cristal éclairaient parfaitement bien la salle entière, les chandeliers rendaient l‘atmosphère plus romantique et moins agressante lorsque venait l’heure du dîner.

Cette salle servait aussi de lieu d’entraînement à l’épée. Elise n’était pas seulement la servante de Vold, mais aussi son entraîneuse personelle. Dans sa plus tendre enfance, son père lui avait fait prendre des cours d’escrime par les plus talentueux maîtres d’armes de France, comme si elle avait toujours été destinée à rejoindre le chevalier, ce qu’elle fit de son plein gré. La relation qu’ils entretenaient depuis très longtemps n’était donc pas celle d’un maître et d’une servante, bien au contraire, elle lui tenait compagnie. Et même si elle lui était si dévouée, Elise ne manquait jamais une occasion de rappeler à Vold qu’elle n’avait plus de comptes à lui rendre. Et il l’oubliait si souvent.

Vold s’assit donc au bout de la table, seul, et s’apprêtait à découper le poulet bien rôti servi dans un plat en argent. Elise apporta peu après un grand saladier rempli à ras bord de laitue et de tomates, ingrédient qu’elle jugeait nécessaire à une alimentation saine et équilibrée, concept totalement superflu pour un chevalier noir. On pouvait voir la vinaigrette luire à la lumière des bougies lorsqu’elle posa le plat juste devant son maître.
« Un démon qui mange de la salade… Je ne cesserai jamais de le dire, c’est n’importe quoi !
- Vous dites ça à chaque fois et pourtant vous les aimez, mes salades.
- Certes, mais je doute qu’une alimentation saine contienne autant de vinaigrette.
- Je ne vous demandes pas de…»

Trois coups grave de cloche retentirent soudain et fit sursauter la jeune femme. Elle ne s’était jamais habituée à ce signal qui pouvait arriver à n’importe quel moment – et en général lorsqu’on s’y attend le moins. Vold se leva d’une traite, oubliant le repas qui l’attendait. C’était la cloche du fort de Pandémonium qui avait sonné le rassemblement immédiat.

« Fabuleux ! Il faut que j’y aille ma grande ! Bye ! » Il se retourna, prit son grand manteau noir galonné de bleu, sa rapière et sortit en trombe du sanctuaire. Après quelques minutes de marches, le chevalier rejoignit l’allée des Vanneurs. Les Vanneurs étaient des empalés encore vivants qui délimitaient la grande route menant de la montagne au fort. Cet univers n’était jamais visité par la Faucheuse que terrifiait Craven, et c’était cette particularité qui avait donné naissance à cette grande route. Les Vanneurs se décomposaient lentement au fil du temps, mais restaient toujours vivants. Ils avaient été des criminels et des dictateurs pour la plupart. Et pour s’occuper, ils se donnaient la réplique et avaient appris à manier l’humour noir et la moquerie à un niveau très élevé. Et personne n’en réchappait, même pas leurs bourreaux. Alors que Vold passait devant lui l’un d’eux se réveilla. Au pied de sa pique, on pouvait lire « Jack » sur un panneau de bois.
« Quel… enthousiasme… Tu aimes te faire... laminer, hein ?
- Pas particulièrement.
- Sinon ta femme, ca va ?... Elle te domine toujours ? Hinhin… »

Vold choisit de l’ignorer. Chaque fois qu’il passait par là, l’un deux le narguait toujours à propos du soit disant manque d’autorité qu’il avait sur Elise. Bah, il fallait bien qu’ils s’occupent.
Il arriva devant la porte et frappa les deux gargouilles pour les réveiller. Elles lui ouvrirent le passage et le laissèrent entrer dans le fort où tous étaient réunis sur la place principale. Vold approcha, le regard méfiant.
« Chevaliers, commença Behemoth, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c’est que Leviathan est de retour. La mauvaise… On nous a volé quatre Mémoires.
- Laisse moi deviner, l’interrompit Vold, le mien en fait partie, n’est-ce pas ?
- En effet, ainsi que celui de Bloodlust
- QUOI ?? S’écria la jeune fille, assise à côté de Craven. Mon mémoire ? Mais… Mais pourquoi ??
- Ca, je l’ignore. Les deux autres concernent Craven et Zaël.
- Ouais, plus de pertes chez nous que chez eux, quoi, soupira Maël.
- Alors c’était ca… dit Bloodlust à voix basse. »
Behémoth tourna son regard meurtrier vers elle. La jeune fille, mal à l’aise, ajouta :
« Je… J’étais là quand ça s’est produit… Enfin je crois…
- Tout les autres chevaliers la dévisagèrent, curieux. Seuls Behemoth et Craven semblaient furieux contre elle.
- Des types s’étaient introduits dans le bâtiment la nuit qui précédait la bataille que nous venons de perdre et euh… ils semblaient chercher quelque chose. Mais comme j’avais faim, je me suis servie… Je pensais qu’ils étaient des agents envoyés par un de nos concurrents, comme d’habitude… Je te le jure Behemoth…
- Je vois… Guan-Yin, tu mèneras l’enquête à la HellHeaven, ils ne peuvent pas avoir disparu sans laisser de traces !
- Hai ! » Répondit la jeune femme asiatique. Elle ferma ses yeux noirs sans pupille et modifia sa tunique noire en un vêtement plus discrèt et moulant. Sur ses mains apparurent d’épais gants de métal noir. Elle se leva, puis disparut en un nuage de fumée qui se dissipa aussitôt. Les autres continuèrent comme si l’attitude de l’assassin était parfaitement normale.
« Personne ne serait assez stupide pour venir cambrioler la HellHeaven, dit Craven.
- Sauf si on ne connaît pas les risques, ajouta Maël.
- Ce ne sont pas des concurrents, en tout cas. Des indépendants, probablement. Humains, sans aucun doute.
- Et si on demandait au Chapelier ? Proposa Vold, inquiet du fait que son Mémoire pusse être perdu n’importe où.
- Oui, il doit savoir des choses sur cette affaire, ajouta Bloodlust, une lueur d’espoir dans ses yeux vermillon.
- Il ne nous dira rien, il est trop joueur, dit Craven.
- C’est mon idée, j’irai lui demander.
- Je t’accompagne.
- Non merci Natalya, ça ne sera pas nécessaire, je peux me débrouiller tout seul.
- Il joue avec toi plus qu’avec les autres, Vold, tu ne tireras rien de lui…
- Pas sûr. »

Behemoth considéra l’idée et l’approuva. Les Chevaliers ne pouvaient pas se permettre de négliger la moindre source d’information, mes Mémoires leur étaient trop précieux. Vold s’en alla alors droit vers le Palais du Fou, comme le Chapelier le surnommait si souvent. Cet endroit se situait au point culminant de la Montagne Grise et était entouré d’une rivière d’eau cristalline. Il était aussi facile d’y accéder que difficile d’y entrer. La grande porte du palais ne s’ouvrait qu’en donnant un mot de passe qui changeait chaque jour. Seules deux personnes d'Aetherion, en dehors du Chapelier Fou, savaient comment le trouver, Thémis et Vold, l’une parce qu’elle avait une excellente mémoire, l’autre parce qu’il y avait très souvent séjourné. C’était une sécurité supplémentaire pour ne pas déranger son résident. Vold et Craven se trouvèrent donc rapidement face à la porte. Une bien curieuse porte d’ailleurs. Tout le palais était de marbre blanc, mais la porte, trapèze vertical, était faite en obsidium, métal noir indestructible et très difficile à travailler disponible uniquement au cœur du volcan de la montagne. Une poignée blanche y était dessinée au milieu avec le chiffre 1 en son centre. Vold s’approcha de la poignée pour le lire.
« Voyons… 1… j’ai de la chance ! AMADEUS !
- Celui-là, je le connais. »
La porte s’ouvrit dans un grincement sinistre qui n’effrayait aucunement les hôtes du Chapelier. Craven entra d’un pas décidé, tandis que Vold, restait plus prudent et observait les murs obliques. Le sol était un immense damé de dalles blanches et noires dont la forme était basée sur des quadrialtères irréguliers dont et les bords dessinaient des courbes grotesques sur toute la grande entrée. Rien n‘était droit dans cette bâtisse. On aurait dit que l‘architecte avait voulu se lancer dans un délire en ignorant toutes les règles de constructions. Et il avait apparemment réussi.
« Brrrrr il fait un froid de canard, ici !
- Pas particulièrement.
- C’est normal, Natalya, tu ne sent rien du tout.
- Merci de me le rappeler, Vold… »
Natalya s’arrêta nette et fit signe à Vold de la main de ne plus faire le moindre geste.
« Il n’est pas loin…
- OK… presque rien, alors ! »
Ils entendirent alors un bruit suspect venant de la porte qu’ils avaient franchi. Ils se retournèrent tous les deux pour voir un petit bossu en haillons qui se frottait les mains. Son visage difforme était gravé d’une cicatrice lui traversant tout l’œil droit. Il portait de travers un vieux chapeau haut-de-forme à moitié écrasé. Il dit d’une voix grinçante :
« Vous désirrrrrez voir mon maîîître ?
- Depuis quand le Chapelier a-t-il un maître ? demanda Craven, sûre d’elle.
- Diantre, mon subterfuge n’aurait-il dont pas fonctionné ? »
Le petit bossu retira son chapeau, l’épousseta avec le coin d’une de ses vieilles manche, puis le reposa droit sur sa tête. S’en suivit une forte détonation dans un nuage de fumée qui entoura le bossu. Il se dissipa rapidement pour laisser place à un séduisant jeune homme habillé d’un long manteau noir et blanc en queue de pie tenant dans sa main droite une longue canne dont le pommeau représentait une tête de bouffon à grandes dents. Le Chapelier était grand et maigre et ses longs cheveux noirs frisés accentuaient son maquillage blanc. Sur son visage, étaient surlignés de bleu ses lèvres fines et le contour de ses yeux aux pupilles noires. Cela lui donnait un côté androgyne envoûtant.
« Et bien je vous salue, fit-il en exagérant sa révérence.
- Ouais, salut ! Comment ça va ?
- Ma foi, je vais bien, et vous ? Vous êtes venus en couple ? Très charmant, je dois dire, ajouta-t-il d’un air intéressé en observant la longue robe serrée et bien décolletée de Craven.
- Il suffit, Chapelier ! Le coupa cette dernière. Quatre mémoires nous ont été dérobés !
- Tiens donc, quelle surprise !
- J’en doute ! Tu sais quelque chose ! Tu sais tout !
Le Chapelier prit un air faussement surpris et recula.
- Mais le savoir ne profite qu’aux fous.
- Où sont les Mémoires volés ?
- Quelque part…
- Tu ne m’aides pas ! Lança Craven, quelque peu agaçée par les tours du Chapelier.
- … où je ne saurait aller.
- Oh… »
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptyDim 2 Sep - 10:24

Tandis que Craven menait l’interrogatoire dans une impasse, Vold pouffait de rire. Elle s’y prenait trop mal pour avoir des réponses, et elle ne savait surtout pas bien comprendre les mots du Chapelier. Il fallait lui parler ouvertement et dénicher les indices dans ses paroles anodines, et pas toujours dans ses propos énigmatiques. Il jouait, et il fallait indéniablement entrer dans son jeu et utiliser des stratégies détournées et ça, Vold s’y connaissait en stratégies. Il s’avança vers sa partenaire et la poussa doucement pour se placer devant le Chapelier qui jouait avec les mèches frisées qui pendaient devant son visage.
« Laisse, Natalya, il ne nous dira rien. Rentrons et oublions cette histoire de Mémoires.
- Ton insoucience me désole, Vold.
- Comment peux-tu être désolée si tu n’as aucune émotion ? Lança le chevalier blasé.
- Nous devons à tout prix récupérer nos Mémoires !
- Et pourquoi faire ? Après tout, les humains qui nous les ont volés ne peuvent rien en tirer à part des romans à dormir debout. Nous n’avons rien à craindre. Rentrons.
- Mais tu sais ce qu’il peut arriver s’ils le gardent trop longtemps !
- Cette loi n’a pas été vérifiée.
- Je ne courrai pas ce risque, Vold...
Le Chapelier rit de bon coeur. En réalité, le chevalier croyait en son baratin même s’il tenterait tout de même de retrouver l’un de ses biens les plus précieux.
« Ma chère, dit le Chapelier, un sourire au coin des lèvres, tout finira là ou tout à commencé. » Une dernière révérence et il disparut. Le palais aussi. Ils se trouvaient à présent au centre du grand volcan, sur une grande plateforme ronde suspendue au dessus de la lave. D’ici, deux escaliers menaient respectivement à l’allée des Vanneurs et à la vallée des rêves. Une passerelle donnait accès à une troisième zone qui s’enfonçait dans la roche. C’était la forge de Héphaistos, le forgeron des enfers, banni pour avoir aidé les Démons Noirs dans leur exil. Les deux chevaliers se mirent en route vers Pandémonium comme si ce changement soudain de paysage était habituel.
« Tu comptes vraiment abandonner ? demanda Craven d’une voix linéaire, comme dénuée d’émotions.
- A vrai dire, non. Il nous a donné quelques indices.
Et lesquels ?
- Et bien… « Quelque part où je ne saurait aller » et puis… « Tout finira là ou tout à commencé ». C’est on ne peut plus clair.
- Ils seraient dans la HellHeaven ? Absurde.
- Non, ils n’y sont sans doute pas, mais nous pouvons commencer par chercher des indices là-bas.
- Blood à dévoré une partie des intrus, et d’après les détails qu’elle m‘a donnés, ils étaient des professionnels. Ils n’auraient rien laissé qui trahissent leur commanditaire.
- Pas faux, se contenta de répondre Vold. »

Ils avaient traversé toute l’allée des Vanneurs en discutant et s’étaient retrouvés à la bifurcation de la route qui menait à présent soit au cimetière de Bloodlust qui entourait la crype de Craven, soit à la grande tour de Vold. Les deux Chevaliers Noirs se saluèrent respectueusement et rentrèrent chez eux. Vold avait cru voir une très légère lueur de tristesse dans le regard noir de la Dame de Fer, comme si elle regrettait qu’ils se fussent quittés si vite. Une illusion d’optique, se dit-il.
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptyJeu 6 Sep - 11:18

CHAPITRE VIII : LA RENCONTRE


Ce soir-là, Bloodlust était rentrée tard, repue d’un repas bien en chair et avait rapporté quelques bouteilles pleines de sang frais pour sa réserve personnelle. Du A négatif, très répandu, mais bien fruité lorsqu’il s’agissait de celui d’une gamine de treize ans. Mais les vacances scolaires étaient terminées pour la jeune fille qui était alors en terminale. Et il n’était pas prudent de rentrer trop tard lorsque l’on a une femme sombre, stricte et insensible comme tutrice.
Aussi, dès son retour, Elbereth eut droit à tout un cérémonial monocorde et dut laisser son sac de bouteilles sur le long sarcophage de pierre – servant aussi de table à manger à l’occasion – pour terminer ses devoirs en retard.
Capricieuse, Bloodlust avait claqué la porte métallique de sa chambre, tandis que Craven avait sorti sa basse de son étui en cuir pour s’échauffer les doigts.

Assis devant le bureau de sa chambre à coucher, Vold songeait à la démarche à suivre pour retrouver son Mémoire. Mais Craven avait raison, lancer une recherche à la HellHeaven risquerait fort de n’être qu’une perte de temps. Et plus il y pensait, moins il aimait les tours du Chapelier Fou. Il commençait à éprouver comme un dégoût à tous ses jeux. Il se sentait terriblement lassé.
« Monseigneur ?
- Rnfglmmh… ?
- Vous dormez !
- Hein ? Ah… oui en effet. Quel talent d’observatrice ! »
Elise parut consternée de l’ironie dont il pouvait faire preuve dans un état aussi fatigué.
« Et bien vous n’avez qu’à rejoindre votre lit, monseigneur, rétorqua-t-elle d’un air hautain.
- Quelle heure est-il ?
- Cinq heures du matin, monseigneur !
- Ah seulement cinq heu… Quoi ?!? Déjà ?!?
- Et oui ! On commence l’entraînement dans deux heures, lança la servante d’un air de triomphe.
- Ha mais quelle ch… Hum… Vous m’ennuyez, Elise ! SORTEZ ! »
Sur ces paroles, la jeune Elise sortit en arborant un sourire de satisfaction au coin des lèvres. Elle aimait contrarier son maître tout en sachant qu’il aimait lui répondre. Vold sortit donc deux heures plus tard. Il portait un gilet bleu nuit par-dessus une chemise noire. Son long pantalon noir lui laissait suffisamment de mouvements pour enchaîner ses attaques de manières bien fluides, malgré les trois chaînes métalliques qui faisaient le tour de ses jambes. Mais il les gardait par respect pour sa sœur qui jadis avait été enchaînée et exécutée sous ses yeux. Il n’avait pu récupérer que ces bouts de ferraille. Tout ce qui restait d’elle après le bûcher qui avait suivi sa décapitation.
Alors qu’il sortait de la pièce, il se rendit compte qu’il avait oublié un détail important, sa rapière répondant au doux nom de Silence. Elle était suspendue au mur, dans son fourreau noir et argent à côté d’un sabre japonais de belle facture et une épée de cristal.

Le chevalier entra donc d’une humeur massacrante dans l’immense salle à manger dont la table avait été poussée contre le mur, laissant toute la place libre jusqu’aux grandes fenêtres pour un duel d’escrime dans les règles de l’art. Elise se tenait à l’autre bout de la pièce, son fleuret dégainé et levé devant son visage, prête à bondir. Vold s’avança lentement en prenant son temps pour dégainer la Silence, décidé à lui faire perdre patience, non pas pour la pousser à la faute, mais pour se venger de son réveil brutal. Il s’arrêta net, et droit, comme s’il n’avait aucune envie de combattre. Et Elise en profita pour attaquer.
Mais alors qu’elle se jetait littéralement sur lui à une vitesse folle, il para son premier coup d’une facilité déconcertante, sans même user de sa force. Son adversaire n’en fut pas déstabilisée pour autant et continuait à donner des coups de plus en plus précis. Mais le chevalier se contentait de parer sans même la repousser. Il n’avait vraiment pas envie de combattre si tôt.
« Si vous continuez, monseigneur, vous ne progresserez pas !
- Mais je n’ai pas besoin de progresser ! J’ai eu suffisamment d’occasions de combattre pour connaître mon niveau ! A part vous qui vous entraînez chaque jour et les autres chevaliers, personne ne peut espérer me battre !
- Parce que vous comptez sur vos pouvoirs démoniaques ! Et vous le savez mieux que moi, les sources de magie peuvent être neutralisées et vous en avez déjà fait les frais ! Et là, seuls vos talents d’armes pourraient vous sauver.
- Premièrement, je suis immortel et je n’ai aucun besoin d’être sauvé. Deuxièmement, je sais très bien me battre sans arme et même si c’est moins élégant qu’une épée, c’est tout aussi efficace. Troisièmement, à sept heures du matin je n’ai pas nécessairement envie de me battre ! »
Vold avait prononcé ces dernières paroles avec insistance pour montrer à Elise son exaspération.
« Lorsque vous devez combattre ne sera pas nécessairement un moment où vous en aurez envie, et pas non plus lorsque vous serez en forme, monseigneur !
- Et bien là, même si à cause de vous je suis bien réveillé et en pleine forme à une heure pareille, je n’ai pas envie de me battre. Vous pouvez disposer. Bonne nuit. » Sur ces paroles dites aussi calmement qu’il le put, il fit demi-tour vers sa chambre.
« Je ne vous laisserai pas vous en tirer comme ça !!!
- IL SUFFIT, ELISE !!! »
Vold s’était retourné brusquement en allongeant son bras en direction de sa servante, déployant sur elle un tourbillon mêlant feu et foudre qui prit toute la hauteur de la salle. La jeune fille eut à peine le temps de s’écarter du passage de cette colonne de mort. Toujours furieux, le chevalier traversa toute la salle en direction de la porte qui menait au hall d’entrée de sa tour, en passant devant une Elise stupéfaite et encore à terre. Sa tenue d’escrime était brûlée sur son flanc droit. Vold lui lança d’un ton sec :
« Vous êtes peut être servante, mademoiselle Elise, mais n’oubliez pas que dans tous les cas, il est peu judicieux de me pousser à bout… Tenez, cela vous revigorera. »
Regrettant son geste, il ouvrit sa main en direction de son amie pour découvrir une rune scintillant d’un rouge vif qui tournoyait sur elle-même, suspendue dans l’air doux de la pièce. Au moindre contact de cet élément composé de magie pure, n’importe quel être vivant retrouvait sa vitalité.
« Trop aimable… » Dit-elle d’une voix fatiguée.

Vold sentait cette envie irrésistible de tout détruire pour apaiser sa colère, mais ce n’était que le fragment démoniaque de son âme qui le voulait, pas l’humain. Pour se calmer, il choisit plutôt de faire un tour dans la fraîcheur de la matinée. Contrairement à ce que l’on pouvait supposer, la grande vallée infernale d'Aetherion possédait un climat très variable, qui pouvait un jour être si chaud que le sol en transpirerait et le lendemain atteindre les températures polaires. Mais il y faisait plus souvent froid, très froid.
En sortant de la tour, il prit donc son tricorne et son manteau assorti. C’était un quatre quart en feutre noir galonné de bleu, dont la découpe était semblable à celle d'une redingote. Le col lui remontait presque jusqu’aux oreilles. En effet, ses fonctions guerrières lui avaient appris, entre autre, qu'avoir le cou bien protégé présentait bien des avantages. Après avoir très vite quitté l’allée des Vanneurs, il se dirigea vers l’immense montagne qui séparait les anges des démons. Il existait plusieurs moyens de la traverser, comme le vol ou par le dédale de tunnels sous la montagne. Mais le plus pénible et pourtant le plus évident restait les escaliers. Dans la roche, un long escalier étroit et rudimentaire avait été sculpté. Celui-ci menait directement au sommet du volcan, près duquel était disposée la forge d’Héphaïstos. C’était le seul endroit suffisamment chaud pour travailler le légendaire métal d’obsidium. Ainsi, au bout de cet escalier se trouvait un long pont suspendu de pierre et qui menait à trois autres endroits différents. Sur la gauche, il donnait directement sur la grotte de la forge, sur la droite il permettait de longer la Montagne Grise pour peut être arriver jusqu’à la demeure du Chapelier Fou et enfin, en face, il donnait sur le bel escalier menant à la vallée des Rêves. Au centre de ce pont en croix se trouvait une arche de pierre. Le chevalier s’arrêta devant elle et dit d’une voix forte « Londres ! ». Un voile de magie rouge se forma aussitôt sous l’arche et à travers celui-ci se dessinait vaguement une des sombres ruelles de Londres. Il entra dans ce voile et disparut.

Dans sa demeure, le Chapelier lança une quinzaine de dés, puis compta le résultat. Peu satisfait du nombre obtenu, il dit pour lui-même : « Tu es en veine, mon pantin, tu es en veine. ». Il sortit de la grande salle qui lui servait de petit bureau et arriva dans le long couloir du hall d’entrée. Il observa minutieusement chaque porte tordue disposée ici et là sur les murs et finit par en choisir une. Il l’ouvrit et disparut.

Vold sortit de la ruelle qui visiblement n’était pas si sombre que cela. Il était arrivé en pleine après midi, mais heureusement pour lui, personne ne semblait avoir remarqué son apparition. C’est donc tout naturellement qu’il marcha vers la foule, comme s’il avait toujours été là. Mais son uniforme était trop original pour passer inaperçu et il sa promenade parmi le monde humain n’allait pas être de tout repos entre les regards curieux et indignés. Très vite des jeunes l’abordèrent pour savoir ironiquement où il se fringuait, mais il se contenta de les ignorer. Il voulait une promenade reposante, pas un carnage. Il ne cherchait rien, il ne voulait rien. Juste marcher parmi les humains et se reposer l’esprit.

Le chevalier prit donc très vite l’option « se poser dans un parc » pour ne plus avoir à faire ce genre de rencontres. Après une brève errance dans les avenues de la ville, il choisit de se détendre sur les pelouses de Hyde Park. Il s’allongea et entreprit de se perdre dans les nuages gris si caractéristiques de l'Angleterre. Mais après une demi-heure de rêvasseries, son instinct l’alerta d’un danger, faible mais imminent. Il se leva d’un bond et tomba nez à nez avec deux policiers. Un peu surpris de la réaction de Vold, ceux-ci reculèrent d’un pas avant de lancer la phrase habituelle :
« Votre permis de port d’armes, s’il vous plait.
- Un permis de port d’armes, mais pour quoi faire ?
- Votre épée, là, c’est pour faire joli ?
- Hum… Non, na rapière n’est pas là pour faire joli.
- Il est strictement interdit de se balader en ville avec une arme, quelle qu’elle soit sans permis. Alors mon collègue et moi souhaiterions voir votre permis de port d’armes, s’il vous plait.
- Je n’en ai pas, répondit-il naturellement. Je n’en ai pas besoin !
- Ben voyons.
- J’ai tous les droits, ici, je ne suis pas soumis à…
- Oui tout à fait, et donc si vous voulez bien nous suivre.
- Mais puisque je vous dis que… Oh et puis zut ! » Finit par lancer le chevalier, lassé de tout ce remue ménage.

Par volonté de discrétion, il préféra les suivre sans faire plus d’histoires. Se rebeller aurait déclenché un vent de panique. Les deux policiers lui confisquèrent sa rapière et l’emmenèrent au commissariat. Mais ce qu’il n’avait pas prévu c’était que pour lui remettre les idées en place, ils mirent le chevalier en cellule. Après quelques réflexions, il ne s’en soucia guère. La nuit venue il récupèrerait son arme et s’échapperai tranquillement du commissariat. Dans l‘air de la cellule, quelque chose clochait. Comme s’il ressentait sa propre présence.
Dans un bureau quelques mètres plus loin, l’inspecteur de police Grundhill était plongé dans la lecture du troisième mémoire. Mais Vold sentit d’autres auras approcher, bien plus menaçantes. Il tourna instinctivement le regard en direction de la porte d’entrée du bâtiment, bien qu’elle fût hors de son champ de vision depuis la cellule.
Revenir en haut Aller en bas
Hellwing
Premières histoires
Hellwing


Nombre de messages : 23
Age : 41
Date d'inscription : 20/05/2007

Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion EmptyJeu 13 Sep - 3:12

CHAPITRE IX : LES TEMPLIERS NOIRS


Dans son bureau fermé à clef, l’inspecteur Grundhill était plongé dans un roman fantastique passionnant. Il racontait l’histoire d’un gamin au Moyen Age dont la sœur avait été injustement exécutée. Avide de vengeance, le gamin décida d’être patient et de devenir le plus valeureux chevalier de toute l‘armée de son suzerain, le juge de sa sœur. Passé les années et quelques péripéties bizarres, il avait atteint son but. Il faisait partie des meilleurs chevaliers et pouvait enfin approcher et tuer celui qu’il avait servi durant toutes ces années. Mais une bataille survint et le héros dut partir au combat. Alors que tout était perdu, des pouvoirs magiques se révélèrent en lui et il massacra tout seul ses ennemis en les brûlant vifs dans leurs armures au moyen de foudre et de feu.
De temps en temps Grundhill laissait échapper une phrase du genre « Oh god ! Mais c’est n’importe quoi ! ». Mais qui avait bien pu pondre une histoire aussi tordue, se disait-il. Mais ce n’était pas tout. Sur le chemin du retour, le chevalier dans son armure à présent en kit fit la rencontre de deux hommes plutôt robustes accompagnés d’une jeune fille muette aux cheveux blancs qui lui dirent des propos incohérents. Enfin, comme toute histoire de ce type – s’il pouvait en exister d’autres – le lecteur aurait la signification plus tard. Pour l’instant, cela n’avait strictement aucun sens. Finalement le héros rentra mort de fatigue terminer sa vengeance, mais arrivé dans la salle du trône où siégeait encore son seigneur, ce dernier tenta de se disculper en prétextant que l’exécution était l’idée de son fou, un homme mystérieux aux lèvres bleues et au sourire inquiétant, à titre d’exemple pour la population. Finalement, il mourut et on n’en était même pas au quart du livre.
Alors que l’inspecteur entamait le chapitre suivant, des cris de douleur retentirent. Se demandant ce qu’il se passait, il se précipita devant la porte de son bureau et l’entr-ouvrit juste à temps pour assister à la fin du carnage. Tous les policiers jonchaient le sol, baignant dans leur propre sang. Seuls restaient debout une dizaine d’hommes en costume noir. Ils étaient tous en train de ranger leur gros pistolet dont Grundhill ne reconnaissait pas le modèle. Seul un, aux cheveux et à la barbe blanche, se démarquait du groupe. Son costume plus massif que celui de ses équipiers était en réalité formé de plusieurs plaques d’armure noire. Et il portait une épée bâtarde. Conscient qu’il ne pouvait rien fair à l’heure actuelle à part mourir s’il se montrait, l’inspecteur resta caché dans son bureau, en se demandant comment ils avaient pu tuer tous ces hommes en si peu de temps.

Toujours dans sa cellule, Vold ne pouvait rien voir de ce qui était en train de se passer, mais les cris et ces coups de feu si caractéristiques l’avaient mis sur la voie. L’aura que ces hommes dégageaient n‘était même pas nécessaire pour les reconnaître. Il sut alors qu’ils étaient revenus, ces humains qui avaient autrefois prétexté représenter leur propre espèce dans l’éternel combat entre Cieux et Enfers. Pour une question d‘égalité, ils avaient convaincu les chevaliers noirs qu’il fallait un troisième clan, celui des Humains. Et ils avaient accepté. Ce clan que constituaient les templiers noirs faillit bien plus tard causer la perte des deux autres clans. Mais leur plan de plusieurs siècles avait échoué et ils avaient été réduits à néant, du moins c’était ce qu’ils avaient laissé croire. Si Grundhill avait eu le temps de lire encore un peu plus le mémoire de Vold, il aurait su tout ça.
Le chevalier enfermé hésita. Soit il ripostait et avec un peu de chance il pourrait interroger l’un des templiers en espérant qu’il ne se suicide pas, soit il profitait de la pagaïe pour récupérer son mémoire et disparaître. Dans tous les cas, il devait reprendre son ouvrage sacré. En réfléchissant à la stratégie la mieux adaptée à la situation, l’idée lui vint à l’esprit que les templiers devaient être là pour une bonne raison, et la seule raison possible à priori était la présence des mémoires. Bien que très faible, les grimoires émettaient chacun une aura bien précise, similaire à celle de son chevalier. Mais comment les templiers avaient pu la détecter si les chevaliers eux-mêmes ne pouvaient la sentir qu’à quelques dizaines de mètres ? Leur présence dans ce commissariat pouvait donc aussi être le fruit du hasard. Un hasard bien importun, certes, mais le hasard quand même. Dans le bénéfice du doute, le chevalier décida de sortir de sa cellule pour les combattre rapidement et jouer sur l’effet de surprise. Avec un peu de chance, ils n’auraient même pas remarqué la présence des quatre mémoires, dans le cas où il s’agissait effectivement du hasard. Posant ses mains contre la serrure métallique, il émit une boule incandescente de la taille de sa paume qui fit fondre le métal à une vitesse fulgurante. Enfin sorti de la cellule avec tant de facilité, il récupéra sa rapière puis son manteau qui avait été jeté dans un coin parmi d’autres affaires, toutes aussi miteuses les unes que les autres. Et il se dirigea vers la salle principale où se trouvait tout ce beau monde, toujours sous le regard discret de l’inspecteur.
« Bonjour messieurs, ça baigne ?
- Tiens tiens, Lord Voldenfer, mais quelle surprise, lança le chef de la partie adverse.
- Charon, ça fait un bail ! Tu es toujours vivant ?
- Comme tous les humains qui ont un cœur, tu ne sais pas finir le travail. Tu n’aurais pas dû me laisser en vie !
- En effet, je vois l’erreur que j’ai commise. Je te demande pardon. Ca ne se reproduira pas.
- Il n’y a pas de quoi, ça fait plaisir. J’imagine que tu te demandes pourquoi nous sommes là.
- Tu désires conquérir Londres en commençant par réduire à néant les forces de l’ordre, ou une débilité du même genre.
- Une ville aussi minable ?
- Tiens, je m‘attendais à ce que tu m‘approuves pour me mettre sur la mauvaise piste. Décevant… Bon, on fait quoi ? Je vous massacre tous jusqu'à dernier ou alors on prend le thé ?
- Ne te prends pas cette peine. J’ai rempli mon office. »

Le chevalier entendit un bruit de fracas dans un des bureaux, celui de Grundhill. Les neuf hommes en noir profitèrent de ce moment d’inattention pour lui tirer dessus, mais sans succès. A quelques centimètres du chevalier, les balles rencontrèrent un obstacle invisible. A chaque impact, un flux d’énergie bleue se propagea le long de ce qui semblait une paroi épousant presque la forme de son protégé. A travers ses habits, apparurent sur le ventre de Vold quatre larges runes en filigrane. Il s’agissait d’un des sceaux tatoués sur son corps. Celui-ci représentait Exil, le Bouclier Protecteur. Ayant d’ordinaire la couleur d’un tatouage banal il dégageait cette énergie filigranée lorsqu’il était activé. Et ce n‘était en général pas très bon signe pour l’adversaire. Oubliant ce qu’il se passait dans le bureau, le chevalier riposta en envoyant plusieurs séries d’éclairs en direction de ses ennemis, mais sans beaucoup d’effet. Ces derniers avaient aussi une armure magique. Sans se décourager, Vold décida d’y aller à la force brute. Usant de sa vélocité démoniaque, il se plaça derrière trois des templiers et les trancha par la lame acérée de sa rapière, sans leur laisser la moindre chance d’esquiver. Encore six à tuer. Les autres templiers dégainèrent enfin leur épée et commencèrent à charger, dans un espace serré, rendant donc leur attaque peu efficace. Vold n’eut qu’à allonger le bras pour toucher le premier en plein cœur, tandis que le second trébuchait sur le cadavre de son collègue. Le chevalier lui trancha le cou sans hésitation. Plus que quatre.
« Mas à quoi te servent donc ces incompétents, Charon ? »
La suite du combat ne fut pas plus passionnante. Pour la forme, Vold les trancha les uns après les autres, convaincu que même sans son aide, ils auraient trouvé le moyen de se tuer les uns les autres. Alors qu’ils étaient tous à terre, Charon disparut, un sourire au coin des lèvres. Son plan avait parfaitement bien marché.
« Je crois que j’ai la réponse à ma question… Mais quel con je suis ! »

Pris soudain d’un mauvais pressentiment, le chevalier se précipita dans le bureau de l’inspecteur Grundhill pour le trouver allongé au sol, inconscient. S’assurant, sans aucune raison, que celui-ci était sain et sauf, il observa la pièce à la recherche des mémoires. Celui de Craven et le sien avaient disparu. Les autres étaient toujours là. La fenêtre avait été brisée et Vold sentait encore les résidus d’une aura forte et familière, celle du voleur sans aucun doute. Mais ce qui ne collait pas, c’était que cette personne avait été tuée des décennies plus tôt, il avait été présent à ce moment-là pour le confirmer.
L’heure n‘était cependant plus aux spéculations, les templiers étaient bien venus pour les mémoires et le seul témoin était sous ses yeux. Mais pourquoi ne l‘avait-on alors pas tué ? Le chevalier prit Grundhill sur ses épaules, dessina de son doigt une rune dans l’air. Les traits magiques suspendus tremblaient légèrement. La paume placée juste sous le flux d’énergie, il referma la main pour le consumer. Vold et l’inspecteur disparurent aussitôt, tandis qu’il ne restait plus qu’un léger champ statique à l’endroit où ils se trouvaient.

De retour au centre du volcan d’Aetherion, il s’apprêtait à rejoindre sa demeure avec son hôte, quand Maël apparut sur son passage, dans un léger tourbillon de poussière.
« Où étais-tu ? On te cherchait partout. Conseil de guerre.
- Pas maintenant, il y a plus important.
- Les deux clans sont réunis, l’heure est gra… C’est un humain, là, que tu transportes ?
- Absolument ! Et il se trouve qu’il a très certainement un rôle à jouer dans le vol des mémoires. Donc le mieux à faire serait de prévenir les autres que le conseil de guerre doit attendre la fin de mon interrogatoire avec ce type. »

Sur ces mots Vold dépassa son camarade et se dirigea tout droit vers sa tour.

« TU VAS TE FAIRE DEMONTER PAR LES CHEFS, VOLD ! »

Mais ce dernier n’écoutait plus. Il était convaincu qu’il pourrait apporter de nouvelles informations et pour optimiser le peu de temps qu’il devait leur rester, il valait mieux retarder le conseil de guerre.

Sur Terre, les humains allaient sans doute trouver une bonne explication au carnage qu’ils allaient trouver sur les lieux du crime, mais cela n’avait aucune importance. Comme à leur habitude, les humains étaient loin de s’imaginer que les sociétés qu’ils avaient eues tant de mal à faire prospérer étaient encore une fois sur le point de s’effondrer.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Aetherion Empty
MessageSujet: Re: Aetherion   Aetherion Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Aetherion
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vos écrits. :: Vos écrits. :: Vos Romans-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser