Le coeur et l'être.

Des milliers de corps sans vie servaient de paysage à cette funeste scène. Tous étaient leurs ennemis, à eux les deux survivants de ce long combat. Lui était de lumière et elle d’ombres. Alors que ses ailes de plumes angéliques battaient doucement dans l’air pour le maintenir à bonne altitude, il la regarda. Elle, de sa peau de charbon et de ses ailes de peau noire, elle fuit momentanément son regard. Ils étaient tout deux opposés. Opposés dans leurs croyances, dans leurs méthodes, dans leurs natures et dans leurs esprits.

Il était de lumière et elle d’ombre, mais ils avaient combattu l’éternité ensemble. Lui faisait le jour et elle la nuit, ils se suivaient pour mieu se protéger mutuellement. Il remplissait le ciel de lumière et elle imposait les ténèbres. Si il était le feu, elle serait de glace…

Alors que les corps de leurs ennemis vaincus jonchaient le sol qu’on ne pouvait plus voir. Alors que le ciel rouge donnait le ton sur cette scène apocalyptique, ils se regardaient, se contemplaient, s’aimaient de leurs coeurs mais se haïssaient de leurs êtres.

Ils s’étaient battus contre des ennemis communs. Cette seule et unique raison les avait maintenu ensemble depuis une éternité. Mais aujourd’hui il n’y avait plus d’ennemis à combattre, plus d’amis sur qui compter, plus de monde à protéger. Ils avaient vaincu, mais d’une victoire aussi amère que l’odeur de ces corps pourrissant en dessous d’eux.

Ils s’étaient aimés, ils avaient partagé ce sentiment si intensément qu’ils en avaient oublié leurs différences. Et encore aujourd’hui se sentiment restait, encore plus puissant que jamais. Mais il n’y avait plus de raison sur ce monde agonisant. Ils n’étaient plus que deux mais ils faisaient quatre. Tout deux avaient leurs cœurs qui, unis, ne faisait plus qu’un. Mais leurs deux êtres se méprisait, se haïssait, ils étaient nés pour s’entretuer…

C’était donc d’amour qu’ils se tuaient maintenant. Chacun étant incapable de porter le premier coup, mais se haïssant désormais trop pour s’enlacer comme ils l’avaient fait dans le passé. Mais ils devaient le faire, c’était la seule et unique raison qui perdurait en se monde. Mais qui parviendrait à ignorer son cœur ? Qui pourrait éteindre la lumière de la vie qui n’existait plus que dans leurs yeux ?

Lentement, tout deux sortirent leurs épées. Le simple fait de sortir cet outil de la mort, encore souillé par le sang de leurs ennemis, par le sang de leurs amis, suffisait à déchirer leurs âmes, noyant leurs yeux dans le chagrin des larmes. Pourquoi ? Pourquoi tout devait-il finir ainsi ? Pourquoi n’avaient ils pas pu mourir tout les deux, leurs cœurs encore unis ? Ils auraient ainsi put sauvegarder leur amour dans la mort.

Il baissa la tête, mais son regard orientait vers les cadavres ne les regardaient pourtant pas. Il pensait pendant quelques secondes qu’il pourrait le faire, mais son cœur stoppa ses muscles, lui rappelant l’amour qu’il portait.

Elle leva les yeux. Eprouvant ce sentiment qu’on avait appelée espoir, son cœur cherchait pourtant désespérément une autre raison. Une raison qui pourrait faire perdurer leur amour. Puis se fut la douleur, l’être imposant de nouveau la seule et unique raison existante. Son être serrait l’épée que son cœur voulait lâcher. Elle souffrait de ce terrible dilemme, et elle savait que lui aussi en souffrait.

« Pourquoi ? » demanda-t-elle d’une voix brisée.

« Je l’ignore » Répondit-il.

Cela ne pouvait se dire part des mots. Cela ne pouvait être compris du cœur. Mais cela était la raison qui les forçait désormais à cette ultime bataille.

Leurs épées se soulevèrent, entraîner par leur muscles hésitants, ne sachant qu’elle partit d’eux écouter. Leurs êtres avaient la raison, mais leur coeurs continuaient tout de même de battre, de se battre, afin de perdurer leur amour.

Les épées se soulevèrent, la raison s’imposa en eux. Ils devaient en finir. Le monde ne pouvait accepter qu’un seul survivant. La renaissance du monde n’attendait que la raison d’un seul être. Le second, serait oublié, à jamais… Afin qu’un nouveau monde apparaisse et que le cycle continue. C’était cela, la raison de leur existence, l’unique raison qui restait en eux.

Leur regard se fuyait mais leurs corps s’approchèrent, les épées dirigées l’un vers l’autre, la raison allait mètre un terme à leur amour, à leur souffrance, à leur souvenir…

Mais le cœur à ses raisons que la raison ignore…

Deux épées tombèrent au sol, se plantant parmi les cadavres. Leur cœurs avaient réagi au dernier moment, et se sursaut de haine se transforma en un moment d’amour.

Ils s’embrassèrent. Ils s’aimaient. Ils s’admiraient. Ils s’enlaçaient.

Tandis que leur corps amoureux et leurs cœurs unis fusionnait. La dernière raison du monde s’estompa, et le monde lui-même se brisé, Le ciel se dissipa en poussière, les cadavres fondaient et disparaissaient dans le sol de terre craquelé qui trembla alors. Le monde s’effondrait, le sol s’effondrait, et les étoiles tombaient à sa suite, ne laissant qu’un rideau d’inconnus derrières elles.

Dans la noirceur infinie du néant il n’y avait plus que deux corps, enlacés à jamais. Le cœur avait gagné, ses raisons avaient eut raison du monde.

Le cœur triompha, leur amour perdura pendant l’éternité. Le monde détruit, leur corps en formèrent un nouveau. La peau se transforma en ciel. Le sang se transforma en eau. L’os se transforma en terre.

Et de leurs cœurs unis la vie naquit. Et les raisons de leurs cœurs devinrent les raisons de ce monde. Ils y perdirent la vie, mais leur amour resta. Et un nouveau cycle fut créé.