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 FG - Tome 2

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Fëa
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Fëa


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MessageSujet: FG - Tome 2   FG - Tome 2 EmptyMer 6 Fév - 13:09

Et voilà, la première partie du prologue !

Le tome 1 sera sans doute remanié pendant que j'écrirais le 2. Le 2 s'appuie donc sur la version remaniée, avec les différences suivantes :
-L'attaque des Atlantes, dans le 1, n'a pas lieu. Idna n'est coupable que d'avoir viré le nom d'Aubry de la liste.
-Mika, comme ce sera éclairé dans les remaniement, a organisé sa tentative de meurtre toute seule, mais Idna, qui l'a aidée à s'habiller, l'a vu cacher son couteau.
-Aubry est entrée dans l'armée car, d'après le professeur Camber, elle n'avait aucune chance de passer ses Partiels avec succès. C'est Camber qui lui donne le numéro du bureau d'enrollement.
-Idna a été envoyée avec Svayl pour surveiller Aubry par magouille politique : c'est son père qui s'est arrangé pour qu'elle soit avec son fiancé.



Dernière édition par Fëa le Sam 5 Avr - 15:10, édité 7 fois
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MessageSujet: Re: FG - Tome 2   FG - Tome 2 EmptyMer 6 Fév - 13:14

"Remonte ton col ; tiens toi droite -droite !- ramène le talon droit derrière la cheville gauche."

Aubry se tint droite, les reins raides et les fesses serrées pour afficher la parfaite raideur attendue d'un officier. A cela, il fallait ajouter une élégance obligée : uniforme bleu débarrassé de la moindre poussière, barrettes d'épaules cousues en vrai argent et bottes scintillantes.
Que d'efforts pour le décorum ! Aubry, qui n'était que Lieutenant, n'avait en temps normal que du fil gris vaguement brillant pour marquer son unique barre de grade. Et ses bottes étaient rarement aussi propres, sa veste aussi rigidement amidonnée; ni ses cheveux si bien lissés.

Un flash blanc effaça pour une seconde le décors, et Aubry se retrouva à cligner des yeux pour y voir de nouveau quelque chose. L'étiquette de son uniforme la grattait dans le cou, mais elle n'osait pas bouger, avec toute l'équipe qui la fixait comme si elle se présentait à la présidence (ce qui, bien entendu, n'arriverait jamais de son vivant, ni même dans aucune vie postérieure vu son charisme, qu'elle jugeait tout bonnement inexistant). Tous, du premier au dernier : les deux responsables des lumières, une pouf avec un calepin et des lunettes carrées qui prenait des notes, le cadet Sjeskem Erika (celle la même qui avait sans doute tenté de lui faire la peau deux ans plus tôt), un gros appareil noir à la main et clic ! nouveau flash, et enfin Horus, boudeur, assis si droit et raide sur son tabouret qu'on aurait put lui mettre une planche contre le dos sans le faire changer de position.
Ce qu'Aubry avait pu faire pour le rendre encore de mauvaise humeur, elle n'en savait rien, mais comme sa seule présence provoquait chez le dieu des poussées de colère désormais aussi courantes que la nuit et le jour, elle préférait ne plus se poser de questions.

"Regardes vers moi !" résonna dans le hangar et Aubry se désintéressa d'Horus. Elle fut récompensée par un nouveau flash, si fort qu'elle en eu presque un mouvement de recul.

"Bon, ça ira," dit ensuite Erika. La jeune brune se releva, ramena une mèche derrière son oreille, puis, d'une voix qui se faisait enjôleuse (et combien Aubry aurait voulut pouvoir imiter ce ton !) : "Horus, chéri, viens te mettre derrière là, s'il te plait."

Horus jeta un regard noir à la photographe, bougonna, mais Erika ne sembla pas le moins du monde ébranlée. Lassé de jouer seul au grognon, il finit par se lever pour rejoindre Aubry sur l'estrade.
Fichues photos officielles. Horus était déjà agaçant à tenir en temps normal, mais la bonne demi heure de maquillage et l'autre demi heure d'habillage à laquelle on l'avait forcé avait plus que diminué son quota naturel de patience.

"Plus près, chéri, veux-tu ?", "Chéri, rapproches toi un peu," "Chéri, ne sois donc pas si raide !"

Réplique après réplique, Erika forçait le dieu à se comporter en compagnon modèle ; réplique après réplique, Aubry se demandait si ses yeux la brûlait à cause des projecteurs ou de l'humiliation que lui infligeait Horus.

La séance continua encore pendant presque une heure, puis Erika tendit son lourd appareil à la pouf à lunettes. Elle étira son élégante silhouette, faisant joliment ressortir des courbes qu'Aubry trouva tout à fait harmonieuses.

Aubry descendit précipitamment de l'estrade. Le seul et unique avantage de la séance était qu'elle avait finit sa journée trois heures plus tôt : trois heures de moins à suer inutilement dans une combinaison tout sauf sexy, sans qu'Horus fasse le moindre effort de synchronisation; ou trois heures à faire de la stratégie militaire stérile, à apprendre par coeur des matricules de tanks et de mechas; ou trois heures à faire une autre des énièmes choses inutiles mais obligatoires.
Direction : vestiaire. Aubry avait envie d'une douche.

Erika se trouvait déjà là, en sous vêtements. Son uniforme gisait sur un banc de bois et elle enfilait une robe de satin carmin. En y repensant, c'était la première fois qu'Aubry et Erika restaient seules dans la même pièce; seules et à moitié nue, et une Erika de vingt ans, tous les officiers le savaient grâce aux clichés de Vayne Tariam : c'était une vue à ne pas manquer.

"Il est toujours comme ça, Horus ?" demanda Erika, la voix un instant étouffée par le tissu de sa robe.

"Tu veux dire depuis qu'il s'est réveillé et s'est rendu compte que je n'étais pas sa Chère et Tendre Freedom Kanaba ? Toujours."

Un petit rire sortit de la gorge d'Erika. Aubry en était à jeter pèle mêle son pantalon de toile par dessus sa paire de bottes.

"Heureusement que ce n'est pas moi qui en ai hérité, alors."

Nouveau rire, mais d'Aubry, cette fois. Erika étalait du noir brillant sur ses lèvres.

"Ouais. Et toi, tu as atterrit au service des photos ... ?"

Sourire satisfait d'Erika. Elle repoussa ses cheveux, toujours coupés en un carré noir, et se tourna vers Aubry.

"Mon cavalier, au bal. Il fait des photos de tout : appareils de guerre, officielles, de propagande -tu aurais vu celles qu'il avait d'Irk..."
Regard noir d'Aubry.
"Bref, ça te dirait, une vodka ?"

Une Vodka avec la photographe militaire la plus sexy de Sion, bonne idée de soirée. Aubry sentit son moral remonter d'un cran.

"Quand tu veux, tant que c'est après ma douche."

Erika éclata de rire et s'installa sur le banc, jambes croisées. Aubry sourit et entra dans la salle de bain en sachant que la brune serait encore là à son retour.
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MessageSujet: Re: FG - Tome 2   FG - Tome 2 EmptyMer 27 Fév - 6:41

Un quart d'heure plus tard, le trio (Horus compris) s'installait dans la voiture d'Aubry, un modèle militaire à l'image des blindés légers, mais en beaucoup plus léger et, il fallait bien l'admettre : en beaucoup moins blindé.

Erika conseillait un billard-café de Neo Montmartre, un ersatz sionnien de la légendaire butte Parisienne. Nombre d'artiste résidents : inversement proportionnel au dénivelé, par ailleurs inexistant. Exactement vingt sept minutes furent requises pour atteindre le lieu dit, ce qui fut largement suffisant pour qu'Horus fasse mine de dormir sur la banquette arrière. Aubry descendit sans le réveiller, verrouilla le tout dès qu'Erika eu posé ses deux talons aiguilles sur le goudron bien propre du parking et fit signe à la brune : passes devant.

"Tu le laisse ici ?"

"Ouais. Il fait semblant, tu sais. S'il veut rester seul, je serais ravie de satisfaire monsieur."

Les deux femmes entrèrent en silence. Erika les dirigea aussitôt vers le fond, où elle trouva une petite table ronde entouré d'une banquette rouge, proche d'une des larges tables couvertes de bleu qui servaient au jeu.

La photographe était une habituée : un jeune serveur, cheveux noirs et gominés vers l'arrière, la peau pâle et les lèvres peintes en rouge, apporta aussitôt deux cocktails vert fluo. Ou jaune, et l'éclairage (par ailleurs très bleuâtre) donnait en fait cette impression ? Mais déjà, Erika avait dégotté deux longues queues de bois poli. Il était encore tôt et la place était libre.

"On joue ?"

"Comme tu veux, mais ne t'attends pas à un challenge. Je joue aussi mal que je me coiffe !" répondit Aubry avec un éclat de rire qui sonnait un peu amer. En deux ans, elle n'avait toujours pas réussit à retrouver une coupe potable. A vrai dire, depuis qu'elle avait teint ses cheveux, avant les Sapins Bleus, sa tignasse de ressemblait plus à rien : rousse, vaguement bouclée on ondulée et qui refusait tout lissage à moins d'apposer une poignée de gel par mèche.
La mode, sur Sion, était à l'ultra lisse. Forcément, ça ne le faisait pas.

"Pas grave, on aura qu'à parler pour rehausser le niveau."

Aubry ne répondit pas, ce qui revenait à accepter, avala une gorgé de la chose verte dans son verre (très alcoolisée d'après le goût) et se planta devant le billard. La meilleure cassait le carré de boules.

"Ça n'a pas l'air d'être la joie avec Horus."

"Non."

Clac. Erika recula d'un pas, fronça les sourcils et laissa la place.

"Non. C'est bizarre; tu sais qu'il n'aime pas les Elues qu'on lui propose. Il rêve toujours de revenir à la lignée de Freedom Kanaba. Mais moi, il me déteste carrément depuis qu'il m'a confondue avec Flee, le premier jour."

Clac. Une boule à l'intérieur, côté gauche. Zut. Aubry aimait jouer à droite.

"Je me demande s'il n'aurait pas préféré Idna, ou toi," ajouta la rousse. Erika haussa les épaules.

"Horus ne préfère personne. Ma situation me satisfait et Idna Irklem vient de décrocher un poste à l'Administration Générale. Tu y crois, toi ? Elle va vider les poubelles du Président. Ça lui irait bien, remarques. Elle bossait pour les renseignements, à mon avis elle doit être là bas pour faire la liaison avec une de ces Sections Secrètes sur lesquelles on fait couler beaucoup d'encre pour pas grand chose."

"Ah. Je suis donc la seule..." clac. "Joli coup." Deux boules à droite. Ts, c'était énervant de perdre dès le début.

"Merci. Tu disais ?"

Clac. Rien à gauche. Flûte.

"Je disais que j'étais la seule à stagner misérablement. D'après Karen, mes synchronisations sont meilleures que les siennes ou celles d'Analla, mais Horus et moi restons un couple si désespérément nul que nous ne piloterons sans doute jamais rien de vrai. La seule fois où nous avons abattu quelque chose sur le simulateur, c'est parce que j'ai voulu me débrouiller seulement avec mes moteurs et que j'ai marché sur un char ennemi."

Clac. Une à droite. Trois à un. Re-flûte.

"Au moins tu essaies. Mais dis toi que tu n'en as plus que pour douze ans maintenant."

"Ouais. Ils vont sûrement finir par me recaler dans un autre service. Avec un peu de chance j'aurais le droit de vider les poubelles d'Irklem."

"Hum. Avec beaucoup de chance tu auras celles de l'Irklem mâle et pas de sa pétasse : ce charmant ex des renseignements de la Deus vient de changer de sous section. Il retourne chez les pilotes, mais pour le compte de la Section 4. Il faut croire que l'armée de l'air ne le tente plus."

"Faut surtout croire que la Deus c'est mieux payé." Clac. Une à gauche. "Ça me gave, me faut quasiment l'ère sombre pour tirer et je ne marque aucun point !" pesta Aubry : son coup, bien fait, aurait dû emporter deux boules par ailleurs faciles, mais la seconde avait raté le trou d'un centimètre à peine.
Et puis zut. C'était vrai pour toute sa vie en ce moment, ce genre de répliques.
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MessageSujet: Re: FG - Tome 2   FG - Tome 2 EmptyDim 2 Mar - 13:37

Chapitre 1 : Idna


Idna se leva, ce matin là, à l’heure à laquelle elle s’était réveillée la veille. Comme la veille, elle passa cinq doigts blancs dans les cheveux de son époux, encore endormi à ses côtés. Svayl sourit dans son sommeil et elle quitta le lit conjugal. Elle ramassa et passa une chemise de nuit, abandonnée avant le coucher au pied de la couche.

Ses pas la portèrent dans la chambre attenante. Elle embrassa son jeune fils, blond et gros dormeur comme son père. Son bébé... cinq mois, mais il ne lui manquait pas tant au travail. Idna ne s’était jamais imaginée en mère ultra protectrice, la nourrice du petit était compétente, et leur petite villa excellemment équipée pour que rien n’arrive à Preston. Elle le retrouverait au soir, sans doute encore endormis ou brayant dans les bras d’Adama.
En attendant... petit déjeuner.

Idna se servit un chocolat-café devant les informations du matin. On fêtait à Shenyang la nouvelle promotion de quatre Lieutenant de Classe C, une tempête inondait les ruines irradiées de l’ancien Washington. L’Amiral Odessa décorait une compagnie de Sahara-4 d’une médaille de l’Ordre du Courage.

Rien de bien détonnant. Rien de pire ou de mieux que le jour précédent. Idna termina son café, fit un peu de rangement et partit pour le travail.

Le QG de la Section 5 se trouvait dans l’immeuble adjacent à celui occupé par le Président. Idna elle même appartenait à présent à une équipe déléguée au service du plus haut échelon de l’Etat. On raillait souvent cette position : « les videurs de poubelles », « les chasseurs de charognes fédérales ».
Idna en avait rêvé. Elle y était.

Ce matin là, deux dossiers l’attendaient déjà, arrivés dans la nuit. Pas les plus intéressants du service car Idna n’était que la bleue, la plus jeune et la moins expérimentée. Une recherche à faire dans les dossiers secrets à propos de la première bataille du Panama et, en dessous dans une pochette bleue, une liste de documents à porter aux archives. Superbe, une journée en rat de bibliothèque en perspective.

Elle chargea ses deux dossier dans ses bras drapés du bleu fédéral et quitta le bureau. Avec l'avance qu'elle avait, Idna était à peu près sûre de trouver quelqu'un à la machine à café pour discuter quelques minutes, ce qui était toujours bon pour le relationnel. L'itinéraire le plus court la menait toujours devant le bureau du Big Boss de la Section, le Général Uriem, et la porte toujours fermée était, cette fois, malencontreusement entrouverte.

"... ne vois pas comment le Président peut exiger des délais pareil. Il soutenait le projet, pourtant. Quelqu'un a dû intervenir."

"Pas dans ma Section, Preston. Je connais mes hommes et n'importe qui ne travaille pas pour le Président. Ce revirement est inquiétant mais je ne vois pas sur quoi enquêter pour l'instant. Quels sont les termes exacts ?"

Idna resta droite et immobile dans le couloir, prête à reprendre sa route si quelqu'un sortait de la pièce ou empruntait ce même corridor.

"Quatre ans révolus à partir de la fin de stase d'Horus pour le rendre opérationnel pour le Prometeia et le front. Dans le cas contraire, tout est annulé et nous n'avons plus qu'à trouver un classe C qui puisse manier l'appareil."

"Non sens. Cela leur a pris soudainement ?"

"Raisons de budget. Horus leur coûte trop cher."

La porte s'ouvrir et Idna repartit vivement. Ce serait trop bête de se faire virer de la section 5 avant d'avoir commencé à y faire carrière, même pour une information aussi intéressante que celle ci.

Le reste de la journée fut désastreusement ennuyeux, et Idna ne put s'empêcher de revenir encore et encore à la conversation des deux généraux. Le mot "projet", en particulier, éveillait en elle une curiosité certaine. Qu'est-ce que la Deus pouvait bien avoir en réserve... ? Les rapports chirurgicaux de la bataille de Panama étaient d'un ennuyeux incomparable par rapport à ce mystère. Pertes supposées... pertes confirmées... que le président se soucie de la Deus, c'était surprenant. Personne n'allait embêter cette section, et les présidents, élus "seulement" par le Sénat, ne s'y risquaient pas. Et pas plus depuis que Preston Cloyd était devenu aussi immensément populaire dans la Fédération...
Non, le problème était définitivement plus intéressant que l'influence de l'intervention du Classe C Noxiem sur la guerre nucléaire. Certainement plus actuel, en tout cas.

Le soir, Idna rentra tôt, trouva Svayl encore absent et Preston gazouillant dans un bain à bulles pour bébé. Son époux avait laissé sur la table de la cuisine son journal du matin, un titre entouré comme lorsqu'il repérait un article qui pouvait intéresser Idna. Elle parcourut rapidement les mots, buta sur un nom bien connu et relu le passage en question :
"Nouvelle promotion des troisième cycles de l'Académie Militaire de Sion. Le Majeur de son année, originaire de Varsovie, est le nouvellement promu Capitaine Sabrovsky Nikita, avec une moyenne de 97,2% de réussite, supérieure de 0,3 points au meilleur résultat de la décennie, remporté par le Capitaine Irklem, Svayl en NE 212. Le Capitaine Sabrovksy a été détaché à un nouveau poste, celui d'attaché présidentiel à la Section Deus. Le Général Cloyd n'a pas commenté..."
Et bla, bla bla. Dans le quart d'heure qui suivit, Idna passa allègrement le journal au mixeur de l'évier, souhaitant bien du plaisir à la gloire de cette espèce de crétin visqueux au milieu de ses ordures ménagères.

Adama, la nourrice de jour, prit congé à sept heure. Temna, la nourrice de nuit, ne serait pas là avant vingt et une heure. Idna installa Preston dans son parc et prit un roman.

A 7h22, un baiser atterrit sur le haut de son crâne.

"Bonjour, mon amour. Quel bonheur vous ont apporté les poubelles présidentielles, aujourd'hui ?"

Le roman fut vite refermé, le petit Preston enlevé de son parc et Idna se tourna pour jauger son mari, de l'autre côté du canapé.

"Pas grand chose, très cher amour de ma vie. A part quelques ragots entre généraux en passant devant une porte et de la poussière des archives, je n'ai pas ramassé grand chose."

Il éclata de rire alors qu'elle chassait une miette imaginaire de l'épaule sur laquelle Preston ne bavait pas. Puis, Svayl contourna le sofa, enferma épouse et fils au coeur de ses bras et l'embrassa voracement. Preston contre attaqua immédiatement en commençant à pleurer bruyamment.

"C'est malin. Maintenant Presty va réveiller tout le quartier."

"A cette heure ? Allons, bonhomme, ça va, tu as gagné, Papa laisse Maman tranquille."

Svayl recula d'un pas, un grand sourire aux lèvres, alors qu'Idna calmait le nourrisson.

"Et toi, à quoi as-tu occupé les longues heures de ce jour loin de moi ? Chut, Presty."

"Ah," répondit Svayl avec un soupire. Il s'affala avec son élégance caractéristique dans le canapé, un mélange de je-m'en-foutisme adolescent et de manières purement Sion. "La même chose qu'hier: je test un mecha avec un système d'activation ditriumique intégré, avec si peu de succès que je peux affirmer que nos Dieux resteront utiles encore longtemps. Oh, et j'ai croisé l'équipe qui travaille sur le Prometeia."

Il fit un vague geste de la main avant de tendre les bras pour récupérer son fils. Idna le lui tendit et s'assit à ses côtés.

"Le Président menace de couper les fonds pour Horus. J'ai entendu Preston et le Général Uriem en parler."

"Ah. Cette histoire de délais, alors..."

"Vient du Président."

"Je croyais que c'était une idée de cette larve infâme bouffeuse d'ordures, mais l'un n'empêche pas l'autre. Attaché aux relations à la présidence pour la Section Deus..." Svayl produisit un "ts" méprisant qui courba ses lèvres d'une manière fort déplaisante. "Je présume que cette idée de méchas pilotés sans Dieux vient aussi du Président alors."

"Je n'en sais rien," répondit Idna. "On dirait qu'ils veulent se débarrasser d'Horus, ce qui est un sacrilège en soit mais tout à fait censé sur le plan économique. Mais les autres Dieux..."

"Ne le prendront pas bien. Preston défendra sa Section mais je crois que le Président le déteste. Depuis son élection en mai dernier, il passe son temps à placer des larbins à lui, à saquer son pouvoir à coup d'enquêtes aux prétextes fallacieux et à faire des coupes dans son budget."

"La Section Cinq vous défendra. Qu'est-ce que tu disais à propos de l'équipe du Prometeia ?"

"Rien. C'est justement le problème. Horus a refusé de travailler. Leska lui a jeté son casque à la figure."

"J'espère qu'elle l'a touché," et devant le regard réprobateur de Svayl : "Quoi ? C'est moi qui lui ai appris à viser, c'est mon égo d'instructrice qui parle !"

Svayl éclata de rire, ramena Preston dans son parc et se tourna vers elle un grand sourire charmeur aux lèvres. Idna se sentit l'envie de rire aux éclats, jeta un oeil à sa montre.

"Il nous reste un peu moins d'une heure et demi."

Nouveau sourire carnassier. La soirée s'annonçait agréable...
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MessageSujet: Re: FG - Tome 2   FG - Tome 2 EmptyVen 21 Mar - 18:36

Chapitre 2 : Aubry

Levé six heure, la tête toute embrouillée et les cheveux en serpillière. Dans le petit deux chambres qu'occupait Aubry, dans l'une de ces nombreuses résidences militaires qu'on trouve à Sion, vibraient déjà les sons d'un début de journée tout à fait classique.

Dans la cuisine, elle fourrait un café pré-préparé au goût toujours infâme dans le micro onde, en se promettant, pour la centième fois peut être, d'acheter une vraie machine pour le faire. Le "clac" de la porte qu'elle refermait se superposait au bruit mou de ses pantoufles fatiguées, à une main avec laquelle on se grattait le haut du crâne, puis au frigo qu'on ouvrait pour récupérer un jus de fruit importé de la partie non irradiée d'Espagne.

Deux mètres plus loin en traversant le mur, une averse artificielle s'abattait contre les parois d'une cabine de douche, modèle standard fourni par l'armée Fédérale. Inutile de tendre l'oreille: le léger "hum hum", vague représentation d'une mélodie que fredonnait toujours Horus à l'heure de la toilette, était largement couvert par une douche qu'Aubry devinait chaude. Lorsque son tour viendrait, dans dix bonnes minutes, Horus aurait littéralement transformé la salle de bain en sauna. Le miroir serait impraticable sans mettre un grand coup de manche de peignoir et, le soir venu, le Dieu viendrait se plaindre que la grande plaque de verre était dégoûtante.

Cling, café chaud. Entre temps, Aubry avait sortit cinq ou six paquets de céréales, le lait, le jus de fruit et jeté quatre yaourts périmés. A six heure quinze, elle avait engloutit sans y prendre gare un bol complet d'avoine à la fraise, le nez collé contre le quotidien militaire de la veille. Horus prenait alors place devant son propre petit déjeuner, râlait de n'avoir plus de blé au chocolat à mélanger avec son riz soufflé à la framboise et finissait par se tartiner quatre gros bouts de pains avec assez de beurre pour lubrifier la moitié des circuits d'un simulateur de combat.

Huit heure dix sept: Horus, parvenu au point où il ne se souciait plus que de remplir son estomac, restait les yeux fichés sur sa nourriture. Aubry avait alors dans les trois minutes pour observer tranquillement son compagnon sans recevoir de regards noirs. Les cheveux, bruns roux habituellement, étaient généralement assombris par l'humidité (quand ils ne gouttaient pas tout simplement contre les épaules d'Horus) à cet instant de la journée. Voilà des mois qu'elle ne le tançait même plus sur ses lavages capillaires quotidiens et sur sa consommation (faramineuse) en eau, tant qu'il ne se plaignait pas des rhumes qu'il attrapait toujours on ne sait où.

L’instant passé, Aubry remballa les restes de son propre repas, la nourriture dans les placards et le reste dans l’évier, où il croupirait jusqu’à ce que la femme de ménage vienne faire son tour hebdomadaire ou qu’Horus pique une crise.

Elle retrouva Horus vingt cinq minutes plus tard, dans l’entrée de l’appartement, en train de boutonner son col devant le miroir plein pied. En Dieu coquet qu’il était, il prenait toujours grand soin et de son uniforme, et de sa coiffure, bien tirée et attachée à l’arrière, la peau vierge de tout bouton et la fleur de lys de la Section Deus fièrement visible sur sa poitrine. Il jeta un regard désobligeant à sa compagne, dont les cheveux, naturellement promptes aux frisottis et aux boucles, s’étaient fait une joie de partir dans sous les sens. Ce dont Aubry se fichait éperdument puisqu’elle pourrait rectifier le tir dans le tramway et émerger de son simulateur à la fin de la matinée de nouveau complètement ébouriffée.
Sans commentaires. Horus étouffa un éternuement, puis récupéra le sac avec les pique-niques ( "Parce que je suis trop radine pour payer la cantine"), Aubry étant suffisamment chargée à son goût avec ses manuels militaires.

Le trajet jusqu'à la base souterraine de la Section Deus fut aussi morne que les jours précédents; la matinée, elle, se révéla être une succession d'échecs identique à toutes celles qui avaient précédé. Si bien qu'arrivée à midi, Aubry ne put retenir un soupir.

Deux ans de sa vie, passée à apprendre toute une théorie qu'elle ne mettrait, semble-t-il, jamais en pratique. L'enthousiasme de Cloyd sur ses premières synchronisations était vite retombé pour faire face à une détermination militaire, si bien qu'Aubry devait travailler plus, essayer tout un tas de "remèdes" censés améliorer les résultats de son couple sans jamais arriver à rien.

Rien, rien et rien. La dernière séance avait été aussi stérile que celle de la veille. Horus avait boudé, puis obtempéré avant de dire qu'il ne se sentait pas prêt et de tout faire planter.

"Je ne peux pas travailler avec elle," avait-il crié de frustration en tapant du pied comme un enfant, "ce n'est pas possible ! Je ne veux pas ! Je ne l'aime pas du tout !"

Aubry avait ravalé remarques acerbes et envie de pleurer et avait quitté le hangar pour laisser les "professionnels" s'occuper de cela. Karen avait ramené le goujat vingt minutes plus tard, lui avait arraché quelques vagues excuses, puis les avait laissé seuls, posés sur leur banc comme deux idiots munis de sandwiches au jambon fumé.

Par lâcheté plus que par nécessité, Aubry mangea en silence et le plus rapidement possible, de sorte qu'elle eu finit avant Horus. Une excursion dans les toilettes des dames se révéla être une excuse médiocre pour l'abandonner dans le vestiaire. Elle y trouva Karen, appuyée contre un lavabo, en pleine discussion avec une Sous-Lieutenant brune et plate, aux jolis yeux mais à la bouche trop large, épaisse et, au goût d'Aubry, largement trop maquillée.

L'américaine eu aussitôt le désagréablement sentiment que la conversation s'était interrompue à son arrivée et ne reprendrait pas en sa présence. Grande-Bouche la regarda un moment avec un semblant de mépris, souffla sur son vernis nouvellement étendu et prétexta un travail à finir, puis quitta les lieux sans demander son reste.
Aubry serra les dents et se prépara à en recevoir plein la figure. Karen était de son côté, elle se le répétait toujours, et tenait des propos durs pour l'aider. Mais il fallait se le dire encore et encore, car le Capitaine Valmont, en charge de la rééducation d'Horus, se montrait de plus en plus insistante dans ses conseils. Aubry, elle, se sentait de moins en moins capable de les mettre en pratique.

"Je ne sais pas si tu le sais, mais Horus a fondu en larmes aujourd'hui," commença Karen, bras croisés, la mâchoire verrouillée comme elle le faisait toujours lors de ses sermons. "Juste après ton départ."

Bien fait, pensa aussitôt Aubry. Et c'était tout de même encore injuste, parce que si elle était allé chouiner dans le vestiaire, personne ne serait aller remonter les bretelles d'Horus à ce propos. Mais Karen ne le verrait certainement pas comme cela, et les supérieurs non plus, parce qu'Horus valait tellement plus, coûtait tellement plus de dollars sionnistes, était tellement plus difficilement remplaçable ! Que tout le monde soutienne le gentil Horus contre la méchante Aubry, il le mérite tellement plus, ce sale gosse pourri gâté…

"Ce genre de choses ne doivent pas se produire. Aussi près de sa stase, Horus est beaucoup trop sensible pour être négligé de la sorte. As-tu vu des hommes récemment ?"

La question, inattendue, fit rougir Aubry jusqu'à la racine des cheveux. Parler de sa vie sexuelle, presque inexistante au demeurant, ne la tentait pas plus que cela.

"Non. Je ne sors pratiquement pas de chez moi, je passe mon temps à m'occuper de Monsieur Je Suis Un Dieu Et Pas Toi, ma vie sociale est au point mort, je n'ai aucune vie amoureuse et si ça vous intéresse, je n'ai pas de carrière non plus, qu'est-ce que je dois faire, arrêter de respirer pour avoir plus de temps à passer à ses pieds ?"

Karen soupira et jeta à Aubry un long regard blasé, qui n'était pas sans lui rappeler le comportement désabusé du professeur Camber à son égard.

"Je te l'ai déjà dis, ce n'est pas le temps que tu passes avec lui qui importe mais la manière que tu as de le traiter ! Pourquoi n'essaies-tu pas de lui montrer de l'affection ?
-Pourquoi n'allez vous pas lui poser la même question ? Ce n'est pas moi qui ai commencé !
-Quand cesserez vous de vous conduire comme des bébés ?" s'emporta Karen, la main soudainement en étaux sur le bras d'un Aubry qui, soudainement, se sentit très infantile. "Vous renvoyer l'ascenseur ne changera strictement rien ! Et te montrer insolente envers moi non plus ! Si tu souhaites revenir à la stricte hiérarchie militaire, continues sur cette voie, mais tu ne viendras plus te plaindre de ma froideur à ton égard !"

S'en fut trop et Aubry baissa le regard et la tête, de honte et de détresse. Supporter Horus, c'était déjà un vrai chemin de croix, mais perdre l'appui de Karen ? Son amitié, même motivée par ses objectifs, envolée ?

"Écoutes moi bien, Aubry. La Section Deus ne pourra pas couvrir de tels échecs plus longtemps. Si vous continuez comme cela, tous les deux, vous allez causer de graves problèmes au Général Cloyd. Tu ne voudrais pas mettre Preston dans de sales draps, non ?"

Aubry fit non de la tête, sûre et certaine qu'elle ne le voulait pas. Preston était l'une des seules personnes qui parvienne à se faire entendre d'Horus tout en montrant un semblant d'affection à sa Clef. Lui causer du tord était absolument hors de question.

"D'accord, alors écoutes moi. Dans trois jours, nous serons le dix-neuf Octobre. Le Général a décidé d'essayer quelque chose. Tu n'auras qu'à venir, regarder et te rappeler de ce que je t'ai dis aujourd'hui. Tu as compris ?
-Oui, oui," répondit Aubry sans grande conviction.
"Il faut que tu comprennes bien, il risque d'y avoir des difficultés… il faudra que tu gardes ton lien avec Horus le plus ouvert possible quand cela arrivera. Tu pourras le faire ? Bien. Voilà ce qu'il va se passer…"

La suite laissa Aubry bouche ouverte, avant que sa maxillaire ne ramène ses dents les unes contre les autres en un geste de colère.

Le dix-neuf octobre, ce serait Svayl Irklem, et non elle, qui prendrait place dans le simulateur.
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Fëa
Premier roman
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MessageSujet: Re: FG - Tome 2   FG - Tome 2 EmptyMer 2 Avr - 12:31

Chapitre 3: Aubry



Les trois jours passèrent plus vite qu'Aubry ne l'aurait voulut.

Karen avait demandé qu'on ne mette pas Horus au courant. Rien de plus facile: Aubry aurait eu plus de difficultés à lui expliquer une manœuvre qu'elle ne comprenait pas. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle en voulait horriblement à Cloyd, encore plus à Valmont, et quant à Irklem, elle avait prévu de le noyer dans les toilettes du vestiaire des femmes.

Aubry arriva le dix neuf Octobre d'humeur morose, ayant attrapé le rhume qu'Horus couvait trois jours plus tôt. Elle avait le nez rouge, dont le bout pelait un peu à forme de se moucher, et avait dissimulé sans trop de succès une grosse boîte de mouchoirs en carton dans son sac.
Horus, fort de sa santé divine, s'était contenté de renifler au début de sa "maladie", et se portait comme un charme depuis deux jours, le teint frais, le poil luisant et l'œil toujours aussi hautain.

Arrivée. Horus, sans trop d'entrain, alla enfiler l'éternelle combinaison d'entraînement qui, soit disant, lui grattait la nuque. Aubry s'assit sur une chaise qui traînait, dans un coin du hangar, et resta là avec l'air fort engageant de quelqu'un qui ne veut parler à personne.

Le dieu la rejoignit lorsque sonna neuf heure et prit aussitôt un air de parfaite surprise, qui se mua rapidement en une insatisfaction visible.

"Tu n'es pas prêtes ?
-Non. Ce n'est pas moi qui pilote aujourd'hui."

Elle désigna du menton un groupe, près du simulateur. Deux uniformes de toile ressortaient sur les vêtements de travail de techniciens, d'un bleu plus clair, et sur la combinaison plus sombre d'un homme de grande taille, blond, dont Aubry ne voulait même pas croiser le regard.

"Qui est-ce ?" demanda Horus. Aubry déduisit de sa voix qu'il allait sans doute piquer une crise de sale gosse d'ici à la fin de l'entraînement.
"Le Colonel Irklem. C'est un bon pilote.
-Je m'en fiche. Personne ne m'a demandé mon avis !" rétorqua Horus, faisant de ce qu'il prenait pour un flagrant irrespect la pire des hérésies.

"Je refuse ! Je refuse catégoriquement !" s'emporta-t-il ensuite, assez fort pour attirer l'attention du groupe.
Le Capitaine Valmont et le Colonel prirent cela pour une bonne opportunité de l'aborder. Mais ni l'un ni l'autre n'eurent le temps d'ouvrir la bouche: les voyant arriver, Horus avait aussitôt tourné les talons, le visage rouge de fureur et prêt à partir. Pas assez loin.

Svayl le rattrapa en quelques grandes enjambées et saisit son bras d'un poigne ferme qui suffit à l'arrêter. Forcé de faire face au blond, Horus lui cracha au visage et lâcha une flopée d'insulte. Il fut prestement interrompu lorsqu'Irklem lui asséna une bonne gifle sur la joue gauche, qui eu le mérite et de le faire taire et de le calmer. Il se laissa ensuite entraîner vers le simulateur, un bras toujours piégé.

Le choc premier passé (on avait osé le frapper ! Lui ! Un dieu ! Aubry sentait ces mots aussi nettement que s'ils avaient été écrits devant elle), il voulut se débattre et se plaindre, mais un technicien avait accourut et le saisissait déjà pour prêter main forte au Colonel.

"Vous n'avez pas le droit ! Je vous interdit de me traiter de la sorte ! Je suis un dieu, lâchez moi !"
Sa voix, rendue stridente, parut très juvénile lorsque Svayl parla.

"Un Dieu adopte le rang de son Elu. Vous n'avez qu'un grade de Lieutenant, je suis Colonel. J'ai le droit.
-Je vous interdit ! Je vous interdit !
-Cessez, ou je vous fais mettre au cachot pour insubordination !"

Aubry se mordit la lèvre, mais la main de Karen sur son épaule, dure et ferme, la força à rester sur place. "Soyez attentive, restez ouverte à Horus," répétait le Capitaine, mais tout ce qu'elle sentait venant du dieu était une forte impression de refus qui la gardait loin de lui et, grandissant, un désagréable sentiment de panique.

Les efforts conjugués de Svayl et de son assistant du moment portèrent leurs fruits et, après quelques autres menaces et une paire de gifle, ils parvinrent à piéger Horus dans sa partie du cockpit. Au travers des hauts parleurs de l'installation, près du cadran de mesure de la synchronisation, on l'entendit protester jusqu'à ce que Karen coupe le transmetteur.

"Il sait que nous ne l'entendons plus," précisa-t-elle inutilement. Aubry l'avait rejointe auprès des consoles sans se rappeler du moment où elle l'avait fait, mais la colère d'Horus (Trahison ! ) lui suffisait pour savoir qu'il n'appréciait pas.

La simulation commença et, pour la première fois, Aubry pu voir les chiffres défiler et, sur un écran transversal, le champ de tir. A sa plus grande honte, Irklem dépassa ses records les uns après les autres, l'agilité et la précision de ses commandes venant à bout de tous les ennemis pixélisés que son canon pouvait faucher.
Humiliant.

Horus détestait l'exercice. A sa colère se mêlait désormais une forte sensation de dégoût et bientôt de haine. Aubry imaginait le dieu comme pris dans un filet d'acier qui, à mesure qu'il se débattait, ne faisait que se resserrer à mesure qu'Irklem doublait, puis triplait les meilleurs scores de la jeune fille. Cette seule vue la mis en rage folle, mais Karen continuait à lui répéter de se concentrer sur Horus, dont le taux de synchronisation semblait bloqué à 17,3%.

N'ayant rien d'autre à faire, Aubry obtempéra, ferma les yeux pour ne plus voir le Colonel jouer les as du ciel.

Et alors…

Alors elle le sentit, pas seulement Horus, mais aussi celui qui tenait le filet d'acier.

Svayl. Une simple présence, mais qui d'autre pouvait-il être ? La seule présence de ce corps étranger dans son lien avec Horus lui fit serrer les dents et les poings.
Tant pis pour l'entraînement : elle arracha les mailles de fer et se jeta en plein contre ce coin d'officier qui n'avait, il est vrai, strictement rien à faire à piloter avec Horus.

L'effet fut dévastateur. Svayl perdit instantanément tout contrôle sur Horus. Leur synchronisation retomba à zéro et, libéré de la poigne du pilote, Horus lâcha du leste comme un étalon rétif dont on aurait lâché la bride. Plusieurs câbles sautèrent de leurs prises, les écrans se brouillèrent complètement et le disjoncteur du simulateur sauta.

Les techniciens accoururent autours du cockpit d'Irklem: l'écran principal avait explosé, projetant des morceaux de verre contre le pilote, heureusement bien protégé par sa combinaison puisque pas mourrant, bien qu'Aubry l'eu un instant espéré.

Elle ne lui prêta aucune attention: sitôt libéré, Horus avait décampé.

Aubry le retrouva dans la douche, au fond du vestiaire des femmes. Cachette logique: avec Karen et une assistante technicien qui venait ici seulement pour fumer, elle était la seule à utiliser ce vestiaire. Il se tenait prostré dans un coin, sous une cataracte d'eau glacée. Par Horus, elle sentait le froid sur sa peau, frissonna et, prise d'un brusque accès de colère, Aubry repartit d'où elle était venue.

Sur la chaise qu'elle avait quittée, le Colonel Irklem, sans casque de débarrassé du haut de sa combinaison, se faisait désinfecter une coupure au bras, là, où un éclat de verre avait traversé le tissu.

Aubry ne réfléchit pas. L'eut elle fait, elle n'aurait sans doute pas agit, ce dont elle devait déduire plus tard qu'au combat, mieux vaux taper d'abord et poser les questions ensuite.
Autrement dit et avec simplicité : le poing droit d'Aubry rencontra la commissure gauche des lèvres du Colonel. Il en résulta qu'un technicien maîtrisa la jeune fille d'une clef de bras, ce qui l'empêcha d'envoyer d'autres coups à la face de Svayl, alors occupé à porter des doigts pâles à sa lèvres. Elle saignait. Bien fait.

A la porte du vestiaire, un Dieu dont personne ne s'occupait pour le moment esquissait un début de sourire.
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