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 Bloody Tear.

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Doll
Premier roman
Doll


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VI, Coeurs Emmêlés   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:22

Chapitre VI
Cœurs emmêlés



La fin de la semaine se déroula sans trop d’embrouilles, et la relation Yoann/Morgan allait de mieux en mieux. Mais voilà. Je n’allais pas mieux. C’était même tout le contraire. Morgan m’avait dit qu’un petit ami m’aiderait à guérir, mais cela ne faisait qu’empirer. Je me mutilai beaucoup plus qu’avant, parce que mon cœur était plus que bouleversé, ces derniers temps.
Mais Morgan ne m’inspectait plus les bras et, comme je ne lui en parlai pas, il devait penser que j’avais cessé de me faire du mal. Si seulement il savait… mais comment pouvais-je aborder un sujet aussi délicat ?

Le vendredi, alors que j’étais paisiblement installée sur mon petit canapé adoré, on sonna à la porte.
« - Jordan ! aboyai-je. Vas ouvrir ! »
Le pauvre gosse, tyrannisé par sa chère grande sœur [moi Very Happy], obéit immédiatement, de peur de se prendre une droite. Je l’entendis ouvrir la porte, et une voix familière dire :
« - Euh… salut. L’une de tes sœurs est là ?
- Hiii ! cria Jordan. »
Et, du salon, dont la porte donnant sur le couloir était ouverte, je le vis courir et monter les escaliers. Je soupirai. Je ne pouvais donc jamais être tranquille ?
« - Tu peux entrer, Morgan ! fis-je. Mais enlève tes chooz’ ! »
J’entendis la porte se refermer et, quelques minutes après, Morgan se tenait devant moi, trempé, son sac de cours à la main, m’adressant un sourire gêné.
J’étais vautrée sur le canapé, une jambe sur l’accoudoir droit, l’autre pendant normalement, mon dos étant posé sur l’accoudoir gauche, et mon bras sur le dossier, l’autre pendouillant dans le vide, la télécommande à la main. Comme à mon habitude, lorsque je traînais chez moi, j’étais en soutar, avec seulement mes mitaines noires très foncées pour cacher mes bras.
« - Kess’tu veux ? lâchai-je.
- Désolé de débarquer chez toi à l’improviste, dit-il.
- … mais ?
- Mais je suis à la porte.
- Hein ?
- J’ai pas mes clefs, expliqua-t-il. J’avais demandé à un des gars qui travaille au McDo avec moi de me les garder, mais j’ai oublié de les lui redemander. Et comme j’ai ni son numéro, ni son adresse, ni même son nom de famille, je suis à la porte. Je le revois pas avant vendredi prochain.
- Aie. Et ben bonne chance ! fis-je. »
Je retournai la tête vers la télé.
« - Euh… Alex ?
- Quoi encore ?
- Tu peux pas m’héberger ?
- Quoi ?!
- Juste pour cette nuit ! je me débrouillerai pour le reste de la semaine… juré ! mais… juste cette nuit, je sais pas où aller ! »
Je soupirai.
« - Mais bien sûr que tu peux dormir ici. Même toute la semaine, si tu veux. Ça posera aucun problème à personne – bon, à part à Jordan, mais lui, on s’en fout. Ma mère, au contraire, elle sera refaite que tu viennes vivre chez nous une semaine. »
Morgan sourit.
« - Ouf…, dit-il. »
Je dégageai ma jambe de l’accoudoir droit, lui faisant une place.
« - Allez, dis-je, installe-toi. »
Il obéit.
« - Tu regardes quoi ? un film porno j’espère ?
- Futurama.
- What’s that ?
- C’est marrant. C’est de Matt Groening, le réalisateur des Simpson.
- Ah ouais ? ça doit être cool, alors !
- Trop. »
Nous regardâmes les premières minutes en silence, puis Morgan dit :
« - Merci, princesse.
- De quoi ?
- De m’héberger !
- De rien. C’est normal.
- Ouais… mais merci quand même. Ça me fait un peu chier de débarquer comme ça, ça fait un peu squatteur de service, mais bon…
- Mais non. T’y es pour rien si t’es pas doué. »
Il me frappa l’épaule en guise de réponse et je lui tirai la langue. Il sourit.
« - Au moins, ça me donne une occasion pour maître en œuvre mon plan machiavélique ! »
Il agita ses mains devant moi, comme un adulte aurait fait devant un enfant pour lui faire peur. J’éclatai de rires.
« - Quel plan ?
- Celui de voler ta virginité !
- Ah bon ? tu veux la voler, maintenant ? la voler à qui ?
- A Yoann, pardi.
- Je croyais que tu voulais attendre qu’il m’ait dépucelée avant de passer à l’attaque.
- J’ai changé mon plan. Je suis pas patient, moi. »
Je souris.
« - T’es bête.
- Je saaais !! répondit-il en s’allongeant sur moi.
- Dégage ! sale BigMac, tu prends toute la place !
- Quoi ? moi ? un BigMac ?
- Ouais, depuis que tu bosses au McDo, t’en es devenu un !
- N’importe quoi ! »
Il se leva d’un bond, et releva son t-shirt, me dévoilant son beau torse tout musclé. En plus d’être beau gosse, il était super bien foutu. Il avait vraiment tout pour lui, cet enflure…
« - Touche ! dit-il.
- Quoi ?
- Touche ! répéta-t-il. »
Il attrapa ma main et la posa sur son torse.
« - Alors ? alors ? c’est quoi, ça ? de la graisse, peut-être ?
- Je sais pas… il faut que je tâte un peu plus ! »
Il éclata de rires, puis enleva ma main et rabaissa son t-shirt.
« - Petite perverse, va ! fit-il.
- Moi ? prends pas ton cas pour une généralité ! »
Il rit de plus belle.
« - Allez, dégage, rends-moi ma place, maintenant ! dit-il. »


« - Je suis rentrée ! »
La voix de ma mère nous parvint, elle ne tarda pas à pointer le bout de son nez dans le salon. Elle resta figée en voyant Morgan. Celui-ci lui adressa un grand sourire.
« - Bonjour, madame ! dit-il.
- Yop, maman…, fis-je, blasée. »
Mais elle m’ignora complètement.
« - Bonjour, Morgan ! enfin, inutile de me vouvoyer, appelle-moi Jeannine !
- Et bien, fit-il, prenant un air, un sourire et une voix de séducteur, ravi de vous revoir, très chère Jeannine. »
Il prit la main de ma mère et y déposa un baiser. Je cru halluciner. Furieuse, j’attrapai les cheveux de Morgan et l’éloignai de ma pauvre mère qui allait bientôt tomber dans le piège de ce gigolo qui ne se faisait même pas payer !
« - Aïeuhh ! gémit-il.
- Enfin, Alexia ! ce ne sont pas des manières !
- Je t’avais pourtant interdit de draguer ma mère et ma sœur, Morgan !
- Tu veux me garder pour toi toute seule, avoue ? fit-il. Ouhh, quelle coquine tu fais, Alex !
- Abruti !!! »
Ma mère rit.
« - Et bien, jeune homme, pourriez-vous me dire quel est l’objet de votre présence ici ?
- Disons que je n’ai nulle part où aller, chère Jeannine, je suis un pauvre désespéré qui ne peux rentrer chez lui, un pauvre enfant abandonné… alors j’ai demandé à votre fille si elle aurait la gentillesse de me laisser résider ici jusqu’à ce que…
- Ce qu’il essaye de te dire, l’interrompis-je, c’est qu’il a passé ses clefs à un mec et qu’il a oublié de les récupérer, que du coup il se retrouve à la rue, alors il vient nous squatter pendant une semaine. »
Morgan me fusilla du regard. J’avais cassé tout son plane.
« - Une semaine ?! s’exclama ma mère.
- Cela vous dérange ?
- Oh, non ! pas du tout !! vous êtes le bienvenu ici ! »
Elle lui adressa son plus beau sourire et tourna les talons.

« - J’ai une touche ! fit Morgan, tout fier.
- Ouais, ben, t’en approche pas ! t’as pas entendu le cri d’orgasme qu’elle nous a poussé ? « Une semaine ! « !! »
Morgan éclata de rires.
« - J’ai entendu, Alex ! fit ma mère de la cuisine. »
Morgan ria de plus belle. J’haussai les épaules.
« - T’as pas intérêt à toucher à ma mère, répétai-je.
- Mais non, t’inquiète… »
Il approcha sa bouche de mon oreille et chuchota :
« - Je m’intéresse plus à sa fille… »
Et il me lécha la joue.
« - Morgan ! criai-je en le repoussant vivement. »
Je m’essuyai la joue. Il s’esclaffa, hilare.
« - T’es chiant ! ça fait déjà deux fois que tu me fais le coup !
- Je sais !
- Pff… ! imbécile, va !
- Je t’aime aussi ! »
Je levai les yeux au ciel.

Mon père n’appréciait pas l’idée que Morgan réside chez nous une semaine autant que ma mère – mais, d’un côté, ça se comprenait, vu comment maman était accro à la bouille de Morgan ! mais il dût s’y faire malgré tout. Elodie sembla aussi ravie que ma mère à cette idée.
Depuis que Anthony l’avait plaquée, elle tournait de plus en plus autour de Morgan, et j’avais tellement peur qu’elle fasse une bêtise que j’avais prévenu Morgan que s’il la touchait, je lui arracherait ses parties génitales avec les dents ! et Dieu sait à quel point il y tenait…
Il fut décidé que Morgan dormirait dans ma chambre, sans que je comprenne pourquoi – sûrement une manigance du clan Slynner pour que je conclus avec celui-ci. Ils avaient de l’espoir…

« - Bon, fis-je. Que les choses soient bien claires ! »
J’indiquai le matelas à Morgan.
« - Toi, tu dors ici ! dis-je. »
J’indiquai mon lit.
« - Moi, là ! et interdiction de venir t’y glisser, pigé ?!
- Oui, ô maîtresse vénérée ! répondit-il.
- Bien, fis-je. Brave petit. Si t’as les mains baladeuses, je t’attache, ok ?! »
J’indiquai le tiroir de mon bureau où j’avais laissé les menottes qu’il m’avait achetées. Morgan se lécha les lèvres.
« - Et si c’était moi qui t’attachait, pendant la nuit, princesse ? fit-il.
- N’y pense même pas !! »
Il ria. Je soupirai.
« - Et interdiction d’aller dans la chambre des parents – pour ma mère – ou dans celle d’Elodie, ok ?!
- Oui, chef ! fit-il.
- Si t’as besoin d’aller aux toilettes pendant la nuit… tu me réveilles ! je refuse de t’abandonner seul dans la maison ! obsédé comme tu es !
- J’ai pigé.
- Bon. Alors, maintenant que tout est réglé, bienvenue chez les Slynner !
- Merci, princesse ! »
Il s’allongea sur le matelas.
« - Ahhh ! fit-il. Ça fait bizarre de dormir chez toi ! »
Je souris.
« - Pourquoi ça ? »
Il haussa les épaules.
« - J’ai pas cette impression de solitude que j’ai d’habitude. Tu sais… même quand je couche avec une fille et que je m’endors à côté d’elle… c’est comme si j’étais seul. J’ai vraiment pas l’impression que y’a quelqu’un à côté de moi. Un fantôme… rien de plus. Avec toi… c’est différent. J’ai vraiment l’impression qu’il y a une présence… que tu es bien réelle, que tu existes vraiment… »
Je souris. Je m’allongeai sur mon lit, la tête tournée vers lui. Pour une fois que c’était lui qui levai les yeux pour me regarder…
« - Tu te sens toujours seul, pas vrai… depuis que… tu es parti de chez toi ?
- Je me suis toujours senti seul, princesse… mise à part… pendant un temps… il y avait quelqu’un… qui me donnait l’illusion de ne plus être seul… mais ce n’était qu’une illusion… parce que cette personne… ne me méritait pas.
- Qui c’était ? une fille ? »
Il haussa les épaules mais refusa de répondre.
« - Il n’y a qu’auprès de toi que je ne me sens pas seul, Alex. »
Je souris.
« - Je suis contente de t’être aussi utile…, murmurai-je. »
Il hocha la tête.
« - Et moi ? je t’ai aidé, jusque ici ?
- Sûrement plus que tu ne le penses, répondis-je.
- Alors je suis content. Bonne nuit, princesse.
- Bonne nuit, l’obsédé. »


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VI, Coeurs Emmêlés   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:26

Le lendemain matin, je fus réveillée par la sensation d’un souffle dans mon cou. J’ouvrai les yeux et tombai sur ceux de Morgan. Celui-ci, un genou sur mon lit, se tenait à quatre pattes, au dessus de moi, et s’amusait à me souffler dans le cou. Furieuse, je lui mis immédiatement une droite et il retomba sur son matelas en riant.
« - Pff… espèce d’abruti, va !!!
- Ah la la ! t’es vraiment de mauvais poil, toi, le matin !
- Surtout quand un imbécile me réveille en me soufflant sur la gueule !
- Mais-euh ! c’est romantique ! pour une fois que j’fais un truc romantique !
- Sale con ! »
Je tapotai mon coussin, puis me rallongeai, prête à me rendormir.
« - Quoi ? hé, mais qu’est-ce que tu fous ?
- Devine !
- Ah, non ! je te laisserai pas te rendormir, Alex !
- Quoi ? hé, déjà que tu squattes chez moi, alors si en plus tu m’empêches de dormir le matin…
- Mais c’est déjà 11h ! ça fait une heure que chuis réveillé ! je m’ennuie, moi ! »
Je souris.
« - Et tu peux pas t’occuper tout seul ?
- Si. Ma main droite m’a bien servi, d’ailleurs ! »
Je le regardai avec des yeux énormes.
« - QUOI ?! hurlai-je. T’as osé faire ÇA ? dans MA chambre ? à côté de MOI ?!!
- Mais non, je plaisante, t’énerve pas comme ça !
- Pff ! toi alors ! »
Il sourit.
« - Je suis pas dégueulasse à ce point !
- Ah bon ?
- Oui ^^ ! »
Je soupirai.
« - Idiot. »
Il se releva et s’allongea sur mon lit, à côté de moi.
« - Hé ! m’exclamai-je. Tu fais quoi, là ? dégage !
- Allez, Alex…, supplia-t-il. Lève toi… !
- Pff !! un vrai chien de compagnie !
- Ça me dérange pas, si je suis le tiens ! »
Je levai les yeux au ciel.
« - T’es bête.
- Je sais. »
C’est à ce moment-là que la porte s’ouvrit à la volée sur Elodie qui criait :
« - Alex ! téléphone !! pour t… ?! »
Elle se figea en nous voyant ainsi allongés, tous les deux. Je poussai immédiatement Morgan qui retomba sur son matelas.
« - C’est pas ce que tu crois !!! m’exclamai-je.
- J’espère bien. »
Elle me tendit le téléphone.
« - C’est Yoann. »
Je saisis le combiné.
« - Allô ?
- Salut, Alex ! je te dérange pas ?
- Euh… non, pas du tout.
- Tu fais quelque chose cet aprem’ ? on pourrait se faire une sortie… ?
- On est déjà sorti mercredi et hier soir ! protestai-je.
- Bon… d’accord. Comme tu veux. Je voulais pas t’énerver. C’est bizarre, comme je suis amoureux de toi, j’ai toujours envie de te voir… je pensais que c’était pareil pour tout le monde. Mais, visiblement, je me trompais… puisque c’est pas ton cas. Bon, à plus. »
Il raccrocha sans me laisser le temps de répliquer. J’en restai sans voix.
« - Encore une crise ? devina Morgan. »
A bout, je jetai le téléphone et cachai ma tête contre mes jambes repliées sur ma poitrine. Je sentais une boule de chagrin se former dans ma gorge, j’avais envie de pleurer, mais aucune larme ne se montra…
Morgan remonta sur mon lit. Il s’agenouilla à côté de moi, et je sentis ses mains m’attraper doucement les épaules, me forçant gentiment à me relever. Il posa son index sous mon menton et me fit relever la tête. Ses yeux scrutaient les miens, à la recherche de quelque chose, mais je serai incapable de vous dire quoi… Il me caressa le front.
« - Désolé, dit-il. »
J’enfouis immédiatement mon visage contre lui.
« - J’en ai marre ! dis-je. Il me saoule ! je fais pourtant tout ce qu’il veut ! et quand je lui dis non, il se fâche ! j’ai pas mon mot à dire dans tout ça ?! c’est quoi cette injustice ?! »
Morgan ne répondit pas. Il me prit dans ses bras, et me laissa taper ma crise de nerfs sans m’interrompre et sans broncher. De toute manière, ce n’était pas lui qui serait capable de me dire quoique ce soit de réconfortant à propos de l’amour…
Quand j’eus finis, et que je me relevai en remerciant Morgan d’un sourire qu’il me rendit, il attrapa doucement mon bras. Je n’eus pas le temps de comprendre ce qu’il faisait qu’il avait déjà relevé la manche. J’eus l’instinct de vouloir retirer mon bras, mais il resserra son étreinte.
Il put alors voir que plutôt que de disparaître, mes cicatrices avaient doublé. Je me mutilai encore plus qu’avant.
« - Qu’est-ce que t’as foutu… ? fit-il. Je croyais que… tu m’avais dis que t’allais mieux ! »
Je retirai vivement mon bras et rebaissai la manche.
« - Et bien je t’ai menti ! répliquai-je.
- Pourquoi, Alex ?
- Parce que… j’avais peur… de te décevoir. »
Morgan soupira.
« - Tu semblais tellement heureux que j’aille mieux… j’avais trop peur… de voir cette expression sur tes yeux…
- Quelle expression ?
- Celle que tu as maintenant. »
Morgan me scruta du regard, puis soupira :
« - Ecoutes. C’est vrai, tu m’as déçue. Mais pas parce que j’ai découvert que tu te mutilais deux fois plus qu’avant… parce que tu ne me l’as pas dis. Voilà pourquoi je t’en veux. Quand tu vas mal… tu dois m’en parler. Sinon, moi, je peux pas le deviner…
- Et comment je peux faire, moi ? je t’en ai parlé ! je t’ai dis que Yoann m’énervait de plus en plus, mais toi… t’as pas réagi ! qu’est-ce que je suis censée faire, dans ce cas ?
- Excuse-moi…, dit-il. J’avais pas réalisé. Désolé… m’en veux pas.
- Je t’en veux pas… mais tu m’as menti. Tu m’avais promis qu’un petit ami m’aiderait à aller mieux… mais c’est faux. En réalité… c’est encore pire qu’avant !
- Je me suis trompé. Je pensais vraiment que ça t’aiderait. Je suis désolé… je voulais pas te faire encore plus de mal. »
J’eus un faible sourire.
« - Tu crois que je devrai rompre avec Yoann ?
- Je sais pas. T’es la seule capable d’en décider.
- Je peux te le dire, à toi… moi… je préférai notre relation d’avant… avec Yoann… c’était tellement plus simple. On pouvait délirer, s’amuser… là, j’ai l’impression que quoiqu’on face, ça va de travers. »
Morgan hocha gravement la tête.
« - Je sais pas quoi te dire, princesse. »
Je souris.
« - C’est pas tes affaires… au fond, c’est pas étonnant que t’ais rien à dire. »
Nous restâmes silencieux un moment… puis je finis par poser cette question qui me brûlait les lèvres :
« - Et ton héroïne ? »
Il me regarda, surpris. Puis dit :
« - J’en prends toujours, si c’est ce que tu veux savoir. La drogue, on l’arrête pas comme ça.
- Je m’en doute bien. Mais t’en prends moins ? ou toujours autant ?
- Moins.
- C’est vrai ?
- Oui. Je veux pas te décevoir, moi non plus, princesse. »
J’acquiesçai.
« - D’accord, dis-je. Mais oublies pas : si tu vas pas bien, tu m’en parles plutôt que de faire des conneries !
- Je peux te dire la même chose.
- Et bien, ça vaut pour nous deux. »
Il sourit.
« - Ok, princesse, dit-il. »

Quelques heures plus tard, Morgan et moi avions envahie la chambre du pauvre Jordan. Celui-ci piquait des crises de nerfs, mais ma mère lui avait clairement fait comprendre que Morgan étant un invité, qu’on devait être poli avec lui et lui prêter nos affaires. Y compris la PS2.
Morgan et moi ne nous en étions pas privés : on avait aussitôt mit le dernier jeu de Crash Bandicoot – que mon pauvre frangin avait eut la veille et n’avait même pas encore pu testé.
Elodie débarqua en plein milieu d’une partie, le téléphone à la main. Elle nous dévisagea, Morgan et moi, comme deux pauvres cas désespérés qui jouaient encore à la PS2 dans la chambre du petit frère… ce que nous étions, en fin de compte !
« - Alex, dit-elle. Téléphone. C’est Yoann.
- Dis-lui de rappeler plus tard ! »
J’étais à fond dans ma partie, merde alors ! Mais Elodie ne se laissa pas marcher sur les pieds : elle se mit devant la télé, nous bouchant la vue.
« - Putain, Elo !! s’indigna Morgan. Dégages !!!
- Tu gênes ! enchéris-je. »
Elle me tendit le téléphone et répéta :
« - C’est Yoann. »
Je lui jetai un regard noir mais saisissais le combiné.
« - Kess’tu veux, encore ?! aboyai-je, de méchante humeur.
- Ecoutes, Alex…, fit l’autre. Je suis désolé de m’être énervé comme ça tout à l’heure. Je voulais pas que tu te fâches…- Et ben c’est raté ! »
Je m’apprêtai à raccrocher…
« - Alex !
- Quoi encore ?!
- Je suis vraiment désolé. Je voulais pas te dire des trucs aussi méchants. Excuse-moi… c’est juste que, en ce moment… je sais plus trop ce qu’il se passe… j’ai l’impression que… tu m’échappes totalement.
- C’est peut-être pas une impression. »
Il ne répondit pas.
« - Bon, c’est bon, t’as dis ce que t’avais à dire, je peux raccrocher ?
- Non !! attends !!!
- Quoi encore ?!
- Alex… j’aimerai être fixé.
- Fixé sur quoi ?
- Est-ce que tu m’aimes ? »
J’en restai muette…
Est-ce que tu m’aimes ?
Pourquoi me demandait-il ça ? alors les paroles de Morgan me revinrent aux oreilles…
« - Bien sûr que je t’aime, répondis-je d’un ton franc. »
Comment pouvais-je affirmer ça ? je n’étais même pas sûre de mes sentiments… étais-je donc si cruelle ?
« - D’accord…, dit-il, soulagé. Ça me rassure… pendant un temps… j’ai eus des doutes… mais maintenant que tu me le confirmes… bon, je veux pas t’embêter plus longtemps. Elodie m’a dit que Morgan était chez vous…
- Je… !
- T’inquiète pas. J’ai décidé d’arrêter d’être jaloux de lui. Je te fais confiance.
- Je préfère t’entendre dire ça…, murmurai-je.
- Allez… à lundi, Alex. Je t’aime. »
Je me rassis, en tailleur, à côté de Morgan.
« - Alors ? interrogea-t-il.
- Ça s’est arrangé, dis-je vaguement.
- Tu lui as dis que tu l’aimais… ça devrait aller mieux, non ?
- Normalement. »
Morgan soupira.
« - Ça me gonfle, parce que je sais même pas quoi faire pour t’aider, dit-il. Je me sens… inutile. »
Je souris.
« - Mais non, dis-je. Au contraire. »
Il hocha la tête.
« - Allez, princesse, dit-il. T’inquiète… ça va s’arranger. »
Il m’attrapa la tête, l’amena vers lui et embrassa mon crâne. Et moi, je ne pouvais m’empêcher de penser que s’il continuait d’agir ainsi, ça ne s’arrangerait jamais, parce que je sentais de plus en plus mon cœur qui battait lorsque ça se produisait, lorsque j’étais avec lui, même lorsqu’il me parlait… le simple fait d’entendre ça voit me faisait paniquer totalement…
Plus le temps passait, et plus je m’éloignai de Yoann, et plus j’aimai Morgan… et ce n’était pas la façon qu’avait d’agir ce dernier qui allait m’aider !


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VI, Coeurs Emmêlés   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:30

La semaine où Morgan dormit chez nous passa plus rapidement que je ne l’aurai souhaité. Nous allions en cours le jour, et le soir, Morgan rentrait avec Elodie et moi. En réalité, ça ne me dérangeait pas. Bien au contraire.
Lorsque nous rentions, nous faisions nos devoirs, puis nous nous dépêchions de regarder Futurama ou bien Happy Tree Friends, en mangeant notre bol de céréales en guise de goûter. Lorsque mon frère partait à son cours de tennis, nous nous dépêchions de monopoliser sa PS2. Et enfin, le soir, on se regardait un film, dans ma chambre.
Chaque soir, Yoann m’appelait, et je devais m’efforcer de tenir une heure, n’attendant qu’une chose : pouvoir raccrocher pour retourner auprès de Morgan.
Chaque soir, nous nous rapprochions un peu plus… au début, nous regardions les films, moi dans mon lit, lui dans son matelas… mais, au fur et à mesure des jours, Morgan s’était installé sur mon lit… et nous étions de plus en plus rapprochés. Finalement, je finis carrément collée à lui, ma tête sur son épaule, son bras derrière les miennes.
Un soir, je m’endormis même sur lui. Morgan n’osa pas me réveiller et nous passâmes la nuit ainsi.
En réalité, lorsque Morgan récupéra ses clefs et retourna vivre chez lui, j’eus l’impression qu’on m’avait ôté une partie de mon cœur… cette sensation devenait de plus en plus dérangeante. Je me disais qu’il fallait que je l’avoue à Morgan, et que je romps avec Yoann…
Mais, comme si c’était un fait exprès, chaque fois que je m’y résolvais, Yoann trouvait toujours le mot touchant qui m’en empêchait :
« - Oh, tu sais quoi ? cette nuit, j’ai rêvé que tu me quittais…
- Ah oui ? et comment tu réagissais ?
- Je me jetai du toit de l’école.
- … »

Qu’étais-je censée faire dans un moment pareil ?
Qu’étais-je censée dire ?
Et Morgan…
Je ne pouvais même pas lui en parler.
Lui qui refusait que je tombe amoureuse de lui…
Je savais que cela le ferait paniquer d’apprendre que c’était le cas…
Mais si je ne le lui disais pas…
Il continuerait à agir ainsi avec moi…
Et moi, j’allais l’aimer de plus en plus…

« - BON SANG DE CERCLE VICIEUX DE MERDE !!!! hurlai-je. »
Elodie débarqua dans ma chambre et me regarda avec des yeux énormes.
« - Non mais ça va pas d’hurler comme ça ?! s’exclama-t-elle. Toute seule, en plus ?!
- Oh, toi, lâche-moi !
- T’abuse, Alex ! je suis au téléphone avec Maxime et il t’a entendu hurler ! qu’est-ce que je vais faire, moi, s’il croit que ma famille est une bandes de dégénérés évadés d’un asile psychiatrique ?
- Et bien, tu lui diras que ce n’est pas une supposition, et que ta famille est bel et bien une bande de dégénérés évadés d’un asile psychiatrique… !
- Ah, non ! ça, je ne lui dirai que lorsqu’on aura rompu !
- T’es même pas encore avec lui !
- Mais presque ! bon, je te laisse, Maxime m’attend ! »
Elle sortit de ma chambre et je levai les yeux au ciel, exaspérée. Cela faisait à peine quelques semaines que Anthony l’avait larguée, et voilà qu’elle s’en était trouvé un nouveau. Il s’appelait Maxime, et était arrivé en cours d’année dans la classe des 1ereS.
Comme Morgan, il avait eut vite fait d’avoir les filles à ses pieds – bon, il était quand même moins beau que ce dernier. Il était blond aux yeux bleus, avait un piercing à la langue, et Elodie s’était ruée sur lui dès son premier jour.
Elle avait fait mine de lui tomber dessus dans les escaliers et s’était exclamée : « Oh, pardon ! je ne t’ai pas fais mal ? »… quelle allumeuse ! enfin, ça me rassurait, elle avait arrêté de tourner autour de Morgan, du coup.
Elle ne sortait pas encore avec, mais ils s’étaient étrangement rapprochés ces derniers temps. Ça ne saurait tarder…

Je regardai ma montre. Il était déjà 16h15. Il était peut-être temps qu’elle raccroche ! Je me levai, de méchante humeur, et frappai à la porte de sa chambre. J’entendis :
« - Attends une seconde, Max… QUOI ENCORE ?!
- C’est 16h15 ! dis-je. Oublis pas que faut qu’on aille chez Cathy !
- Oh, oui c’est vrai… j’arrive dans cinq minutes ! »
C’était aussi ce qu’elle m’avait dit il y avait vingt minutes. Aujourd’hui, c’était le 31 Octobre, soit Halloween… et on avait tous rendez-vous dans la grande maison de cette bourge de Cathy pour le fêter. On était censés y être à 19h, mais Elodie et moi devions y aller plutôt, car Cat et ma sœur avaient décidé de me maquiller et de me faire « ultraaa seexyyyyy ! ». Pour une fois, je m’étais résolue de les laisser faire…

Kevin nous déposa devant la maison de Cathy. C’était une immense baraque d’un blanc étincelant, avec une piscine creusée intérieure mais aussi une autre dans le jardin.
Cathy était riche, il n’y avait pas d’autres mots. Elle portait des vêtements de marques extrêmement chers, et elle roulait dans une immense limousine blanche si bien que, souvent, les gens s’agglutinaient autour, croyant que c’était une star.
Nous arrivâmes au portail. Elodie appuya sur le petit bouton, la caméra se braqua sur nous et on put voir le visage de Cathy s’afficher dans l’écran.
« - Je vous ouvre ! dit-elle. »
Le portail s’ouvrit alors en deux, et ma sœur et moi entrâmes. Nous nous dirigeâmes vers la porte d’entrée, où un majordome vint nous ouvrir.
« - Euh… bonjour ! nous fîmes d’une même voix.
- Bonsoir, corrigea l’autre, et bienvenue, mesdemoiselles. »
C’était un vieil homme qui nous dévisageait d’un air exaspéré, las, comme si nous n’étions rien d’autre que des insectes repoussants qui venaient salir la maison de ses maîtres.
Il nous laissa entrer et nous pria d’enlever nos chaussures, ce que nous fîmes. On se serait crue dans un film d’horreur. Nous entrions dans un vieux manoir dont le propriétaire était un vampire…
« - Salut les filles ! nous dit Cathy. »
Comment casser l’ambiance ? by Catherina Lussiani, volume1 aux éditions Pocket et Pocket Junior…
« - Salut, lâchai-je. »
Elle m’adressa un grand sourire.
« - Kyaahh, Alex, aujourd’hui, on va te relooker ! t’as tout amené, hein ?
- Ouais. »
Le crayon noir d’Elodie, la robe de Jason, les bottes de Cathy, les oreilles de chat de Yoann, et même les menottes de Morgan – j’ignorai encore pourquoi je les avais prises, d’ailleurs.

Alors que les deux folles commençaient à rassembler tout leur matériel, mon portable sonna. Je regardai qui c’était, puis reposai le téléphone avec indifférence.
« - Qui c’est ?
- Morgan.
- Réponds ! s’exclama Cathy, en extase.
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que, je le vois tout à l’heure. Après, il va pas arrêter de parler… »
Elodie soupira.
« - Je vous présente Alexia, ma sœur jumelle, meilleure amie d’un beau gosse inégalé, qui reçoit un appel sur son portable de ce dernier et qui REFUSE DE REPONDRE ! ALEX JE VAIS PIQUER UNE CRISE !!!
- Oh, ça va… »
J’obéis à ma chère sœur jumelle, mais ne leur laissait pas le plaisir de pouvoir écouter notre conversation. J’allais illico me réfugier dans la salle de bain que je fermai à clefs, entendant encore les protestations des deux autres. Je soupirai.
« - Allô ? lâchai-je finalement.
- Et ben ! tu fais toujours sonner trente fois avant de répondre, toi ?
- J’avais pas l’intention de répondre.
- Sympa.
- Mais Elodie commençait à virer hystérique.
- Ta sœur me comprend, elle, au moins !
- Pff… si t’étais moins beau, elle te comprendrait pas autant, crois-moi !
- Je sais bien.
- Bon, alors, qu’est-ce que tu veux ?
- C’est à propos de la soirée.
- Et ben ?
- Et ben je… hé, mais arrête, qu’est-ce que tu fous ? dégage !
- Pardon ?
- Ah, euh… non, c’est pas à toi que je parle ! putain dégage !
- T’es avec une fille ?
- Hein ? euh… non !
- Menteur ! t’es avec une fille !
- Mais non !
- C’est plus une question !
- Oh, ça va. J’ai le droit de faire c’que j’veux, après tout.
- Ça veut dire quoi ? que tu vas pas pouvoir venir ?
- Hein ? mais qu’est-ce que tu racontes ?
- Ben oui. Tu préfères t’envoyer en l’air avec une nana dont tu connais même pas le nom plutôt que de venir avec nous. Sympa. »
Je m’apprêtai à raccrocher…
« - Hé, mais attends ! qu’est-ce que tu racontes ? pourquoi tu te fais toujours des films toute seule ? ça fait deux semaines que j’attends Halloween avec impatience pour te voir enfiler tes petites oreilles de chat !
- Alors, tu m’expliques pourquoi y’a une fille dans ton lit ?!
- Mais, je l’ai déjà sautée. Elle va se tirer. C’est pas pour ça que je t’appelle. »
Je poussai un long soupir d’exaspération. Morgan était vraiment un cas social.
« - En fait… j’ai rien à me mettre.
- Comment ça ?
- Ben, oui. Moi, depuis que chuis gosse, les trucs comme Noël, Halloween, ou même mon anniversaire… ben, je les ai jamais fêté. Alors… j’ai pas de déguisement.
- T’inquiète pas, va, avec tes piercings et ton crayon noir, t’es déjà déguisé pour Halloween toute l’année !
- Salope !!!
- Y’a que la vérité qui fâche.
- Non, sérieusement… je fais quoi ?
- Ramène-toi. C’est tout ce que je te demande. »
Sur ce, je raccrochai. Et voilà. « Je savais bien qu’il serait avec une fille, c’est pour ça que je voulais pas répondre… » pensai-je. Et maintenant, j’étais encore une fois jalouse d’une inconnue…


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VI, Coeurs Emmêlés   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:34

Les deux folles passèrent un moment à me trafiquer je ne sais quoi. Quoiqu’il en soit, quand je me regardai dans le miroir après mon « relookage », la seule chose qui me vint à l’esprit fut « c’est pas moi ».
Une robe, des bottes magnifiques à talons compensés, du crayon noir sous les yeux, mes oreilles de chat… et, pour aller avec elles, Cathy et Elodie s’étaient même amusées à me dessiner un nez et des moustaches.
« - Wahoo ! fit Elodie.
- T’es trop mignonne comme ça ! ajouta Cat.
- Pff…, fis-je. N’importe quoi !
- Ah, elle est fâchée ? fit Cathy.
- Ça veut dire que ça lui plaît. »
En effet. Je crois que ce fut la première fois de ma vie que je me trouvai « jolie ».
La sonnette retentit. Cathy alla voir qui c’était.
« - Morgan ! annonça-t-elle.
- Alex, vas ouvrir ! me dit Elodie.
- Quoi ? pourquoi moi ?
- Allez, il faut qu’il te voit comme ça !
- Arrête, il risque de lui sauter dessus ! ricana Cathy.
- Pff… n’importe quoi !
- Allez, Alex ! »
Elles me poussèrent à aller ouvrir la porte d’entrée. Morgan se figea en me voyant comme ça…
« - Euh… salut, dis-je.
- Woaaa Alex t’es toute mimi comme ça !! s’écria-t-il.
- Arrête d’imiter Cathy !!!
- Non, sérieux, ça te va trop bien !
- Pff… n’importe quoi !! »
Il sourit.
« - Allez, tourne toi un peu, que je vois ça…
- T’es bête !! »
Il me fit tourner sur moi-même.
« - Alors ? alors ? demandèrent Cathy et Elodie en arrivant.
- Hein qu’elle est belle ? fit ma sœur.
- Hein qu’on a fait du bon boulot ? surenchérit l’autre.
- Ouais ! admit Morgan. Mais c’était bien dur, vu qu’elle était déjà canon naturellement…
- Pff ! arrête de dire des conneries, Morgan !
- C’est pas des conneries ! »
Il sourit.
« - En tout cas, ça te va vraiment trop bien !
- Bon, fit Elodie, ‘faut qu’on aille se préparer, nous aussi !
- Oui, on vous laisse ! »
On les regarda monter les escaliers et disparaîtrent dans la chambre de Cathy.
« - Elles sont bêtes…, dis-je.
- En tout cas, elles t’ont bien réussie ! répondit Morgan.
- Tu trouves ? m’enquis-je.
- Evidemment. Ça te va vraiment bien… et ton petit déguisement de chat… trop mignon !! »
Je levai les yeux au ciel.
« - Abruti.
- En tout cas, les bottes que Cat t’a acheté sont vraiment magnifiques !
- T’as vu ? »
Il s’accroupit, pour les inspecter de plus près.
« - Combien de centimètres ?
- De quoi ?
- Les talons ?
- 6 ou 7, je crois.
- La classe.
- Et ouais. »
Il releva la tête vers moi et me sourit.
« - T’as vu, dit-il, je me suis ramené. T’es contente ?
- Oui. »
Il se releva. Malgré mes talons, il me dominait toujours…
« - Comment elle s’appelait ? dis-je finalement.
- Euh… Marjorie, je crois.
- Mytho. Tu viens juste de l’inventer.
- Ouais, avoua-t-il. Mais je te jure que je lui ai demandé…
- Je te crois pas.
- C’est elle qu’a pas voulu me le dire.
- C’est vrai, ce mensonge ?
- C’est pas un mensonge. Je lui ai vraiment demandé. Ça faisait déjà trois fois qu’on couchait ensemble.
- Ah bon ? je croyais que tu « abandonnais toujours un morceau de viande après avoir mordu dedans « , selon ta propre expression ? »
Il haussa les épaules.
« - J’ai décidé de suivre ton conseil.
- Lequel ?
- Celui d’essayer de m’intéresser un peu plus aux filles… en-dehors du sexe.
- C’est pour ça que ça fait la troisième fois que tu te l’envois et que tu connais toujours pas son nom ? ironisai-je. »
Il soupira.
« - Oh, mais je te dis que j’y suis pour rien ! pourquoi tu me crois pas ?
- Bien sûr que je te crois. »
Morgan ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais la sonnette retentit à ce moment-là, l’interrompant.
« - C’est Yoann ! annonça Cathy du deuxième étage. »
Morgan baissa les yeux.
« - Bon, ton chéri est arrivé, dit-il. »
La façon dont il avait abandonné son ton ravi et enjoué de d’habitude me heurta de plein fouet.
« - Je vais rejoindre les deux folles. »
Il monta les escaliers et disparut à son tour, me laissant seule face à moi-même et face à son étrange réaction…
On tapa à la porte. Je soupirai, puis allai ouvrir. Yoann me sourit.
« - Salut, petit chat, dit-il.
- Salut. »
Il se pencha – moins que d’habitude ! héhé ! – sur moi et me fit un bisou sur les lèvres.
« - T’es vraiment jolie, comme ça, dit-il.
- Merci.
- Y’a personne, à part toi et Elodie ?
- Morgan est arrivé quelques minutes avant toi.
- Ok. J’ai pas encore enfilé mon déguisement, je suis venu en bus, j’avais pas envie de me taper la honte. »
Je souris en pensant que Morgan n’en aurait rien eut à faire, lui.
« - Tout le monde est en haut, dis-je. »
Yoann me suivit jusque la chambre de Cathy. Les deux folles s’étaient changées et étaient en train de se maquiller. Cathy avait enfilé une longue robe noire fendue sur le côté, avec des bottines noires, et s’était mit de la bombe pour colorer ses cheveux en orange.
Ma sœur, elle, avait mit une minijupe noire, et enfilé des collants aux rayures noires et oranges, ainsi qu’un haut à manche courte rouge, et des mitaines partant du poignets jusqu’au coude.
Je me sentais ridicule à côté d’elles, avec mes oreilles de chat, que Yoann s’était tué à m’acheter, Yoann que je prétendais aimer alors que c’était à Morgan que je pensais lorsque je le lui disais.
Ce dernier était tranquillement installé sur le lit, regardant les deux autres d’un air indifférent. Je me demandai soudainement combien de filles il avait dû voir se remaquiller, le matin, avant d’aller en cours… avec combien de filles avait-il déjà passé la nuit ? je chassai immédiatement cette idée de ma tête. Mieux valait ne pas y penser. Mieux valait ne pas savoir…
Son air enjoué, son petit sourire benêt de d’habitude l’avaient quitté. Son regard était perdu dans le vide, et je me demandai à quoi il pouvait bien songer.
« - Au fait ! fis-je finalement. Personne n’aurait un déguisement à prêter à Morgan ? »
Celui-ci sursauta en entendant son nom. Il était vraiment ailleurs.
« - Non, désolée, dit Cathy.
- De quoi ? interrogea le concerné.
- Je leur demandais s’ils avaient pas un déguisement à te prêter. »
Il haussa les épaules.
« - On s’en fout, dit-il.
- Bien sûr que non, rétorquai-je. »
Je me tournai vers Yoann.
« - J’ai amené que mon propre déguisement, dit-il. T’aurais dû me le dire plus tôt. J’en avais des tas en rab…
- Je vais demander à Jason, alors. Il doit sûrement être à la bourre, comme d’habitude. »
J’attrapai mon téléphone mais Morgan mit sa main sur mon bras pour m’en empêcher.
« - Laisse, dit-il. Ça a pas d’importance.
- Bien sûr que ça en a ! rétorquai-je. On va tous être déguisés sauf toi !
- Je m’en fiche, répondit-il. Tant que je suis avec toi. »
Je restai figée par ses paroles. Je sentais les regards de Cathy, d’Elodie, mais surtout de Yoann dans mon dos… ça sonnait bel et bien comme une déclaration.
Je le trouvais gonflé, lui qui m’avait fait tout son cinéma pour pas que je tombe amoureuse, me faire un coup pareil, devant Yoann, en plus… il exagérait.
Bon. Il fallait peut-être que je réponde quelque chose ? plus personne n’osait bouger, tous retenaient leur souffle, attendant ce que j’allais répondre…
Mais la sonnette – bénite soit-elle ! – retentit, me tirant d’affaire.
« - Bon, dis-je. Ça doit être Jason. Donc c’est réglé. »
Je me relevai et me dirigeai tout droit vers la porte, me sentant pâlir.
« - Attends ! fit Yoann. »
Je m’arrêtai mais n’osai me retourner.
« - Qu… quoi ? parvins-je à articuler.
- Où tu vas ?
- Aux chiottes. »
Comme il ne disait plus rien, je sortis définitivement de la chambre et allait d’un pas très, très rapide me réfugier aux toilettes. Je devais faire le tri dans ma tête. Qu’est-ce qu’il arrivait à Morgan ? il était devenu complètement fou, ou quoi ? me dire une chose pareille devant Yoann…
Enfin, peut-être que c’est moi qui me faisait toute une histoire dessus. Je devenais parano, si ça se trouvait. « Je m’en fiche… tant que je suis avec toi. »… ça ne voulait rien dire, après tout ! et puis, je lui avais moi-même adressé des paroles semblables lorsque je lui avait dit « Ramène toi. C’est tout ce que je te demande. »… ça pouvait très bien n’être qu’une déclaration d’amitié ? Oui. C’était sans doute ça. Pourquoi fallait-il toujours que je me convaincs du contraire, que je me persuade du pire ? j’étais vraiment trop bête, moi, des fois.

Lorsque je retournai dans la chambre, je remarquai que la gêne semblait s’être envolée avec l’arrivée de Jason. Tout le monde était déguisé, sauf Morgan. J’avais peur que cette situation ne lui rappelle de mauvais souvenirs.
Je serrai le poing, puis retournai dans la salle de bain où je me démaquillai. Une enfance sans Noël, sans Halloween, sans anniversaire… ce n’était pas une enfance ! ça devrait être interdit par la loi !
Je m’imaginais très bien quel genre d’enfant Morgan devait avoir été. Le genre exclu, qui ne parlait jamais, se tenant à l’écart… le jour du carnaval, il devait regarder les autres… « en quoi tu t’es déguisée ? en princesse ! »… et lui… qui n’avait jamais de déguisement…
Je sentis cette traditionnelle boule se former dans ma gorge… je descendis en trombe au premier étage, dans la cuisine, fouillant dans les tiroirs, à la recherche de n’importe quoi de pointu, un couteau, un couteau ferait l’affaire, ou même une fourchette…
« - Qu’est-ce que tu fais ? »
Je sursautai et me retournai. C’était Morgan. Il avait dû sentir que quelque chose n’allait pas.
« - Tu t’es démaquillée ? »
Je me relevai et acquiesçai. J’attrapai mes oreilles de chat et, lentement, les enlevai, les posant sur la table. Morgan me regarda avec des yeux écarquillés.
« - Pourquoi tu fais ça ?
- Pour pas que tu te sentes exclu. »
Morgan me regarda avec des yeux ronds. Il ne dit rien. Mais son regard seul me suffit à ressentir que ça ne le laissait pas indifférent. Bien au contraire…
Sans même que l’un de nous ne bouge ou ne parle, je compris très bien ce qu’il se passa à ce moment-là. Une sensation étrange… de complicité, de reconnaissance, de générosité, de gentillesse, d’amour… tout cela en même temps. Morgan me sourit. C’était tout. Un simple sourire… mais Dieu sait à quel point il voulait dire des choses, ce sourire.
Tout ce que Morgan ressentait, tout ce qu’il n’avait jamais osé dire à personne, moi, je le compris, je le compris très bien, et je courai, ne contrôlant plus mes jambes, mon corps avait prit le dessus sur ma raison, je courai me réfugier auprès de Morgan, dans ses bras, je voulais entendre le battement de son cœur… plus rien d’autre ne m’importait.
Même Yoann aurait été incapable de m’en empêcher… j’avais beau tenir à lui, j’avais beau avoir peur de le perdre à jamais, j’avais beau prétendre que l’amitié était le seul sentiment qui m’importait, j’avais beau répéter que jamais je ne sacrifierai un ami pour un amour… à ce moment-là, j’agis contre tous mes principes… ça y est, je l’avais fait.
J’avais franchi cette barrière que je m’étais efforcée de ne pas franchir durant ces dernières semaines… vous me direz, en quoi enlacer Morgan était-il comparable au baiser qu’on avait faillit s’échanger ? et je vous répondrai parce qu’à ce moment-là, je savais.
Je savais bien que je l’aimais, je savais bien que Yoann ne serait à jamais juste un ami à mes yeux, je savais bien que j’avais tout à perdre… parce qu’en réalité, c’est à ce moment-là, que je compris réellement tout ce que j’avais eus tant de mal à comprendre ces derniers jours.
C’est à ce moment-là que mon cœur a vraiment choisi. C’était lui. C’était Morgan. Morgan et aucun autre…


Lorsqu’on remonta à l’étage, tous me regardèrent avec des yeux ronds.
« - Pourquoi t’as enlevé ton maquillage ? me demanda Cathy.
- Je…, commençai-je.
- Elle avait peur que je lui saute dessus, m’interrompt Morgan. Faut comprendre… ça lui va tellement bien !
- Imbécile ! rétorquai-je.
- Et tu mets pas mes oreilles ? s’indigna Yoann.
- Désolée…, dis-je en baissant les yeux. Je peux pas. »
Il n’insista pas. Ces derniers temps, il avait adopté le « ninsistapage » comme méthode de vie en couple. Mais au fond, ça m’allait bien. Très bien, même. Surtout dans une situation pareille.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VI, Coeurs Emmêlés   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:36

Comme promis, une fois que tout le monde fut fin prêt, on sortit dans le quartier, pour sonner aux portes et réclamer des bonbons, comme le voulait la tradition. Les gens étaient souvent surpris : ils s’attendaient à des gamins avec une moyenne d’âge de 10 ans, et ils tombaient sur des ados qui en avaient dix-sept, déguisés, leur tendant leurs sacs en plastiques avec un sourire angélique, et tonnant : « Des bonbons ou la mort ! ».
Morgan et moi marchions en retrait, car nous étions les seuls à ne pas être déguisés. Je n’avais pas seulement enlever mon maquillage et mes oreilles : j’avais aussi retiré mes bottes et ma robe, et avait récupéré mes vans et mon baggy.
« - T’étais pas obligée de faire ça pour moi, me dit Morgan.
- Bien sûr que si, répliquai-je.
- Je t’aimais bien, moi, déguisée. Pour une fois que tu t’habillais en fille… »
J’haussai les épaules. Je savais pertinemment que, même s’il me trouvait belle habillée comme je l’avais été, il préférait me voir en baggy et en t-shirt large.
Parce que j’avais très bien compris que pour lui, Halloween était loin de lui rappeler des bons souvenirs, mais je n’osai pas lui en demander les détails. Et je ne pensai pas que c’était la meilleure chose à faire… Halloween le rendait triste… c’était tout ce que j’avais à savoir. Mais Noël… cette fête-là devait l’attrister plus que tout au monde.
« - Ils marchent vite, dis-je.
- Tant mieux. Au moins Yoann est loin… je t’ai à moi tout seul. »
Il me regarda du coin de l’œil et m’adressa un clin d’œil complice. Puis il mit son bras derrière mes épaules et m’attira contre lui… comment étais-je censée prendre ça ?
« - Désolé pour tout à l’heure. Je voulais pas te mettre mal à l’aise. »
Je le regardai sans comprendre.
« - Je sais bien que t’as été gênée. Je suis vraiment désolé. Comme d’habitude, j’ai parlé sans réfléchir. Mais j’aurai pas dû. Yoann était là… »
Je soupirai.
« - T’es bête. Soupçonneux comme il est, il a dû s’imaginer des trucs.
- Pourquoi, s’imaginer ?
- Ben, oui. La façon dont t’as dis ça… on aurait cru autre chose.
- Cru quoi ? »
Je ne sus comment répondre à cette question.
« - Ben, tu sais… ça faisait pas vraiment déclaration d’amitié, quoi…
- Parce que c’était une déclaration d’amitié, pour toi ?
- Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ?
- Ben…
- Venant de toi ? »
Ma dernière phrase le coupa carrément dans son élan.
« - Qu’est-ce que t’insinues ? demanda-t-il.
- Moi ? rien du tout. C’est plutôt toi qu’insinues des trucs, non ? »
Je lui lançai un regard glacé.
« - Tu m’en veux ? dit-il.
- Oui. »
Sur ce, j’accélérai l’allure pour aller vers les autres. Oui, je lui en voulais. Je ne comprenais plus rien à sa manière d’agir avec moi. « C’était une déclaration d’amitié, pour toi ? »… c’était quoi ces sous-entendus débiles ? pourquoi fallait-il toujours qu’il tourne autour du pot ?
Et puis, après son charabia comme quoi c’était un bourreau des cœurs dont il fallait pas tomber amoureuse, il me sortait des trucs pareils… ?! mais qu’est-ce qu’il ne tournait pas rond, chez lui, bon sang ?!

J’évitai Morgan durant tout le reste de la soirée, restant collée à Yoann, sans comprendre exactement pourquoi j’agissais ainsi. Morgan ne semblait plus apprécier que je sois aussi près de Yoann… alors je le faisais. Pourquoi je faisais ça ? je voulais le rendre jaloux ? peut-être.
Mais lorsque nous fûmes de retour chez Cathy, je m’absentai aux toilettes. Quand j’en sorti, Morgan se tenait devant moi. Il m’attrapa le bras et m’emmena de force dans une pièce où il ferma la porte. Me tenant toujours, il se tourna vers moi et me dévisagea. Il était furieux.
« - A quoi tu joues ? dit-il. »
Je me dégageai.
« - A rien ! rétorquai-je.
- Tu m’expliques ton petit cinéma, Alex ? j’y pige que dalle !
- C’est plutôt à moi de te dire ça, non ? qu’est-ce que tu veux, exactement ?
- J’en sais rien. Et toi ?
- J’en sais rien non plus. »
Il soupira.
« - Pourquoi on se prend la tête comme ça ? tu m’expliques ?
- Je sais pas. Je sais pas, Morgan. Je sais pas ce qui se passe… ces derniers temps… plus rien ne me semble comme avant… j’ai l’impression que tout change, que tout change et qu’on ne peut rien faire contre ça…
- Moi aussi. Dis-moi ce qui m’arrive, Alex. Dis-moi pourquoi je suis pas comme d’habitude quand t’es avec moi. Dis-moi pourquoi je supporte pas de te voir avec Yoann. Dis-moi pourquoi je tremble comme ça quand tu es là. Dis-moi pourquoi je suis comme ça. Je le supporte pas. Je le supporte plus. »
Je restai muette…
« - Quoique tu m’es fait, quoique tu me fasses, je veux que t’arrêtes. Fais quelque chose, n’importe quoi… mais rends moi ma liberté.
- Je veux pas, soufflai-je. Je veux pas te la rendre…
- Pourquoi… ?
- Je veux que tu restes avec moi.
- Et moi, je veux que tu m’appartiennes. »
Je le scrutai du regard.
« - C’est de l’amitié, ça ? demandai-je.
- J’en sais rien. C’est plutôt à toi de m’éclairer, non ? t’es censée être amoureuse de Yoann…
- Censée, répétai-je. »
Il sourit. Lentement, il fit glisser sa main sur ma joue et, tout doucement, se pencha vers moi… jusqu’à ce que nos lèvres se rencontrent.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VII, Le Poids du Coeur   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:39

Chapitre VII
Le Poids du Cœur



Recroquevillée sur mon lit, les genoux repliés contre ma poitrine, ma tête enfouie dans mes bras, je tentais de faire disparaître cette euphorie qui semblait ne pas vouloir me quitter !
Je tentais de me remettre de mes émotions. Je relevai la tête vers la lune, toujours ce même sourire béat aux lèvres… je n’étais pas censée être aussi heureuse.
J’avais embrassé Morgan – avec la langue, cette fois ! – alors que je sortais avec Yoann. Il n’y avait vraiment pas de quoi être fière ! pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher d’être heureuse.
Je savais que c’était temporaire. J’étais euphorique ce soir, mais demain, je m’en mordrai les doigts. Enfin, peu importe. Nous étions en vacances, alors, je pourrai rester toute la journée dans mon lit à me morfondre et à culpabiliser. Mais ce soir… je n’éprouvais aucun remord.
Je posai ma tête sur l’oreiller, me laissant bercer par la mélodie du silence, m’endormant en repensant au goût sucré des lèvres de Morgan…

Cette nuit-là, je ne fis aucun rêve. Tout était paisible et calme lorsqu’on dormait… et pourtant, le matin, dès que j’ouvris les yeux, l’énorme poids de la culpabilité me tomba dessus comme si on m’avait balancé un seau d’eau glacé.
J’avais trompé Yoann. Je ne valait pas mieux que son ex. Bon, ok, j’avais pas couché avec Morgan, mais ça revenait au même. Je me tapis au fond de mon lit, sous ma couverture… je ne savais plus où me mettre.
J’avais honte, tellement honte de moi… je me sentais sale et souillée. Cette fois, je pensais que je méritais réellement le mot « bitch » que je m’étais gravé sur le bras.
Je m’étais servie de Yoann. Je lui avais menti, je l’avais trompé, et, en plus, je l’avais utilisé. Je m’étais servie de lui pour rendre Morgan jaloux et lui faire prendre conscience de ses sentiments pour moi. J’avais été égoïste, injuste, et cruelle. Je ne méritais même pas que Yoann accepte encore de m’adresser la parole. Je ne méritais même pas qu’il accepte qu’on reste amis. J’avais été horrible. Je me détestais.
J’ignore combien de temps j’étais restée à me lamenter ainsi sous mon lit, mais tout ce que je sais, c’est que lorsque Elodie débarqua dans ma chambre, m’ouvrit les volets et me fit sortir de sous ma couette, il faisait déjà jour.
« - Allez, Alex ! debout ! »
Elle se figea quand elle vit mon teint affreusement pâle et mon air de déterrée.
« - Qu’est-ce qu’y t’arrive ? demanda-t-elle. Ça va pas ? t’es malade ? »
Je ne répondis pas tout de suite. Elle me harcela de questions. Puis, finalement, je lâchai :
« - J’ai embrassé Morgan. »
Elodie se figea un instant, le temps d’avaler la pilule. Puis elle prit un air compréhensif, et s’assit sur mon lit en disant :
« - Oh. »
C’était un « oh » qui voulait tout dire, sur le même ton qu’elle aurait prononcé « Aie. T’es mal, là. »
« - J’ai trompé Yoann ! fis-je. »
Je sentis encore une fois cette même boule de chagrin dans ma gorge. Mais aucune larme…
« - Mais non ! dit Elodie.
- Je suis aussi nulle que ses ex copines !
- Alex… expliques-moi comment, et quand ça s’est passé ?
- Hier soir.
- Hier ?? quand ça ?
- Quand je suis allée aux toilettes. Morgan m’a entraîné dans une pièce, et je sais pas trop ce qui s’est passé, on a parlé, on s’est même un peu engueulés, et puis, d’un coup, comme ça, on s’est embrassés… !
- Alex. T’es amoureuse de qui, exactement ? »
J’hésitai.
« - De Morgan, dis-je finalement.
- Alors pourquoi t’es sorti avec Yoann ?!
- La faute à qui, à ton avis ?! qui c’est qui m’y a poussée ?! et puis… j’aimerai bien t’y voir, toi ! tu crois que c’est facile ? quand ton ami d’enfance te dit qu’il est amoureux de toi… tu crois que c’est simple de lui annoncer que c’est pas réciproque ?!
- Et le tromper, tu crois vraiment que c’est mieux ?! »
Je me figeai, puis baissai la tête.
« - Je suis nulle, répétai-je.
- Mais non, Alex. T’es pas nulle. N’importe quelle autre fille n’aurait pas fait mieux. C’est un peu logique, que ça devait se finir comme ça : tu sortais avec ton ami d’enfance, mais t’étais pas amoureuse de lui. Et, d’un autre côté, il y avait le mec que t’aimais vraiment, et dont t’étais super proche. En plus, lui aussi était amoureux de toi. Ça pouvait finir que comme ça. Encore heureux qu’il t’ait pas sautée, même…
- T’abuses. Et puis, ça a pas duré longtemps. Juste quelques secondes… quand j’ai réalisé ce qui se passait, j’ai tout de suite reculé. Morgan m’a regardé d’un air coupable et a balbutié qu’il était désolé… j’ai été incapable de lui répondre, je suis repartie en trombe avec vous…
- Pauvre Morgan. Il doit culpabiliser. Il a dû croire qu’il avait fait une connerie et que tu lui adresseras plus la parole !
- Je sais… mais comment lui expliquer la vérité ? et puis… Yoann… comment lui annoncer tout ça ? oh, bon sang, j’ai qu’une envie, c’est de rester enfermée chez moi et de ne plus jamais voir aucun des deux ! »
Elodie ne répondit pas tout de suite.
« - Ecoutes…, murmura-t-elle. C’est pas si terrible. Il te suffit de tout dire à Yoann, et de t’expliquer avec Morgan.
- Si tu crois que c’est aussi simple !
- Je sais bien. Mais je crois pas que t’ais d’autres choix. »
Elle soupira.
« - Je peux pas faire grand-chose pour toi. Allez, bonne chance, soeurette. »
Je le regardai sortir, encore plus abattue. Que devais-je faire ?

Le lendemain, je vis que Morgan avait tenté de m’appeler quatre fois. Je n’avais aucune envie de le rappeler. Je n’avais aucune envie de le voir. Je n’avais surtout pas envie qu’on évoque ce baiser.
Pourquoi me sentais-je si mal ? ce n’était pas censé être si difficile. Le mec que j’aimais m’avait embrassée, je devais en être heureuse, normalement ! mais non. Pourtant… il aurait simplement suffit que je prenne mon téléphone et que j’appelle Yoann pour rompre… mais je n’y arrivai pas. Qu’est-ce que je voulais, exactement ?

Le jour suivant, Morgan m’envoya un texto.

«
Ecoute, princesse. J’ai bien compris que j’avais merdé, mais je t’en supplie, m’en veux pas… je sais que j’aurai pas dû t’embrasser alors que t’es avec Yoann, je suis vraiment désolé, je recommencerai plus ! je tiens trop à toi, je veux pas te perdre, stp, je suis vraiment désolé, pardonne-moi ! tu m’es vraiment trop précieuse… je peux bien faire semblant, je suis capable de faire comme si de rien n’était … je veux pas te voler à Yoann, je sais que tu l’aimes, je suis désolé, je veux pas briser votre couple… je peux refouler mes sentiments, mais, par pitié, Alex, m’en veux pas… c’est tout ce que je te demande. »

Mon cœur s’arrêta de battre lorsque je lus ça. Morgan était encore persuadé que j’étais amoureuse de Yoann. Je pouvais faire comme si de rien n’était, comme si de rien était, dire à Morgan que je le pardonnais et continuer de sortir avec Yoann ? non. Ce serait fuir. Fuir la réalité, comme j’avais fuis jusqu’à présent. Je ne voulais plus fuir. C’était Morgan que j’aimais. Pas Yoann. Je devais le leur dire. Ils devaient le savoir…


Je pris mon courage à deux mains, et tapai à la porte. Nous étions dimanche, une semaine s’était écoulée depuis Halloween, et je n’avais parlé ni à Yoann ni à Morgan. Mais cette fois… je m’étais décidée. J’étais au deuxième étage, devant la porte de l’appartement de Morgan.
Celui-ci vint m’ouvrir quelques instants plus tard. Il ouvrit de grands yeux quand il me vit. Et moi, je dus faire une tête de six pieds de long. Monsieur venait de m’ouvrir la porte, il se tenait devant moi, et il était torse nu. Je me sentis virer tomate farcie, comme il le disait si bien. Mais cela ne sembla pas l’interpeller. Il était trop heureux de me voir pour se soucier du reste. Un grand sourire se dessina sur son visage.
« - Salut, princesse ! dit-il.
- Sa… salut.
- Euh… tu veux entrer ?
- Oui. »
Il s’écarta pour me laisser entrer, et je me ruai immédiatement dans le salon. Comme je l’avais prévu, c’était aussi en bordel que la dernière fois. Je saisis un des t-shirts que Morgan avait laissé sur le fauteuil et le lui jetai.
« - Mets ça ! ordonnai-je. »
Il ne posa pas de question et obéit.
« - Je suis content de te voir.
- Je suis venue pour mettre les choses au point.
- Je m’en doutais un peu… écoute, je suis vraiment désolé, Alex. Alors… ça te dérangerait pas si… on oubliait ça et on faisait comme si rien ne s’était passé ? »
Je soupirai.
« - T’es bête, dis-je.
- Ecoute, je sais que t’es amoureuse de Yoann, mais…
- Je suis pas amoureuse de Yoann. »
Morgan en resta muet.
« - Ecoutes, je vais rompre avec lui, c’est ce que j’ai décidé. Ça fait trop longtemps que je lui cache la vérité, j’avais trop peur de le rendre malheureux… mais après ce qu’il s’est passé… je ne peux plus me voiler la face. Je dois dire à Yoann que je l’aime pas. »
Il hocha la tête.
« - Je suis d’accord, dit-il. »
Il soupira.
« - Je suis vraiment désolé. Dis-moi que ça ne jouera en rien sur notre amitié, Alex. Je me suis comporté… comme un imbécile. Je veux pas te faire souffrir.
- Tu as agi en séducteur, pas vrai ? »
Il me scruta du regard puis baissa les yeux.
« - Je suis désolé.
- Ne recommence jamais ça, soufflai-je. Je veux pas que tu me compares à tes conquêtes d’une nuit, Morgan.
- Princesse…
- Non. Y’a pas de princesse qui tient, Morgan. Ne me donne pas de faux espoirs… si t’es même pas amoureux de moi. Je refuse que tu joues avec mon cœur de cette manière.
- Excuse-moi.
- C’est bon, on oublie. Mais je veux plus jamais entendre parler de ça.
- D’accord. »
J’hochai la tête.
« - Bon. Puisque c’est réglé… on se revoit à la rentrée. »
Je m’en allais froidement, sentant que j’avais envie de pleurer. J’aurai dû m’en douter. Morgan ne tombait pas amoureux comme ça. Il jouait toujours avec le cœur des filles… pourquoi est-ce que j’aurai fais exception ? pourquoi c’aurait été différent, pour moi ? j’aurai dû m’en douter. J’avais été idiote.


Après Morgan, je me dirigeai dans le parc publique. J’y avais donné rendez-vous à Yoann. Inutile d’attendre plus longtemps. Ça ne faisait que repousser le moment fatidique.
Lorsque j’arrivais, il n’y avait personne. Je me mordis la lèvre inférieure puis m’assit sur un banc. Yoann arriva quelques minutes après moi. Il me sourit.
« - Salut ! dit-il. Tu vas bien ? »
J’hochai la tête.
« - Ben, à voir ta tête, ça a pas l’air… t’es malade ?
- Assieds-toi. »
Il obéit. J’inspirai profondément, puis expirai. Moi, je n’avais jamais fais face à ce genre de situation, je ne savais pas du tout comment il fallait s’y prendre. Puis, finalement, je décidai d’aller droit au but et lâchai la cruelle vérité :
« - Je t’ai trompé. »
Yoann eut du mal à encaisser le coup.
« - Comment ? dit-il.
- T’as très bien compris, me force pas à répéter ça je t’en supplie ! »
Il soupira.
« - Avec Morgan, dit-il. »
Ce n’était même pas une question.
« - Vous êtes allés jusqu’où ? »
J’ouvris des yeux énormes.
« - J’ai pas couché avec lui ! m’exclamai-je. On s’est juste embrassés… c’est arrivé comme ça, j’ai pas compris ce qu’il se passait, je te jure que je…
- C’est arrivé quand ? me coupa-t-il.
- A Halloween…, dis-je. »
Il hocha la tête.
« - Pourquoi tu m’en as pas parlé avant ?
- Si tu crois que c’est facile… !
- Je me demandais pourquoi tu répondais pas à mes appels. Maintenant je suis fixé.
- Ecoutes…, murmurai-je. Je veux pas te faire souffrir, Yoann…
- Et bien c’est raté. »
Je le suppliai du regard.
« - Ecoutes au moins ce que j’ai à te dire… ! tu sais très bien que je suis pas ce genre de fille !
- Je le croyais.
- Mais je suis vraiment amoureuse de lui ! je l’aurai pas embrassé si ça avait pas été le cas ! »
Yoann baissa les yeux.
« - T’es amoureuse de lui, hein ? dit-il.
- Je suis désolée…, murmurai-je.
- Pourquoi tu m’as menti ? quand je t’ai demandé si tu m’aimais, Alex ?
- Et comment tu aurais fais, toi ?! t’es mon ami d’enfance… je tiens à toi plus qu’à n’importe qui… j’avais trop peur de te perdre !
- Je m’en doute bien. A vrai dire… je l’ai toujours su. Que tu l’aimais. Ça se voyait… mais j’ai voulu rejeter cette idée, je voulais me persuader que je me trompais… j’ai été égoïste. Plus que toi, crois-moi. Je savais très bien que t’étais malheureuse… mais je refusais de voir la vérité en face. Toi… tu pouvais pas y faire grand-chose. »
Il soupira.
« - T’inquiète pas, Alex. Je t’en veux pas. Je peux pas t’en vouloir d’être amoureuse. Je sais très bien ce que c’est. On tombe jamais amoureux de qui on le désire, ou de qui le mérite vraiment.
- Tu crois… que Morgan ne me mérite pas ?
- Il t’a embrassée. Il était amoureux de toi ?
- Non…, murmurai-je.
- Alors je pense pas qu’il mérite que tu l’aimes. Ensuite… je suis peut-être influencé par les sentiments que j’éprouve pour toi, ça me rend sans doute jaloux. T’es la seule capable d’en décider.
- Je sais très bien, murmurai-je. Je sais très bien qu’entre Morgan et toi… c’est toi qui me mérite le plus. C’est pour ça… que j’ai essayé de fuir la réalité… j’ai vraiment essayé… de t’aimer… mais… j’y arrive pas. Tout ce que j’arrive à éprouver pour toi, c’est…
- … de l’amitié. »
Je levai vers lui un regard triste.
« - Je suis désolée…
- T’y es pour rien. On ne choisit pas toujours la personne dont on tombe amoureux. Je te connais, Alex. Je sais bien que t’es pas une salope, et que si t’as embrassé Morgan ce soir-là, c’était pour une raison précise. Je suis pas stupide au point d’être rancunier. T’as encore le droit de pas être amoureuse de moi. »
Je baissai la tête.
« - T’es vraiment génial, Yoann, dis-je.
- Allez, dit-il, t’en fais pas, Alex, je t’en veux pas. Je peux pas t’en vouloir.
- On reste amis, alors ?
- Oui.
- Comme avant ?
- Comme avant.
- Ouf…, murmurai-je. J’avais vraiment peur, tu sais… que rien ne soit plus jamais pareil…
- Mais tout sera toujours pareil. »
Il me sourit, de son sourire franc et chaleureux habituel.
« - Je t’aime, Alex, dit-il. Je te le dis encore. Par égoïsme, peut-être… mais ça m’est égal.
- Tu peux le dire autant de fois que tu veux, répondis-je.
- Est-ce que tu voudrais m’accorder… un dernier baiser ? »
Je le regardai avec des yeux écarquillés.
« - D’accord, dis-je finalement. »
Yoann sourit. Il se pencha vers moi et, lorsqu’il m’embrassa, je pus sentir le goût salé de ses larmes…


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VII, Le Poids du Coeur   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:41

Lorsque je rentrai à la maison, je devais avoir une tête de déterrée. Elodie se rua sur moi, m’entraîna dans ma chambre, m’assit sur mon lit, et me demanda :
« - Alors ? comment ça s’est passé ?
- Je suis allée voir Morgan, puis Yoann.
- Et alors ? t’as rompu avec Yoann ?
- Oui.
- Tu sors avec Morgan ?
- Non.
- Pourquoi ?!
- Parce qu’il s’est moqué de moi.
- Comment ça… ?
- Il était pas amoureux de moi.
- Mais…
- Je sais. Il m’avait quasi fait une déclaration… je l’avais vraiment cru… et, franchement, je t’avoue que ça me semble bizarre. Mais bon… j’ai pas envie de tenter le coup. J’en ai marre… de toujours devoir essayer de deviner ce qu’il pense. Ça me gonfle. »
Elodie hocha la tête.
« - Et pour Yoann ?
- Il l’a bien pris. Enfin… il était d’accord pour qu’on reste ami. Mais il pleurait quand même… ça m’a brisé le cœur. »
Elodie sourit.
« - C’est dur, la vie, dit-elle. On tombe jamais amoureux de la bonne personne.
- Si j’avais été amoureuse de Yoann, je souffrirai pas autant ! et lui non plus ! c’est vraiment trop injuste ! »
Ma sœur acquiesça.
« - Allez, dit-elle, t’en fais pas. Faut laisser passer. Les chagrins d’amour… y’a pas de remèdes. Seul le temps peut te guérir. »
J’hochai la tête. Elodie se leva et s’en alla, me laissant seule. Je soupirai. Je ne comprenais plus rien. En ce moment… tout allait de travers !
Quatre jours plus tard, ce fut à Elodie de vivre son énième chagrin d’amour. Elle avait vu Maxime le lundi et, le lendemain, elle s’enferma dans sa chambre et pleura toute la journée.
En fin d’après-midi, je lui rendis visite dans sa chambre.
« - Elodie ? »
Pas de réponse. Je soupirai. Je m’assis sur le lit à côté d’elle.
« - Qu’est-ce qui s’est passé ?
- J’ai été idiote.
- Comment ça ? »
Elle me regarda de ses yeux brouillés de larmes.
« - J’ai couché avec Max. »
Je poussai un long soupir d’exaspération.
« - Je t’ai pourtant dis de pas coucher avec lui le premier soir !
- Mais je l’aime !
- Menteuse ! tu le connais à peine !
- Mais je suis tombée amoureuse de lui quand même !
- Cœur d’artichaut ! »
Elle ne répondit pas. Je soupirai.
« - Bon, t’as couché avec lui. Et après ? il est où le problème ? il a pas voulu que vous sortiez ensemble ?
- Il est homo. »
Mon cœur s’arrêta de battre.
« - Quoi ?! m’écriai-je.
- Il est homo !! répéta-t-elle.
- Et pourquoi il t’a sautée s’il est homo ?!
- Le lendemain matin, il m’a tout avoué. Il s’intéressait à moi parce qu’on lui avait dit que j’étais une fille facile, et il voulait savoir ce que ça faisait de coucher avec une fille.
- Oh, putain… ! fis-je. T’es sûr que c’est pas une excuse bidon pour pas sortir avec toi ? »
Elle secoua la tête en signe négatif.
« - Tu t’es jamais demandé pourquoi il avait un piercing à la langue ?
- Oh, arrête… ! fis-je. Mais comment ça peut être possible ? un mec aussi canon… ça peut pas être homo !! c’est trop injuste !!!
- Pff. Tous les homos sont beaux, de toute manière. La vie est vraiment pas juste, des fois. »
Je lui adressai un sourire amusé.
« - Y’a rien de drôle à ce qui m’arrive ! s’exclama-t-elle.
- Arrêtes de voir ça du mauvais côté. Tu devrais plutôt être contente. Il est homo, mais t’as quand même réussit à coucher avec. C’est plutôt une réussite, non ?
- T’as raison ! s’exclama-t-elle. Je voyais pas les choses sous cet angle… oh, c’est décidé ! à partir d’aujourd’hui, moi, Elodie Slynner, jure de faire virer Maxime hétéro !!! »
Je poussai un long soupir d’exaspération. Ma sœur était vraiment un cas désespéré, des fois.
« - Et comment tu comptes t’y prendre, pour faire virer un homo hétéro ?
- Oh ! t’en fais pas. L’allumeuse que je suis y parviendra ! quand j’entre en mode femme fatale, aucun mec ne me résiste !
- Même un homo ? »
Mais elle ne m’écoutait pas. Elle était à fond dans son délire. J’abandonnai l’idée et poussai un long soupir. Au moins, j’avais réussi à lui rendre le moral. C’était mieux que rien.

J’aurai donné n’importe quoi pour être comme Elodie. Pouvoir me remettre aussi facilement, passer du rire aux larmes… enfin, il fallait avouer que la situation de ma sœur était plutôt comique. Et puis, mieux valait en rire qu’en pleurer.
Et pourtant… moi, j’aurai donné n’importe quoi pour pouvoir verser la moindre petite larme.
Je soupirai. Je me mutilai toujours, je ne pleurai toujours pas… au fond, en quoi ma rencontre avec Morgan avait changé quelque chose à ma vie ? à part me faire souffrir, il n’avait été capable de rien.
Non. J’étais injuste. Morgan avait peut-être déconné dernièrement, mais une simple erreur ne devait pas effacer de ma mémoire tout ce qu’il avait fait pour moi. Je devais le reconnaître : depuis que j’avais rencontré Morgan, je me sentais mieux, je me sentais moi. Je ne pouvais pas le nier. Morgan m’avait été plus que bénéfique.
Mais au fond, moi aussi, je lui avais apporté des choses, non ? d’habitude, je ne crois pas au destin. Mais là, on pourrait presque y penser. Morgan et moi souffrions tous les deux à l’intérieur, rongés par une douleur que nous seuls connaissions. Et puis, subitement, nous nous étions rencontrés, atténuant chacun la souffrance de l’autre.
Mais au fond de moi, j’avais du mal à accepter que Morgan se soit moqué de moi. La façon dont il s’était comporté, la façon dont il avait agi, et les paroles qu’il avait prononcées… j’avais vraiment du mal à croire que ce n’était que des mensonges. Il semblait tellement sincère…
Je secouai la tête. « Ça suffit, pensai-je. Tu t’es suffisamment fait du mal jusqu’à présent, Alex. » C’était inutile de retourner le couteau dans la plaie. Si j’espérai encore, j’allai de nouveau souffrir. Morgan et moi étions amis. Rien de plus. Je ne devais plus espérer la moindre réciprocité. Sinon, j’allais encore être malheureuse… et je ne le supporterai pas. Je ne le supporterai plus.

Lorsque le jour cruel de la rentrée arriva, je ne pouvais pas m’empêcher d’être un peu froide avec Morgan. C’était comme ça. J’étais rancunière. Ça me passerait…
Je restai collée à Yoann, chose que je n’avais pas faîte depuis longtemps, même quand on sortait ensemble.
Mais, durant le cours d’anglais, comme Morgan était derrière moi, il appuya son style sur moi pour me faire me retourner.
« - Quoi ? demandai-je froidement.
- Je pourrai te parler à la récré ? »
J’hésitai. J’avais du mal à penser à lui, ou à lui parler sans que ma boule de chagrin ne se fasse sentir. Mais bon. Je ne pouvais pas fuir éternellement.
« - Si tu veux. »
Morgan m’adressa un sourire chaleureux et soulagé. Il devait avoir peur que je lui en veuille… en réalité, je ne lui en voulais pas plus que ça. C’était juste que la pilule avait du mal à passer. Je n’aimais pas qu’on me mente, ou qu’on se moque de moi. Alors forcément…

A la récréation, Morgan m’entraîna sur le toit du lycée.
« - Qu’est-ce que tu veux ?
- Te parler.
- Ah ? et qu’est-ce que t’as à me dire ? »
Il haussa les épaules.
« - Rien de spécial. On peut pas se parler comme ça, juste pour le plaisir, comme avant ? »
Je ne répondis pas. Il soupira.
« - Tu m’avais promis que tu m’en voudrais pas…
- J’essaye. Mais j’ai du mal. J’ai du mal à comprendre. Tu m’as fait tout un charabia… tout ce que t’as dis, ça m’avait vraiment touchée, tu sais. Je le croyais vraiment, et je savais que t’es toujours très franc et direct d’habitude. J’y ai vraiment cru, moi. Tu avais l’air tellement sincère… moi, je t’ai cru. Je t’ai vraiment cru. Et ça me fait mal… de savoir que ce n’était que des mensonges, et que j’ai été idiote de te laisser m’embrasser. Et pourtant… j’arrive pas à t’en vouloir vraiment. En réalité… ça me rend juste triste. Je te croyais plus digne de moi. »
Il soupira.
« - Je t’avais prévenue, pourtant, dit-il.
- Même.
- Me laisse pas m’approcher de toi dans des situations pareilles, Alex. En amitié, je peux te rendre heureuse. En amour, je t’apporterai que du malheur.
- C’est injuste.
- Je te mérite pas. Tu me croyais digne de toi ? tu te trompais. Tu vaux mieux que ça, Alex. Tu vaux mieux que moi. »
Je baissai la tête.
« - Et si, moi, y’avait que toi que je voulais ?
- Alors tu souffriras. Quelque soit la situation… je te ferai du mal. C’est comme ça. Je me connais. Je suis incapable… de rendre une fille heureuse. Je finis toujours pas tout gâcher. En réalité, ma belle gueule, je la mérite pas. »
Je serrai les poings.
« - Et si ça m’était égal, de souffrir ? et si, tout ce que je désirais, c’était toi, sans me soucier du reste ?
- Alors tu serais égoïste.
- Moi ? égoïste ? non mais tu te fous de qui ?
- Pense à moi, Alex. Tu crois que ça m’enchanterai, de te voir malheureuse ? malheureuse à cause de moi ? je le supporterai pas.
- Et là, alors ?! je suis quoi, d’après toi ?! je suis malheureuse ! malheureuse à cause de toi !! je refuse de croire que tu es incapable de me rendre heureuse ! si on aime quelqu’un, si on l’aime vraiment de tout son cœur, alors on peut tout faire ! si t’es même pas capable de te contrôler pour la personne que t’aimes… alors, t’es pas humain, t’es un monstre !
- Et à ton avis, quelle image je peux bien avoir de moi quand je te vois comme ça ?
- Mais pourquoi tu t’entêtes comme ça, Morgan ?! pourquoi… est-ce que tu as si peur de tomber amoureux ?! »
Il baissa la tête.
« - Ça n’a rien à voir avec ça. La seule chose dont j’ai peur… c’est de te voir pleurer. En réalité, je redoute ce jour où tu pleureras à nouveau. Parce que je sais que je supporterai pas de te voir comme ça.
- Mais qu’est-ce que tu veux, exactement ?
- Que tu sois heureuse.
- Alors, dis-le moi clairement ! est-ce que tu m’aimes ou pas ?!
- Alex…
- Dis-le, Morgan !
- S’il te plaît…
- Je serais heureuse que si je suis fixée ! est-ce que tu m’aimes ou pas ?! »
Il inspira un grand coup, puis lâcha :
« - Non. »
Ce non-là fut le plus cruel à entendre de toute ma vie. Et pourtant, je ne pleurais toujours pas. C’était un non glacial, qui me sembla résonner dans le vent froid de l’hiver qui s’annonçait. Néanmoins, je parvins à regarder Morgan droit dans les yeux.
« - Merci, dis-je. »
Je lui adressai mon plus beau sourire, chaleureux et reconnaissant, puis tournai les talons et m’en allais sans demander mon reste. Morgan ne m’aimait pas. C’était peut-être douloureux à savoir, mais au moins, j’étais fixée.

Je me ruai aux toilettes où j’enfonçai rageusement la lame de mon ciseau dans mon bras. Je me tailladai jusqu’à ce que la sonnerie retentisse, annonçant la fin de la récréation. Je sortis des toilettes, passai mes bras sous l’eau pour les nettoyer, ainsi que mes ciseaux. Je cachai ces derniers dans ma poche, rabaissai mes manches, et repartis en cours. C’était ce soir que mes parents étaient convoqués chez le vice principal. Décidément, je n’avais vraiment pas de bol.
Lorsque j’arrivai dans la salle de classe, Morgan me dévisagea longuement. Il savait très bien ce que je venais de faire. Et il savait aussi que c’était à cause de lui. Et il était loin d’en être fier. Il me demanda s’il pouvait s’asseoir à côté de moi. J’acquiesçai pour toute réponse.
« - Je suis désolé, princesse.
- Désolé de quoi, s’il te plaît ? t’as le droit de pas être amoureux.
- J’aurai dû t’en empêcher. »
J’haussai les épaules.
« - J’avais besoin de le faire. Si tu m’en avais empêchée, je serais devenue folle. »
Il soupira.
« - Pardon.
- Arrête de t’excuser. Je t’ai dis que t’y pouvais rien.
- Mais tu m’en veux. Ça m’énerve. »
J’haussai les épaules.
« - Je vais t’en vouloir un moment, mais ça me passera. Je me connais. »
Il poussa un long soupir.
« - Un petit moment, alors, dit-il. »
Je souris.
« - Très petit, répondis-je. »
Il me rendit mon sourire.
« - Merci, princesse. »
J’hochai la tête.
« - Je mérite même pas que tu m’adresses la parole.
- Mais si… tu te fais du mal tout seul, là, Morgan. Abuse pas non plus. Et puis, c’était rien qu’un petit bisou de rien du tout…
- Avec la langue.
- Peut-être. Mais c’est pas comme si on avait couché ensemble. Là, je t’en aurai vraiment, vraiment voulu. »
Il sourit.
« - Tu te serais pas laissée sauter aussi facilement, princesse.
- J’avoue. Mais même. »
Il mit son bras autour de mes épaules et m’attira vers lui.
« - Je veux qu’on soit comme avant ! dit-il.
- Comme avant, répétai-je. »
C’est aussi ce que j’avais dis à Yoann.
Yoann…
Il était souriant et de très bonne humeur.
Cachait-il sa souffrance, ou était-il vraiment joyeux ?
Au fond, peut-être qu’une vérité cruelle rendait les gens plus heureux qu’un beau mensonge ?
Ou était-ce l’inverse ?
Je ne savais pas. Je ne comprenais pas.
A mes yeux, l’Etre Humain était la créature la plus complexe de cette planète.
Même moi, j’avais du mal à me comprendre, alors…
Durant tout le reste de la journée, je sentais bien que Morgan ne cessait de me coller, de me parler, de dire des âneries pour que je le remarque, il me suivait en espérant ne pas me perdre, et moi, je tentai de l’éviter à tous prix.
Je ne lui en voulais pas, mais j’avais du mal à le regarder sans sentir cette boule de chagrin dans ma gorge. Si encore j’avais pu pleurer, c’aurait été beaucoup plus simple. J’aurai pleuré un bon coup et ça serait passer.
Mais là, c’était une sensation désagréable. Comme un abcès qui grossit, grossit, grossit encore, mais qui jamais ne se crève.
Chaque fois que je le regardais, je n’avais qu’une envie : courir m’enfermer aux toilettes pour me déchiqueter les bras. Mais je ne le faisais pas, je tentai de me contrôler, aussi difficile que ce fusse.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VII, Le Poids du Coeur   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:45

C’est en me baladant dans les couloirs du lycée que je trouvai Elodie et Cathy… en train de fumer ! j’en fus choquée.
« - E… ELODIE ! hurlai-je. »
Celle-ci cracha immédiatement sa clope et la cacha derrière son dos, comme si c’était utile.
« - A… Alex ! fit-elle avec un sourire gêné. Ça alors ! tu n’es pas avec Yoann, ou Morgan ?
- Essayes pas de changer de sujet ! répondis-je en croisant les bras. Je peux savoir pourquoi tu fumes, alors qu’on s’était juré de jamais fumer ?!
- C’est que, tu comprends, pour se remettre de ses émotions, une petite clope, ça fait pas de mal. »
Je levai les yeux au ciel.
« - Sale… mouton, va !
- Mouton ?
- Oui ! les moutons, ils prennent jamais de décision, ils n’ont jamais de point de vu, et les seules choses qu’ils font, il le font parce que les autres le font ! la mode dit qu’il faut porter des jupes ? tu portes des jupes ! les autres filles se maquillent ? tu te maquilles ! tes copines sont déjà passées à la casserole ? tu passes à la casserole ! les autres fument ? tu fumes ! tu es un mouton, Elodie ! Un mou-ton ! »
Elle haussa les épaules.
« - Et alors ? je fais bien ce que je veux. Si ne pas faire comme les autres signifie devenir comme toi, alors je préfère être un mouton. »
Je levai les yeux au ciel.
« - Bon, et alors ? je t’ai vu avec Maxime. Vous avez parlé ?
- J’ai fais comme si j’étais fâchée après lui, et il est venu me lécher les pieds. Il m’a dit qu’il était désolé de m’avoir menti, et d’avoir profité de moi. Il m’a dit aussi qu’il voulait qu’on reste amis parce qu’il m’aimait bien. J’ai accepté, bien sûr.
- Bien sûr…, répéta Cathy.
- Et t’en es où, dans ton plan virage hétéro ?
- Chaque chose en son temps, chère sœur, me répondit-elle. »
Je soupirai.
« - Tu veux mon avis ? faire virer ce mec hétéro va te prendre des années, peut-être n’y parviendras-tu même jamais ! alors, crois-moi, t’auras eu vite fait de te désintéresser de lui et de passer à autre chose !
- On verra bien, me répondit-elle. Maxime est vraiment beau, tu sais.
- Et alors ?! c’est pas parce qu’il est beau que ça le rend intéressant ! il s’est bien foutu de ta gueule, il t’a baisée dans les deux sens, si tu veux mon avis ! je suis sûre que c’est Nelly qui lui a dit que t’étais une fille facile ! et toi, tu restes amie avec cet enfoiré ? non mais t’es sûre d’être ma sœur ?!
- Et toi, alors ?! Morgan s’est pas foutu de ta gueule, peut-être ? et pourtant, tu restes bien amie avec lui, non ?
- Mais j’ai pas couché avec lui, moi !
- J’en ai rien à faire ! ça revient au même ! et puis, si tu veux savoir, je regrette même pas d’avoir couché avec lui, parce que j’ai bien pris mon pied, figure-toi ! »
Je poussai un long soupir.
« - Oh, et puis, fais comme tu veux, dis-je, las. »

Le soir arriva plus tôt que je ne l’aurai voulu. Et à 18h, alors que tout le monde rentrait chez lui, je dus rester, assise devant la porte fermée du bureau du vice principal, attendant que mes parents se pointent.
Ils arrivèrent à 18h15. Le vice principal nous fit entrer dans son bureau, où il y avait trois chaises déjà prêtes à nous recevoir. L’Uranien s’installa en face de nous et nous dévisagea avec un grand sourire.
Sadique ! songeai-je.
« - Et bien, dit-il, Madame Chlynner, Monchieur Chlynner, chère Alekchia, z’est un plaizir de vous rechevoir.
- Euh…, fit ma mère. Nous de même, monsieur…
- Enchanté, dit mon père, blasé. »
Je sentis les regards de ces trois vieux chnoques se tourner vers moi. Je restai silencieuse quelques instants, puis finissait par lâcher, à contrecoeur :
« - ‘Jour. »
Le vice principal sourit.
« - Bien, dit-il. Comme vous le chavez, nous zommes izi pour parler de votre fille Alekchia. Mais chavez-vous ekjactement che qui z’est pazé durant le cours d’hichtoire ?
- Oui, répondit ma mère, Alexia nous a raconté qu’elle a sauté sur le beau… hum, sur Morgan, et qu’elle l’avait… disons…
- Traité avec peu de douzeur, acheva le vice principal.
- Voilà. Exactement. »
Il poussa un long soupir.
« - Ze vous avouerai que, de toute ma carrière, ze n’ai pratiquement zamais été confronté à che genre de problèmch. Z’est achez embarazant pour notre établizement. D’autant pluch que votre fille a innochenté le zeune Hawkinch et, par conchéquent, chela signifie qu’elle a agit zans la moindre raizon valable.
- Quelle sera sa punition ? demanda mon père.
- Et bien, ze dirai que zi elle accepte de coopérer et de nous dire ze qu’il z’est paché exactement, elle z’en tirera indemne.
- En gros, vous voulez que je balance Morgan ? dis-je.
- Et bien, nous z’aimerions comprendre vos raizons, mademoizelle.
- C’était rien du tout ! fis-je. Pas de quoi en faire un plat ! je me suis emportée pour rien du tout ! je me suis excusée auprès de Morgan et tout va très bien ! la preuve : nous sommes toujours amis. C’est vous qui en faîtes toute une histoire.
- Alekchia, me dit l’autre. Il faut que vous comprenaich… quoique l’on puize vous dire ou vous faire, vos conflits, il faut les régler en dehors du lyzée. Et zûr’ment pas en plein milieu du cours d’Hichtoire. »
Je levai les yeux au ciel. On prétendait que les ados étaient têtus, mais les adultes, eux, étaient bornés.
« - Laissez tomber…, lâchai-je. »
Le vice principal poussa un long soupir.
« - Bon, dit-il, peu importe. Ze suppose que vous avaich compris votre erreur et que vous ne recommenceraich plou ?
- Ouais.
- Bon. Alors, cha ira pour zette fois.
- Sérieux ?
- Elle ne sera pas châtiée ? s’indigna mon père.
- Pour cette fois, précisa l’autre. »
Ma mère sourit, soulagée.
« - Merci, monsieur, dit-elle.
- Ouf…, soupirai-je. »

Le silence régnait dans la voiture.
« - Je…, commençai-je.
- Tais-toi ! aboya mon père. »
Il se sentait roulé du fait que je n’avais pas été punie.
Cher ! pensai-je.
« - Saches que tu t’en tires bien, continua-t-il. Pour cette fois. Mais au prochain dérapage…
- Oui, oui, répondis-je vaguement. »
A peine arrivée, j’eus tout juste le temps de me vautrer sur mon lit qu’Elodie débarquait dans ma chambre, le téléphone à la main.
« - Morgan ! annonça-t-elle. »
Je soupirai puis tendis la main, où elle mit le combiné.
« - Allô ? lâchai-je.
- Alex ?
- Ouais.
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Comment ça s’est passé, avec le vice principal ?
- J’ai rien eus.
- Sérieux ?!
- Ouais. Il m’a dit que ça passait… pour cette fois.
- Cool !
- T’inquiètes pas. J’ai rien dit sur toi.
- Merci, princesse… je sais pas ce que j’aurai fais, sinon. Revoir mon père… je crois que ça m’aurait tué. Mais si t’avais été punie à cause de moi… ça m’aurait tué aussi.
- C’est pas ta faute. Du moins, pas entièrement. »
Il ne répondit pas tout de suite.
« - Je suis quand même désolé, dit-il. »
Je souris.
« - T’as pas à l’être.
- Bien sûr que si.
- Et pourquoi ?
- Parce que j’assure pas, avec toi. Pour beaucoup de choses. Pour trop de choses…
- C’est rien.
- Non, c’est pas « rien »… je t’ai fais du mal alors que je t’avais promis de t’aider.
- C’est oublié, je t’ais dit !
- Menteuse. T’as dit ça, mais tu m’en veux quand même.
- Mais non. Je suis un peu triste, mais c’est normal.
- J’aime pas te voir triste.
- Ça va passer. T’inquiètes pas pour moi…
- C’est un peu dur. »
Je souris.
« - T’en fais pas…, murmurai-je. Je t’assure que je vais bien. Je survivrai.
- Tout sera toujours comme avant ? on s’entendra… toujours de la même manière ?
- Bien sûr… !
- Promis ?
- Promis. »

Lorsque je raccrochai, une étrange sensation s’empara de moi. Je me sentais triste. Vraiment triste. Juste triste…
C’était cela qu’on appelait « le mal d’amour » ou un « chagrin d’amour » ? Si on résumait la situation, on pourrait se croire dans un roman à l’eau de rose : Yoann était amoureux de moi, mais je ne l’aimais pas ; j’aimais Morgan qui, lui, ne m’aimait pas.
Pourquoi la vie était-elle si injuste… ? pourquoi avais-je été incapable de tomber amoureuse de Yoann ? pourquoi l’amour était-il un sentiment si illogique ? c’était déprimant…
Je poussai un long soupir. J’avais menti à Morgan. J’étais terriblement triste. Une tristesse insupportable… si insupportable que j’ignorai si j’allais en survivre. Mourir d’amour… c’était stupide. Moi qui avais toujours refusé ce sentiment, voilà qu’il me tombait dessus, comme ça, soudainement… comme quoi, la vie ne se déroule pas toujours comme on le désire.
Allongée sur mon lit, je fermai les yeux et tentai de mettre de l’ordre dans mes pensées. La déclaration (mensongère ?) de Morgan, notre baiser, ma rupture avec Yoann, ma « réconciliation » avec Morgan… tout cela s’était déroulé si vite… ! je n’avais même pas eut le temps de tout me récapituler.
Malgré tout, je trouvai vraiment étrange la réaction de Morgan. Il m’avait fait une déclaration, non ? j’étais persuadée que c’en était une. Qu’est-ce que ça pouvait être d’autre ? la façon qu’il avait eut d’exprimer ses sentiments… ce qu’il avait dit, c’était ça, être amoureux. Mais il prétendait avoir menti. Pourtant, il paraissait tellement sincère.
Je secouai la tête. « Arrêtes, Alex…, pensai-je. Tu te fais du mal ». J’essayai sûrement de me voiler la face, comme j’avais toujours su le faire. Je souffrais tellement de cette situation que je tentais de me persuader que la seule fois où Morgan m’avait menti, c’était lorsqu’il avait prétendu s’être moqué de moi.
Mais non. C’était moi qui mentais. Je me mentais à moi-même. Morgan avait dit clairement les choses. « Non ». Il ne m’aimait pas. Point barre.
Pourquoi fallait-il encore que j’essaye de me persuader du contraire ? étais-je masochiste à ce point, pour me mettre à remuer le couteau dans la plaie de cette manière ?

Le lendemain, arrivée en cours, j’avais une tête de déterrée. Je n’avais rien dormis de la nuit, et d’énormes cernes s’étaient formées sous mes yeux.
Morgan comprit que quelque chose n’allait pas.
« - Salut, princesse, me dit-il.
- Ça va pas ? demanda Yoann.
- Pourquoi ça irait pas ? fis-je.
- T’as pas dormi, cette nuit, ou quoi ? ajouta Jason.
- Je sais pas. Peut-être. Mais pas beaucoup.
- Quelque chose te préoccupait, peut-être ? fit Morgan. »
Mes yeux croisèrent les siens, mais je détournai vite le regard.
« - Non. J’avais la conscience tout ce qu’il y a de plus tranquille…, mentis-je.
- Bien sûr. C’est l’évidence même, ironisa-t-il. »
Je lui jetai un regard noir.
« - Salut, les gens ! »
La voix joyeuse de Cathy interrompit cette discussion glaciale.
« - Ouh, la ! vous en faîtes, des têtes ! y’a eut un mort, ou quoi ? fit-elle, tout sourire. Bon, peu importe. J’ai une bonne nouvelle, figurez-vous ! mon club de danse organise un gala samedi prochain. Et j’ai réussi à vous obtenir des places gratoss’ ! c’est pas cool ?
- Woha, fit Yoann, sur un ton loin d’être enthousiaste.
- Super…, ajouta Jason.
- Génial…, enchéris-je. »
Elle fronça les sourcils.
« - Vous insinuez que mon gala de danse est nul ? dit-elle.
- Oh, non, dit Yoann.
- On oserait pas, ajouta Jason.
- On est pas comme ça, surenchéris-je. »
Elle poussa un long soupir d’exaspération.
« - Vous êtes pas sympas. Si le spectacle de l’année dernière vous a déplu, vous auriez pu me le dire ! j’ai vraiment fait chier mon monde pour obtenir ces places gratuites ! vous auriez pu me le dire avant, que ça vous emballait pas !
- Te fâches pas ! dit Yoann.
- Mais oui, on va venir ! fit Jason.
- Et puis, le spectacle de l’année dernière était pas si nul que ça ! remarquai-je. »
Tous me lancèrent des regards glacés.
« - Ben quoi ? fis-je. Qu’est-ce que j’ai dit ?
- Laisse tomber…, soupira Yoann, blasé.
- Bon, alors, vous allez venir, ou pas ? interrogea Cathy.
- Ouais, nous répondîmes, tous très emballés. »
Un grand sourire se dessina sur les lèvres de Cathy.
« - Cool, alors ! fit-elle. »
Et, toute heureuse, elle nous distribua les places. Elle se tourna vers Morgan.
« - Toi aussi, t’es intéressé ? demanda-t-elle.
- Y’aura des jolies filles ?
- Oui.
- Alors je suis partant ! ».
Elle lui donna sa place.
« - Bon, fit-elle. Je vais trouver Elodie. Vous savez pas où elle est ?
- Avec Maxime, sûrement, répondis-je.
- Cool ! je vais demander à Maxime s’il veut venir ! ça leur fera une sortie !
- Tu parles, dit Morgan. Il va passer son temps à me relooker moi plutôt qu’elle, si tu veux mon avis.
- Ouais, ajouta Jason. J’ai pas envie de me traîner un pédé dans le groupe.
- Pourquoi ça ? demandai-je.
- Parce que, rétorqua Morgan. T’imagines que j’ai passé plein de temps seul avec ce type ? et, comme ça, soudainement, j’apprends qu’il est homo ! c’est flippant ! vas savoir à quoi il pensait, quand on était ensemble !
- Pff… t’es bête.
- Je sais, princesse ! répondit-il. Tu me l’as déjà dit ! »
Pour toute réponse, je lui tirai la langue. Morgan sourit. Et je réalisai alors qu’on était bel et bien « comme avant ». Et cela me rassura.
Nous commencions avec Histoire. Sachant que c’était un cours où nous pouvions parler autant que nous voulions, Morgan s’installa à côté de moi.
« - Ça va, princesse ?
- Oui, oui, répondis-je. »
Il s’assit et posa les yeux sur mes bras.
« - Tu l’as fait, pas vrai ?
- Hein ?
- Hier soir, quand j’ai raccroché. Tu t’es mutilée, pas vrai ? »
Je ne répondis pas.
« - Tu peux me le dire, Alex, continua-t-il. Je vais pas t’engueuler… j’ai aucune raison de le faire… puisque je sais que t’es malheureuse à cause de moi. »
Je soupirai. Je gardai mes yeux fixés sur ma trousse, n’osant pas tourner la tête. J’avais bien trop peur de tomber nez à nez avec Morgan. Je savais que mes yeux se perdraient dans l’océan bleu des siens, et que cela me déconcerterait.
Il poussa un long soupir puis passa son bras derrière mes épaules, m’attira vers lui pour m’embrasser le crâne.
« - Restes pas muette, murmura-t-il dans mon oreille. S’il te plaît… »
Je me mordis la lèvre inférieure puis me décidai à tourner la tête vers lui.
« - C’est vrai, répondis-je. T’as raison. Je me suis mutilée après avoir raccroché. Et toi, Morgan ?
- Quoi, moi ?
- Toi aussi, t’as déconné, pas vrai ? »
Il ne répondit pas tout de suite, puis poussa un long soupir.
« - T’as raison, avoua-t-il. J’me suis piqué. »
J’eus un faible sourire.
« - Regardes-nous, dit-il. Un drogué, une mutilée… on forme une belle paire de cas sociaux, pas vrai ?
- Ouais. »
Je souris.
« - Mais on ne se serait jamais entendus aussi bien si ça avait pas été le cas, dis-je. Comme quoi, même dans le malheur, on peut trouver du bonheur.
- Ouais. ‘Faut voir les points positifs, pas vrai ?
- Si on le faisait pas, on tiendrait pas longtemps dans ce triste monde.
- J’avoue. »
Il sourit.
« - Tu me montreras les dégâts, tout à l’heure, dit-il.
- Si t’y tiens…, soupirai-je.
- J’y tiens.
- D’accord… mais alors toi aussi.
- Ok, princesse. »


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VII, Le Poids du Coeur   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:46

« - Ah ouais, en effet, c’est pas joli-joli. »
Nous nous étions éclipsés sur le toit du lycée et Morgan inspectait mes bras.
Je soupirai.
« - Je suis nulle…, murmurai-je.
- Mais non, répondit Morgan. »
Il me caressa le front.
« - T’es pas nulle. C’est moi qui le suis. Plutôt que de t’aider, comme je l’avais promis… j’ai fait qu’empirer les choses. »
Je baissai les yeux. Je ne pouvais pas le contredire…
« - Pardon, continua-t-il.
- Arrêtes de t’excuser. Je t’ai dit que c’était pas si grave…
- Menteuse !
- Bourreau des cœurs !! »
Il sourit.
« - Je voulais pas briser le tiens. »
Je poussai un long soupir puis le pris dans mes bras.
« - Ça va, dis-je. Ça ira.
- T’es sûre ? »
Ma tête appuyée contre son torse, je sentis mon cœur s’emballer. Non. Rien n’irait jamais plus. Je le voulais. Je ne voulais que lui. Mais je ne pourrai jamais l’avoir…
Il me prit à son tour dans ses bras, caressant mes cheveux. Je frissonnai.
« - T’es vraiment sûre, Alex ? insista-t-il.
- Et toi, Morgan ? t’en es vraiment sûr ?
- De quoi ?
- De ne pas m’aimer ? »
Il ne répondit pas.
« - Il n’y a vraiment aucune chance ? continuai-je. »
Comme il ne répondait toujours pas, j’insistai :
« - N’ais pas peur de répondre, Morgan.
- Mais je veux pas que tu souffres…
- Je préfère souffrir un bon coup maintenant plutôt que de souffrir pendant des jours à me poser des questions. Tu n’es pas clair, Morgan. Tu m’as fait tout un discours, l’autre jour, limite une déclaration ! et tu paraissais si sincère… j’ai du mal à croire que c’était des mensonges, maintenant. »
Il soupira.
« - La réalité, c’est que j’en sais rien. J’ai pas envie de tomber amoureux. T’as peut-être raison. Peut-être que ça me fait peur. Je t’adore, et je tiens vraiment à toi, princesse. Mais est-ce que c’est de l’amour ? je sais pas. J’ai pas envie que tu souffres, que tu crois que je t’aime alors que c’est pas le cas… tu m’es trop précieuse. Je veux être sûr de t’aimer avant de tenter quoique ce soit. »
Je m’écartai de lui, le regardant avec des yeux écarquillés.
« - Alors, je n’aurai pas de réponse ? dis-je.
- Pas aujourd’hui. Désolé, princesse. »
Je soupirai.
« - Alors je vais continuer à me poser des questions… tu sais ce que tu fais, là, Morgan ? tu me donnes de l’espoir. Une raison d’espérer…
- Et alors ? c’est pas bien ?
- Non, c’est pas bien. Parce que si ce sont de faux espoirs, ça va me rendre malheureuse ! si je continue de me dire que j’ai peut-être une chance, et que finalement tu m’annonces que tu m’aimeras jamais, alors je vais souffrir encore plus ! s’il te plaît, Morgan, ne fais pas de détour ! dis-moi clairement les choses, une fois pour toute ! je veux savoir : est-ce que tu m’aimes ?! réponds-moi oui ou non, maintenant, tout de suite !
- Tu peux pas attendre encore un peu… ?
- Non, je peux pas ! si tu me fais attendre encore… je vais devenir folle !
- Et bien, non, voilà ! je t’aime pas, et je t’aimerai jamais ! t’es contente ? c’est ce que tu voulais entendre ?! ça t’a rendue heureuse ?! »
Je restai silencieuse. Une boule de chagrin s’était formée dans ma gorge.
« - C’est toujours mieux qu’un Je sais pas, murmurai-je.
- Si tu le dis. »
Je levai les yeux vers lui. Il fallait que je le lui dise. J’étais peut-être égoïste, mais je ne pourrai pas supporter de ne pas le dire.
« - Moi, je t’aime. »
Il m’adressa un sourire triste, gêné, qui me déchira le cœur.
« - J’aurai aimé pouvoir te répondre moi aussi, princesse. Je te jure… »
J’hochai la tête, regardant mes pieds pour ne pas affronter son regard bleu.
« - Je le sais bien. Mais les choses… ne se déroulent pas toujours comme on le souhaiterait, pas vrai ? moi, c’était pareil… avec Yoann. J’aurai voulu… être amoureuse de lui… j’ai essayé de l’aimer, mais… il n’y a rien à faire… on ne contrôle pas notre cœur ! »
Il soupira.
« - Je veux pas te rendre malheureuse… »
Je levai les yeux vers lui.
« - T’en fais pas. Tout ira bien pour moi. »
Je lui adressai mon plus grand sourire.
« - Merci pour ta franchise, Morgan. »
J’inclinai la tête, puis commençait à m’en aller.
« - Attends ! où tu vas ? »
Je me retournai.
« - En cours, pardi. T’en fais pas, je vais pas aux chiottes. »
Il poussa un long soupir de soulagement.
« - Ouf. J’ai eus peur. »
J’eus un faible sourire. Il passa son bras autour de mes épaules et m’attira vers lui. Je jouais le jeu et posai ma tête sur son épaule.
Puis il demanda :
« - Tu dors chez moi, ce soir ? »
C’était une question à laquelle il connaissait déjà la réponse. C’était oui.


« - C’est vraiment si nul que ça, le gala de danse de Cat ? » me demanda Morgan.
Nous étions installés dans son salon, assis chacun à une extrémité du fauteuil, en train de jouer à la Playstation, et Morgan m’avait balancé ça, comme ça, soudainement. Je le regardai bizarrement.
« - Pourquoi tu me parles de ça ? demandai-je. »
- Parce que je viens juste d’y penser. »
J’haussai les épaules.
« - Bof… c’est un gala de danse, quoi. Perso, ça m’a jamais enchantée. Je me suis toujours fait chier comme pas possible.
- Mais cette année, tu t’y feras pas chier.
- Et qu’est-ce que t’en sais, d’abord ?
- Je serai là. »
Je me figeai.
« - Tu… vas y aller ?
- Ben ouais, Cat m’a donné une place !
- Ah, oui, même que tu lui as demandé si y’aurait des jolies filles avant d’accepter. Toi, alors… »
Il sourit.
« - Tu te feras pas chier, cette année. On va faire rien que des conneries.
- Quoi ?!
- Ben ouais ! on va aller mater les nanas dans les vestiaires, on va planquer les tenues, on va rayer les CD… ça va être cool !!
- Abruti ! j’ai pas l’intention de gâcher le spectacle de Cathy !
- Justement !
- Quoi, justement ?
- On va faire en sorte que personne d’autre ne puisse faire son numéro. Comme ça, on aura que Cathy, et le gala dura dix fois moins longtemps !
- T’es vraiment trop con, toi ! et puis, les jolies filles, t’en fais quoi ?
- Je t’ai dis que j’allais les mater dans le vestiaire… et puis, j’ai pas besoin de jolies filles. Puisque j’ai déjà la plus belle de toutes à côté de moi. »
Sur ce, il mit son bras autour de mon cou et m’embrassa la joue.
« - Dégages ! aboyai-je. »
Je le repoussai en lui donnant un coup de pied. Il s’écarta de moi en riant.
« - T’es con ! criai-je, furieuse.
- Oh la la ! t’énerves pas pour ça, princesse !
- Pff… tu m’énerves ! »
Sur ce, je me levai du fauteuil et marchai d’un pas rapide en direction des toilettes.
« - Oh, Alex ! fit-il. »
Il se leva à son tour et me rattrapa, saisissant mon bras.
« - Te fâches pas !
- Lâches-moi ! »
Je tentai de le repousser mais il resserra son étreinte.
« - Pourquoi t’es aussi susceptible ?! t’es chiante, à la fin ! on peut même pas déconner !
- J’aurai pas dû accepter de dormir chez toi ! rétorquai-je.
- Alex…, soupira-t-il.
- Non. Y’a pas de Alex qui tienne, Morgan ! pourquoi tu te comportes toujours comme ça ?
- Je plaisantai.
- Ça me fait pas rire !
- T’es bien une fille, toi ! tu fais des histoires pour rien !
- Pour rien ? pour rien ? t’es un qu’un sale égoïste ! tu sais très bien ce que je ressens pour toi, et tu te comportes de cette manière… tu t’es pas dit, ne serait-ce qu’une seconde, que ça pouvait me mettre mal à l’aise ou me rendre triste ?!
- Non. J’y ai pas pensé.
- Et bien tu aurais dû !
- Ça va, chuis désolé ! te mets pas dans tous tes états pour des trucs aussi insignifiants, Alex !
- C’est peut-être insignifiant pour toi, mais ça l’est pas pour moi !
- Pardon. Te vexes pas. S’il te plaît. »
Il me scruta de son regard bleu, me suppliant du regard. Perdue, je mis la main sur mon front et poussai un long soupir.
« - J’aurai pas dû accepter de dormir chez toi, répétai-je.
- Pourquoi ?! Alex…
- Non. Tais-toi, Morgan. Tais-toi. »
Il me scruta du regard une nouvelle fois, toujours aussi suppliant.
« - Je veux pas que tu partes…, souffla-t-il. S’il te plaît…
- Je suis pas prête.
- Prête à quoi ?
- A jouer la comédie. A faire comme si de rien n’était, tout ça… non. J’ai pas envie. J’ai pas envie. Vraiment… je me suis suffisamment voilée la face jusqu’à présent, avec Yoann… j’ai pas envie de faire pareil pour toi. J’ai pas envie. Je suis pas prête à tourner la page. J’ai pas envie de t’oublier. J’ai pas envie de me résigner à… ne pas t’aimer. Je peux pas. Pas maintenant. J’ai pas envie de jouer ton jeu, Morgan. Parce que je sais ce que tu aimerais… tu voudrais que je ferme les yeux, et que je fasse comme si de rien n’était. Que je mette à l’écart mes sentiments, que j’agisse en bonne copine comme je l’ai toujours fait, comme si je t’aimais pas, comme si je t’avais jamais aimé, comme si tu l’ignorais, comme si on s’était jamais embrassé… non, je veux pas. Je veux pas faire semblant. Je veux pas être lâche… je l’ai déjà été, avec Yoann. Je veux pas me sentir aussi nulle qu’à ce moment-là… plus jamais je ne me voilerai la face. C’est ce que je me suis juré. Désolée, Morgan. »
Je baissai les yeux. Morgan relâcha mon bras. Après quelques instants, je tournai les talons, enfilai mes chaussures et claquai la porte d’entrée…
Une fois dans le bus, je songeai à tout ça et je ne savais pas quoi penser. Morgan m’échappait complètement. Ces derniers temps, il ne faisait que m’énerver, m’exaspérer, m’agacer… pourquoi étais-je si remuée ? depuis quand étais-je devenue comme ça ? je ne faisais pas des histoires pour rien, d’habitude. Pas comme les autres filles… alors pourquoi ? pourquoi étais-je si irritable ? je ne me reconnaissais plus.
Et Morgan… je ne le comprenais plus. Il fut un temps où nous nous étions véritablement rapprochés, et où j’avais le sentiment de connaître tout de lui, sans qu’il ne puisse rien me cacher. Mais à présent…
Je ne demandai pas à ce qu’il tombe amoureux de moi : j’aurai juste voulu un peu d’intention de sa part. Etre « quelqu’un » à ses yeux. Ne pas être juste une fille comme les autres… j’aurai voulu représenter quelque chose à ses yeux, j’aurai voulu qu’il s’inquiète pour moi, j’aurai voulu lui être précieuse… était-ce trop demander ?
Si seulement j’avais pu pleurer… j’aurai pu lui montrer ma tristesse, le faire culpabiliser, faire en sorte qu’il se sente coupable… mais non. Même dans une situation pareille, où ma tristesse avant atteint un sommet inégalable, je ne parvenais pas à pleurer. Que fallait-il que je fasse, alors ?
Si seulement… le prof n’avait pas assit Morgan à côté de moi le premier jour… nous n’en serions pas là. Car je n’étais pas idiote ; je savais bien que si le prof ne lui avait jamais demandé de s’asseoir à côté de moi, Morgan ne se serait jamais intéressé à moi. J’avais toujours béni le prof pour cela. Mais maintenant… maintenant, je regrettai. J’aurai préféré ne jamais avoir rencontré Morgan. J’aurai préféré… ne jamais tomber amoureuse.
Mon portable vibra, interrompant mes pensées. Je le sortis de ma poche. C’était Morgan. Je songeai tout d’abord à appuyer sur la touche rouge et à le remettre dans ma poche… mais, finalement, je décrochai.
« - Allô ? fis-je d’une petite voix.
- Je suis désolé, princesse. »
Je soupirai.
« - Tu boudes ?
- Mais non ! quand est-ce que tu vas comprendre que je suis incapable de t’en vouloir ?
- Je suis vraiment désolé. Je voulais pas te mettre en colère.
- T’en fais pas… j’ai juste besoin de… m’éloigner de toi quelques temps.
- Et si je voulais pas que tu t’éloignes de moi ?
- Alors tu serais égoïste.
- Je comprends plus rien à ce qu’il se passe, princesse. On passe notre temps à nous prendre la tête pour des trucs… complètement débiles ! je comprends pas… tu m’avais pourtant juré de ne jamais tomber amoureuse de moi… pourquoi tu t’en es pas tenue à ça ?
- Si tu crois que c’est facile ! si tu crois que j’ai pas essayé ! à ce moment-là, je pensai vraiment que ça n’arriverait pas ! mais maintenant… maintenant… j’y arrive pas. J’ai essayé de tomber amoureuse de Yoann, de me persuader que c’était lui que j’aimais et pas toi, mais ça n’a fait que me faire souffrir davantage ! tu vois… moi, je m’étais juré de jamais tomber amoureuse. Mais t’as débarqué, comme ça, dans ma vie… et t’as tout fait chambouler.
- T’es bien une fille, toi.
- Evidemment que je suis une fille ! tu l’avais pas compris encore ?!
- Tu te caches sous tes airs fiers, tu fais ton garçon manqué, mais en réalité, t’es comme toutes les autres filles, et t’attends qu’une chose : tomber amoureuse d’un mec qui t’aimerait en retour, et qui saches prendre soin de toi, te prendre dans ses bras… à ton âge, Alex, tu devrais savoir que le prince charmant n’existe pas.
- Je le sais très bien !!
- Tu le sais, mais tu espères toujours. Mais moi, je suis pas un prince charmant. Toi, t’es une fille géniale, gentille, adorable… tu mérites pas un mec comme moi. Crois-moi. Moi… je suis pas gentil. Je sais pas prendre soin des gens. T’es une fille fragile, il faut être prudent avec toi… et moi, je suis pas comme ça. Tu mérites un mec attentionné, et moi, je suis égoïste. Je sais bien ce que tu ressens pour moi, mais il a fallut que j’en fasse qu’à ma tête, une fois de plus. Et, tu sais ce que c’est le pire, dans tout ça ? c’est que je me casse le cul à te faire un joli discours pour te faire comprendre que je te mérite pas, mais je sais pertinemment que si tu venais à m’oublier et à tomber amoureuse d’un autre mec… je serai jaloux, j’aurai envie de le buter pour t’avoir rien qu’à moi. Je t’ai poussé dans les bras de Yoann, et je t’ai arraché à lui. Je suis jaloux, jaloux et possessif.
- Tu dis n’importe quoi…, soupirai-je.
- Non. Moi, je suis pas le mec qu’il te faut.
- Bien sûr que si !
- Bien sûr que non !
- Mais il doit bien y avoir une raison pour laquelle mon cœur t’ait choisi, Morgan !
- Franchement, j’ai beau chercher, je vois pas. Les cœurs des filles qui m’ont choisi jusqu’à présent devaient juste être un peu tarés. Je suis incapable de prendre soin d’une nana, je finis toujours par tout gâcher. Moi, je suis comme un animal : dès qu’on me laisse seul et qu’on me surveille pas, je fais rien que des conneries. J’essaye de me cacher sous des allures de grands, je veux me persuader d’être adulte, mais c’est pas le cas. Tu crois que, parce que j’ai fugué de chez moi il y a quatre ans et que j’y suis jamais retourné, ça fait de moi quelqu’un de responsable ? bien sûr que non. C’est même tout le contraire. J’essaye de faire croire aux autres que je suis toujours sûr de moi, que je sais plus de choses que tout le monde sous prétexte que la vie a pas été juste avec moi… mais c’est pas le cas. C’est pas parce que j’ai souffert que ça fait de moi quelqu’un de sage. En réalité, j’essaye juste d’attirer la pitié des autres sur moi. Je suis pitoyable. Je me déteste, à un point que tu t’imagines même pas… alors comment est-ce que je pourrai accepter que quelqu’un m’aime, si moi-même je m’aime pas ? ça me paraît… impossible.
- Pourtant, moi, je t’aime…, soufflai-je.
- Et je t’en remercie, princesse. Ça me fait chaud au cœur. Même si je reste persuadé que je mérite pas l’amour d’une fille aussi géniale que toi.
- Tu m’énerves… ça m’est égal, que tu puisses penser que je te mérite ou non ! moi, je te veux ! et si je suis amoureuse de toi, c’est de toi tout entier ! tes qualités comme tes défauts !! si tu crois que ça peut me faire quelque chose, de savoir que t’es pitoyable ou quoique ce soit d’autre… tu peux être le pire des enfoirés, ça changera jamais rien à mes sentiments pour toi !
- Je m’en doute bien, Alex. Mais je veux pas que tu souffres.
- Mais… t’es complètement stupide ! tu crois que je souffre pas, là, à t’entendre me raconter des trucs pareils ? »
Je l’entendis soupirer.
« - Crois-moi… c’est mieux comme ça. Désolé, princesse. »
Sur ce, il raccrocha. Et moi, je me sentis plus triste que jamais…


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VIII, La Neige sème l'Espoir   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:51

Chapitre VIII
La Neige sème l’Espoir



Je poussai un long soupir d’exaspération, me cachant derrière mon bouquin. Nous étions en décembre, à deux semaines près des vacances de Noël, et ces enfoirés de profs nous avaient mis le premier bac blanc la semaine suivante. Je tentai de comprendre et de réviser les maths, mais, impossible. Je ne comprenais que dalle et, de plus, je ne cessai de penser à Morgan. J’avais été malade, et ça faisait une semaine que je ne l’avais pas vu. Il avait beaucoup à faire, entre son boulot au McDo et ses révisions. Et puis, il ne fallait pas oublier ses pétasses d’un soir et son dealer de drogues. Il m’énervait.
Bon, il fallait avouer qu’il m’avait quand même appelée une heure tous les soirs… mais ça ne me suffisait pas. Yoann était venu me voir, lui. Au moins une fois. J’avais besoin de Morgan. C’était impressionnant de voir à quel point j’avais besoin de lui, de le sentir près de moi… j’étais réellement devenue dépendante de lui. C’était effrayant.
D’ailleurs, maintenant que j’y pensais : Morgan était un bon élève. Il était très doué en maths et en anglais, notamment. Enfin, il fallait avouer que le fait d’avoir redoublé sa première lui était plus ou moins utile. Je me levais soudainement, attrapai mon téléphone portable, et composai le numéro de téléphone de Morgan. Il répondit à la deuxième sonnerie.
« - Oui, princesse ? fit sa voix dans le mobile.
- Morgaaan ! je veux mouriiir !!
- Ah bon ? c’est nouveau ! qu’est-c’t’arrive ?
- J’essaye de réviser mes maths, mais j’y pige que dalleeee !! aide-moi !!! »
Il éclata de rires.
« - T’es chez toi ?
- Oui.
- Ok. J’arrive. »
Et il raccrocha. Je me sentie un peu perdue. Il arrivait ? comme ça ? je jetai un petit coup d’œil au miroir. Je ne ressemblai à rien. Mais cheveux étaient en bataille, on aurait facilement put croire qu’ils avaient fait la guerre. J’étais encore en pyjama – il était 16h de l’après-midi – et j’avais une tête de zombie.
Je me levai d’un coup, attrapai un baggy que j’enfilai avec un haut emprunté à Elodie. Ces derniers temps, je portais de plus en plus de hauts moulants. C’était un haut rouge, décolleté – et oui ! qui l’aurait cru ? – à lacets. Avec des manches, bien sûr. J’arrangeai mes cheveux du mieux que je pus, puis je contemplai le résultat.
Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. Ces derniers temps, je me trouvai de plus en plus jolie. Morgan disait qu’il ne me manquait plus que quelques traits de crayon noir pour devenir « une véritable bombe sexuelle ». Peut-être pourrai-je me maquiller, un de ces jours. Histoire de voir ce que ça donnerait…
J’entendis la sonnette retentir. Aussitôt, je me précipitai en bas, dévalant les escaliers, et ouvris la porte.
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Cela faisait une semaine que je ne l’avais pas vu, et ça m’avait paru une éternité. Je remarquai qu’il avait légèrement coupé ses cheveux, peut-être un centimètre ou deux, mais, surtout, je ne pouvais passer à côté de son nouveau piercing : en haut du cartilage de l’oreille gauche, deux anneaux noirs.
Il sourit et je remarquai une nouvelle fois la blancheur de ses dents immaculées, et parfaitement alignées. Il était magnifique…
« - Salut, princesse, dit-il.
- Salut…, répondis-je. »
Nous restâmes silencieux quelques instants puis Morgan dit :
« - Bon, alors… tu me laisses entrer ? à moins que tu comptes continuer à me mater comme ça éternellement ? »
Je sursautai quand je vis qu’un sourire béat s’était dessiné sur mon visage et que Morgan se foutait légèrement de ma gueule. Je m’écartai pour le laisser entrer, baissant la tête pour ne pas qu’il voit que j’avais rougi.
Depuis la fois où il était venu dormir chez nous une semaine, Morgan se sentait ici comme chez lui. Ça lui été arrivé plusieurs fois de débarquer à l’improviste et de passer la nuit ici. Mais au fond, je ne pouvais pas vraiment le réprimander. Lui qui était toujours seul, je comprenais pourquoi il avait cette envie de venir chez moi, dans cette maison pleine de vie, dans cette famille chaleureuse…
« - Morgaaaan ! »
Mon petit frère se jeta sur lui et Morgan le prit sans ses bras.
« - Hey ! salut, toi ! ça va ? »
Je me souvenais de la première fois où Morgan était venu ici. Jordan avait prétendu qu’il faisait peur. Et maintenant, c’était devenu son idole. Il ne jurait plus que par lui. Décidément…
« - Tiens ! Morgaan ! fit ma mère.
- Bonjour, mam’ Slynner !
- Ça fait un moment qu’on ne t’as pas vu, dis-moi ! oh, tu t’es fait un nouveau piercing ? ça te va bien ! enfin, il faut dire qu’à toi, tout te va bien ! de toute manière, à partir du moment où un garçon est beau naturellement, il n’a pas besoin de faire grand-chose pour…
- Bon, ça ira ! l’interrompis-je. Maman, Morgan est venu m’aider pour mes révisions. Il vaut mieux qu’on s’y mette maintenant.
- Oh ? très bien, faîtes ce que vous voulez. »
Elle haussa les épaules et s’en alla.
« - Elle est vexée ? demanda Morgan.
- Je crois, répondis-je. »
J’haussai les épaules, puis lui adressai un sourire.
« - En tout cas, c’est vrai que ça te va bien, ce nouveau piercing… »
Je levai la main et tripotai les anneaux. Morgan sourit.
« - Ça te fait mouiller, pas vrai ? fit-il. »
Je baissai immédiatement mon bras, le fusillant du regard.
« - Ça va, je plaisante ! te vexes pas !
- Abruti ! »
Je tournai froidement les talons et montai les marches d’escalier. Morgan resta figé quelques instants… puis se mit à me suivre, tout penaud.
J’entrai dans ma chambre sans dire un mot. Morgan me suivit et referma la porte.
« - Alex…, commença-t-il.
- Ah, non ! m’écriai-je. Commences pas avec tes Alex, Morgan !
- Mais… je voulais pas te mettre en colère, moi.
- Ça va. Si tu crois que je l’ai pas pigé, depuis le temps. Toi et tes vannes pourries… t’es complètement débile. Tu m’énerves. Tu trouves toujours le bon moment pour sortir des trucs pareils, hein ? »
Il me regarda sans comprendre. Je soupirai.
« - Laisse tomber… »
Je m’assis sur mon lit, en tailleur.
« - Allez, fis-je, installe-toi. »
Il enleva ses chaussures puis s’exécuta.
« - Bon…, fit-il. Alors… qu’est-ce que tu comprends pas ?
- Ça. »
Morgan lut la page du livre, réfléchit un instant, puis commença à m’expliquer. Et moi, je buvais ses paroles. Quand il eut finit, il me dit :
« - Alors ? c’est bon ?
- Oui, répondis-je.
- Tu vois, c’était pas bien compliqué…
- Vu comme tu l’expliques, c’est beaucoup plus simple.
- Tu sais, il faut pas toujours gober ce que dit le prof. Le principal est de te faire ta propre idée. Connaître le truc par chœur t’avancera à rien si t’as pas pigé. Le tout, c’est d’understander. Si t’understandes, y’a pas de problèmes, normalement.
- Et si j’understande pas ?
- Alors là, y’a des problèmes. »
Je ris.
« - C’est bizarre…
- Quoi ?
- Le prof a essayé de m’expliquer ça cinquante mille fois… et j’ai jamais pigé. Alors que toi, tu m’expliques, calmement, une fois… et je comprends tout. T’as vraiment un don pour ça, Morgan… t’as jamais songé à être prof ? »
Il me dévisagea longuement, restant silencieux, sans que je comprenne pourquoi.
« - Qu’est-ce qu’y a ? demandai-je, gênée.
- Rien, dit-il finalement. C’est juste que… ta remarque me semble étrange.
- Pourquoi ?
- Je te l’ai jamais dit ?
- De quoi ?
- Que je voulais être prof, plus tard ? »
Je restai muette.
« - Sérieux ??
- Sérieux, acquiesça-t-il.
- Woaw ! ça alors, je m’en doutais trop pas ! »
Il m’adressa un grand sourire.
« - Comme quoi, il faut pas se limiter aux apparences, princesse.
- Ouais, tu parles ! je te vois venir. Tu vas être un bon prof, je dis pas le contraire. Mais je suis sûr qu’obsédé comme tu es, tu passeras la plupart de ton temps à draguer les lycéennes !
- Ben, ouais. C’est aussi pour ça que je veux être prof, qu’est-ce que tu crois ? »
J’éclatai de rires.
« - Je te reconnais bien, là. »
Il sourit.
« - A ce propos, je t’ai dit que je trouvais ce pendentif magnifique ? »
Je suivis son regard et vis que ce n’était pas mon pendentif qu’il regardait, mais mon décolleté. Je soupirai.
« - T’es irrécupérable. »
Il sourit.
« - Et fier de l’être.
- Pff… t’es bête. »
Il hocha la tête. Puis il se pencha vers moi, et me chuchota à l’oreille :
« - J’ai quelque chose à te montrer, princesse… »
Je sentis mon cœur accélérer. Il me poussa doucement pour m’allonger.
« - Qu’est-ce que tu fous… ? soufflai-je. »
Il sourit, puis releva mon t-shirt. J’étais tétanisée. J’aurai voulu le repousser, lui hurler qu’il n’était qu’un « gros obsédé du zizi sexuel », mais j’en étais incapable. Je ne pouvais même plus parler. Il posa ses lèvres sur mon ventre et, soudainement, souffla très fort. J’éclatai de rires.
« - Arrêtes ! abruti ! tu m’as fait peur ! »
Je me relevai mais il me rallongea avec beaucoup moins de douceur que la fois précédente.
« - Tu vas passer un sale quart d’heure, princesse ! fit-il avec un grand sourire. »
Il attrapa mes poignets d’une main et de l’autre se mit à me faire des chatouilles. Je me tortillai dans tous les sens pour qu’il s’arrête, puis finit par lui donner un coup de pied dans le ventre. Morgan recula en riant. Je me jetai sur lui, remontée. Je venais de trouver son point faible. Il suffisait d’une toute petite pression sur ses côtes pour le faire sursauter. J’eus un rire démoniaque.
« - Mouhahahahaha !!!
- Héé ! c’est d’la triche !! dégages !!! »
Mais il n’y avait rien à faire. La lutte des chatouilles fut acharnée et dura une bonne dizaine de minutes. Finalement, nous nous allongeâmes tous les deux sur le lit, sur le dos, essoufflés, tête contre tête.
« - Ahhh ! fit Morgan. Ça fait du bien de rire un peu, quand même ! »
Je souris.
« - On s’amuse comme deux vrais gamins, dis-je.
- C’est justement pour ça que j’aime être avec toi. »
Je me sentis rougir. Comme je ne disais plus rien, Morgan leva les yeux sur moi pour voir si j’étais vexée. Il poussa un soupir de soulagement quand il vit que ce n’était pas le cas.
« - En tout cas, dis-je, je suis contente d’avoir trouvé…
- Mon point G des hanches ? ricana-t-il.
- Ouais… en quelque sortes. »
Il sourit. Il ferma les yeux et posa sa tête contre mon bras.
« - Je pourrai rester des heures comme ça…, dit-il.
- Hmm…, acquiesçai-je. »
Nous restâmes silencieux. Puis, je me décidai à lui poser cette question qui me démangeai depuis des jours :
« - Dis, tu fais quelque chose pour Noël ?
- Noël ? répéta-t-il.
- Ben, oui… Noël.
- Mais c’est dans deux semaines !
- Oui, mais je te connais. Avec toi, il faut prendre rendez-vous un mois à l’avance si on veut pouvoir te voir quand tu es libre. »
Il sourit.
« - Ben, pour Noël, j’avais prévu de faire ce que je fais tous les ans.
- C’est-à-dire ?
- C’est-à-dire rester tout seul chez moi, comme un sans amis, à looker la télé pendant que les autres sont tous avec leurs très chères et jolies familles.
- Tu peux la passer avec nous, si tu veux, dis-je.
- Sérieux ?!
- Ben… oui. Comme tous les ans, on passe le réveillon avec la famille du côté de mon père, puis, quelques jours après, avec la famille du côté de ma mère.
- Ah, non. Je veux pas m’immiscer dans votre famille…
- Mais non, tu t’immisceras pas ! j’ai déjà demandé à mes parents, ça pose aucun problème !
- Oui, mais…
- Y’a pas de mais, Morgan ! tu viens, un point c’est tout ! »
Je m’étais relevée et le dévisageai sévèrement. Il sourit.
« - T’es sûre que ça dérange pas ?
- Mais non !
- Je vais voir, alors, dit-il. »
J’hochai la tête, puis me rallongeai à côté de lui.
« - Tu veux dormir à la maison, ce soir ?
- Décidément. Tu peux pas te passer de moi.
- Non, répondis-je du tac au tac. »
Il ne répondit pas tout de suite.
« - Si ça peut te faire plaisir, dit-il finalement, je te dois bien ça. »
J’eus un faible sourire.
« - Tu sais, Alex…
- Morgan… !
- Quoi ?!!
- On a fait un pacte.
- Mais, comment tu veux que je… ? »
Je me relevai, m’allongeai au dessus de lui, et mit un doigt sur ses lèvres.
« - Tais-toi. »
Il ferma les yeux, saisit ma main et l’embrassa.
« - Désolé. »
Il posa ses mains sur mes hanches et me fit doucement basculer sur le côté. Se tenant au-dessus de moi, comme ça… n’importe qui entrant à ce moment-là dans la chambre aurait pu s’imaginer tout ce qu’il voulait, absolument tout sauf ce qu’il se passait réellement…
Morgan baissait la tête, ses lèvres se rapprochaient des miennes… puis il sembla se figer. Ça ne dura qu’un instant, mais Morgan resta figé, puis dévia doucement sa trajectoire pour m’embrasser la joue.
Il se releva, se mit debout, secouant ses vêtements comme s’il avait renversé une assiette de riz dessus. Il commença à avancer vers la porte, sans mot dire…
« - Où tu vas ? demandai-je. »
Il s’arrêta, se retourna, sourit, et dit :
« - Aux chiottes. Tu veux m’accompagner ?
- Imbécile… »
Il acquiesça puis sortit de ma chambre. Une étrange sensation m’envahit alors. Depuis notre fameuse conversation au téléphone, Morgan et moi avions fait un pacte : aucun de nous deux ne devait évoquer ce sujet délicat, comme quoi j’étais amoureuse de lui et qu’il ne savait pas si c’était réciproque ou non. Nous avions juré de ne plus aborder le sujet, de fermer les yeux et de passer à autre chose.
Mais ce n’était pas la première fois qu’un évènement comme celui qui venait de se passer se produisait… nous nous retrouvions souvent dans des situations du genre, et Morgan avait tenté de m’embrasser un bon nombre de fois comme ça, se dissuadant au dernier moment, se rappelant qu’il s’agissait de moi et pas d’une autre fille.
Moi, je ne savais que penser de son attitude. Peut-être réalisait-il enfin que j’étais une « fille » moi aussi, et commençait à me considérer comme telle. Je l’espérai… en réalité, j’aurai donné n’importe quoi pour que Morgan me regarde comme il regardait les autres filles.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VIII, La Neige sème l'Espoir   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:52

Quand il revint, je m’étais allongée sur le lit une nouvelle fois. Regardant le plafond, je réfléchissais. Morgan eut un sourire en coin et s’assit à côté de moi.
« - A qui tu rêves ? dit-il.
- A toi.
- Ah bon ? je pensais que c’était au père noël. Tu lui as demandé quoi, cette année ?
- Je préfère pas le dire.
- Ah bon ? pourquoi ?
- L’année dernière, j’avais commandé quelqu’un qui puisse me comprendre et m’aider. Et tu es arrivé. Alors cette année, j’ai demandé à ce que tu tombes amoureux de moi.
- Moi aussi, je l’ai demandé, dit-il. Je lui ai envoyé un mail. J’espère qu’il a une adresse msn, le père noël. »
Je souris.
« - T’es bête.
- Je sais. »
Je me relevai et le dévisageai, silencieuse.
« - Dis… est-ce que tu crois que ça dérangerait ta mère si on sortait, ce soir ? demanda-t-il.
- Où ça ?
- Dans un bar. J’avais rendez-vous avec des potes, mais j’ai annulé, vu que tu voulais que je dorme chez toi. Mais quand je leur ai donné la raison pour laquelle je pourrai pas venir… ils m’ont dit que tu pouvais m’accompagner, si tu voulais. Depuis le temps que je leur parle de toi… ils ont envie de te rencontrer. »
Je me sentis gênée.
« - Tu… tu leur parles de moi ?
- Evidemment.
- Mais… pourquoi tu m’as jamais parlé d’eux, alors ?
- Parce que tu me l’as jamais demandé. »
C’était vrai. L’idée que Morgan pouvait avoir des amis en-dehors de nous ne m’avait même pas traversée l’esprit. Pourtant, c’était logique. Il arrivait d’un autre lycée. Il avait d’autres potes, av ant.
« - Ils sont combien ?
- Trois. Deux mecs et une fille.
- Une fille… ?
- Ouais, une de mes ex. La seule que j’ai jamais trompée.
- Ah bon … ?
- Faut dire que si je la trompais, elle me démontait. J’avais pas envie de crever. Et puis, on est sorti ensemble qu’un mois, et elle m’a fait attendre à peine trois jours pour qu’on couche ensemble, alors… et puis, même si j’avais voulu la tromper, c’était impossible. Je la voyais tous les jours au bahut – elle était dans ma classe depuis la seconde –, et puis, en dehors, elle était toujours présente aux soirées où j’allais. En plus, elle était aussi obsédée que moi, donc y’avait pas de problèmes du côté de…
- Epargnes-moi les détails de ta vie sexuelle, Morgan.
- Désolé.
- C’est avec elle que t’as essayé de t’envoyer en l’air dans les chiottes du lycée ?
- Ouais.
- Elle s’appelle comment ?
- Erika.
- Vous êtes restés amis ?
- Ouais… mais juste amis.
- T’as pas recouché avec elle depuis votre rupture ?
- Hé, mais pourquoi tu me demandes tout ça ? t’es flic ?!
- Ah ! j’en étais sûre ! t’as recouché avec elle !
- Bien sûr que non ! »
Il soupira.
« - Laisse tomber. Je voulais te présenter à mes potes, mais je crois que c’est mort, vu comment tu le prends. »
Je restai muette.
« - Mais non ! m’exclamai-je. J’ai envie de les rencontrer, tes potes !! mais…
- Mais c’est Erika qui te pose problème, pas vrai ? »
Je baissai la tête.
« - Tu sais, y’a plus rien entre elle et moi. C’est de l’histoire ancienne. C’est juste une amie… et encore, je lui parle plus beaucoup. Elle m’en veut de s’être fait virée du lycée à cause de moi, alors elle me parle plus.
- Alors pourquoi elle sera là … ?
- Parce qu’elle sort avec un des mecs. Et puis, t’as pas à t’inquiéter. Je l’ai jamais aimée. C’était juste une histoire de cul… comme toutes les autres, de toute façon. »
Je me mordis la lèvre inférieur.
« - Mais si tu veux pas venir, je peux comprendre.
- C’est que… c’est un peu tôt. Tu m’en as jamais parlé… alors, je préférerai les rencontrer une autre fois.
- Très bien. Comme tu voudras, princesse. »
J’eus un faible sourire, le regardant écrire un texto à l’un de ses potes, sûrement. Quand il eut fini, il tourna la tête vers moi et dit :
« - Tu sais, c’est pas des supers potes, c’est pour ça que je t’ai jamais parlé d’eux. Disons qu’on délire bien, ensemble, dans les soirées et même quand on sort en ville, et tout. Mais bon… c’est pas à eux que j’irai raconter mes problèmes et tout ça… »
J’hochai la tête.
« - Mais pourquoi tu leur as parlé de moi ?
- Parce que je tiens à toi, et que j’ai envie d’hurler sur tous les toits que je connais une fille aussi géniale que toi. »
Je baissai les yeux. Ça ne me faisait même pas plaisir. La tristesse m’envahissait… j’avais l’impression d’être en plein milieu d’un rêve, que tout cela était irréel, que j’allais me réveiller et réaliser que je n’étais jamais tombée amoureuse de lui. J’allais me réveiller, Elodie m’annoncerait que ce serait la rentrée, et quand on irait en cours d’histoire, aucun nouveau retardataire nommé Morgan et super beau gosse ne débarquerait.
J’allais me réveiller, et quand j’ouvrirai les yeux, je serai toujours cette fille de 14 ans qui n’avait connu aucun malheur, cette fille souriante, aimante, et qui croyait encore au prince charmant. Cette fille qui croyait à l’amour. Cette fille qui espérait. Je fermai les yeux. Je voulais revenir au jour de mes 14 ans, remonter le temps, il y a trois ans de cela, retourner à ce jour là, et refuser l’invitation de ce type, ce type qui…
« - Alex ? »
Je sursautai et ouvrit les yeux. La voix de Morgan m’avait ramené à la réalité.
Non, je n’étais pas en train de rêver. Oui, j’étais bien une jeune fille désespérée, incapable de pleurer, cette fille brisée qui était amoureuse d’un obsédé incapable de tomber amoureux…


Une étrange sensation de chaleur me recouvrit le mollet. J’ouvris les yeux. Les volets n’étaient pas fermés, et je pouvais voir la lune ronde et blanche, fièrement dressée dans le ciel, au milieu des étoiles scintillant de parts et d’autres. Je me retournai pour voir d’où provenait cette étrange sensation sur mon mollet. Je vis qu’il s’agissait d’une main. Je relevai la tête et vis qu’elle appartenait à Morgan. Celui-ci, se tenant à quatre pattes au dessus de moi, me regarda avec un air innocent.
« - Morgan… ? mais qu’est-ce que tu fous ? »
Il mit son index sur mes lèvres pour me faire taire. Pour toute réponse, il m’adressa son traditionnel sourire pervers. Je le regardai sans comprendre. Il me fit un clin d’œil, puis commença à relever mon t-shirt, seul vêtement que je possédais pour dormir – avec ma culotte, évidemment –, avec ses dents, puis il me lécha le ventre. J’étais incapable de bouger. Il fit glisser sa main sur mes jambes, partant des chevilles, puis remontant, doucement, doucement, effleurant tout juste ma peau. Je frissonnai. Sa main glissa sur mon genoux et commença à remonter à l’intérieur de mes cuisses. Je tressaillis, puis me relevai et le repoussai vivement.
« - Arrêtes !!! hurlai-je. Arrêtes, me touches pas !!!! »
Je le poussai de toutes mes forces, et il tomba en arrière. Quelques instants plus tard, il se releva, m’attrapa les bras, et me cloua sur le lit avec force.
« - Arrêtes, Morgan !! suppliai-je. Tu me fais mal !! »
Son regard croisa alors le miens. Et je vis que ce n’était pas Morgan. Ses yeux étaient gris, ses cheveux noirs beaucoup plus courts… et ce sourire, ce large sourire narquois était loin de ressembler au beau sourire charmeur de Morgan… il me narguait, déjà fier de ce qu’il avait l’intention de me faire…
C’était lui ! Je le reconnaissais ! C’était lui !! Que faisait-il ici ?! comment était-il arrivé ?!!
Morgan…
Morgan dormait à côté ! il ne l’avait pas entendu entrer ? il ne m’avait pas entendue hurler ?!!
« - Morgaan ! hurlai-je. Morgan !!! réveilles-toi !!!! »
Rien à faire. Il ne bougeait pas. Et lui… il se rapprochait. Je le repoussai, je me débattais, j’hurlai le nom de Morgan… pourquoi personne ne venait à mon secours ?! pourquoi personne ne m’entendait ?!! qui l’avait laissé entrer ?! pourquoi était-il là ? Je l’insultai, me déchirant les poumons. Mais je vis qu’il n’y avait personne. Morgan n’était pas là. J’étais seule, seule avec ce salaud, seule sur ce lit qui n’était pas le miens, seule dans une chambre inconnue… Et Morgan n’existait pas. Morgan n’était pas là. Personne ne pouvait m’aider… !
« - MORGAN !!!! hurlai-je encore. MORGAAAN !!!!!! »
Je me débattais, sentant mes larmes couler sur mon visage… je pleurai ! je pleurai à nouveau !! mais les circonstances ne me laissèrent pas m’en réjouir. J’hurlai encore, j’hurlai…
« - Alex !!! hurla mon agresseur. Alex !!! calmes-toi ! calmes toi, bon sang !
- Non !!! me touches pas ! me touches paaas !!
- Calmes-toi, Alex ! c’est moi !! c’est moi !!!! »
J’ouvris les yeux et me figeais.
« - Morgan…, murmurai-je. »
C’était lui. C’était Morgan. Il tentait de me maîtriser, me tenant les bras avec forces.
« - C’est moi, princesse, répéta-t-il. C’est moi. Je suis là. »
Je le touchai. Il était réel. Tout était réel. Je le pris vivement dans mes bras, mon cœur battant la chamade.
« - Où est-il ?! demandai-je. Où est-il passé ?
- Qui donc, Alex ?
- LUI ! criai-je. LUI ! je l’ai vu, je l’ai vu, il était là ! il était là !
- Personne n’est entré, Alex ! c’était un rêve !! juste un mauvais rêve, princesse… »
Il me prit doucement dans ses bras.
« - C’est fini, répétait-il. C’est fini. Je suis là. C’est fini. Calmes-toi. »
Doucement, il s’allongea sur le dos, me tenant toujours contre lui. Je dissimulai ma tête contre son torse, tremblant de tous mes membres.
« - Tu es glacée…, murmura-t-il.
- J’ai eus… si peur… je pleurai, tu sais… dans mon rêve… je pleurai… »
Morgan me sourit chaleureusement. Il caressa mes cheveux, et posa doucement ma tête sur son torse, me caressant la tête comme il l’aurait fait à un enfant.
« - Ça va, dit-il. Tout va bien, princesse… je suis là… je suis là… »
Il continua à m’adresser des mots rassurant, qui me parurent de plus en plus lointain, jusqu’à ce que je sombre totalement dans les abîmes du sommeil…


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VIII, La Neige sème l'Espoir   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:54

Lorsque j’ouvris les yeux, le lendemain matin, je me demandai ce que Morgan fichait sur mon lit, et pourquoi est-ce que j’étais allongée sur lui. Puis les évènements de la soirée me revinrent juste au moment où je m’apprêtai à hurler sur Morgan d’avouer ce qu’il m’avait fait pendant que je dormais. Je levai les yeux sur lui. Il était réveillé, et contemplait le plafond, ailleurs. Il baissa les yeux vers moi quand il vit que je m’agitai. Il sourit.
« - Salut, dit-il. Ça va ? »
J’hochai la tête. Je me frottai l’œil droit, puis me relevai. A cheval sur lui, je m’étirai, ne songeant même pas que ma mère aurait pu entrer à ce moment-là, et que ç’aurait été dur de lui expliquer la vérité dans pareilles conditions.
« - T’es réveillé depuis longtemps ? demandai-je.
- Une heure, peut-être.
- Une heure ?! m’exclamai-je. Pourquoi tu m’as pas réveillée ?! je devais être lourde, en plus !
- Mais non ! dit-il. T’es légère comme une plume ! et puis, quand je te voyais dormir, c’était impossible de te réveiller. T’étais tellement jolie… c’aurait été un véritable blasphème que de tirer un ange pareil de ses rêves. Surtout sachant qu’elle avait fait un cauchemar durant la nuit. »
Je me sentis rougir.
« - T’abuses.
- Et puis, t’inquiète pas, va, sentir tes formes très généreuses contre moi était loin de me déranger. »
Tout en disant ça, il commença à me caresser les cuisses, puis à remonter ses mains sous mon t-shirt. Je me relevai vivement, passant une jambe au-dessus de lui, puis descendit du lit en vitesse. Mais je trébuchai sur un coussin et m’étalait sur le matelas.
« - Quelle classe…, fit Morgan, se redressant sur un coude pour me regarder agoniser par terre.
- T’es bête, fis-je en me relevant tant bien que mal.
- Je sais. »
Je lui lançai un regard noir. Jouant la vexée, je préparai mes affaires, restant silencieuse, puis filai à la salle de bain, claquant cette porte qui ne fermait pas à clef.
J’ouvrai le robinet, laissant l’eau chaude se déverser dans la baignoire, puis me déshabillai. Je contemplai une fois de plus mon reflet à travers le miroir. Des cernes s’étaient formées sous mes yeux. Je poussai un long soupir, puis me détournai du miroir, et plongeai doucement dans l’eau, la mousse recouvrant mon corps. Cela me rassura, après cette nuit plus qu’agitée…
Je fermai les yeux et rêvai à Morgan. Ses yeux… son torse… la douceur de ses mains sur ma peau… la chaleur de son sourire… et moi, toute blottie contre lui, effrayée, lui me prenant dans ses bras pour me rassurer…
Je poussai un long soupir et attrapai mon petit canard jaune en plastique, que j’avais surnommé Koli. Je le soulevai à la hauteur de mon nez et le dévisageai, les yeux dans les yeux. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. Paupières closes, je commençai à approcher le bec du canard de ma bouche, repensant à la douceur des lèvres de Morgan…
« - Alors, princesse, on bécote les canards en plastique, maintenant ? »
Je sursautai, ouvris les yeux et tournaient la tête. Morgan venait de passer sa tête à travers l’encadrement de la porte entr’ouverte et m’adressait un sourire narquois.
« - J’espère que c’est à moi que tu rêves quand tu roules des pelles à tes jouets, au moins ? dit-il. »
Je me sentis rougir.
« - Es… espèce de… ESPECE DE PERVERS !! qu’est-ce que tu fous là ?! sors tout de suite, obsédé !!! »
Je lui balançai Koli à la figure et Morgan ferma vite la porte. Je l’entendis s’éloigner en riant. Je regardai le pauvre canard jaune, gisant au sol, à travers les gouttes d’eau… me sentant soudainement triste, je repliai mes genoux contre ma poitrine et soupirai.
J’avais du mal à supporter le comportement de Morgan. On aurait dit qu’il faisait tout, absolument tout pour me mettre mal à l’aise… pourquoi faisait-il ça ? il me répétait qu’il ne m’aimait pas mais je ne comprenais pas certaines de ses attitudes, certaines de ses réactions… sa tendresse qui appelait plus aux relations d’un couple que celles de simples amis… je regrettai presque de lui avoir dit que je l’aimais. Peut-être avait-il raison, en fin ce compte, peut-être ne méritait-il vraiment pas mon amour…

Lorsque je retournai dans ma chambre, je le vis, il était là, assit sur mon lit, en train de lacer ses chaussures… de toutes nouvelles New Rock qu’il avait acheté la semaine précédente.
J’avais envie de courir, de me serrer sur son cœur, de l’entendre me murmurer qu’il m’aimait et qu’il m’avait aimée dès le premier jour. Mais la vie en avait décidé autrement…
Morgan leva les yeux vers moi. Il m’adressa un petit sourire gêné.
« - Quoi ? fit-il. »
Je m’aperçus alors que j’étais, une fois de plus, restée bloquée sur lui. Je secouai la tête et me dirigeai vers mon placard.
« - Rien, répondis-je. »
J’ouvris le premier tiroir et me mit à chercher des chaussettes. Je vis Morgan qui me dévisageait à travers le miroir. Comme s’il avait pu voir à travers mon peignoir… mon regard croisa le sien et il soupira. Il se leva alors.
« - J’imagine que je dois sortir, dit-il.
- Pourquoi ? tu pensais que j’allais me saper devant toi, peut-être ?
- J’aurai bien aimé voir comment t’étais, à poil.
- Et bien ton désir n’est pas partagé, répliquai-je.
- J’aurai pu profiter de toi, cette nuit. Tu étais toute tremblotante, blottie dans mes bras… j’aurai pu te faire ce que je voulais. Mais je me suis contrôlé. Parce que c’est dur, de dormir dans le même lit qu’une bombe, et de la sentir serrée contre soi, tout ça sans pouvoir rien faire. Tu pourrais au moins admirer mon courage. »
Je soupirai et me décidai à me tourner vers lui.
« - J’admire ton courage, tu as été trèès fort de parvenir à contrôler tes pulsions sexuelles, Morgan !
- C’était ironique, remarqua-t-il, mécontent.
- Evidemment. Si t’es même pas capable de contrôler ce que tu as entre les jambes, ça devient grave.
- C’est ça un obsédé, rétorqua-t-il. Ç’aurait été n’importe quelle autre fille, je me serai sûrement pas retenu. Tu pourrais au moins …
- Qu’est-ce que tu veux ? que je te remercie de pas m’avoir sauté dessus ?
- Ben, ouais.
- Abruti. »
Il sourit, fit un pas vers moi, sans trop oser s’approcher.
« - De quoi t’as rêvé ? demanda-t-il finalement. »
Je soupirai. Je redoutais cette question depuis que je m’étais réveillée.
« - Tu parlais d’un mec… un mec qui serait entré par effraction … »
Il s’était encore rapproché, et tendait la main vers moi. Il aurait voulu me caresser la joue, mais je détournai la tête.
« - Alex …
- Laisses tomber, Morgan, répliquai-je.
- Mais de quoi t’as rêvé ? tu pourrais au moins me le dire ! si tu crois que j’ai pas flippé, moi, à t’entendre hurler mon nom en plein milieu de la nuit ! dis-moi ce qu’il s’est passé, dans ton rêve, Alex… !
- Je m’en souviens plus ! mentis-je.
- T’es sérieuse ? »
J’acquiesçai. Il soupira, et baissa la tête.
« - Bon. Puisque tu le dis. »
Sur ce, il quitta ma chambre, fermant la porte derrière lui. Je soupirai. Je n’aimais pas mentir, et encore moins à Morgan, mais je n’avais pas le choix…
Lorsque j’eus fini de m’habiller, j’appelai Morgan. Celui-ci débarqua quelques minutes plus tard. Il resta figé en me voyant. J’avais emprunté une jupe noire à Elodie, m’arrivant au-dessus des genoux, et avait remis ce haut rouge foncé à lacets, et décolleté. Le tout avec les jolies bottes que Cathy m’avait achetées. Les mains derrière le dos, j’avais du mal à regarder Morgan dans les yeux, mal à l’aise.
« - Et bien, quoi ? fis-je. Ça me va pas ?
- Non ! protesta-t-il. Au contraire… ça te va super bien. »
Il s’approcha de moi, et mit ses mains sur mes épaules, relevant doucement mon menton pour me forcer à le regarder.
« - T’es magnifique, comme ça, murmura-t-il. »
Je me sentis rougir.
« - Je voulais juste… avoir l’air d’une fille, pour une fois…
- Tu es faîte pour porter ce genre de fringues, Alex. Ça te va trop bien.
- Tu crois ?
- J’en suis sûr.
- Dis… est-ce que tu pourrais… me maquiller ? »
Il éclata de rires.
« - C’est pas drôle ! protestai-je. Je sais pas faire !
- Tu veux que je t’apprenne ? »
Je secouai la tête énergiquement.
« - Juste aujourd’hui. Maquilles-moi. S’il te plaît. »
Il sourit.
« - Si tu veux. »

Nous étions lundi matin, et Elodie avait passé la nuit chez Cathy.
« - Il faut quand même qu’on se grouille. On a cours. »
J’hochai la tête. Dans la salle de bain, Morgan sortit le crayon noir d’Elodie, ainsi que le démaquillant et les cotons en cas de « foirage », comme il le disait si bien. Je le regardai tailler le crayon puis se retourner vers moi.
« - Fermes les yeux, dit-il. »
J’obéis. Une main sur ma joue, appliquant le crayon sur mes paupières, doucement, de l’autre… Sans que je comprenne pourquoi, je sentis mon cœur s’affoler, ses battements accélérèrent… Je me mis à respirer de plus en plus fort, j’avais chaud, terriblement chaud, je me sentais mal… Morgan était si proche de moi… mon cœur battait la chamade… et cette chaleur incontrôlable qui m’avait envahie… je serrai les poings, j’avais les mains moites…
Je n’avais jamais été dans un tel état. Que m’arrivait-il ? Je sentis le souffle de Morgan sur mon visage, l’odeur de son parfum m’emplit les narines… il sentait bon, si bon… j’avais envie qu’il se rapproche encore, j’avais envie de le sentir contre moi… je voulais le toucher, l’embrasser, sentir ses lèvres sur ma peau, sur mon corps, sentir ses lèvres sur les miennes… je commençai à comprendre. Ce n’était plus uniquement de l’amour. C’était du désir. Je désirai Morgan du plus profond de mon être…
« - Tu peux ouvrir les yeux. »
Je sursautai. Puis m’exécutai.
« - Regarde vers le haut, dit-il. »
Il s’approcha encore un peu, se penchant vers moi, appliquant le crayon en dessous de mes yeux, cette fois… mon cœur battait toujours aussi fort… tellement fort que j’eus même peur que Morgan l’entende. Mais il était trop concentré sur ce qu’il faisait pour remarquer ce qui était en train de m’arriver. Et au fond, cela me soulagea. Si Morgan s’était rendu compte de l’état dans lequel il m’avait mise, j’étais sûre de l’entendre m’en parler pour les trois siècles à venir…
Il se recula d’un pas et inspecta son œuvre. Il hocha la tête et sourit, fier de son travail.
« - Une vraie bombe, comme ça, dit-il. »
Je souris.
« - N’importe quoi.
- Je te jure, insista-t-il. On pourrait presque croire que t’es tout droit sortie d’un film porno. »
Je le dévisageai sans rien dire, interloquée.
« - Quoi ? fit-il.
- J’ai bien entendu, là ?
- Ouais. On dirait une actrice de film porno.
- C’est… un compliment ?
- Ben… ouais. Elles sont canons, les actrices de film porno. T’es pas de mon avis ?
- Je sais pas… j’en ai jamais regardé.
- Ah bon ?
- C’est pas mon truc. Tu le sais bien, pourtant. »
Il sourit.
« - Tu voudras qu’on s’en mate un, un de ces jours ?
- C’est quoi cette proposition pourrie ?
- Allez, Alex, même les nanas raffolent des pornos. C’est pas réservé qu’aux mecs, qu’est-ce que tu crois ?
- Mais j’ai aucune envie de regarder ce genre de trucs !
- Même pas une fois ? avec moi ?
- Non !! sûrement pas !!! et avec toi, encore moins !!!! tu serais bien capable de me sauter dessus, excité comme tu serais !!!!!
- N’importe quoi ! je me branle pas systématiquement que je mate un porno. J’en ai tellement regardé, que maintenant, je suis limite blasé devant. Mais c’est pour toi, pour ta culture générale. Il faut au moins que tu vois ce que c’est avant de prétendre que t’aimes pas. »
Je soupirai.
« - C’est un peu débile, comme truc…
- Ben, faut bien que tu mates un porno au moins une fois dans ta vie, quand même. Tu mourrais conne, sinon.
- Et bien, comme tu veux ! la prochaine fois que je vais chez toi, on se matera un porno, si t’y tiens tant que ça ! »
Il sourit.
« - Voilà une bonne initiative, princesse. »


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre VIII, La Neige sème l'Espoir   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 11:57

Lorsque nous fûmes prêts, nous partîmes de la maison.
« - A quelle heure il passe, le bus ?
- 35. »
Morgan acquiesça. Tandis que nous marchions, il me regardait du coin de l’œil, un petit sourire en coin sur le visage.
« - Pourquoi tu souris bêtement ? lâchai-je.
- Parce que t’es trop belle, comme ça. »
Il passa son bras derrière mon cou et m’attira contre lui.
« - Et que je suis fier de me balader avec un canon pareil.
- C’est plutôt à moi de dire ça, tu crois pas ? »
Il éclata de rires. Puis il laissa retomber son bras et mit sa main dans la mienne. Pour la première fois, Morgan et moi marchions main dans la main, comme deux amoureux. Mais cela ne me mit pas mal à l’aise. J’étais tout simplement heureuse, heureuse de sentir la douceur de sa main, et de savoir que pour une fois, c’était moi qui marchais main dans la main avec le mec que j’aimais. J’avais juste envie que cet instant dure éternellement et ne se termine jamais. Mais nous arrivâmes à l’arrêt, et Morgan lâcha ma main. Le bus arriva quelques instants plus tard, et je montai, Morgan derrière moi.
« - Bonjour ! fis-je au chauffeur, tout sourire.
- Bonjour.
- Yop, fit Morgan. »
L’homme dévisagea Morgan avec des yeux énormes et j’éclatai de rires. J’attrapai le jeune homme par le bras et l’attirai contre moi pour lui faire un câlin.
« - Laisse tomber, Morgan, ce type comprend pas je langage des jeun’s, dis-je. »
Morgan sourit et mit ses bras autour de moi.
« - Ah ouais ? t’as déjà testé ?
- Moi aussi, je lui ai dit yop, l’autre fois, on aurait dit que j’étais une extraterrestre.
- Quel débile.
- Quel abruti. »
J’observai du coin de l’œil le contenu du bus, et réalisai qu’il y avait trois filles que je croisai toujours, et qui avaient pour fâcheuse habitude de me snober. A présent, je pouvais voir qu’elles ne me regardaient plus de haut, mais avec jalousie. Je souris, puis fermai les yeux et enfouis mon visage dans le torse de Morgan. Celui-ci ne semblait se douter de rien. Et au fond, c’était mieux ainsi. S’il avait réalisé à quel point il avait éveillé la jalousie des autres filles, et s’il avait vu à quel point je m’en étais servi, il s’en serait vanté jusque l’année prochaine…
Lorsque nous descendîmes du bus, je fus surprise de voir Morgan me prendre la main une nouvelle fois. Mon cœur s’accéléra. Ceci était-il censé prouver ou sous-entendre quelque chose ? au fond de moi, une petite voix me disait que oui.
« Non, Alex, pensai-je. Fini de te faire des histoires. Fini d’espérer. Fini de souffrir. »
Malgré tout, arriver main dans la main, comme ça, au lycée… les autres allaient se poser des questions.
« - Morgan…, commençai-je.
- Quoi ? »
Je lui adressai un regard triste, puis, au prix d’un ultime effort, dégageai ma main de la sienne et la rangeai dans ma poche. Morgan resta fixé sur sa main, vide, que j’avais laissée. Il ne dit rien et la rangea à son tour. Mais, bien qu’il resta silencieux, je puis lire ce qu’il pensait dans ses yeux. Morgan était juste triste. Mais pourquoi ? je serai incapable de répondre ; triste de ne pas m’aimer, peut-être, triste d’être aimé, aussi, triste de me voir malheureuse, malheureuse à cause de lui, sans doute. J’aurai été incapable de répondre : tout comme je ne pouvais pas dire pourquoi je l’aimais, lui et pas un autre, qu’est-ce qui faisait que mon cœur s’accélérait quand je le voyais, pourquoi était-ce lui et pas Yoann, ce qu’il avait de plus que les autres mecs… Je l’aimais, tout simplement.
« Au moins, je ne me voile plus la face, à présent. C’est déjà un petit effort. »
Alors que nous marchions, je décidai de rompre le silence. La mémoire m’était revenue. Mercredi, c’était l’anniversaire de Morgan.
« - Au fait…, fis-je.
- Mmh ?
- Tu veux quoi, pour tes dix-huit ans, vieux chnoque ? »
Il me regarda avec des yeux écarquillés.
« - Ben quoi ? fis-je.
- Comment tu sais… ?
- Tu me l’as dit. Je suis né un quinze décembre, par une journée glaciale. Ce sont tes propres termes.
- Ah, oui. Je me rappelle.
- Alors ? tu veux quoi ? des menottes, peut-être ?
- Non… ne fait…
- Oui ?
- Nan, tu vas te moquer de moi.
- Dis toujours.
- Ben… j’aimerai bien…
- Mmh ?
- Le dernier jeu Pokémon… »
Il avait prononcé le dernier mot d’une toute petite voix. Je le regardai avec des yeux énormes.
« - Quoi ? fit-il, gêné.
- Tu déconnes ? tu t’fous de moi, là ?
- Ben… non. J’aime bien les Pokémon… pas toi ? »
J’éclatai de rires.
« - Maais ! protesta-t-il.
- Trop fort ! le grand Morgan de dix-huit piges, qui passe son temps à jouer les machos et les hommes mûres… me demande à moi de lui acheter le dernier jeu Pokémon sur GameBoy !
- Nintendo DS, corrigea-t-il.
- Soit. Nintendo DS. »
Morgan ne dit rien. Nous marchâmes en silence durant deux, trois minutes jusqu’à ce qu’il me demande d’une petite voix :
« - Et… tu vas me l’acheter ? »
Je souris.
« - Oui. »
Un large sourire se dessina sur ses lèvres.
« - Merci, princesse.
- De rien. »
Il m’inspecta du regard puis retomba sur ma main, qui ballottait au rythme de mes pas. Il me lança un regard interrogatif. Un sourire amusé se dessina sur mon visage et je lui tendis ma main, sans laquelle il mit la sienne, tout heureux. Et nous marchâmes ainsi, main dans la main…
« - Tu sais quoi ? fis-je.
- Non. Quoi ?
- C’était vrai, ce que tu m’as dit en début d’année.
- Ah ?
- Tu n’es pas le prince charmant. Tu es mon prince charmant. »
Morgan resta muet d’hébétude. Je souris.
« - Tu crois que j’ai le droit de te considérer comme mon inséparable ? »
Il sourit.
« - Tu crois que c’est utile de me poser la question ? »
Je ne dis rien. Mais ce silence révéla plus de choses qu’un long discours interminable. Je comprenais à présent ce que ma relation avec Morgan avait de particulier : nous étions comme liés, liés l’un à l’autre. Un lien nous unissait, presque comparable à celui que je partageai avec Elodie, mais encore plus fort, peut-être. Pour une raison inconnue, nous n’avions pas besoin de nous parler pour comprendre ce que l’autre pensait. C’était comme si nous nous étions toujours connus. Comme si on avait toujours vécu l’un avec l’autre. Comme si nous étions frère et sœur. Comme si nous étions… des âmes sœurs.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IX, Comme des Fragments d'Etoile   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 12:01

Chapitre IX
Comme des fragments d’Etoile



La fin de la semaine se déroula sans la moindre dispute. Aucun de nous deux n’aborda le sujet du film porno une nouvelle fois. Et j’en fus soulagée. En réalité, les derniers jours furent plutôt consacrés à nos révisions pour le bac blanc. Je déprimai d’avance. Au moins, je devais reconnaître la bonne idée des profs de nous l’avoir casé la veille des vacances ; cela ne nous pourrirait pas les fêtes de Noël, au moins. Morgan ne semblait pas plus stressé que ça, lui. Il faut dire qu’il avait pas mal de facilités. Il m’énervait.
Nous entrions à présent dans le deuxième trimestre. En sport, le prof nous avait fait voté et choisir entre endurance et badminton, et l’entière majorité avait opté pour la deuxième option – pas très étonnant, d’ailleurs, je ne connais pas grand monde qui serait enchanté d’aller courir dehors en plein hiver.
Ce jour-là, j’avais décidé de mettre une jupe courte, en jean (empruntée à Cathy). Et des chaussure noires à talons aiguilles (empruntées à Elodie). Je commençai à devenir féminine. Morgan disait être fier de moi.

Nous descendîmes les escaliers pour nous rendre en sport.
« - J’aime pas le badminton, gémit Elodie.
- Moi non plus, lui répondit Cathy.
- Bande de chochotes, fit Morgan.
- Arrêtez un peu de vous plaindre, rétorqua Jason.
- En plus, il faut toujours se trimballer cette foutue raquette sur nous ! enchaîna Cathy.
- Ouais ! c’est trop pas sex ! »
Les autres levèrent les yeux au ciel.
« - Merde ! m’écriais-je soudainement. »
Les autres se retournèrent.
« - Quoi ? firent-ils.
- J’ai oublié ma raquette dans la salle. »
Protestations de la part du groupe.
« - Oh, ça va ! fis-je. Vous énervez pas ! j’en ais pour deux minutes.
- T’as plutôt intérêt à être rapide, ouais ! me dit Yoann. »
Je lui tirai la langue et courus jusqu’au bâtiment du mieux que je pus – avec des talons, ce n’était pas très pratique.
Alors que j’entrai dans le bâtiment, mon talon se tordit et je m’étalai par terre. Furieuse, j’enlevai ces foutues chaussures.
« - J’me demande comment elles font, les autres filles, marmonnai-je. »
C’était injuste. Ou plutôt bien mérité. Moi qui avais rejeté ma féminité pendant des années, voilà que quand je commençai à la réaccepter, c’était elle qui me repoussait. Quelle ironie…
La salle était vide. Pas étonnant, il était déjà plus de 17h00. Dieu merci, la porte n’était pas verrouillée. J’entrai. Ma raquette n’avait pas bougé. Je soupirai et courus la ramasser. Alors que j’étais accroupie par terre, j’entendis des bruits de pas, puis la porte claquer. Je me relevai et me retournai. Deux garçons de Seconde, un brun et un blond, venaient d’entrer. Ils me lancèrent de larges sourires.
« - Tiens, tiens ! fit le blond. N’est-ce pas la pute préférée de l’autre connard ? »
Je n’eus pas besoin de traducteur pour comprendre que l’autre connard, c’était Morgan. Je leur lançai des regards noirs. Je commençai à avancer sans leur répondre mais le brun me bloqua le passage.
« - Une minute ! on peut savoir où tu vas ?
- Laisse-moi passer, pauvre con, rétorquai-je. »
Je tentai encore de m’avancer mais il m’attrapa brutalement le bras et me repoussa violemment.
« - Une minute, j’ai dit ! fit-il. Y’a pas de raison pour qu’une salope comme toi ne s’occupe que d’un seul mec.
- Ouais, enchérit l’autre, nous aussi, on veut s’amuser.
- Dîtes plutôt que vous voulez vous dépuceler, bande de merdeux, rétorquai-je. »
Ils sourirent.
« - Tu vas voir ce qu’ils vont te faire, les merdeux, fit le blond. »
Ils se rapprochèrent de moi. Je resserrai l’étreinte sur mes chaussures, puis, alors qu’il était assez proche, je lui donnai un coup avec. Les talons lui griffèrent la joue. Bien fait pour sa gueule. Je lui donnai un coup de pied dans le mollet qui le fit reculer. Je tentai de m’esquiver, mais le brun m’attrapa et me repoussa brutalement de toutes ses forces. Je fus projetée contre un bureau sur lequel je m’affalai sur le dos. Le blond réagit aussitôt. Il courut, sauta sur le bureau, m’attrapa les poignets qu’il tint fermement au dessus de moi.
« - LACHE-MOI ! hurlai-je. »
Le brun se tenait devant moi. J’agitai mes jambes dans tout les sens, tentant de lui donner des coups de pieds, pour l’empêcher d’approcher. Mais il finit par réussir à attraper mes mollets. Il écarta brutalement mes jambes et se mit entre elles pour m’empêcher de les refermer.
« - CONNARDS ! hurlai-je encore. ME TOUCHEZ PAS ! »
Le brun enleva sa cravate et la mit autour de ma bouche. Comme je continuais à m’agiter, il me mit un coup de poing qui m’assomma à moitié. A cet instant, j’eus l’impression que le temps se figea. Il n’y avait plus aucun autre bruit que le son de nos trois respirations haletantes.
« - Inutile de t’énerver, fit doucement le blond.
- Mais oui, enchérit le brun, on veut juste s’amuser un peu.
- Laisse-toi faire. Crois-moi, ce sera moins douloureux. »
J’avais envie de pleurer, d’hurler, de me débattre… mais je ne parvenais plus à bouger, tétanisée par la peur. Voyant que je ne protestai plus, le brun aborda un sourire satisfait.
« - C’est mieux comme ça, dit-il.
- Tu vois, quand tu veux. »
Lentement, le brun remonta ses mains le long de mes jambes, jusque mes cuisses, puis fit doucement glisser mon boxer jusqu’à ce qu’il tombe à terre.
Il introduit, toujours avec cette même lenteur, deux de ses doigts, ses horribles doigts dans cette partie de mon corps que je détestais tant… Je fermai les yeux et détournai la tête, écoeurée.
Pourquoi les mecs me traitaient-ils ainsi ? qu’avais-je fait, putain ? y avait-il écrit « pute » sur mon front ? pourquoi est-ce qu’il n’y avait qu’à moi qu’arrivaient ce genre de trucs, hein ? Je sentis ma boule de chagrin se former. Pourquoi ne parvenais-je pas à pleurer ? pourquoi n’arrivais-je pas à hurler ? pourquoi est-ce que je le laissai faire ? pourquoi étais-je si faible… ?
Je me cramponnai au blond qui me tenait, serrant ses mains comme j’aurai serrée la main de mon petit ami devant un film d’horreur.
Allons, Alex…, pensai-je. Tu sais bien ce qu’il faut faire dans ces cas-là, hein ?
Oui. Pourquoi se débattre ? ce salaud l’avait bien dit… ça ne ferait que faire plus mal. De toute manière, ils auraient ce qu’ils voulaient.
Allez, calmes-toi… pas la peine de t’apporter des souffrances supplémentaires et inutiles…
Je me cramponnai un peu plus au blond. J’avais envie de vomir. J’avais peur. J’étais dégoûtée. J’aurai voulu mourir…
Ne pas regarder et attendre que ce soit fini. Se taire et laisser faire, prendre son mal en patience, jusqu’à ce que ça passe…
J’entendis soudainement le bruit de la porte qui s’ouvrit. Le brun retira aussitôt ses doigts et se retourna. J’ouvris les yeux. Morgan se tenait dans l’encadrement de la porte, contemplant la scène avec des yeux énormes. Sans même poser de questions, il se rua droit sur le brun qui n’eut pas le temps de réagir, que Morgan lui aplatissait déjà la tête contre le bureau, juste entre mes jambes.
« - Bande de petits cons…, fit-il. Je peux savoir à quoi vous jouer ?! »
Il tira la tête du brun par les cheveux, le forçant à se relever, et lui mis une énorme pêche. Le brun recula sous le choc, commença à vaciller, mais Morgan le rattrapa par le t-shirt et l’attira vers lui.
« - Hein ?! réponds, connard !! »
Il le repoussa violemment et le laissa s’étaler par terre.
Le brun restait muet, incapable de parler ou de riposter. Mais cela se comprenait. Même moi, j’avais peur de Morgan. Je ne l’avais jamais vu dans un état pareil.
Le blond sembla se réveiller enfin. Il me lâcha et courut se ruer sur Morgan, qui lui mit un coup de poing dans le nez. Le blond se mit à saigner. Morgan était fou de rage. Jamais je ne l’avais vu ainsi. Il aller les tuer.
Je me relevai, me baissai, ramassai mon boxer que j’enfilai à toute vitesse. Puis je courus dans leur direction à tout les trois.
« - Morgan ! fis-je. Arrêtes ! calmes-toi ! »
Alors que je courai dans sa direction, il me repoussa de toutes ses forces. Je fus projetée en arrière, je me vis tomber… puis plus rien. Tout était noir.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IX, Comme des Fragments d'Etoile   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 12:01

« - … ex ? »

« - … lex ? »

« - Alex ? »
J’ouvris les yeux et me perdis aussitôt dans l’océan bleu de ceux de Morgan.
« - Tu vas bien ? »
Je me relevai sans répondre. J’avais un mal de crâne énorme.
« - Oui… que s’est-il… ? »
Je n’eus pas le temps de finir ma phrase que je remarquai que Morgan saignait à l’arcade.
« - Tu saignes ! m’écriai-je aussitôt. »
Il éclata de rires devant mon air paniqué.
« - Hé ! relax, princesse, c’est rien qu’une égratignure !
- Mais … ça dégouline !
- Mais non. Et puis, t’inquiètes, j’ai été habitué aux coups d’un gars de 50 kilos de plus que moi depuis mes six ans, alors c’est pas leurs petites gifles de fillettes qui vont me faire mal.
- Ben, quand même, leurs petites gifles de gosses, comme tu dis, elles m’ont fait mal, à moi.
- C’est sûr que t’es pas très solide. On voit que t’es pas une enfant battue. C’est bon signe, donc. »
Il m’adressa un large sourire.
« - Je vois pas ce qu’il y a de drôle là-dedans, dis-je.
- Laisses tomber. Il n’y a que moi qui puisse comprendre mon humour noir.
- T’es bête.
- Je sais. »
Je restai silencieuse. Mon mal de crâne me reprit soudainement. Je gémis.
« - Ça va pas ? demanda Morgan.
- Devines. Qui c’est qui m’a poussé de toutes ses forces, hein ? j’aurai pu me faire très mal, tu sais ! je me suis cogné la tête ! combien de temps j’suis restée évanouie ?
- Environ dix minutes, je crois. Le temps que je me débarrasse des deux autres. »
Il baissa les yeux, puis ajouta :
« - Je suis désolé, princesse. J’étais en colère. Et, quand je suis en colère, je me contrôle pas. N’essayes jamais de te mettre au travers de mon chemin quand j’ai la rage. C’est un conseil. »
Il se tut encore quelques instants… puis reprit :
« - Je suis vraiment désolé. Je voulais pas te faire mal…
- C’est bon, je sais. T’inquiètes, je suis pas encore une débile profonde. Et puis, je peux pas en vouloir à mon preux chevalier qui est venu me sauver. »
Il eut un faible sourire.
« - Ouais, enfin, si tu t’es fait emmerdée, c’est à cause de moi, dit-il.
- Mais qu’est-ce que tu racontes ? si je me suis fait emmerdée, c’est à cause de cette fichue robe. Voilà pourquoi je préfère m’habiller en mec. Au moins, je passe inaperçue.
- Arrêtes de dire des conneries, Alex, rétorqua Morgan. On sait très bien tout les deux que si ces mecs t’ont emmerdé c’est pas à cause de ta robe, qu’ils auraient sûrement fait pareils si t’avais été pantalon. Si ces mecs t’ont fait chier, c’est à cause de cette putain de sale réputation que tu te traînes à cause de moi. »
Je baissai la tête.
« - Tu vois, quand je te dis… que je suis pas quelqu’un de fréquentable, moi…
- Je préfère subir ça mille fois plutôt que d’être séparée de toi, le coupai-je.
- Et moi, je préfère te voir loin de moi plutôt que de savoir que tu subis ce genre de choses par ma faute. »
J’eus un faible sourire. Il soupira.
« - Ah la la ! toi alors, j’arrête de te surveiller 5min et tu t’attires des ennuis ! tu peux pas te passer de moi, ou quoi ? comment t’as fait pour survivre ces dix-sept dernières années sans moi ? »
Morgan disait ça sur le ton de la rigolade, mais moi, c’était une question très sérieuse que je m’étais déjà posée un bon nombre de fois. Comment avais-je fait pour vivre toutes ces années sans lui ?
Il se releva et me tendit sa main afin de m’aider à me relever. Il ramassa ma raquette et nous sortîmes. Je remarquai que Morgan m’avait remis mes chaussures pendant mon sommeil.
« - Au moins, fis-je, le principal, c’est que tu sois arrivé avant qu’ils ne me fassent quoique ce soit.
- Ah ouais ? répondit-il. Ils n’ont rien eu le temps de te faire ?
- Rien du tout.
- Vraiment ?
- Vraiment.
- T’es sûre ?
- Morgan, je pense que s’ils avaient pu me faire quoique ce soit, je m’en souviendrai, quand même ! »
Il s’arrêta et se retourna subitement, me lançant un regard noir.
« - Menteuse, dit-il. Il les a peut-être retirés dès que je suis entré, mais je suis pas con : j’ai très bien vu où étaient ses doigts. »
Je me sentis tressaillir. Il avait vu la scène, alors… je me sentis rougir. Honteuse, je baissai la tête.
« - Tu dois me trouver sale, alors…, murmurai-je.
- Quoi ? et pourquoi ça ?!
- Ces types m’ont touchée… et… je les ai laissé faire !
- T’avais la trouille, Alex ! et puis ils étaient deux ! qu’est-ce que tu voulais faire ?!
- J’aurai dû me débattre ! j’aurai dû hurler ! j’aurai pas dû rester immobile comme ça ! je suis sale ! tu dois me trouver dégoûtante, maintenant !
- Putain, Alex ! j’ai trouvé deux enculés ; l’un t’immobilisait, l’autre s’amuser à te tripoter, et c’est de toi que je devrais être dégoûté ?! non mais faudrait que tu m’expliques ta logique, un jour ! T’étais pas consentante, merde ! ces enculés avaient pas à te toucher !
- Et qu’est-ce que t’en sais, d’abord, si j’étais consentante ou non ?!
- Alex…
- Non ! t’en sais rien du tout ! si ça s’trouve, je crevais d’envie que ces types me violent !
- Mais n’importe quoi !
- Ça expliquerait pourquoi je les ai laissé faire !
- T’as fini de dire des conneries ?!
- Non ! c’est toi qui dis des conneries ! c’est toi qui te mêles de ce qui te regarde pas ! si ça se trouve, j’étais parfaitement consentante ! comment tu pouvais le savoir, hein ?! »
Je lui jetai un regard noir et tournait les talons, me mettant à courir pour lui échapper.
« - Putain…, soupira Morgan. Mais qui est-ce qui m’a collée une nana aussi compliquée ? Alex ! reviens ! Reviens, putain ! je vais pas te courir après, non plus ! Ben, de toute manière, avec tes talons, t’iras pas bien loin. »
Et il n’avait pas tort. Alors que je marchai d’un pas précipité, ma cheville se tordit et je m’écroulai par terre.
« - Aieuh ! criai-je. »
Morgan débarqua quelques secondes plus tard. Il sourit.
« - Tu vois, dit-il, quand je te dis que je peux pas te laisser seule deux minutes sans qu’il t’arrive une couille. »
Je lui tirai la langue. Il s’agenouilla à côté de moi.
« - Fais-moi voir cette cheville. »
Tandis qu’il m’inspectait, je soupirai :
« - C’est pas vrai… que j’étais consentante, hein.
- Je sais bien, répondit Morgan.
- Désolée… je m’emporte toujours. Je sais même plus pourquoi je me suis énervée.
- C’est rien. Je commence à avoir l’habitude. »
J’eus un faible sourire. Morgan leva les yeux sur moi… puis les baissa au niveau de mon bas-ventre.
« - Qu’est-ce que tu regardes ?
- Tu veux pas que je vérifie…
- Vérifier quoi ?
- S’ils ne t’ont rien abîmé… ?
- Dans tes rêves !
- Mais Alex… !
- Vas te faire foutre ! et puis, il y a mit ses doigts, pas son… enfin, voilà, quoi, il avait pas des doigts de gorille, non plus.
- Il ne t’a pas fait mal ?
- Non.
- T’es sûre ?
- Oui !!
- T’énerves pas, Alex. J’ai le droit de m’inquiéter, non. Si tu crois que ça me fait pas chier de savoir que ce petit con ait pu te doi…
- Ta gueule, l’interromps-je. Ne prononces pas ces mots.
- Pourquoi t’es aussi gênée, princesse, quand on parle de ça ?
- Je suis pas… gênée.
- Menteuse.
- J’ai pas envie de parler de ce que ce type m’a fait… c’est compréhensible, ou pas ?!
- C’est pour ton bien, Alex. Pas pour te vexer. Je te connais… je sais bien que tes grandes souffrances, tu les gardes pour toi et ne me les dis que si je te le demande. Tu sais, t’as pas à te sentir gênée de devoir parler de ça avec moi… au contraire. Je suis là pour t’aider… »
Je baissai la tête.
« - Et qu’est-ce que tu veux que je te dise ? tu crois que ç’a été agréable pour moi, de me retrouver avec les doigts d’un inconnu à cet endroit, hein… ? d’autant plus que… je sais bien que si… t’étais pas arrivé… j’aurai certainement pas eu droit qu’à ses doigts. »
Morgan soupira. Il m’attrapa doucement les épaules et me fit un câlin.
« - Heureusement que t’étais là, murmurai-je. »
Il m’embrassa la tempe.
« - D’ailleurs…, fis-je. Où… où sont-ils passés ?
- Je les ai mis dans un sale état. Je leur ai dit de déguerpir, et que la prochaine fois qu’ils tenteraient quelque chose, ce serait pas à l’infirmerie que je les enverrai, mais à l’hôpital. Au moins, tu peux être sûre d’être tranquille pour un bon bout de temps, princesse.
- Merci, Morgan…
- T’as pas à me remercier. C’était la moindre des choses que je pouvais faire. »
Doucement, j’enfouis mon visage dans son torse, tirant son t-shirt sur moi, comme pour me dissimuler entièrement en lui, comme si j’avais voulu me perdre en lui, comme si j’avais voulu ne faire plus qu’un avec lui… Tout était calme. Aucun de nous deux ne parlait, il n’y avait personne aux alentours… je sentais le buste de Morgan se soulever à chacune de ses inspirations… et, si j’avais pu, je l’aurai sans doute pénétré entièrement… je respirai son souffle, comme s’il me faisait vivre, comme s’il était le seul à me maintenir en vie dans ce monde. Il n’y avait plus rien. Plus rien du tout. Juste lui. Lui et moi. Juste lui. Juste moi. Juste nous… nous et personne d’autre.
« - Je t’aime…, murmurai-je doucement. »
Morgan ne répondit pas. Il ne répondit rien. Mais qu’aurait-il pu répondre… ?
Je me sentis égoïste. Je savais très bien que Morgan souffrait de ne pas ressentir les mêmes sentiments que j’éprouvais pour lui, j’avais pertinemment conscience que ça le rendait malheureux, et je me permettais de lui balancer ces trois mots, comme ça… trois mots qui lui faisaient sans doute bien plus mal que les coups de ces types qui l’avaient « égratigné », comme il le disait si bien…
Puis, doucement, il m’écarta de lui et m’adressa un sourire, triste et heureux à la fois. Je baissai la tête.
« - Excuse-moi…, soufflai-je.
- C’est rien, dit-il.
- Je suis nulle…
- Mais non. »
Il me caressa doucement la joue, se pencha sur moi et m’embrassa le front.
« - On devrait peut-être y aller…, fis-je. Les autres doivent se demander ce qu’on fout.
- Ils sont déjà parti. On a vu que tu mettais du temps à revenir, alors je suis venu te chercher. Je leur ai dit de pas nous attendre.
- On va se faire engueuler par le prof…
- Il va nous faire faire des pompes supplémentaires.
- Ouais… un vrai mal baisé, ce prof. »
Morgan rit.
« - Comme tu dis. »
Il se releva en s’étirant. Puis il me tendit une main, pour m’aider à me relever. Mon talon se tordit encore et je tombai sur lui. Morgan me rattrapa en riant.
« - Toi alors !
- C’est la dernière fois que je mets des talons ! fis-je en m’écartant de lui, quelque peu gênée. D’ailleurs, c’est la dernière fois que je mets une minijupe aussi ! »
Il sourit.
« - Dommage. Ça te va bien.
- Pervers !
- Et fier de l’être, rétorqua-t-il. En plus, je vois pas ce qu’il y a de pervers à te trouver jolie. Oh, arrêtes de virer tomate farcie chaque fois que je te fais un compliment, ça devient lourd ! »
Je lui tirai la langue. Il sourit.
« - Allez, viens, soupira-t-il.
- Attends. »
J’enlevai mes chaussures puis courai le rattraper. Je mis doucement ma main dans la sienne, puis posai ma tête sur son épaule.
« - Tu peux plus te passer de moi, rigola-t-il.
- Oui, murmurai-je. Me laisses pas. »
Il sourit.
« - Je te laisserai pas, princesse. »


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IX, Comme des Fragments d'Etoile   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 12:04

Le reste de la semaine s’acheva d’une lenteur inégalable. Comme je lui avais demandé, Morgan ne dit rien aux autres à propos de ce qui m’était arrivé, avec les deux types de Seconde. Je ne voulais pas qu’ils s’inquiètent inutilement. Morgan était là, il s’occupait de moi. Ça me suffisait.
Le mercredi, nous avions notre premier bac blanc. Misère. Lorsque tout fut fini, le soir, j’avais une tête de cent pieds de long. J’étais persuadée d’avoir absolument tout foiré.
« - Tu peux pas t’être plantée ! me dit Morgan. On avait révisé ensemble ! »
Monsieur avait un grand sourire aux lèvres. Comme d’habitude, il avait tout réussi. Rah, ça m’énervait !
J’haussai les épaules.
« - On verra bien à la rentrée, lâchai-je. »
Il hocha la tête.
« - T’as raison. Mieux vaut ne pas se faire de fausses idées et attendre les résultats.
- Ouais. »
Il passa son bras derrière mes épaules et m’attira vers lui.
« - J’ai hâte d’être samedi, me murmura-t-il. »
J’eus un faible sourire. Samedi, on partait chez la famille de mon père, et Morgan venait avec nous. Nous allions passer toutes les vacances de Noël ensemble… j’avais l’impression de rêver.
« - Moi aussi, soufflai-je. »


Morgan était tranquillement allongé dans son lit, naviguant dans le beau pays des rêves, quand une sonnerie intempestive vint troubler son sommeil. Il éteignit son réveil d’un coup de poing. Puis attrapa son oreiller et tenta de se rendormir.
« - Morgan…, fit une voix féminine à côté de lui. »
La jeune fille tenta de le bousculer.
« - Fous-moi la paix, Alex ! envoya-t-il.
- Alex ? interrogea l’autre. Qui c’est, Alex ? »
Morgan se releva. Haussant un sourcil, il se demanda qui était la belle blonde allongée dans son lit, portant son t-shirt à lui sur le dos.
« - T’es qui, toi ? lâcha-t-il. »
La jeune fille ouvrit des yeux énormes.
« - Ah oui, se rappela Morgan. La nana d’hier soir… »
Puis il s’effondra sur son lit, tentant de se rendormir. Quand la sonnerie de son téléphone portable retentit.
« - Roh, putain… »
Il attrapa l’engin, qui était sur la table de nuit, et décrocha sans regarder qui l’appelait.
« - VAS CHIER ! aboya-t-il. »
Puis il raccrocha en balançant le téléphone par terre. Il se rallongea alors en espérant avoir la paix.

Je n’en croyais pas mes oreilles. Je me demandai pour quelle raison je devais être en colère. Parce qu’il m’avait raccroché au nez, ou parce qu’il m’avait envoyé un « vas chier » mémorable ? peut-être pour les deux. Furieuse, je composai à nouveau son numéro.

Le téléphone sonna encore. Morgan se leva, attrapa rageusement le mobile, décrocha une nouvelle fois sans regarder qui l’appelait, et ouvrit la bouche, prêt à balancer une flope de jurons. Mais il n’en n’eut pas le temps.
« - ESPECE D’ENCULE JE VAIS T’APPRENDRE A ME DIRE VAS CHIER, MOI !!! aboya une voix furieuse à l’autre bout du fil. »
Morgan dû éloigner le téléphone de son oreille pour maintenir ses tympans intacts.
« - Alex ?! s’étonna-t-il.
- Evidemment, abruti ! aboyai-je. T’en connais dix mille, toi, des filles qui t’appelleraient pour te hurler dessus ?!
- Nan, j’avoue. »
Je poussai un long soupir d’exaspération.
« - Bon ! fis-je. T’es prêt ?
- Prêt… ? prêt pour quoi ?
- On est samedi, gogole ! on doit passer te chercher !
- Ah, ouais… merde !
- T’avais oublié… ?
- Nan ! enfin, oui… enfin, c’est pas ça, c’est que… »
Je soupirai.
« - Laisses tomber.
- Hein ?
- Je me doutais que tu oublierais de te réveiller. Rassures-toi, chez nous, on est pas prêts du tout. Mais comme j’avais peur que tu te lèves pas, j’ai décidé de t’appeler pour pas que t’oublies de t’habiller.
- Ah… euh… merci.
- De rien…, soupirai-je. Allez… à toute.
- A… à toute, balbutia-t-il, un peu confus. »
Je raccrochai en me demandant sincèrement ce que je trouvais à cet imbécile.

« - C’est pas beau d’être infidèle, tu sais, fit la voix de la blonde. »
Morgan leva les yeux sur elle.
« - Infidèle ? répéta-t-il sans comprendre. Mais… ? je suis pas infidèle… ?
- Ah, vraiment ? et la fille, là… Alex… c’est pas ta copine ?
- Non.
- Ah bon ? j’aurai pas cru. Vu la tête que tu faisais en lui parlant…
- Quoi ? quelle tête ?!
- Quoiqu’il en soit, c’est pas beau de coucher avec une fille en pensant à une autre.
- Hein ? »
Elle lui adressa un large sourire mais n’en dit pas davantage. Morgan réalisa qu’elle s’était rhabillée pendant qu’il était au téléphone.
« - Bon, fit-elle. Et bien, à plus, beau gosse. »
Le jeune homme la regarda quitter la pièce avec une bouche grande ouverte. Il venait de réaliser qu’il était chez lui. Il avait ramené cette nana chez lui ! il allait à l’encontre de tous ses principes ! décidément, en ce moment… il avait la tête complètement ailleurs.

C’est pas beau de coucher avec une fille en pensant à une autre.

Qu’est-ce que ça voulait dire… ?


Je fermai le coffre de la voiture après y avoir mis la dernière valise. Je poussai un long soupir en m’appuyant contre le véhicule.
« - Ça y est ? me demanda Elodie. On a tout chargé ?
- A première vue, oui, répondis-je. »
Elle sourit.
« - Heureuse, je suppose ?
- Hein ? pourquoi ça ?
- Et bien oui, tu vas passer les vacances avec Morgan !
- C’est vrai, acquiesçai-je.
- Ce sera peut-être le moment de conclure, me taquina-t-elle.
- Pff… n’importe quoi. »
Son sourire s’élargit.
« - Allez, Alex ! fais pas ta mauvaise tête ! n’importe quelle fille dotée d’un minimum d’intelligence profiterait de ces deux semaines passées avec celui qu’elle aime pour le séduire !
- N’importe quoi. J’suis pas comme ça.
- Et c’est pour ça que t’as jamais eus de mec !
- Ç’a rien à voir. Si j’ai pas eu de copain, c’est parce que j’en voulais pas. Et parce que j’étais pas amoureuse !
- Mais justement ! là, tu es amoureuse ! c’est donc le moment d’utiliser un peu les atouts que Dame Nature t’a donnés ! »
Tout en disant cela, elle mit ses mains sur mes seins.
« - Hey ! protestai-je en la virant vivement. Pas touche ! »
Elle retira ses mains et recula d’un pas en riant.
« - Idiote ! fis-je, furieuse. »
Elodie rit de plus belle, puis redevint subitement sérieuse.
« - Nan, Alex, dit-elle. Franchement. T’as pas l’intention de tenter ta chance ??
- Non merci.
- Pourquoi ?
- Parce que j’ai aucune chance.
- Pourquoi ça ? Morgan t’adore. Je dirai au contraire que tu as toutes tes chances. Et puis, si tu essayes même pas, comment tu peux le savoir ? »
J’haussai les épaules.
« - S’il avait pu tomber amoureux de moi, ça serait déjà fait.
- Et qui t’a dit que ce n’était pas le cas ?
- Lui-même. »
Elle en resta muette.
« - Tu lui as déjà dévoilés tes sentiments ? s’étonna-t-elle.
- Plus ou moins… c’est compliqué.
- Et il t’a dit qu’il ne t’aimait pas ?
- Il a dit qu’il ne savait pas. Alors qu’il préférait me répondre non plutôt que me donner de faux espoirs. »
Elodie se mordit la lèvre inférieure. J’eus un faible sourire.
« - C’est gentil de t’occuper de ta pauvre sœur, Elo, dis-je. Mais dans le cas de Morgan, je t’assure, laisses tomber. Y’a rien à faire.
- Pourquoi ça ? s’exclama-t-elle. Il t’a dit qu’il savait pas, Alex ! ça veut pas dire qu’il t’aimera jamais !
- Je sais bien ! Mais je suis pas totalement conne, non plus, Elodie. Déjà, Morgan est un obsédé, pas du tout du genre à tomber amoureux. Il en faudrait donc beaucoup pour qu’il m’aime. Même si c’est pas impossible. Seulement, je sais aussi que même s’il venait à m’aimer, il ne me le dirait pas.
- Qu… quoi ? pourquoi ça ? ce serait stupide !
- Je sais bien. Mais il s’agit de Morgan, là, pas d’un de tes exs.
- Laisses mes exs où ils sont !
- C’est un type vraiment compliqué. Et, tu sais, même si lui et moi on est très proches, il y a des moments où je serai incapable de te dire ce qu’il se trame dans sa petite tête d’obsédé ! »
Elodie sourit.
« - Il m’a sorti tout un charabia l’autre jour… disant un truc du genre… comme quoi il ne me méritait pas, qu’il ne saurait pas prendre soin de moi, qu’il me ferait souffrir tôt ou tard…
- Mais c’est débile ! qu’est-ce qu’il croit ? que tu souffres pas, là, déjà, à croire qu’il ne t’aime pas ?
- C’est ce que je lui ai dit ! mais il veut rien entendre !
- Il est con !
- Ouais. »
Elodie poussa un long soupir.
« - Désespérant. »
J’hochai la tête.
« - Comme tu dis. »
Elle m’adressa un faible sourire.
« - Pourquoi faut-il que la seule fois où ma sœur tombe amoureuse, ce soit d’un mec inaccessible ?
- Inaccessible ? répétai-je. J’irai pas jusque-là. Morgan est pas inaccessible. Il est incompréhensible. C’est différent.
- Hmm, acquiesça ma frangine. »
Notre cher frère arriva à ce moment-là, sortant de la maison une énorme valise.
« - Kevin ! criai-je. T’aurais quand même pu nous la donner avant ! on vient juste de tout rentrer dans la voiture !
- Mais t’es vraiment trop conne, toi, rétorqua-t-il. Cette valise-là, c’est la mienne. Oublies pas que je vais dormir chez ma copine pendant les vacances. Vu que j’ai été viré pour laisser ma place à Morgan…
- Pff ! fit Elodie. Avoues que ça t’arrange plus qu’autre chose. »
Il nous adressa un large sourire qui en disait long.
« - Tu penseras à remercier Morgan de se sacrifier pour moi, Alex.
- Ouais, ouais. »
Tu parles. Pour Morgan, ce n’était pas un sacrifice du tout. Au contraire, même, il préférait passer ses vacances avec nous plutôt que seul. Et ça se comprenait. Kevin, lui, préférait être avec sa copine et ses potes plutôt qu’avec sa famille. Chacun ses goûts.
Ma mère sortit bientôt, suivie de près par mon père et Jordan.
« - Ça y est ? demandai-je.
- Oui ! me répondit ma mère. Allez, vite, on a pas le temps ! Tu as appelé Morgan ?
- Je le fais.
- Montez dans la voiture ! ordonna mon père. »
Nous nous exécutâmes. Jordan monta dans le coffre. Je m’installai au milieu.
« - Qu’est-ce que tu fous ? s’étonna ma sœur.
- Bah, je m’assois, répliquai-je.
- Au milieu ?
- Bah oui. Faut bien laisser une place à Morgan.
- Pourquoi tu le laisses pas au milieu, lui ? interrogea ma frangine.
- Pour que tu puisses mettre ta tête sur son épaule en faisant semblant de dormir ? non merci !
- T’es pas drôle, Alex !
- M’en fous. »
Je composai le numéro de Morgan sur mon portable afin de lui dire de se tenir prêt.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IX, Comme des Fragments d'Etoile   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 12:05

« - C’est ici ? interrogea mon père.
- Oui, répondis-je.
- Il est où ?
- Il était pas tout à fait prêt quand je l’ai appelé. Je vais monter le chercher.
- Ok, répliqua mon père. Mais grouilles-toi.
- No problemo. »
Je dévalai les escaliers jusqu’à arriver à sa porte, qui s’ouvrit sur Morgan juste au moment où j’allais taper. Il me regarda avec de grands yeux.
« - Euh… salut, fit-il. »
Je souris.
« - T’es prêt ?
- Ouaip’.
- Cool. Alors, go. Mon père est surexcité aujourd’hui. Il s’énerve pour un rien. Faut pas le faire attendre.
- Ok. »
Alors que nous commencions à descendre les marches il s’écria :
« - Merde !
- Quoi ?
- J’ai oublié de fermer à clefs !
- Nan mais t’es con !
- Oh, ça va, hein ! »
Il courut fermer puis revint.
« - En plus, j’avais oublié le plus important.
- Ah ouais ? quoi ? »
Il sourit, puis ramena son sac vers lui, sortit quelque chose de la petite poche extérieure qu’il me tendit fièrement.
« - Des capotes ? m’exclamai-je.
- Goût cerise ! précisa-t-il.
- Abruti ! et qu’est-ce que tu comptes foutre avec des capotes chez ma famille, hein ? Si tu comptes draguer mes cousines, tu t’fous le doigt dans l’œil : elles ont toutes moins de 13 ans !
- Mais… c’est pas pour tes cousines.
- Ah bon ? pour qui, alors ?
- … pour toi.
- KEWA ?!
- Cries pas ! on sait jamais ce qui peut arriver, dans la vie ! faut être prudent !
- Sale débile va ! t’as intérêt à bien les cacher ! si mon père voit ça, t’es bon pour dormir sur le paillasson jusque la fin des vacances !!!
- Pourquoi ?
- Parce que mon père est vraiment coincé du cul ! s’il te voit avec ça, il va péter un câble !
- Ah, bah, au moins, je sais de qui tu tiens, maintenant. »
Je lui lançai un regard noir.
« - Je suis sérieuse, Morgan. Déconnes pas. D’ailleurs, tu ferais mieux de pas te vanter de tes aventures sexuelles devant lui.
- Quoi, tu veux que je me fasse passer pour un puceau ?
- T’as plutôt intérêt si tu veux qu’il nous laisse dormir dans la même chambre.
- Putain… l’est chiant, ton père !
- Comme tu dis. »
J’eus un faible sourire devant l’air dépité qu’il aborda.
« - Allez, t’inquiètes, tu survivras, petit puceau. »
Il me tira la langue. Je ris, puis lui tendis la main, où il mit la sienne.
« - Let’s go ! fit-il. »

Nous dévalâmes les escaliers à toute vitesse. Morgan commença à vouloir s’asseoir au milieu, j’attrapai son t-shirt, le tirai en arrière et entrai avant lui. Il s’installa à côté de moi sans comprendre, puis ferma la portière.
« - Salut, Morgan ! susurra Elodie.
- Salut, Elo.
- Morgan ! s’exclama Jordan. »
Le concerné rit.
« - Salut, le schtroumf. Bonjour mam’ et m’sieur Slynner.
- ‘Jour, répondit mon père, de méchante humeur.
- Bonjour, Morgan ! fit ma mère, tout sourire. Pas trop dur de te lever, ce matin ? »
Il haussa les épaules.
« - J’m’en foutais un peu. »
Ma mère rit.
« - Tu as apporté quoi, comme affaires ? grommela mon père. »
Morgan leva son sac en guise de réponse. Il s’agissait de son sac de cours. Il n’avait pas l’air de l’avoir beaucoup rempli.
« - Ok. »
Morgan reposa le sac puis me sourit.
« - Quoi ? lâchai-je.
- Rien, répondit-il en haussant les épaules, toujours souriant. »
J’haussai un sourcil.
« - Pourquoi tu souris bêtement, alors ?
- Parce que chuis content. J’ai pas le droit ?
- Et pourquoi t’es content ?
- Tu le sais mieux que moi, je crois. »
Je souris à mon tour. Alors, doucement, je posai ma tête sur son épaule en fermant les yeux. Morgan passa son bras sous le mien et me prit la main, puis posa à son tour sa tête sur la mienne. J’ignore combien de temps nous sommes restés ainsi, silencieux. Assez pour s’endormir, en tout cas…

« - … lex ? »

« - Alex ? »

« - Putain, lèves-toi, t’es lourde ! »
J’ouvrai les yeux, puis les levai en l’air. Morgan me sourit. J’avais dû tomber pendant mon sommeil car j’avais la tête sur ses genoux. Il me caressa doucement le front, enlevant les cheveux de mes yeux.
« - On est arrivés, dit-il doucement. »
Je clignai des yeux. Je réalisai qu’il n’y avait plus personne dans la voiture. Nous étions seuls. Les battements de mon cœur s’accélérèrent. Il glissa son index sur mon visage, mon front, mon nez, puis s’arrêta sur mes lèvres.
« - J’ai envie, dit-il simplement.
- Envie de quoi… ? soufflai-je.
- D’y poser les miennes. »
Mon cœur s’affola davantage. Il appuya sur mes lèvres, me forçant à ouvrir la bouche, où il introduit doucement son doigt. Je fermai les yeux et suçai son index comme j’avais jadis sucé mon pouce ou ma sucette étant petite. Cela ne dura que quelques secondes, pas plus d’une minute, car Morgan retira, toujours aussi doucement, son doigt. J’ouvris les yeux.
Il sourit devant mon air hébété et se pencha vers moi. Je relevai légèrement la tête, approchant mes lèvres des siennes… puis la portière avant s’ouvrit subitement.
« - Salut les jeunes ! fit la voix de ma mère. Alors, Morgan, t’as toujours pas réussi à la réveiller, ta feignasse ? »
Morgan se redressa vivement tandis que je me relevai.
« - Si, si ! fis-je. Je suis réveillée ! »
Ma mère sourit.
« - Et bien, venez, on va pique-niquer !
- On arrive ! »
Elle nous adressa un petit clin d’œil puis s’en alla. Morgan me sourit, posa sa main sur le dossier du siège et s’approcha de moi. Mais je tournai la tête.
« - Arrêtes, dis-je.
- Quoi ? »
Je soupirai.
« - Les autres nous attendent. »
Morgan ne répondit pas tout de suite.
« - Je vois, dit-il finalement. »
Je l’entendis soupirer d’exaspération et il se recula. Il ouvrit la portière et sortit, puis me la claqua quasiment au nez au moment où je m’apprêtai à sortir. A la fois triste et las, j’ouvris à nouveau la portière, la refermai, et marchait derrière Morgan qui ne m’avait pas attendue.
Nous arrivâmes vers mes parents, ma sœur et mon frère, qui avaient trouvé une table de pique-nique bordée de deux bancs, le tout en bois, pour manger.
« - Tiens donc ! fit Elodie en nous voyant. La Belle aux bois dormant et son Prince Charmant ! »
Morgan la toisa du regard et alla s’asseoir à côté de Jordan. Ma frangine me lança un regard interrogatif auquel je répondis par un haussement d’épaule, avant d’aller m’installer à côté d’elle. Je cherchai les yeux de Morgan qui prenait bien soin d’éviter les miens, et quand ça arrivait, c’était pour me lancer un regard si glacial que j’en frissonnai. Une chose était sûre : je l’avais vexé.
« - Alors ! fit ma mère, toujours ce même sourire de niaise sur le visage. Morgan ! tiens, ton sandwich ! »
Il sourit. J’eus un pincement au cœur en pensant que ce sourire ne m’était pas adressé.
« - Merci, mam’ Slynner ! »
Ma mère distribua les sandwiches, soigneusement emballés dans leur papier d’aluminium.
Nous étions sur une aire de repos. Il faisait assez chaud pour une matinée d’hiver. Et, malgré ce beau soleil, le ciel était nuageux dans mon cœur. Morgan était vraiment fâché. C’était la première fois qu’il se comportait comme ça avec moi. Ça me faisait froid dans le dos. Qu’est-ce que j’avais fait de travers ? je l’avais repoussé. Quoi de plus normal ? j’allais pas le laisser m’embrasser tout en sachant qu’il ne m’aimait pas ! Je n’avais aucune envie de revivre le scénario d’Halloween. Je ne voulais pas espérer pour être déçue. J’en avais marre de souffrir. J’en avais marre d’être malheureuse. Pourquoi Morgan ne le comprenait-il pas ? pourquoi se comportait-il ainsi ? peut-être que c’était contre lui, en fin de compte, qu’il était fâché. Je soupirai, puis abandonnai l’idée de tenter de comprendre ce qu’il se passait dans sa tête.

Lorsque nous finîmes de manger, Elodie me demanda de l’accompagner aux toilettes. Sur le chemin, elle m’interrogea évidemment sur le comportement de Morgan.
« - Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
J’haussai les épaules.
« - Allez, Alex ! supplia Elodie. Dis-moi ! vous vous êtes disputés ?
- Morgan a essayé de m’embrasser et je lui ai dit non. »
J’avais décidé de lui épargner les détails. Elle n’avait pas besoin de savoir que je lui avais sucé le doigt juste avant. Je rougis en y repensant.
« - Pourquoi tu lui as dit non ? s’étonna ma sœur.
- Je veux pas qu’il fasse semblant.
- Semblant ?
- Oui. S’il m’embrasse, je veux que ce soit parce qu’il m’aime, pas pour me le faire croire, ou encore moins pour me faire plaisir.
- Peut-être qu’il t’aime, et pour de vrai.
- Je sais pas. Mais je veux pas me faire de faux espoirs. Je veux qu’il soit sûr de ses sentiments. »
Elodie sourit.
« - Je vois. Tu sais, je pense pas que tu devrais trop te préoccuper de ça. Morgan tient autant à toi que tu tiens à lui. Il te fera pas la gueule longtemps. »
J’eus un faible sourire.
« - Merci, frangine. »

Je tirai la chasse puis me lavai les mains. Je les essuyai et me retournai, manquant me cogner contre Morgan. Je sursautai.
« - M… Morgan ! fis-je, un peu surprise. Qu’est-ce que tu fais… ?
- Je vais aux chiottes. C’est interdit ?
- Hein… ? euh… je… non… »
Morgan haussa un sourcil puis lâcha :
« - Désolé.
- Hein… ? de… de quoi ?
- De me comporter comme ça. Je t’en veux pas, hein. En fait… c’est surtout à moi que j’en veux. Mais je me suis énervé contre toi. Excuse-moi. »
Je ne pus empêcher un large sourire de se dessiner sur mes lèvres. Et je lui sautai au cou.
« - Ouf ! soufflai-je. J’ai vraiment eu peur, tu sais ! »
Il soupira.
« - Pardon, princesse. »
Il remit mes cheveux en place et me sourit.
« - Je compte pas te perdre.
- Moi non plus… je veux pas. »
Il posa son visage contre ma nuque, sur mon épaule qu’il embrassa. Je frissonnai.
« - En tout cas, je te souhaite de sucer aussi bien la queue de ton futur mec que t’as sucé mon doigt.
- T’es bête.
- Je sais. »
Nous restâmes encore quelques instants comme ça quand une voix vint nous interrompre :
« - Hé bien ! qu’est-ce que je vois pas ? »
Morgan et moi nous relevâmes. C’était Elodie. Elle croisa les bras et fronça les sourcils.
« - Y’a encore deux minutes c’était troisième guerre mondiale, et maintenant vous vous tenez chaudement dans les bras l’un de l’autre ?! non mais faudrait peut-être savoir ce que vous voulez ! incroyable ! on croirait avoir à un couple de vieux croûtons ! »
Elle s’en alla en ronchonnant.
« - Elle est fâchée ? me demanda Morgan.
- Sûrement. »
Elodie marcha rapidement en pensant qu’ils l’exaspéraient vivement, ces deux-là, à jouer à leur petit jeu de « Je t’aime ! » « Moi non plus ! », à se courir après comme ils le faisaient… elle se demandait franchement quand est-ce qu’ils réaliseraient qu’ils étaient complètement fous amoureux l’un de l’autre !
Morgan et moi suivîmes ma sœur. Il tenta timidement de me prendre la main et je lui souris pour lui faire comprendre qu’il en avait le droit. Nous marchâmes ainsi, main dans la main.
« - Dis, tu me re-suceras le doigt, un jour ? me taquina Morgan.
- Dans tes rêves ! »
Et il éclata de rires. Je souris en pensant que j’avais retrouvé le Morgan de d’habitude.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IX, Comme des Fragments d'Etoile   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 12:06

« - Et voilà ! fit mon père. »
Je dû donner un petit coup d’épaule pour réveiller Morgan qui s’y était endormi.
« - Hein, quoi ?? demanda-t-il, un peu à l’ouest. »
Je souris.
« - On est arrivés. »
Il se frotta l’œil.
« - Déjà ? »
Il était vraiment trop mignon quand il venait de se réveiller.
« - Oui. »
Il me sourit, puis se retourna pour regarder dehors.
« - Putain ! fit-il.
- Pas de vulgarités, jeune homme ! le reprit ma mère.
- Mais vous avez vu toute cette neige ?? s’exclama-t-il.
- Oui ! répondis-je. C’est comme ça, en hiver, ici.
- C’est magnifique… »
Elodie grommela.
« - Magnifique, mon cul, on va encore se geler pendant toutes les vacances, fit-elle. J’parie que mamie n’a même pas encore réparé les chauffages.
- Ah ! triompha mon père. Je l’attendais, celle-là ! et bien tu es mauvaise langue, ma chère fille ! ta grand-mère a bel et bien réparé les chauffages, cette fois !
- Sérieux ?? nous exclamâmes ma sœur et moi d’une même voix.
- Oui ! fit ma mère, aux anges.
- Trop bieen ! »
Mon père acquiesça. Il se gara devant la petite maison de mes grands-parents. Je cru apercevoir des étoiles dans les yeux de Morgan en voyant tout cela. J’eus un faible sourire. Doucement, alors qu’il me tournait le dos pour regarder par la fenêtre, je glissai mes mains sur son torse et le prit dans mes bras, posant ma tête sur son dos. Morgan ne dit rien.
C’était bien la première fois que je faisais ça. Mais il devait avoir l’habitude, lui. Cela me dégoûta malgré moi que mon geste ne provoqua pas plus de réactions de sa part.
« - Allez, c’est parti ! s’exclama ma mère. »
Il faisait déjà presque nuit. Lentement, Morgan attrapa mes mains et les enleva. Je me relevai sans faire de commentaires. Il m’adressa un petit sourire gêné, mais cela ne me réchauffa même pas le cœur. Il ouvrit la portière et descendit. Je le suivis. Elodie sortit de l’autre côté.
« - Brr ! fit Morgan. On s’les gèle ! »
Je ne répondis pas.
« - Tu veux que je te réchauffe, Morgan ? susurra Elodie avec son sourire d’allumeuse. »
Je restai silencieuse.
« - Ok, pas de problème. »
Pas un mot.
« - J’arrive alors. »
De marbre, Alex, de marbre.
Je vis Elodie prendre Morgan dans ses bras et un sourire pervers se dessina sur les lèvres de celui-ci.
Sans commentaire.
Je tournai les talons sans mot dire pour aller ouvrir le coffre, laissant ainsi Jordan descendre. J’attrapai deux valises et passai devant eux sans un regard.
« - Attends, Alex ! fit Morgan. »
Je me retournai et haussai un sourcil interrogateur. Il commença à mettre la main sur la poignée d’une de mes valises.
« - Tu veux que je t’aide ?
- Non merci. »
Je tournai les talons et me dirigeai vers la porte d’entrée, avec mes parents et Jordan. Elodie et Morgan nous rejoignirent bientôt, des bagages dans les bras.
Ma mère sonna. La porte s’ouvrit sur le sourire radieux de ma grand-mère, Elisabeth.
« - Mes chéris ! s’exclama-t-elle.
- Grand-mère ! fit Jordan en lui sautant au cou.
- Oh, mon petit loup ! dit-elle, aux anges. Entrez, entrez, ne restez pas dehors, il fait froid ! »
Je déposai les deux valises par terre. Mon père me tendit les clefs et je retournai sagement à ma besogne. Alors que j’attrapai une valise, la main de Morgan se posa sur la mienne. Je sursautai.
« - Qu’est-ce que tu fais… ? fis-je, un peu abasourdi.
- La même chose que toi.
- Ah. »
J’attrapai un autre bagage et me reculai. Morgan attrapa ce qu’il restait, puis alla chercher son sac de cours. Je fermai le coffre et verrouillai la voiture. Nous entrâmes dans la maison, déposant les valises avec les autres. Puis nous fîmes irruption dans le salon, où tous s’étaient sagement installés.
« - Tiens ! fit mon grand-père. Alex, mon petit-fils préféré ! »
Je levai les yeux au ciel et ignorai la vacherie.
« - Moi aussi je suis contente de te revoir, grand-père. »
Il sourit et vint me prendre dans ses bras.
« - Comment vas-tu, ma chérie ?
- Bien et toi ? »
Il hocha la tête, puis leva les yeux sur Morgan. Ce dernier était resté en retrait. J’eus un faible sourire.
« - Papi, mamie, je vous présente Morgan.
- Euh… bonsoir, fit l’autre.
- Bonsoir, jeune homme ! répondit ma grand-mère avec un large sourire. Et bien, ne restez pas planté là, approchez ! »
Morgan obéit timidement. Ma grand-mère se leva.
« - Et bien, Jeannine, tu ne m’avais pas menti, voilà un beau jeune homme ! »
Elodie et ma mère éclatèrent de rires. Je souris. Morgan eut droit à la même inspection que la première fois qu’il avait rencontré ma très chère mère. Mais cela ne lui déplaisait pas, à lui.

« - Bon ! annonçai-je. Toi tu dors là, et moi là, pigé ? »
Nous étions dans la chambre d’amis que ma grand-mère nous avait attribuée, Morgan et moi. J’avais pris soin d’installer un matelas au cas où des idées bizarroïdes lui viendraient à l’esprit. Il sourit.
« - T’as peur que je te saute dessus, princesse ? »
Je ne répondis pas, et m’installai sur mon lit.
« - Bonne nuit. »
Morgan, qui était resté planté debout, finit par venir s’allonger à côté de moi.
« - Hé ? qu’est-ce que tu fous ? fis-je.
- Je veux dormir à côté de toi, protesta-t-il.
- Quoi… ? tu plaisantes, j’espère ?
- Ouais. En fait, je veux pas dormir à côté de toi, je veux dormir avec toi. »
Je rougis.
« - Arrêtes, Morgan… tes allusions… c’est… désagréable.
- Je peux dormir avec toi sans faire d’allusions.
- Laisses-moi tranquille, soufflai-je, exaspérée. »
Je me retournai afin de lui tourner le dos. Morgan s’approcha, allongé contre moi, il mit un bras autour de mon ventre et approcha sa bouche de mon oreille.
« - Tu fais la tête, pas vrai ?
- Arrêtes… t’es vraiment chiant quand tu fais ça, murmurai-je. »
Il enleva mes cheveux, dégageant mon cou qu’il embrassa.
« - Morgan… »
Il avait l’air de se moquer totalement de ce que je pouvais lui dire. Il posa son front sur mon cou.
« - On peut bien dormir ensemble sans qu’il se passe rien, non ?
- Pourquoi tu veux dormir avec moi ? ton matelas te suffit pas ? je te laisse le lit si tu veux.
- Je m’en fous du lit, putain.
- A quoi tu joues ?
- J’ai envie de m’endormir près de toi. Est-ce que c’est un crime ?
- J’ai peur.
- Peur de quoi ? que je te saute dessus ?
- Non.
- Alors c’est quoi, le problème ?
- J’ai peur de t’aimer encore plus si je m’endors près de toi.
- C’est possible ?
- Je sais pas.
- Alors peut-être que si on dort ensemble, je t’aimerai.
- Peut-être. »
Il m’embrassa encore le cou. Doucement, je saisis sa main, l’amenai vers mes lèvres, puis y déposai un baiser. Nous ne dîmes plus rien de toute la soirée. Et finîmes par nous endormir ainsi.

Le lendemain matin, pour une fois, ce fut moi qui me réveillai la première. Morgan et moi n’avions pas bougé de la nuit. Je me retournai afin de lui faire face, le plus discrètement que je pus. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. Il était tellement beau… lorsqu’il dormait, il avait une véritable gueule d’ange. J’aurai pu rester des années ainsi, à le regarder dormir, à voir son buste se soulever chaque fois qu’il respirait. Doucement, j’attrapai sa main, qui était toujours sur moi, l’amenai vers mes lèvres, et y déposai un baiser, yeux clos. Lorsque je les rouvris, Morgan était réveillé. Il me sourit, puis me caressa la joue. Je m’approchai de lui et posai mon crâne contre son buste. Il me prit dans ses bras.
« - Bonjour, princesse, murmura-t-il d’une voix encore ensommeillée. »
Je le pris à mon tour dans mes bras, glissant mes mains sous son t-shirt, caressant doucement son dos. Je sentis qu’il frissonna. Un petit sourire fier se dessina sur mes lèvres. Je relevai la tête. Il me sourit, puis me caressa doucement le visage, jusqu’à poser son pouce sur mes lèvres. Je fermai les yeux.
« - Bien dormi ? continua-t-il. »
Je rouvris les paupières et acquiesçai. Il glissa sa main dans mes cheveux, puis sur ma nuque, rapprochant ma tête contre lui.
Soudain, la porte s’ouvrit violemment sur Jordan.
« - ALEX ! hurla celui-ci. »
Je me relevai subitement.
« - Quoi ?! criai-je, affolée. Qu’est-ce qu’il se passe ?!
- Ils sont là !
- Qui ça ?
- Les cousins, pardi !
- Sérieux ?!
- Sérieux ! allez, grouilles ! »
D’un geste, je rejetai la couverture, passai au dessus de Morgan en l’écrabouillant, ignorant les protestations de celui-ci, et bondis hors du lit. J’arrangeai le t-shirt trop grand qui me servait de chemise de nuit, jetai un œil dans le miroir afin de rendre mes cheveux présentables, puis courai en direction de Jordan qui me devança.
Nous dévalâmes les escaliers à toute vitesse et déboulâmes dans le salon où nous nous figeâmes soudainement. Tous. Ils étaient tous là. Ma tante Elena, son mari Victor, leurs deux enfants, Manon (7 ans), Valentin (3 ans), ainsi que ma tante Céline, mon oncle Benjamin, leurs deux enfants Anthony (6 ans) et Ludovic (10 ans). Quand ils me virent, Manon et Anthony me sautèrent quasiment au cou.
« - Alex !! »
Je m’accroupis pour les accueillir dans mes bras grand ouverts. Morgan descendit à ce moment-là. Nos regards se croisèrent. Il sourit, amusé. Je me relevai, et le présentai à tout le monde. Mais cousins semblèrent terrifiés en le voyant. Mais je savais que Morgan était très doué avec les enfants, et qu’il saurait se faire aimer d’eux rapidement. Sur ce point-là, je lui faisais confiance.
Nous nous réunîmes tous autour d’un gâteau et d’un chocolat chaud fait par ma grand-mère, afin de fêter nos retrouvailles. Morgan s’assit à côté de moi. Il ne dit pas grand-chose, mais écoutait et observait attentivement, un grand sourire sur les lèvres.
Finalement, quand nous eûmes terminé, les cousins me kidnappèrent pour aller jouer à la Playstation. Morgan nous suivit, amusé. Ludovic lança Crash Back. Je m’assis par terre, en tailleur, la manette dans les mains, Anthony à côté de moi.
« - Tu vas voir ! me dit-il.
- C’est toi, qui vas voir, sale morveux ! répliquai-je. »
Morgan rit. Alors que le jeu se lançait, il posa ses mains sur mes épaules et me dit qu’il allait aux toilettes.
« - Ok, répondis-je vaguement. »

Morgan claqua la porte des WC. Il marcha en traînant un peu les pieds le long du couloir, sortit une clope qu’il mit dans sa bouche. Alors qu’il en approchait le briquet, il fut soudainement secoué de spasmes. Il bascula sur le côté et se cogna contre le mur, son briquet et sa cigarette tombèrent à terre. Morgan mit sa main sur son front, tentant de se calmer. Il regarda ses mains. Elles tremblaient. Il tremblait.
« Encore…, pensa-t-il. C’est pas la première fois que ça me fait ça… est-ce que c’est dû à la drogue ? »
Il avait du mal à respirer.
« Alex… il faut pas qu’elle me voit comme ça. Sinon…elle va encore s’inquiéter. Je veux pas… qu’elle s’inquiète pour moi… »
Alors qu’il faisait de son mieux pour se maîtriser et reprendre le contrôle de son corps, le bruit de sa respiration haletante laissa place à un autre, plus étrange… Morgan ouvrit subitement les yeux. Des sanglots. Des sanglots de fille.
Il se releva tant bien que mal, ses forces l’ayant quittées, puis ramassa le briquet ainsi que la cigarette qu’il rangea dans sa poche. Il s’approcha de la porte la plus proche. C’était de là que venaient les sanglots. C’était la chambre d’Elodie.
Il poussa la porte entr’ouverte et entra dans la pièce. Elodie était là, assise sur son lit, pleurant à chaudes larmes. Elle releva la tête quand la porte grinça.
« - M… Morgan ? fit-elle, surprise. »
Elle essuya précipitamment ses larmes.
« - Qu’est-ce que… ? t’es pas avec Alex ?
- Les gosses me l’ont piquée. »
Elodie eut un petit rire.
« - Oui. Nos petits cousins sont en admiration totale devant Alex. Manon souhaite même lui ressembler. »
Morgan sourit. Laissant la porte ouverte, il alla s’asseoir à côté d’elle.
« - Qu’est-ce qu’il y a ? »
Elodie haussa les épaules, prenant bien soin d’éviter de le regarder.
« - Allez…, souffla-t-il. »
Il passa sa main dans les cheveux d’Elodie et l’attira vers lui.
« - Racontes… »
La jeune fille ne dit rien pendant un petit moment. Puis lâcha finalement :
« - Je l’ai vue.
- Vue qui ?
- Alex.
- Tu l’as vue où ? »
Elodie leva vers Morgan des yeux brouillés de larmes.
« - Je l’ai vue en train de se mutiler, Morgan…, souffla-t-elle. »
Le jeune homme en resta muet.
« - Je… j’suis nulle… j’ai rien fait… pour l’arrêter… Alex… elle a souffert… pendant tout ce temps… et moi, sa propre sœur jumelle… j’ai rien vu … du tout ! »
Sur ce, elle fondit en larmes. Morgan la prit doucement dans ses bras.
« - Mais non… Alex a bien caché son secret…
- Mais tu as vu l’état de ses bras, Morgan ? tu les as vu ?! »
Il ne répondit pas.
« - Quand est-ce que tu l’as surprise ?
- Après l’histoire d’Halloween…, souffla-t-elle. »
Morgan hocha gravement la tête.
« - A partir du moment où t’as commencé à fumer, conclut-il. »
Elodie baissa les yeux.
« - Je me doutai que quelque chose n’allait pas, continua-t-il. »
La jeune fille ne dit rien. Elle pleura.
« - Allez, Elo… arrêtes… de te morfondre comme ça.
- Et comment veux-tu que je réagisse ?
- Autrement. Ça ressemble pas à la Elodie de d’habitude, de se lamenter. »
Elle baissa la tête.
« - Et qu’est-ce que je peux faire, Morgan ?
- Rien du tout. Alex, elle viendra te parler de ça quand elle sera prête. Toi, tu fais comme si de rien n’était.
- Mais… !
- Ecoutes, Elodie. Tu connais Alex. Si elle apprend que tu sais qu’elle se fait ça, elle sera inquiète parce qu’elle saura que tu seras triste, par conséquent, te sachant triste, elle sera malheureuse, étant malheureuse, elle se mutilera encore plus. Tu me suis ?
- Oui… je vais aussi arrêter de… lui confier tous mes malheurs. Sinon… ça fera qu’empirer. »
Morgan acquiesça. Elodie leva les yeux sur lui, deux larmes ruisselant sur ses joues. Le jeune homme eut un pincement au cœur.
« Alors c’est à ça qu’Alex ressemblerait… si elle pleurait. Je me sens dégueulasse de dire ça, mais je crois que je préfère qu’elle n’arrive plus à pleurer. Si je devais la voir comme ça… je le supporterai pas. J’en crèverai. »
Il essuya doucement les larmes d’Elodie. Ils étaient tous les deux bien en face l’un de l’autre, les yeux dans les yeux. Morgan sourit.
« - T’inquiètes pas pour Alex. Je m’occupe d’elle comme il faut. Laisses-moi faire. »
Elodie acquiesça.
« - D’accord. Je te fais confiance… »
Ils restèrent encore ainsi. Puis Morgan regarda les lèvres d’Elodie.
« Peut-être qu’elles ont le même goût que celles d’Alex… »
Alors, doucement, il en approcha les siennes. Elodie l’imita. Et leurs lèvres se rencontrèrent…


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IX, Comme des Fragments d'Etoile   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 12:10

« - Ouaaais ! cria Anthony.
- Super, enchéris-je, complètement dépitée. »
Ce sale mioche venait de me battre pour la troisième fois. Et, en prime, il me narguait. Alors que j’étais sur le point de l’étrangler, ma mère fit irruption dans le salon.
« - Tiens ! Alex ! fit-elle ;
- Quoi ?
- Tu n’es pas avec Morgan ?
- Non.
- Etrange…
- Bah quoi ? Il me suit pas toujours comme un petit chien…
- Non, en effet. Tu le suis toujours comme une petite chienne. Nuance.
- Quoi ?! m’écriai-je, rougissant malgré moi. N’importe quoi !! »
Ma mère rit.
« - Ne t’énerves pas, enfin. Vu comme il est beau, ça se comprend, tu sais.
- Mais… !
- M’enfin, moi, à ta place, je serai déjà passé à l’action depuis longtemps !
- Maman !!
- Oh, mais quoi, enfin ? Ne t’inquiètes pas, vas, je ne compte pas lui tourner autour. Un garçon de seize ans, enfin, je ne suis pas pédophile.
- Il a dix-huit ans, rectifiai-je.
- Quoi, vraiment ? mmh… c’est peut-être plus acceptable, en fin de compte…
- Maman ! m’exclamai-je, indignée. »
Elle rit.
« - Mais rassures-toi, enfin. Je plaisante !
- Ouais, c’est ça…
- Je ne vais pas convoiter un gamin de dix-huit piges, enfin, Alexia ! Je le réserve à ma très chère fille, bien que cette dernière ne me semble pas prédisposée à bien vouloir se le faire.
- Hé ! je suis pas comme Elodie, moi, je couche pas avec le premier venu !
- Qui parle de coucher ? et avec qui ? fit soudain une nouvelle voix. »
Ma mère et moi sursautâmes et nous retournâmes. Mon père nous dévisageait bizarrement, sourcils froncés. Ma mère eut un sourire gêné.
« - Elle plaisante, bien sûr ! dit-elle. Tu connais ta fille, elle a un grand sens de l’humour ! elle tient ça de toi, d’ailleurs !
- Bien sûr. Et de quoi parliez-vous ?
- J’essayai juste de la motiver à sortir avec Morgan. C’est un garçon charmant, tu ne trouves pas ?
- Mouais. Tiens, Alex. »
Il me tendit un plateau, chargé de tasses et d’une théière en porcelaine.
« - Portes ça dans la chambre de ta grand-mère.
- No problemo, soupirai-je. »
Je saisis le plateau et m’en allai en ronchonnant contre ma mère.
Alors que je marchai le long du couloir du deuxième étage, traînant les pieds, j’entendis des bruits bizarres. Curieuse, je m’approchai de la pièce d’où ça provenait. La porte était grande ouverte. Ainsi, aucun détail de ce maudit spectacle n’échappa à mes yeux fatigués.
Elodie et Morgan se tenaient devant moi. Ma sœur était allongée sur le dos, passant ses mains dans les cheveux du jeune homme qui l’embrassait. Il glissa alors ses mains sur les cuisses de ma frangine, je le vis enlever la culotte de cette dernière…
Le plateau m’échappa. Il s’écrasa à terre avec fracas. Morgan et Elodie s’arrêtèrent net. Ils tournèrent la tête dans ma direction. Ignorant la porcelaine brisée à mes pieds, je mis mes mains sur ma bouche.
Un cauchemar. C’était un cauchemar. Juste un cauchemar.
Morgan et ma sœur s’écartèrent subitement l’un de l’autre. Elodie remit piteusement sa culotte et reboutonna les boutons de son chemisier.
Je dormais. Bien sûr que je dormais. C’était évident. « - Alex…, commença-t-il.
- Non… soufflai-je. »
Ma sœur et Morgan… non… c’était impossible !
Je reculai d’un pas.
« - Attends…, tenta pitoyablement Morgan. C’est pas… ce que tu crois…»
C’était… complètement insensé.
Il se leva, et commença à approcher vers moi.
« - Non, répétai-je.
- Alex… »
Ça n’était pas réel !
Je fis un pas en arrière. Il avança à son tour. Je partis en courant.
« - Alex ! »
Ça ne pouvait pas être réel !
Morgan me poursuivit. Je courus aussi vite que je pus. J’arrivai dans ma chambre. Je commençai à vouloir claquer la porte. Morgan m’en empêcha. Je reculai, m’éloignant de lui.
« - Alex…
- NON ! hurlai-je. »
La tête entre mes mains, j’avais envie de pleurer, mais je n’étais capable que de crier.
C’était impossible !!
Elodie arriva en courant, à son tour. Elle lança un regard effrayé à Morgan.
« - Alex…, commença-t-elle. »
Non !!!
J’attrapai la première chose qui me vint sous la main et l’envoyai valser dans leur direction.
« - LA FERMEE ! »
L’objet alla s’écraser contre le mur, à quelque centimètres de Morgan. C’était un vase en porcelaine. Il se brisa en morceaux. L’un des éclats fut projeté dans la direction du jeune homme, et lui coupa la joue. Le sang coula. Morgan l’ignora. Il me dévisageait avec des yeux écarquillés, tétanisé.
« - Alex…
- NON ! Allez… allez vous en ! haletai-je. Je veux plus vous voir ! »
Il me lança un regard glacé.
« - C’que tu peux être immature…, souffla-t-il. »
Puis il tourna les talons et s’en alla d’un pas rapide, furieux.
« - Morgan ! l’appela Elodie. »
Celui-ci l’ignora. Ma sœur me lança un dernier regard, déchirée par la douleur, puis suivis Morgan. A bout, je courai, et fermai la porte rageusement. Epuisée, je me laissai tomber à terre.
Je devenais folle… complètement. Si seulement j’avais été capable de pleurer… j’aurai évacué ma peine. Mais non. Je n’y parvenais pas. Ma plaie s’approfondissait, mais à aucun moment ne saignait. Or, si elle ne saignait pas, elle ne se cicatriserait jamais. Mon chagrin ne faisait que grossir depuis des mois, et ne s’effaçait pas.
C’que tu peux être immature…
Moi, immature ? Non mais il s’était vu ? je relevai la tête et vis les morceaux brisés du vase.
T’es pas une pute. T’es une princesse.
« - Pauvre con. »
J’en attrapai un.
Je prendrai soin de toi…
« - Menteur. »
Je le plantai rageusement dans mon bras.
Je veux pas te faire souffrir…
« - Menteur ! »
Je recommençai.
C’que tu peux être immature…
« - Connard !!! »
Je le plantai encore. Encore. Encore. Encore. Encore. Encore. Encore. Encore. Encore. Encore…


Elodie sortit de la maison. Elle dû courir pour rattraper Morgan qui était déjà parti loin, laissant des traces dans la neige.
« - Morgan ! cria-t-elle. »
Il l’ignorait.
« - Morgan, attends-moi ! »
Il finit par se retourner. Elodie arriva, essoufflée.
« - Qu’est-ce que tu veux, toi ? aboya-t-il.
- T’as oublié de mettre ton manteau… et tes chaussures. »
Morgan baissa les yeux ; en effet, il était en chaussettes, lesquelles étaient trempées.
« - Ah… euh… merci. »
Elodie sourit et lui tendit les objets. Le jeune homme s’assit sur la murette et enfila ses chaussures, mit son manteau, et s’alluma une clope qu’il mit dans sa bouche.
« - Je suis désolée, dit finalement Elodie. »
Morgan enleva sa clope et souffla la fumée.
« - T’as pas à être désolée.
- Le pire, c’est que j’étais justement en train de penser à Alex, j’allais te dire d’arrêter… mais c’était trop tard, elle était déjà là. »
Il eut un faible sourire.
« - C’est ma faute. J’ai pas su me contrôler, comme d’habitude.
- Arrêtes de t’accuser de tous les maux du monde, Morgan.
- Je suis un obsédé. Le cul m’est visiblement plus important qu’Alex. Ça me dégoûte.
- N’importe quoi… si tu t’es comporté comme ça, c’est pas parce que tu es un obsédé… c’est parce que tu es amoureux.
- Désolé de te décevoir, Elo, je suis pas amoureux de toi.
- Bien sûr que non ! c’est pas de moi que t’es amoureux… c’est d’Alex ! »
Morgan la regarda avec des yeux ronds.
« - Qu’est-ce que t’en sais, toi ? la toisa-t-il. T’es dans ma tête ?
- Pas besoin d’être dans ta tête pour le savoir, Morgan. Ça se sent. Ça se voit. La manière que tu as de la regarder… ça se voit sur ta tête.
- Mais merde, qu’est-ce que vous avez tous avec ma tête ? s’énerva-t-il. L’autre jour, j’ai couché avec une fille ; Alex a appelé, quand j’ai raccroché, la nana a cru qu’il s’agissait de ma petite amie ! Quand je lui ai dit que non, elle m’a dit que c’était bizarre, vu la tête que je faisais en lui parlant… Putain, y’a écrit quoi sur mon front quand je suis avec elle ?
- I am inlove, répondit Elodie. Voilà ce qu’il y a d’écrit.
- Te fous pas de moi !
- Je me fous pas de toi, Morgan ! c’est la vérité ! t’es raide dingue d’elle, et tu le portes sur ta gueule ! et tu sais ce que c’est, le pire, dans cette histoire ? C’est que tu le sais ; tu le sais parfaitement. »
Morgan baissa les yeux.
« - Mais tu refuses de le reconnaître, continua Elodie.
- J’ai peur, souffla-t-il.
- Peur de quoi ? d’aimer ?
- Non… peur d’être aimé.
- Pourquoi ?
- Je veux pas qu’elle souffre. C’est pour ça que j’ai voulu coucher avec toi. Je me suis dit que si je sautais sa sœur, j’arrêterai de la désirer, elle. Mais c’était complètement insensé. Je désire Alex plus que n’importe qui au monde. J’ai jamais autant désirée une fille, tu sais. Et j’ai beau coucher avec un nombre incalculable de fille, ce désire refuse de s’envoler. Je te jure… je me dégoûte, et je me fais peur de penser comme ça. Ça me tue de penser à Alex quand j’en baise une autre ; ça me tue de rêver d’une nuit avec elle ; ça me tue d’avoir espéré que sa sœur jumelle suffirait à apaiser mon désir. Je me dégoûte de penser ainsi. J’ai l’impression d’être un monstre. Elle, elle est là, près de moi, toute gentille, sans aucune arrière pensée. Et moi, je me fais plein de films dans ma tête, parce que je la veux autrement que ça, je la veux toute entière. Si elle savait seulement à quoi je pense quand je suis avec elle, et quand elle me sourit innocemment… elle serait dégoûtée de moi. Moi-même, je me dégoûte. Je me connais, tu sais… ce désir va me rendre fou. Et, un jour, je vais craquer… et si elle se trouve là à ce moment-là, Dieu seul sait ce que je serai capable de lui faire… et toi, tu étais là… encore abattue par ton chagrin… une fille facile, la sœur jumelle d’Alex… je me suis dit que si je te sautais, j’aurai l’illusion de m’être tapé Alex et j’arrêterai de la désirer comme ça… alors elle ne risquerait plus rien en étant près de moi, et tout pourrait continuer comme avant. »
Il sourit amèrement.
« - J’ai été bien naïf. »
Elodie soupira et s’assit à côté de lui.
« - C’est sûr. Tu crois vraiment que si tu m’avais baisée, t’aurais arrêter de désirer Alex ?
- A ce moment-là, c’est comme ça que j’ai raisonné.
- T’es bête. T’aurais pas cessé de la désirer. Au contraire, même.
- Ça me dégoûte de penser ainsi. J’ai l’impression d’être un animal. C’est inhumain de désirer une fille de cette manière, comme s’il ne s’agissait que d’un simple objet…
- Mais non… Alex, tu la désires pas pour son corps… tu la désires parce que tu l’aimes… tout simplement…
- Tu crois… ?
- Evidemment. Ça se voit bien. La façon que tu as de la regarder, de lui parler, de lui sourire… tout tes gestes trahissent tes sentiments, Morgan. Et tu le sais bien. Tu le sais très bien, même. Que tu l’aimes. Et tu sais aussi que ce sentiment est loin d’être nouveau. »
Il eut un faible sourire.
« - Ouais…, avoua-t-il. Tu sais quoi… ? je crois même… que ça a toujours été le cas. Depuis Halloween. Ce baiser qu’on a échangé, elle et moi, et la déclaration que je lui ai faîte : tout était réel. Mais j’ai refusé de l’accepter… j’ai voulu fuir… je voulais pas qu’elle m’aime, et en même temps faisais tous pour attirer son amour. C’que je peux être contradictoire. »
Elodie sourit tendrement.
« - Je suis heureuse que tu l’acceptes enfin, tu sais, murmura-t-elle. Alex a tellement souffert, persuadée que les sentiments qu’elle éprouvait n’étaient pas réciproques. Maintenant, il faut que tu rattrapes le temps que tu as toi-même perdu, Morgan…
- Oui. Merci, Elo.
- De rien.
- Désolé… d’avoir voulu me servir de toi. »
Elle sourit.
« - Te fiches pas de moi, vas. On sait très bien tous les deux que si Alex n’avait pas existé, on aurait déjà couché ensemble un bon nombre de fois. »
Morgan baissa la tête, un faible sourire sur les lèvres.
« - C’est incroyable de voir à quel point vous êtes différentes, toutes les deux. Toi, ça ne te dérange pas de coucher avec un mec juste pour un soir. Du moment qu’il est beau et que tu prends ton pied, tout ce qui t’importe, c’est de t’éclater. On est pareils, enfin de compte.
- Alex est pas comme nous…, fit Elodie. Elle, si elle couche avec un mec, c’est par amour, et uniquement par amour. Elle refuse de le faire si ce n’est pas le cas.
- Elle a une certaine fierté…
- Oui.
- Et je l’admire pour ça.
- Moi aussi. Je l’envie. J’aimerai être comme elle.
- Pareil. »
Elodie sourit, se leva et s’étira.
« - Bon, je vais te laisser. Je pense que tu as besoin d’être un peu seul, et de faire le tri dans ta tête, avant d’affronter ma chère sœur.
- Ouais. »
Alors qu’elle commençait à partir, Morgan l’appela.
« - Elodie ! »
Elle se retourna.
« - Oui ?
- J’aimerai savoir… tu dis que ça se voit, que je suis amoureux, quand je suis avec elle…
- Oui.
- Est-ce que ça veut dire que… j’ai une tête de niais ? s’enquit-il. »
Elodie éclata de rires.
« - Quoi ? s’énerva l’autre. Pourquoi tu ris ? te moques pas !
- Je me moque pas. Je te trouve juste trop mignon à demander ça.
- Mais réponds !
- Non. T’as pas l’air niais, du tout.
- C’est vrai ? J’ai l’air benêt, alors ?
- Non.
- Alors j’ai l’air de quoi ?
- T’as l’air amoureux. Tout simplement.
- Mais… ?
- Rassures-toi, souffla Elodie. T’es loin d’avoir l’air d’un con quand t’es avec elle. Tu lui lances pas des regards de mongole genre t’es gaga d’elle… non. C’est beau…
- Qu’est-ce qui est beau ?
- La façon dont tu la regardes. C’est magnifique. »
Elle resta encore quelques instants, à dévisager Morgan qui la regardait bouche bée, incrédule. Elle sourit. Sans un mot, elle tourna les talons, et s’en alla, laissant le jeune homme, seul, méditer sur ses paroles…


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IX, Comme des Fragments d'Etoile   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 12:12

Personne ne vint me voir de la journée. J’ignorai si Elodie avait parlé à ma mère et lui avait expliqué ce qu’il s’était passé.
Je ne pensais pas que ma soeur puisse avoir le courage de dire à ma mère que Morgan et elle s'étaient embrassés, et cela sous mes yeux. Et je la croyais encore moins capable d'aller lui balancer que j'avais vu ce dernier enlever sa culotte et déboutonner son chemisier...
Quoiqu’il en soit, je restai la journée allongée dans mon lit, m’endormant parfois, puis me réveillant, puis me rendormant…
J’avais vraiment du mal à comprendre ce qu’il s’était passé. Au fond, Morgan ne m’appartenait pas. Je n’avais aucune raison de réagir ainsi… alors pourquoi je le faisais ? pourquoi étais-je aussi susceptible lorsqu’il s’agissait de lui ? c’était tellement injuste… j’aurai donné n’importe quoi pour pouvoir effacer ces sentiments que je ressentais pour lui, et qui me tuaient à petit feu. J’aurai donné n’importe quoi pour être tombée amoureuse de Yoann.
Yoann… je l’avais complètement délaissé ces temps-ci. J’avais été si égoïste. Il me connaissait depuis le CP, et il avait suffit que Morgan fasse irruption dans ma vie pour que je l’oublie presque entièrement. Pourquoi ? comment est-ce que c’était possible ? Morgan… pourquoi tenais-je autant à lui ? pourquoi cela me tuait-il de le savoir dans les bras d’une autre, même si celle-ci n’a aucune importance à ses yeux ? ce sentiment… c’était ça l’amour ? le grand amour, le véritable amour ?
Non, c’était impossible. Je ne pouvais pas avoir rencontré mon grand amour à dix-sept ans. J’étais sûrement trop jeune pour savoir ce que aimer voulait vraiment dire. Peut-être que les sentiments que j’éprouvais pour Morgan n’était rien d’autre que de l’attirance, parce qu’il était beau, après tout ?
Non… ça ne pouvait pas être ça. Si ça n’avait été qu’une simple et banale attirance physique, je n’aurai pas souffert autant. Non. J’étais vraiment amoureuse. J’étais… complètement folle. Folle de lui.
Soudain, la porte s’ouvrit, interrompant mes pensées. La fenêtre, ouverte, m’indiquait qu’il faisait déjà nuit. Moi, j’étais blottie sous ma couette. La lumière s’alluma. J’entendis quelqu’un entrer et fermer la porte. Je reconnus la démarche de Morgan. Il s’assit sur le lit pour enlever ses chaussures. Puis il se tourna vers moi. Je fermai vivement les yeux, faisant semblant de dormir.
« - Alex…, murmura-t-il. »
Je ne répondis pas. Doucement, il me caressa le visage, enlevant les mèches de cheveux rebelles qui le dissimulaient. Il s’approcha de moi et m’embrassa le front. Alors, il saisit délicatement mon bras et releva la manche pour observer les dégâts. Il caressa mes plaies, puis y déposa un baiser. Je retirai vivement mon bras, ne cherchant plus à cacher que j’étais réveillée.
Morgan m’adressa ce petit sourire gêné de d’habitude. Je le foudroyai du regard, puis lui tournai le dos.
« - Alex…, gémit-il. Tu vas quand même pas te mettre à bouder dans ton coin ! »
Je ne répondis pas.
« - T’es vraiment chiante, à la fin. J’ai peut-être fait une connerie, mais tu pourrais au moins faire l’effort de m’écouter… au lieu de te comporter comme une gamine et de rien vouloir entendre ! »
Pas un mot. Morgan resta silencieux. Puis, soudain, il saisit violemment mon bras et me força à me retourner.
« - Tu vas m’écouter, oui ?! s’énerva-t-il.
- Lâches-moi ! criai-je. Tu me fais mal ! »
Il attrapa mon deuxième bras avec lequel je tentais de le repousser. Puis il me cloua au lit.
« - Aïe !
- Putain, mais t’en as pas marre de te comporter comme ça, merde ? tu crois peut-être que t’es la seule à souffrir de tout ça ? tu crois que t’es la seule malheureuse, dans cette histoire ? hein !
- Lâches-moi ! hurlai-je.
- Non ! J’en ai marre de subir tous tes caprices à longueur de journée ! quand est-ce que tu vas te comporter en femme, merde ?!
- Morgan !! »
Je tentai de me relever. Il attrapa mes cheveux et tira, me forçant à me rallonger. Je poussai un cri de douleur. Il mit alors ses mains sur ma gorge. Il serra.
« - Arrêtes… ! soufflai-je. »
J’avais mal. Je ne savais pas ce qu’il se passait. J’avais peur. Morgan avait ce même regard que lorsque les deux garçons de Seconde avait essayé de me faire du mal. Ce même regard furieux. Ce même regard si effrayant.
« - Morgan… »
Je mis mes mains sur les siennes, qui serraient toujours ma gorge. J’allais mourir. Il allait me tuer. Mourir des mains de celui qu’on aime… c’était peut-être une belle mort, en fin de compte…
Je le suppliai du regard. Je lus soudain un étrange sentiment dans ses yeux. De la surprise, mais aussi de la peur. Il me lâcha subitement la gorge et se recula, effaré. Il contempla ses mains. Il tremblait. Je mis mes mains sur mon cou en toussant, reprenant mon souffle. Morgan, qui contemplait toujours ses mains, leva les yeux sur moi.
« - Alex… ! »
Il se rapprocha. Je mis automatiquement mon bras devant moi, comme si j’avais voulu me protéger. Voyant qu’il ne fit rien, je relevai la tête et le regardai, encore tétanisée par la peur.
« - Non…, murmura-t-il. Alex… pas ça… pas ce regard, s’il te plaît… ne me regardes pas comme ça, princesse… »
J’avais envie de pleurer. J’étais incapable de parler. Mon cœur battait la chamade. Je mis mes mains sur ma gorge, encore rouge de la marque des siennes. Il m’adressa un regard déchiré.
« - Alex… »
Il me pris dans ses bras, me serrant de toutes ses forces. J’étais trop faible pour le repousser.
« - Pardonne-moi…, murmura-t-il. Pardonne-moi. N’ais pas peur, Alex, n’ais pas peur de moi, je t’en prie… je suis incapable de te faire du mal… je veux juste te protéger… Alex… »
Il m’attrapa doucement le visage pour me forcer à le regarder. Il avait les larmes aux yeux.
« - Je suis incapable de te faire du mal…, répéta-t-il. Tu le sais, hein… ? »
J’attrapai ses mains et les enlevai de mes joues.
« - Alex… tu le sais, pas vrai… tu le sais ?! insistait-il. »
Je détournai le regard et baissai la tête.
« - Non… Alex… fais pas ça, j’t’en prie… princesse…
- Vas t’en, articulai-je finalement.
- Alex…
- Sors de ma chambre, Morgan, fis-je en osant enfin le regarder. »
Plus de ce regard de poule mouillée ; d’un regard ferme et dur. Celui que je vis dans ses yeux me déchira le cœur. Les larmes coulaient sur son visage.
« - Alex…
- S’il te plaît. Sors.
- Fais pas ça…
- Faire quoi, Morgan ? m’énervai-je. »
Ma voix tremblait. Une boule de chagrin s’était formée dans ma gorge.
« - T’as failli me tuer…, fis-je. »
Je n’avais même pas dit ça sur le ton de l’énervement. Parce que je n’étais pas énervée, et que je n’en lui voulais pas. J’étais juste triste, triste, las, et déçue de lui. Et je crois que pour lui, c’était encore pire que si j’avais été en colère.
« - Je voulais pas…, balbutia-t-il.
- Je sais.
- Alors pourquoi tu…
- Parce que. Sors de ma chambre, maintenant. Tu sais quoi ? tu peux aller coucher avec Elodie, si tu veux… ça m’est égal.
- Non, dis pas ça…
- Fais ce que tu veux… mais viens pas vers moi.
- Je veux pas d’Elodie…, murmura-t-il.
- Alors qu’est-ce que tu veux, exactement ?! m’énervai-je. »
Il m’adressa un regard si triste que mon envie de pleurer s’amplifia.
« - Toi. »
Mon cœur s’accéléra.
« - C’est toi que je veux. »
Il fit glisser sa main derrière ma nuque, dans mes cheveux, approcha mon visage du sien, ferma les yeux, et déposa un baiser sur mes lèvres. Je me laissai faire. Il m’adressa un sourire plein de douleur.
« - Toi et personne d’autre, souffla-t-il. »
Sur ce, il se leva, attrapa ses chaussures, et claqua la porte de la chambre…

Je me sentie bizarre. Je mis automatiquement ma main sur ma gorge. Je me levai. J’avais du mal à marcher. Mes jambes tremblaient… Et j’observai mon reflet dans le miroir. J’étais pâle. Affreusement. Mes yeux étaient bouffis. Ma gorge était rouge. Il avait faillit me tuer. Il avait faillit me tuer.
Il est fou …
Complètement. Je caressai doucement mon cou. Il me brûlait encore. Je fermai les yeux et le revis en train de serrer ses mains si fortes, ses mains d’homme, sur mon cou fragile de gamine.
Pourquoi est-ce que je l’aime… ?
J’avais envie de pleurer. Mais, bien évidemment, comme d’habitude, aucune larme ne vint. Je balayai la pièce du regard ; les résidus de porcelaines étaient encore là.
Evidemment, ils n’allaient pas bouger tout seuls…
J’esquissai un petit sourire à cette pensée. Je saisis un morceau au hasard et le plantai dans ma chair. Puis je le laissai tomber. J’ouvrai un tiroir. Un cutter. Je l’enfonçai profondément dans mon bras. Je recommençai un nombre incalculable de fois. Je crois qu’avant ce jour, je ne m’étais jamais mutilée à ce point. Le sang ne coula pas : il dégoulina. Mes bras furent bientôt recouvert de mon propre liquide rouge, qui allait s’écraser au sol en une petite flaque.
C’est toi que je veux… toi et personne d’autre.
Encore un coup. Bon sang, je l’aimais, ce connard. Il avait manquer me tuer. Et je l’aimais encore plus. J’étais maso. Il n’y avait pas d’autre explications. J’étais sûrement maso. Plus il me faisait souffrir et plus je l’aimais.
« - Putain, mais quel genre de fille tu es, Alex… ? marmonnai-je en plantant le cutter dans ma peau . »
Un sourire morbide et satisfait se dessina sur mes lèvres. Morgan avait beau dire ce qu’il voulait, la mutilation, au moins, ça me soulageait…


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IX, Comme des Fragments d'Etoile   Bloody Tear. - Page 2 EmptyLun 21 Avr - 12:13

Elodie était installée sur le canapé, genoux repliés contre sa poitrine, devant la télé, fixant l’écran, mais perdue dans ses pensées. Elle finit par voir Morgan arriver. La jeune fille bondit quasiment de son siège.
« - Morgan ! »
Celui-ci se figea et se tourna vers elle. Elodie se mordit la lèvre inférieure.
« - A… alors ? balbutia-t-elle. »
Il haussa les épaules pour toute réponse, puis vint s’asseoir sur le canapé. Elodie l’imita.
« - Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Rien.
- Tu veux pas me dire ? »
Il fit « non » de la tête.
« - Je peux aller lui parler ? »
Morgan lui fit comprendre qu’elle aille voir sa sœur ou non, il s’en tapait comme de la dernière paire de chaussures qu’aurait pu s’acheter Paris Hilton. Elodie poussa un long soupir puis se leva. Elle tomba alors sur sa famille au grand complet, dans le couloir.
« - Ah, Elodie ! fit sa mère, un grand sourire aux lèvres.
- Maman…, répondit la jeune fille.
- Comment va ta sœur ? elle boude toujours ?
- J’allais la voir, là.
- D’accord, d’accord. Nous, on va visiter la maison de ta tante ! il paraît qu’ils y ont fait plein de nouveaux travaux ! vous voulez venir ?
- Non, je crois que c’est pas vraiment le moment.
- Moi aussi, je veux rester ! s’exclama Jordan.
- Même pas en rêve ! laisses les grands entre eux ! Bon, Elodie, on vous confie la maison, d’accord ?
- Pas de problème. »
Elle les regarda partir en poussant un soupir. Puis elle monta les escaliers.


Lorsque ma sœur ouvrit la porte de ma chambre, j’étais vraiment dans un sale état. Les bras mutilés, mon t-shirt était en sang. Assise par terre, j’étais incapable de me lever. Je me sentais faible comme jamais. Le cutter n’était pas loin de moi, les débris de porcelaine aussi.
Elodie poussa un cri strident, mettant machinalement ses mains sur ses lèvres.
« - Alex ! s’exclama-t-elle. Non mais ça va pas ? »
Je n’eus pas le courage d’affronter son regard. Ma sœur se dépêcha de sortir de la pièce pour appeler Morgan qui arriva presque aussitôt, aussi paniqué qu’elle.
« - Alex ! s’écria-t-il en me voyant ainsi. »
Il courut s’agenouiller à mon chevet.
« - Mais qu’est-ce que t’as foutu, putain ? »
J’eus du mal à le regarder dans les yeux.
« - Comme d’habitude, soufflai-je. »
Je lisais la peur dans ses yeux. Affolé, il regarda tout autour de moi, jusqu’à s’immobiliser sur le cutter. Il le prit et le mit sous nos yeux.
« - Avec ça ? demanda-t-il. Tu t’es mutilée avec ça ? »
J’hochai la tête, puis cherchai les morceaux de porcelaine. Je les indiquai faiblement du doigt.
« - Avec ça aussi…, murmurai-je.
- De la porcelaine ? non mais t’es malade ?!
- Sûrement…
- Oh, Alex ! souffla-t-il. Bon sang… ! t’en as pas marre de faire des conneries, putain ? »
Je baissai la tête.
« - Qu’est-ce qu’on fait ? fit Elodie. On appelle les parents ?
- Evidemment ! s’exclama Morgan.
- Non ! criai-je.
- Alex ! s’énerva-t-il.
- Pas question ! ripostai-je.
- C’est pour toi ! insista Elodie.
- Morgan ! hurlai-je. »
J’attrapai son bras alors qu’il allait se lever. Il s’arrêta et me regarda. Je le suppliai du regard.
« - Pas ça…, murmurai-je. Pas les parents… Morgan…
- Mais, Alex…
- Je t’en prie… t’avais promis… t’avais promis que tu dirais rien à personne… »
Je resserrai mon étreinte.
« - Morgan… »
Il resta silencieux, me scrutant du regard. Il soupira. Puis m’embrassa. C’était un vrai baiser. Le premier vrai baiser que nous échangions. J’aurai voulu qu’il ne se termine jamais. Mais, évidemment, ce fut le cas.
Morgan baissa la tête et soupira de nouveau.
« - Elodie, murmura-t-il.
- Oui ?
- Tu vas… nettoyer la chambre… pendant que je m’occupe d’elle.
- D’a… d’accord. »
Alors il me saisit délicatement, et me souleva. Je mis mes bras autour de son cou, tentant de me tenir du mieux que je pouvais, avec le peu de forces qu’il me restait.
Morgan me porta ainsi jusque la salle de bain, où il m’installa sur la cuvette des toilettes, après en avoir refermé le couvercle. Puis il verrouilla la porte.
« - Pourquoi tu fermes ?
- On sait jamais. »
Alors il vint s’agenouiller en face de moi.
« - Comment tu te sens ?
- Faible. »
Il eut un petit sourire, puis se releva, se pencha sur moi, et m’embrassa encore.
Trois fois dans la même journée… ça commençait à devenir louche.
« - Enlèves ton t-shirt…, me murmura-t-il à l’oreille. »
Je ne portai que mon t-shirt, avec un boxer. Je n’avais pas de soutar. Je fis « non » de la tête.
« - Alex… »
Je me mordis la lèvre inférieure, puis m’exécutai, devant son regard insistant. Je croisai immédiatement mes bras sur ma poitrine. Il soupira, mais esquissa un sourire amusé.
« - T’es bête…, murmura-t-il. »
Il attrapa mon t-shirt et le mit dans le lavabo. Il ouvrit le robinet et laissa mon vêtement tremper dans l’eau, avec du savon.
« - Va falloir frotter…, annonça-t-il.
- J’ai froid, répliquai-je.
- Tu veux que je te réchauffe ? susurra-t-il.
- Pff… »
Il sourit, puis ferma le robinet. Il fouilla dans le placard et en sortit un produit, et du coton. Il revint s’agenouiller en face de moi et me tendit la main. A contrecoeur, je lui tendis mon bras.
« - Ça risque de piquer. »
Il profita du fait que je n’avais qu’un seul bras pour mater un peu mes seins. Je lui lançai un regard noir. Il sourit mais n’insista pas, puis versa le produit sur un coton qu’il appliqua doucement sur les plaies que je m’étais infligées. Je tentai de retirer mon bras, qu’il tint fermement.
« - Ça pique ! protestai-je.
- Je t’avais prévenue. Voilà qui t’apprendra à te mutiler au cutter. Imbécile.
- Hé, je t’autorise pas à me traiter d’imbécile ! protestai-je.
- Désolé, mais c’est ce que tu es. C’est dangereux, ce que tu branles, Alex.
- Et toi, alors ? répliquai-je. Tu crois franchement que se droguer, c’est mieux ?
- Mais moi, si je meurs, c’est pas important. Tout le monde s’en foutra. Alors que toi, si tu te blesses, tu inquiéteras tellement de gens…
- Qu’est-ce que tu racontes… ? soufflai-je. Tu crois vraiment que si tu mourais, les autres y resteraient indifférents ? »
Il haussa les épaules.
« - Tu crois peut-être qu’on s’en foutrai ? »
Il ne répondit pas.
« - Tu crois que je ne pleurerai pas ? murmurai-je finalement. »
Il s’arrêta et me regarda.
« - Au moins, ma mort servirait à quelque chose, ironisa-t-il.
- Imbécile ! criai-je. C’que tu peux être con quand tu t’y mets ! c’que tu peux être égoïste, bon sang ! Toi, ça t’est peut-être égal de mourir… mais alors penses aux autres, merde ! et si tu t’en tapes des autres… penses à moi… à moins que… tu t’en tapes aussi… »
Je baissai la tête. Il lâcha mon bras qui retomba lourdement sur ma jambe. Ne cherchant même plus à me cacher, mon deuxième vint se joindre au premier.
« - C’est vrai…, murmurai-je. Tu t’en fous peut-être, de moi… en fin de compte… qu’est-ce que je suis, hein… ? une petite écervelée qui est tombée amoureuse de toi ? et alors… une de plus ou une de moins, pour toi… qu’est-ce que ça peut bien te faire… ? tu veux voir mes seins… ? tiens, les voilà. Au fond, ça m’est égal… des seins, t’as dû en voir un nombre incalculable de fois… pour toi, ça n’a sûrement aucune importance, hein…
- T’as fini de dire de la merde, ouais ? cria-t-il soudainement. »
Je sursautai, et relevai la tête. Il soupira.
« - Toi aussi, t’es vraiment conne, quand tu t’y mets. Me dire des trucs pareils… alors que j’ai failli te tuer tellement je suis devenu dépendant de toi… de ta présence… de ta voix… de ton odeur… de ton sourire… tout ça… je pourrai jamais m’en passer, pas un seul instant du reste de ma vie… »
Il me regarda droit dans les yeux.
« - T’as bien raison, t’es rien d’autre qu’une écervelée. T’es vraiment trop conne. Tu m’énerves, putain… »
Il avait dit ça d’un ton tellement las que je crus que j’allais en mourir. J’attrapai soudainement sa main et l’attirai vers moi. Je saisis son visage et l’embrassai. Pour la première fois, c’était moi qui l’embrassai, et non l’inverse. Je mis mes mains autour de son cou.
Morgan abandonna mes lèvres pour embrasser mon cou, caressant mes hanches d’une main, me tenant doucement la nuque de l’autre. Puis il descendit plus bas, pour embrasser le creux qu’il y avait entre mes seins. Alors, doucement, il se releva, s’éloignant de moi, contemplant ma poitrine comme un scientifique aurait dévisagé un devoir de maths d’une extrême complexité.
« - Qu’est-ce qu’il y a… ? fis-je, mal à l’aise. Ils te plaisent pas ? »
Il sourit.
« - Au contraire. T’es conne de les cacher. Ils sont beaux.
- Pff… ils ressemblent pas à ceux des top models qu’on voit dans les magazines…
- Bah ouais. C’est pour ça qu’ils sont beaux. Ton prochain petit ami va se régaler. »
C’était un peu déplacé de me dire ça après m’avoir embrassée, mais bon. J’eus envie de lui demander s’il pensait que mon prochain petit ami se régalerait de savoir qu’il m’était passé sur le corps avant lui.
Mais il ne m’en laissa pas le temps et m’embrassa encore. Tout en s’occupant de ma bouche, il caressa mon ventre jusqu’à remonter à mes seins. Je frissonnai.
Il s’arrêta et m’interrogea du regard, un peu inquiet. Je souris et l’embrassai de nouveau pour lui faire comprendre qu’il n’y avait pas de problème.
Mais il se stoppa encore et se releva soudainement, fronçant les sourcils.
« - Yoann les a vu ? demanda-t-il. »
Je me sentis rougir.
« - Non, répondis-je.
- Il t’a pelotée, alors ?
- Non plus… il n’avait pas les mains très baladeuses. »
Morgan haussa un sourcil.
« - Je suis le premier à en profiter, donc ? »
J’eus un faible sourire.
« - On dirait bien, soufflai-je.
- Hell yeah ! s’exclama-t-il. »
Et il m’embrassa encore. Il saisit alors délicatement mon bras et embrassa mes plaies.
« - J’ai pas fini de te soigner, réalisa-t-il alors. »
Je souris.
« - Ouais. »
Il se leva et alla fouiller dans le placard. Je me redressai. Morgan revint me mettre des bandages.
« - C’est tout ce que je peux faire. J’espère que ça ne s’infectera pas. »
Il se mit debout et s’étira. Puis il enleva son t-shirt qu’il me lança.
« - Tiens, mets ça. »
Je m’exécutai, puis me relevai tant bien que mal. Je me sentais déjà mieux. J’inspectai mon reflet dans le miroir, tandis que Morgan lavait mon t-shirt. Nous restâmes ainsi, à nous tourner le dos, silencieux. Puis finalement, je lâchai :
« - Désolée. »
Morgan se retourna et me dévisagea sans comprendre. Je le regardai à mon tour.
« - J’ai réagis comme une imbécile, murmurai-je finalement.
- J’ai agis comme un imbécile, dit-il avec un sourire en coin. »
Je baissai la tête.
« - J’ai eus peur, soufflai-je. Peur que tu sois tombé amoureux d’Elodie. Tu sais, je crois que j’aurai pas pu le supporter. Je pense que c’est pour ça que je me suis mise dans un état pareil… je suis désolée, vraiment, je me suis comportée comme une vraie gamine…
- Et moi, comme un serial killer… je pense pas que ce soit mieux. »
J’eus un faible sourire.
« - Je suis désolé, princesse. Je sais pas ce qu’il m’a pris, de… de faire ça. J’ai faillis t’étrangler… je crois que je m’en remettrai jamais… tu peux pas t’imaginer à quel point je m’en veux… tu sais… tu m’avais vraiment mis en colère… et moi… je… j’ai pas pu me contrôler. Je te demande pas de me pardonner… je veux pas que tu me pardonnes… je veux juste que… que tu me promettes… de ne jamais avoir peur de moi… je veux que tu me garantisses… de ne pas avoir perdu ta confiance, princesse…
- T’as pas perdu ma confiance, Morgan. »
Le jeune homme releva la tête.
« - Vraiment ? s’enquit-il.
- Vraiment, murmurai-je.
- Ouf… »
Il me prit dans ses bras. Je fermai les yeux et appuyai ma tête contre son torse.
« - Quoique tu fasses… que ce soit bien ou mal… quand ça vient de toi… tout me semble parfait…, murmurai-je. Même si tu manques de me tuer… »
Morgan ne répondit pas. Il resserra son étreinte et m’embrassa la tempe. Je glissai mes mains sur son buste. J’avais déjà eus l’occasion de le voir torse nu, et même de le caresser, mais les circonstances étaient autres. Là, j’avais l’impression que tout était différent, que tout m’était permis.
Je déposai un baiser sur son torse. Morgan ne broncha pas. Nous restâmes un petit moment, ainsi, dans les bras l’un de l’autre.
« - Bon, allez…, murmurai-je. Il faut peut-être aller aider Elodie à tout nettoyer. »
Il hocha la tête.
« - Let’s go, souffla-t-il. »
Il attrapa mon t-shirt, vida le lavabo et le nettoya.
« - Par contre, ton t-shirt est foutu. »
J’haussai les épaules.
« - Pas grave, je préfère porter le tien, dis-je avec un large sourire. »
Il sourit, essora le vêtement et dit qu’il fallait le jeter. Puis nous retournâmes dans la chambre où nous aidâmes du mieux que nous pûmes Elodie, mais les taches de sang eurent du mal à partir. Dieu merci, c’était du parquet, et non pas de la moquette, les taches devinrent donc très peu visibles, et nous pensions que personne ne s’en rendrait compte.
Elodie ne broncha pas à propos du fait de m’avoir vu me mutiler. J’en concluais qu’elle devait sûrement être au courant. Elle ne me demanda aucune explication et resta très pudique à ce sujet. Je me doutai que Morgan avait dû lui dire comment agir avec moi. Et au fond, cela me soulageait, qu’elle ne me posa pas de question. Je lui parlerai quand je serai prête à affronter la peur et le chagrin dans ses yeux. Ce qui n’était pas encore le cas…


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