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 [FG] Betty Beck, cadette de Sion

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Fëa
Premier roman
Fëa


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Date d'inscription : 29/03/2007

[FG] Betty Beck, cadette de Sion Empty
MessageSujet: [FG] Betty Beck, cadette de Sion   [FG] Betty Beck, cadette de Sion EmptyDim 17 Aoû - 15:38

La nouvelle commence en NE 62, donc bien avant la naissance d'Aubry Leska. Spéciale dédicace pour une amie.
Ecriture en cours, partie 1 pour commencer...

***

Elle aurait dû se douter que cela finirait ainsi. Cambrioler une banque, à son âge, c'était déjà pas mal. Deux ; il fallait généralement s'en satisfaire, et c'était pas mal. Trois ? Jamais deux sans trois, qu'on disait. Mais à ce niveau là, toute la police fédérale vous collait aux fesses et il était temps de faire carpette pour quelques mois (grand minimum).
Alors quatre… elle n'aurait jamais dû tenter la quatrième. Tapis ! Elle avait tout perdu maintenant. Betty déplaça sa cigarette éteinte en quelques mouvements de lèvres et la mordilla du bout des pré molaires. Maintenant qu'elle était allongée sur le banc d'une cellule, en pleine prison de Boston et dans l'attente de son jugement, elle regrettait de ne pas avoir eu le bon sens de planquer de l'argent pour se payer un avocat. Avec un commis d'office, elle s'en prendrait plein la gueule, et en beauté.

Bah. Betty n'y pouvait rien de toute façon. Et puis il fallait voir le bon côté des choses : elle serait sans doute dans le journal et pourrait épingler les coupures contre le mur de sa future cellule. "Betty Beck, la plus jeune cambrioleuse récidiviste de la Côté Est, emprunte avec ses amies deux millions de dollars nordistes à la Banque Sectorielle Américaine". Cool. Définitivement cool. Elle s'endormit à cette pensée ; se réveilla elle ne savait quand lorsqu'un gardien vint faire tourner ses clefs dans la serrure de la cellule.

"Visite. Suivez moi, s'il vous plait, mademoiselle."

Ouais. C'était bien sa veine, à Betty : on ne lui disait presque jamais mademoiselle, sauf au lycée quand elle avait fait une bêtise et qu'elle y était, ce qui n'arrivait pas très souvent puisqu'elle avait généralement autre chose à faire (voler des voitures, par exemple, ou jouer aux échecs jusqu'à pas d'heure). A croire qu'il fallait qu'elle soit en prison pour recevoir du s'il vous plait et du titre. Elle se leva cependant sans rien dire, se gratta le ventre à travers la combinaison orange et suivit le gardien. Dans le parloir, un militaire d'une quarantaine d'années, les cheveux blonds cendrés et très sombres, l'uniforme bien droit avec ses rubans de médailles, bien coiffé, bien mis, attendait assit sur une chaise de plastique. Betty nota qu'il était sans doute séduisant et, à sa posture, qu'il le savait. Il lui offrit de s'asseoir ; elle accepta.

"Mademoiselle Betty Johanne Beck, en attente de jugement pour quatre cambriolages ?
-C'est moi," qu'elle répondit avec un brin de fierté. Parce qu'à dix huit ans, elle avait plutôt bien réussit sa vie vu le millions qui avaient transités sur son compte en banque.
"J'aurai quelques questions à vous poser pour l'armée. Ceci ne comptera pas dans votre procès, je vous le promet. Acceptez vous de répondre ? Personne ne vous forcera.
-Faites, faites. Ça passera le temps." Son ton un peu dédaigneux fit froncer le nez de l'officier, mais Betty avait la ferme intention de tenir son rang de starlette du crime.
"Êtes vous bien championne aux échecs ?
-Non. Je suis triple championne junior de Boston." Correction. Elle en était fier, de ses titres.
"Ceinture marron de karaté ?
-Avant de me casser le genou, oui.
-Votre blessure est incapacitante ?
-Non. J'ai juste pas eu envie de reprendre."
C'était un peu faux : Betty avait essayé de recommencer le karaté, un an et demi plus tôt. Sa perte de niveau l'avait désespérée, puis frustrée et, finalement, elle avait laissé tomber.
"Vous décririez vous comme douée dans les études ?
-Regardez mon bulletin, j'ai pas redoublé deux fois pour rien." Elle s'était faite amer. Ses yeux gris, derrière une mèche blonde maculée de gel, devenaient deux fentes agressives.
"Je ne parle de votre bulletin. Il y a un tas de cons avec de bons bulletins. Je cherche des gens doués, même si avant aujourd'hui rien ne les intéressait dans leurs études."
Betty haussa les épaules et se renversa dans sa chaise. Elle avait envie d'une clope, mais ça ne se faisait pas de fumer dans le parloir.
"Ouais. Si vous le dites. C'est vrai que c'est chiant les études.
-Et vous êtes championne aux échecs," regard noir, "pardon, triple championne.
-Y'a pas de cons qui jouent aux échecs ?
-Pas de cons qui jouent aux échecs et entrent dans des banques, se servent et ressortent, trois fois d'affilé sans être pris, et sans demander l'aide de personne d'expérimenté." Cool, des compliments. Comme si ça allait changer leur vie, à tous les deux, de savoir si oui ou non Betty Beck était une petite conne, ou une fausse petite conne qui n'était pas si conne.
"Admettons. Je gagne une sucette si je dis que je suis intelligente ?
-Vous pourriez…" Hésitation. L'officier (un écusson, sur sa poitrine, le nommait "E. Mayer") se pencha en avant et posa les coudes sur la table, les mains nouées sous le menton. Ses yeux bruns fixaient Betty avec attention. Il mâcha un peu dans le vide avant de reprendre. "Vous pourriez entrer à l'école des officiers de Sion. Je cherche des filles -des femmes- pour une première promotion féminine."
Il décroisa ses doigts. Quelque chose avait l'air de l'agacer. "Ils ne me croient pas, que des femmes peuvent faire d'aussi bons officiers, et même des meilleurs. Il faut que je leur prouve le contraire. Je veux les meilleures et celles qui peuvent devenir les meilleures. Vous avez un profil…
-A chier. Mais le problème, c'est que je suis un peu bonne pour la tôle." Betty repoussa sa mèche sur ses cheveux en brosse. Forcément, ça compliquait un peu les démarches administratives. Non que l'américaine soit intéressée, mais elle préférait retourner à l'école plutôt que de passer vingt ans en prison. Mais la réponse du militaire écartait les difficultés comme il l'aurait fait d'un rideau encombrant.
"Soyez assurée que le juge sera persuadé de votre innocence. Les patriotes de la Fédération Nord doivent être là où ils seront utiles." Sur le front. Là où Betty n'avait pas tellement envie de se trouver, mais il lui suffirait de se faire virer pour alcoolisme ou de fumer un pétard sous une caméra pour être libérée.
Tout bénéf. Et puis merde, Mayer parlait de Sion. Sion ! La capitale de tout l'hémisphère Nord ! Le joyau de l'humanité depuis l'ère sombre !
"Je signe où ?"

~*~

Elles étaient quinze, le nombre standard d'élèves pour une classe à l'école des officiers de Sion. L'EOS avait ratissé large : Betty, de son bureau du fond, avait devant-elle deux chinoises, un russe, une allemande, une scandinave, trois américaines, une magrébine, une saharienne, une hindoue et trois sionniennes, toutes cintrées dans des vestes blanches, les jambes enfilées de bleu et les pieds dans des chaussures d'hommes. Les vestes, on les avait trouvé à la marine, qui avait des cadettes en blanc ; le reste, c'était des fringues pour nabots de l'EOS qui les forçait à bien serrer la ceinture pour ne pas se retrouver avec le tout au bas des chevilles. Par un heureux hasard, la veste, un peu longue, cachait les plis disgracieux.

On s'arrêtera sur les quatre camarades dont le lit occupait le même dortoir que celui de Betty.
Au fond, dans l'alcôve près de la fenêtre, Xiao Yiy Shenyang. Une pointure ; il en fallait beaucoup pour faire rougir Betty, surtout de honte, mais Shenyang était de celles qui pouvaient y parvenir sans essayer. Médaillée d'argent au tir au pistolet aux derniers Jeux Fédéraux, ceinture noire de Judo, championne de Go, Xiao Yiy était partie en tête de promotion dès le départ : elle avait présenté, aux partiels de fin d'études secondaires, un tel dossier sur l'histoire militaire qu'elle avait reçu un vingt-deux sur vingt. Sa haute taille et sa chevelure noire, ses yeux bridés lui donnaient l'air d'une panthère, et elle en portait le nom lorsqu'on la comparait à sa rivale des premières minutes, Freedom Kanaba. Enfin, Xiao Yiy était fille d'une de ces familles qui, lors de l'Ere Sombre, s'étaient couverts de lauriers en étalant valeurs et talents, si bien qu'elle était de noble naissance.
Freedom Kanaba, de l'autre côté de la fenêtre, était au contraire petite, avec des formes rondouillettes. Un nez en pointe et de courts cheveux roux vifs comme une fourrure en pétard lui avaient valu, en même temps que ses yeux châtains cuivrés, le surnom de "renarde". Kanaba était américaine, pupille de la Fédération car orpheline et avait remporter la moitié des concours de simulations de pilotage de la côte ouest. Elle était en fait déjà militaire, et même caporale ; elle avait servit dans un régiment politique douteux (bourré de communistes, disait-on, et les communistes aimaient les Atlantes, c'était bien connu, et les Atlantes, c'était les gens d'en face à qui il fallait casser la figure, ce qui forcément le foutait mal quand était communiste), un régiment de blindé avec des vieux chars récupérés de la troisième guerre mondiale. Nonobstant le fait que Kanaba avait survécut là où l'espérance de vie était de six mois, et ce pendant deux ans, elle avait réussit à monter en grade en assommant tous les mâles trop couillus pour la supporter dans leur voisinage. Entre Shenyang et Kanaba, il y avait une guerre constante dans les cours de stratégie militaire, l'une ne jurant que par Sun Tsu, la défense et l'autorité, l'autre jurant qu'avant Rommel et Eisenhower, il n'y avait que de la merde et que tout se résumait par le mot "Attaque !. Enfin, la renarde avait juré de talonner en permanence la panthère qui, en réponse, se donnait déjà du mal pour rendre le défi intéressant.

Plus près de la porte, les trois autres se gardaient bien de mettre le plus petit doigt de pied entre les deux furies dont l'enthousiasme pouvait prendre une amplitude terrifiante. Il restait alors de fréquentable, pour Betty, Inga Dreslen, une petite pétasse blonde, championne allemande de pentathlon féminin et bourrine à plein temps qui tirait des lapins depuis qu'elle avait six ans ; avait eu ses Partiels avec deux ans d'avance et une ceinture noire dans un art martial quelconque, qu'on lui avait retiré parce qu'elle trichait en permanence, au poker comme dans tout ce qu'elle faisait, ce qui ne l'empêchait pas d'être surdouée. Le grand malheur d'Inga tenait dans son énorme nez et un menton inexistant, ce qui la rendait laide comme un pou.

Il faut s'attarder, enfin, sur la seconde personnalité acceptable, une sionnienne du nom de Roosevelt Montorestre, mais que tout le monde appelait Monty. Elle avait eu le malheur de naître dans haute société de Sion, à une époque où la mode était de donner des noms célèbres comme prénoms en espérant que l'individu allait se réincarner un peu. Montorestre père avait dû rêver sa fille en en présidente ; est-il qu'il est facile d'imaginer comme Roosevelt peut être dur à porter et pourquoi Monty en voulait spécialement à ses parents pour le cadeau. Elle leur en voulait aussi de l'avoir embarquée dans "cette merde de projet de l'armée" (son père était maréchal) et, sans les menaces d'engueulades de Shenyang et Kanaba, cette brune aux cheveux courts et à la frimousse mignonne aurait séché la moitié des cours pour aller pirater l'un des serveurs de l'armée.

Monty occupait le lit voisin de celui de Betty. Le jour, c'était une grande gueule ; la nuit, elle pleurait dans son oreiller et jetait ses pantoufles sur Betty dès qu'elle faisait mine de s'en apercevoir.
La vie, dans la chambre 2 de la première classe féminine de l'Académie de Sion, était finalement plus périlleuse que la prison de Boston.
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