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 La Piste des Lions

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AuteurMessage
Flora
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Flora


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MessageSujet: La Piste des Lions   La Piste des Lions EmptyMer 26 Avr - 8:06

Flora a écrit:
Pis si ça continue comme ça, je vais ouvrir Mes Documents et innonder ce forum de mes écrits, dans toutes les sections possibles et imaginables, si bien que vous ne pourrez bientôt plus voir mon avatar en peinture !

Attention, ce ne sont pas des menaces en l'air !!!

llunae a écrit:
Si ça pouvait être vrai Shocked

Quand on me cherche, on me trouve lol!

(*farfouille dans ses dossiers*)

Bon, cette fois-ci, c'est une histoire d'il y a 4 ans que je vous propose. Comme pour X9-0, je vous la poste sans changer une seule lettre !


La Piste des Lions


Chantilly… Imaginez des hectares de forêts et de prairies, un magnifique château et, surtout, une longue piste où les chevaux de course délient leurs jambes sous le regard de deux lions de pierre, la célèbre piste des Lions… C’est ainsi que je vois Chantilly. La piste des Lions est mon endroit favori. Posté près des statues des fauves, je peux observer les pur-sang et leurs cousins du désert à l’entraînement, s’échauffant grâce à quelques trottings avant de prendre un galop cadencé et rapide, tête haute, naseaux dilatés, le vent fouettant leur crinière… Quand je les vois s’élancer, tirant doucement sur leurs rênes pour se soustraire à l’action du mors, accélérant peu à peu leur galop, enivrés par la vitesse, quand j’observe leurs robes chaudes et luisantes, aux reflets changeants, si belles que les rayons du Soleil eux-mêmes tentent de les caresser, quand je détaille leurs corps d’athlètes, aussi fins et souples que ceux des lévriers, je les envie… Je suis un cheval de chasse à courre, grand et maladroit, aux poils noirs et ternes, portant le nom de Rupert, mais j’aurais préféré naître pur-sang, dans une écurie de chevaux de courses et devenir un grand champion. Pourtant mon métier me plaît : j’aime poursuivre les cerfs, accompagné par les meutes de chiens, sauter les haies et les rivières, puis rentrer à la maison, au pas, rênes longues, broutant parfois une touffe d’herbe au passage, avant de rejoindre mon box où je suis dorloté par mon cavalier et où je peux me nourrir, me désaltérer et prendre un repos bien mérité. D’une certaine manière, ma vie ressemble à celle des chevaux de courses ; mon hippodrome est la campagne et ses bois, mes adversaires les habitants des forêts, la ligne d’arrivée l’horizon et mon lad mon propre cavalier… Une vie de prince. Pourtant, les pur-sang et leurs jockeys me font toujours rêver. Et quand je vois passer un coursier alezan, un éclair d’or sur la piste des Lions, je pense à mon ancêtre Samson, qui alliait, d’après ma mère, la vitesse et l’endurance des pur-sang à la force et le courage des chevaux de chasse à courre…

Plus d’un siècle avant ma naissance, un homme, Louis-Henri de Bourbon, persuadé qu’il se réincarnerait en cheval après sa mort, fit construire à Chantilly une écurie digne de son rang. Aussi belle et spacieuse qu’un palais, elle logea bientôt plus d’une centaine de chevaux et environ deux-cents chiens… Et au milieu de tous ces chevaux, confortablement installés dans leurs stalles, et de ces chiens tapageurs, enfermés dans leurs chenils, se trouvait mon ancêtre Samson. C’était un grand et robuste cheval de chasse à courre, qui possédait une robe alezane aux reflets rouges, des jambes longues et solides, un poitrail large, une encolure musclée et une tête semblable à celle d’un pur-sang arabe – longue et fine, avec de petites oreilles et des naseaux bien ouverts – qui trahissait ses origines orientales. J’admets que mon ancêtre était un peu disgracieux, mais, malgré ce défaut, il était très apprécié par ses congénères, les veneurs et les chiens.

Un matin, un homme égyptien arriva à Chantilly. Invité, quelques temps plus tôt, à passer dans la région pour participer à une chasse à courre, il avait accepté avec enthousiasme. Petit et svelte, cet Egyptien montait à cheval depuis sa plus tendre enfance et l’équitation, les chevaux et les courses n’avaient plus de secrets pour lui. Il était accompagné par son lion apprivoisé, une bête immense, mais inoffensive, au pelage couleur sable et à l’abondante crinière noire, aux yeux dorés et aux pattes de velours, qui suivait son maître avec la docilité d’un chien et se laissait caresser avec la patience d’un chat. Mais le fauve africain oubliait peu à peu l’Egyptien, tournait fréquemment la tête vers la forêt qui semblait l’appeler, s’arrêtait parfois, agacé par le vent qui ébouriffait sa crinière… L’Egyptien ne remarqua pas le manège de son animal et arriva bientôt près du groupe de chasseurs, attendant l’heure du départ sur leurs montures respectives, près de leurs chiens impatients. L’Egyptien jeta alors un rapide coup d’œil en arrière pour vérifier la présence de son lion ; il vit avec stupéfaction que l’immense félin avait disparu.

Samson faisait partie des quelques chevaux sélectionnés pour cette chasse. Il était monté par un quadragénaire moustachu, aux épais sourcils et aux cheveux gris qui vérifiait le son du cor de chasse. Cette musique rendait Samson nerveux : il indiquait que la chasse allait bientôt commencer et le grand alezan avait hâte de quitter enfin son immobilité pour se lancer à la suite des cerfs, eux-mêmes talonnés par les chiens. Le brave cheval dansait sur place, transpirait, frappait le sol du sabot, secouait la tête violemment pour détendre ses rênes… Son excitation ne tarda pas à toucher ses congénères qui commencèrent à trembler de la tête aux sabots et à distribuer des ruades aux chiens trop curieux. Les chiens eux-mêmes s’agitaient, désobéissaient aux piqueux et s’éparpillaient, flairant le sol dans l’espoir de trouver une odeur intéressante. L’Egyptien était inquiet pour son lion, pensant aux accidents qui pourraient lui arriver et aux dégâts qu’il pourrait causer, mais, voyant l’état des bêtes qui ne demandaient qu’à partir, il ne raconta pas ses ennuis aux veneurs et monta sur le dos de la jument grise qu’on lui avait réservé. La chasse pouvait enfin commencer.

Elle commença bien mal : les chiens, excités par cette sortie en forêt, ne cessaient d’aboyer après les écureuils et les oiseaux, assez fort pour effrayer tous les habitants des bois sur au moins trois hectares, tournaient en rond, préféraient s’amuser avec les chevaux au lieu de chercher le gibier, partaient chacun de leur côté… Les chevaux, énervés par leurs bêtises, finirent par intervenir ; leurs ruades, leurs hennissements de colère et quelques morsures ne tardèrent pas à assagir les chiens qui commencèrent enfin à flairer le sol et à humer l’air, avec sérieux et dans le plus grand silence. La chasse se poursuivit donc normalement. Mais, à un carrefour, les chiens hésitèrent longuement, puis se séparèrent : la plus grande partie prit le chemin de droite, un autre groupe continua tout droit et une petite minorité tourna à gauche. Samson et son cavalier suivirent les chiens qui avaient bifurqués à gauche. Ils étaient accompagnés par l’Egyptien. Le sentier qu’ils empruntèrent plût beaucoup aux deux montures : il était ombragé, bordé de buissons aux feuilles tendres et son sol convenait parfaitement aux sabots des chevaux. Par contre, il n’était pas du tout apprécié par les cavaliers : toutes les branches semblaient s’être donné le mot pour se trouver à leur hauteur et les gifler. Les deux hommes étaient donc contraints de rester sur l’encolure de leurs montures, incapables de les ralentir et dans l’impossibilité de voir ce qui se passait devant eux. Heureusement, ils arrivèrent bientôt dans une immense clairière où ils purent se redresser et reprendre leurs rênes. A nouveau, les chiens hésitèrent et se dispersèrent. Samson, s’apercevant que la chienne Rubis, appelée ainsi à cause de l’éclat de ses yeux, s’éloignait, la suivit. La chienne trottina jusqu’à un carrefour, puis ralentit son allure et s’arrêta devant une grande allée bordée d’arbres gigantesques et d’épais buissons derrière lesquels un cerf aurait pu se cacher, invisible des sabots aux bois. L’imitant, Samson s’immobilisa. Le grand alezan et son cavalier furent bientôt rejoints par l’Egyptien et sa jument. Ignorant les deux hommes et leurs montures, Rubis flairait les buissons avec méfiance, mêlée à un peu de crainte… Mais elle ne tarda pas à s’en éloigner, la queue entre les pattes, gémissant à mi-voix.

Samson et son cavalier, étonnés par la réaction de la chienne, s’approchèrent des arbustes, yeux grands ouverts pour tenter d’éclaircir ce mystère. Le cheval sentit tout d’abord une odeur étrange, inconnue pour lui, qui aiguisa sa curiosité et il approcha sa tête du feuillage. Il vit alors deux yeux jaunes, des crocs blancs, une gueule béante… Paniqué, il recula avec un hennissement de terreur. Le lion sortit alors de sa cachette et lança un rugissement terrifiant. La jument de l’Egyptien se cabra, Rubis hurla à la mort ; Samson, lui, prit le mors aux dents et s’enfuit dans la grande allée, bientôt poursuivi par le lion, croyant à un nouveau jeu. Le grand cheval alezan, se sentant talonné, accéléra encore son allure, mettant en difficulté son cavalier. Mais celui qu’il prenait pour un prédateur suivait sans mal… Samson rassembla alors ses forces et adopta un galop plus rapide. Quelques mètres plus loin, des arbres, abattus lors d’une récente tempête, tentèrent de lui barrer le passage. D’un bond formidable, le grand alezan les franchit avant de continuer sa course folle. Le lion l’imita. Tout en zigzaguant pour décourager son adversaire, Samson réfléchissait. Le cheval pensa soudain que son poursuivant était peut-être l’animal que son cavalier cherchait ; dans ce cas, il devait ramener l’immense bête vers les chiens et les chasseurs. Persuadé que son hypothèse était juste, Samson s’arrêta, désarçonnant sans le vouloir son cavalier, et le fauve africain, surpris par ce brusque arrêt, se cogna aux jarrets de l’alezan. Obéissant à un réflexe, Samson décocha une formidable ruade qui projeta le lion deux mètres plus loin. Puis, il fit demi-tour et retourna au grand galop à l’endroit où il avait laissé l’Egyptien, la jument grise et Rubis. A ce moment-là, il était magnifique, filant comme une flèche, oreilles plaquées contre son crâne, crinière au vent, le bruit de ses sabots rappelant celui du tonnerre… Et avec sa robe alezane, il ressemblait à un cheval de feu, un animal fantastique… Le lion le suivait de loin, encore un peu étourdi par le coup qu’il avait reçu et se méfiant à présent des membres postérieurs de Samson.

Au carrefour, un regroupement s’était formé : les autres chasseurs et les chiens avaient accouru en entendant le fauve rugir et avaient donc assisté à toute la scène. Ils accueillirent chaleureusement Samson, couvert de sueur, essoufflé, mais très fier de lui et l’Egyptien appela son lion qui, ravi de revoir son maître, obéit sans discuter. Ils rejoignirent le cavalier de Samson qu’ils retrouvèrent boitillant, se tenant la hanche, le visage rouge. L’Egyptien s’excusa sincèrement auprès de tous les cavaliers, puis éclata de rire et dit au cavalier de Samson :

- Ah ! Ah ! Vous avez fait une sacrée chute ! Mais votre cheval nous a donné un beau spectacle… Il courrait aussi vite que mon lion ! Rien n’aurait pu l’arrêter ! Quelle vitesse ! Quelle endurance ! Il m’a rappelé les chevaux de course de mon pays…

Pensif, l’Egyptien se tourna vers la grande allée où Samson avait montré ses talents et remarqua :

- Il y a une belle écurie ici… Mais il manque une piste d’entraînement pour les chevaux de courses ! Si l’on enlevait les troncs… Et puis, si on rajoutait des statues à l’entrée… On pourrait l’installer, cette piste…

Les autres cavaliers trouvèrent l’idée excellente et en discutèrent sur le chemin du retour.

Quelques temps plus tard, on installa à l’entrée de l’allée deux lions de pierre, les troncs qui encombraient la piste furent brûlés… C’est ainsi que naquît la piste des Lions.

C’est donc grâce à mon ancêtre que la piste des Lions existe aujourd’hui… Et quand je songe à son histoire, j’ai soudain l’impression d’être un cheval important. Bien plus important qu’un cheval de course !
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