Haélice.
« Si seulement ta course pouvait cesser. Tes jambes continuent de te porter mais jusqu’où pourront-elles le faire ? »
La grande forêt borde un ruisseau.
« Ne t’arrêtes pas haélice tu y es presque »
Elle court, elle vole. A ne plus sentir le sol qui se dérobe sous ses pieds ensanglantés.
Elle trébuche, se cogne, se perd. Quand Haélice se relève enfin c’est à un loup qu’elle fait face. La première chose à remarquer est ses crocs aiguisés.
« Qu’arrivera-t-il si je m’arrêtes ? Je n’y arriverai pas sans toi… » Souffle-t-elle.
L’animal est immobile : sculpté dans la pierre.
« Je t’ai longtemps cherché et je le fais sans relâche. Je t’ai aimé comme il ne m’est plus possible de le faire.
Pardonne moi mon frère. »
Les derniers mots résonnèrent en un seul et même écho tranchant, celui d’os broyés sous une lame.
A-t-elle vraiment prononcé ces sons, ces mots qui la tourmentent ? »
Le loup s’approche. De toute manière, elle ne fera pas le poids.
« Pardonne moi »
Trop frêle. Il lui reste ses jambes.
« Pardonne moi »
L’affrontement est inégal.
C’est seulement lorsque leurs yeux se croisèrent qu’elle comprit. Elle entendit enfin ses paroles, celles qu’elle avait imaginées cent fois pour se consoler. Son absence était pesante.
« Haélice : c’est à moi de m’excuser »
La fourrure noire épaisse disparut dans le ruisseau.
Les larmes de joie se mêlent au sang de ses mains et de ses jambes. Une griffure reste dans la chair : celle de l’être aimé et enfin libre.
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