Voici le tout premier texte que j'écrivis pour mon plaisir :
Préparatifs difficiles
Nous sommes jeudi, la tonnelle est enfin installée. Les préparatifs battent de leurs pleins :
Ma sœur apporte les chaises, mon père et moi déménageons les meubles et apportons les tables, et ma mère cherche des recettes pour le festin de dimanche. Tout le mobilier valse dans le garage : les fauteuils, le divan et la table basse de marbre moucheté. Ensuite nous apportons les tables dont une est en chêne massif. Son poids est considérable et ses bords, appuyant sur mes bras, manquent de me couper une veine. Ensuite on pare les tables d’une longue nappe avant de les entourer de chaises. La décoration viendra plus tard. Pour moi, l’heure est au dodo. Je termine d’abord un chapitre de mon livre puis sombre dans un profond sommeil.
Jusqu’à ce qu’à trois heures du matin les cris perçant du vent me réveillent. Je me lève en sursaut et vais fermer ma fenêtre, dehors la tempête est d’une rare violence. Soudain j’entends un bruit sourd, et le sol tremble. La tonnelle vient de s’affaisser. Feignant d’ignorer ça, je me rendors pendant que mes parents la démontent en vitesse.
Le lendemain, après ma journée d’école on s’affaire à l’ornementation des tables. Celles-ci sont ornées de sous-nappes en papier de coloris lilas, dans les somptueux verres de cristal sont disposés des serviettes d’une couleur un chouia plus foncé. Samedi matin, la tonnelle est remontée, mais de menaçants nuages pointent leur nez à l’horizon. Quelque temps plus tard, des bourrasques de vent soulèvent la tonnelle, des trombes d’eau se déversent et pénètrent dans la maison. L’eau s’infiltre partout, approchant dangereusement les câbles électriques, je cours chercher des torchons pour boucher les infiltrations. Ensuite je suis appelé en urgence pour soutenir la tonnelle : pas le temps de s’habiller correctement j’enfile un fin anorak sur mon T-shirt et enfile des sandalettes, et m’en vais soutenir la tonnelle avec un pieu de bois. L’eau dégouline de la tonnelle pour ensuite glisser le long de mes bras et me glacer le sang. Figé par le froid, je suis aussi immobile que le poteau. Le froid se fait plus persistant, de nos bouches de la buée se forme, la pluie tombe dru sur le toit dans des clapotis assourdissants. Au loin un grondement se fait entendre. Les dieux sont en colère et le font savoir, un autre grognement nous parvient. Des éclairs commencent à zébrer le ciel, et mes genoux, transit de froid, se mettent à jouer des claquettes. Mes mains sont devenues bleues de froideur. Mais bientôt les dieux s’apaisent poussant leurs derniers cris et versant leurs dernières larmes. C’est le calme plat. Quelques instants après, le chant des oiseaux au loin viennent rompre ce silence, des gouttes d’eau limpides comme du cristal pendillent du toit ; et de courageux rayons de soleil essayent de percer ces nuages. Mais déjà le souffle du vent apporte de nouvelles nuées de nuages. On se dépêche à démonter la tonnelle, à ranger les chaises extérieures. Mais les dieux pleurent à nouveau, déversant cette fois-ci de fines gouttelettes avant de cracher de nouveau des trombes d’eau. Après avoir replié les dernières chaises, je rentre bien au chaud à l’intérieur, attendant que le déluge se calme. Maintenant, tout est calme, paisible, des rayures bleues parcourent le ciel, formé à présent de nuages blancs…