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 confessions d'un assassin malgré lui

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AuteurMessage
jameline07
Premiers mots



Nombre de messages : 2
Date d'inscription : 07/06/2008

confessions d'un assassin malgré lui Empty
MessageSujet: confessions d'un assassin malgré lui   confessions d'un assassin malgré lui EmptySam 7 Juin - 16:11

Chapitre 1

La Rencontre

Il traversa la route sans même savoir qui il était. Au plus profond de lui-même, il se savait si différent. Il faut dire que l'esprit l'arrachait du courant de la vie ordinaire. L'esprit est reptilien: il s'immisce de façon sournoise dans la chair où il a élu domicile. Entre autre, il agissait avec une autonomie déconcertante. Faits et gestes étaient guidés par cette force supérieure qui le transformait en pantin désarticulé. En revanche, cette force lui enseignait les beautés qui présidaient chaque chose et en particulier celles qui se manifestaient dans l'imperturbable
instinct de la nature. L'esprit qui l'habitait désirait s'extirper de la chair pour rêver, s'évader. Cependant, c'était un pari impossible à réaliser, d'autant plus qu'il n'existait aucun mode d'emploi efficace pour rompre avec l'humanité. L'être humain avait acquis à ses yeux un caractère subversif. Un adage, quelque peu révélateur sur sa prise de position vis à vis la société lui servait de philosophie. D'après lui, l'homme est un surhomme pour l'homme mais il est peu de chose dans le cosmos. Il était revenu à un état naturel, sauvage; ce qui porterait à croire qu'il était dangereux pour l'ensemble de la société. Mais bon, de quoi pouvait-on bien soupçonner un enfant perdu au plein milieu de la beauté des choses ?

Adam gardait en toute circonstance une mine décontractée comme s'il était capable de se détacher de la vie. C'était un voyant qui s'élevait tel un phare pour tenter de contrôler les phénomènes. En réalité, il était difficile de vivre au beau milieu de la tour de Babel. Il savait au fond de lui que le défi qu'il s'était lancé était voué à l'échec.
Malgré tout, il n'en démordait pas. La terre où reposaient ses pieds avait beau menacé de s'effondrer, il ne voulait pas prendre en compte le danger qui le guettait. Ainsi, jour après jour, la tentation devenait plus forte.Comme tous, il désirait le jouir. Cette tension, il la rendait responsable tout comme ses rêves qui lui appartenaient et dont il n'arrivait pas à
calmer les ardeurs.

Le froid l'obligea à accélérer le pas. Il ne prenait pas même la peine d'éviter les quelques flaques d'eau qui obstruaient son chemin. De nature plutôt stoïque, il ne portait aucune attention au climat et marchait d'une manière réglée, tel un automate. Sa mine et son regard qui balançait tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche, et, quelquefois même vers le
ciel, trahissaient sa nature rêveuse. Des nuages, vêtus de gris, menaçaient de faire éclater leur colère. Le vent léchait délicatement son visage et ses lèvres esquissaient un sourire de contentement. Mais ce sourire ne reflétait pas le drame qui se déroulait en son for intérieur. Sa physionomie semblait prêcher la joie et la bonne humeur. Quant à ses pensées... Ah! Les pensées! Elles étaient toutes tournées vers un profond défaitisme.

Une averse s'était effectivement abattue sur la ville prise au dépourvu.
Surpris, Adam fut très rapidement trempé jusqu'aux os. Néanmoins, il trouva refuge à l'intérieur d'un magasin de lingerie masculine. Pendant près d'une heure,il déambula entre les allées sans tomber sur quoi que ce soit d'intéressant. Entre temps, il s'amusa à contempler
son propre reflet devant un miroir. A l'inverse d'Alice, il refusa de le
traverser parce qu'il comprit aussitôt que ce n'était qu'un miroir déformant.
Or, tout ce qui déforme nous ramène au multiple et aux passions. Il n'alla pas
plus loin. Il ne voyait pas la nécessité de poursuivre les pérénigrations où
nous emporte l'imagination.

C'était ainsi qu'il avait irrémédiablement perdu la foi. On ne sait comment
et par quel miracle, le voile qui recouvrait la maya avait été enlevé et les
portes de la perception avaient été nettoyées. L'influence de livres
mystiques sur son développement spirituel n'expliquait pas tout. Comment un
individu pouvait-il assimiler que la maya est une illusion qui nous faisait
croire en la nécessité qui résidait dans l'action, sans sombrer dans la folie?
L'hypersensibilité tout comme le dérèglement des sens n'étaient peut être pas
étrangers à cette prise de conscience.

En jetant un coup d'oeil vers l'extérieur, Adam se rendit compte que les nuages
étaient beaucoup moins énervés. Il sortit du magasin et allait
tranquillement traverser la route quasiment déserte quand.... brusquement.....
il se sentit aspiré par une force magnétique. Il était physiologiquement
certifié d'origine étrangère; on l'interpella donc:

«Vos papiers?
-Monsieur?
-Oui?
-Non, vous avez oublié de me dire, s'il vous plaît, Monsieur»

L'imprudence de notre narrateur fit qu'il se vit empoigné par les forces de
l'ordre et qu'il vit soudainement le macadam se rapprocher dangereusement de
son visage. Les représentants de la justice le relevèrent brusquement afin
de l'interroger:

«Nous nous demandions, cher monsieur, les raisons qui vous justifient?
- Euh... je suis innocent...
- Jusqu'à preuve du contraire...
-Qu'ai je donc fait, monsieur l'agent?
-Cela suffit, reprit son confrère, nous allons vous fouiller»

La justice fit mal son travail puisqu'elle laissa échapper ce jeune brigand
qui avait malicieusement caché un tout petit bout de résine de cannabis.
Heureux de s'être tiré à si bon compte, notre héros se jura de fêter son
état de grâce une fois qu'il serait arrivé à bon port, chez lui. Dès qu'il
ouvrit la porte, il prit juste le temps de reposer son trousseau de clefs au
dessus d'une petite table avant de s'asseoir sur une vieille chaise en bois.
Une fois l'ordinateur allumée,, il accéda au forum principal auquel il
participait plus ou moins activement. L'obsession était telle qu'il oubliait
même de ranger ce qui traînait ça et là: pull-over, papier toilette et
barres de chocolat s'entrelaçaient sans que cela le fit réellement
sourciller. Adam s'impatientait. Le vieil écran mettait du temps à afficher
les pages tant attendues. Enfin, il put accéder aux nouvelles du forum. Des
passionnés de mangas s'y retrouvaient pour y échanger leurs conceptions. On
allait parfois jusqu'à s'invectiver, mais Adam n'aimait pas participer à des
débats houleux qui selon lui, ne menaient jamais à rien. Il préférait
discuter sur la pertinence de certains scenaris ou évoquer le génie ainsi que
le remarquable travail de ses dessinateurs préférés. Pourtant, à ce moment
précis de son existence, mon patient s'intéressait davantage à une jeune
femme du forum et avait presque oublié sa passion première. Les mois
précédents, les deux internautes partageaient rires, douleurs et confidences.
Le jeune homme appréciait la douceur de sa correspondante, mais il n'avait
jamais osé avouer ses sentiments parce qu'il faisait une nette distinction entre
réel et virtuel. Il essayait tout de même de la séduire sur le ton de la
plaisanterie.

En surfant sur la toile, il fut agréablement surpris en constatant qu'elle
lui avait transmis son numéro de téléphone portable en message privé. Il
souffla à plusieurs reprises et prit une grosse bouffée d'oxygène avant de
composer le numéro. Elle répondit au bout de la troisième sonnerie:

« Allo ?
- Allô ?" répondit une toute petite voix
« Oui allô ! C'est Adam...
- Ah oui ! Salut ! Comment vas-tu Adam?
- Je vais plutôt bien. En tout cas, cela me fait bizarre d'entendre ta
voix.
- Moi aussi, je trouve cela plutôt...piquant...de t'avoir au bout du fil. En
ce moment, je ne décroche pas de mon ordinateur. Je m'ennuie tellement, tu sais » lui souffla t-elle à travers le
combiné du téléphone.

Adam se mit à rire. Il fit preuve de beaucoup d'esprit. Petit à petit, ils se laissèrent aller à des
confidences. Chacun contait des épisodes qui avait marqué sa vie. L'un
tout comme l'autre était à l'écoute du partenaire qui se voulait être
l'idéal. Adam lui raconta pour la mille et unième fois ses déboires
conjugaux. Une passion commune pour tout ce qui touchait de près ou de loin
les mangas les rapprochait encore plus. Leur discussion prit fin au bout
d'une heure et demi. Mais pour eux, ce temps passé au téléphone avait défilé
bien trop rapidement. C'est à contrecoeur que chacun dû interrompre la
communication téléphonique. Adam demeura un long moment sur son canapé à se
remémorer le fil de la conversation. Il se demanda si la mayonnaise avait
pris. Y avait-il encore une place dans son coeur pour contenir de l'amour? A
partir de ce jour, les deux deux jeunes gens gardèrent l'habitude de se
rappeler assez souvent. Tout naturellement, deux mois après ce
premier entretien téléphonique, ils prirent la résolution de se voir en
chair et en os. Vous avez beau faire et tenter de vous opposer aux lois:
deux aimants s'attirent. C'est ainsi que le 20 mars 19.. ,Hélène descendit
les marches du TGV numéro 42837 Marseille-Nice avec une démarche qui
marquait l'assurance.

De haut en bas, elle était habillée en blanc. Adam eut
l'impression qu'un ange était descendu sur terre pour redonner sens à son
existence. Il était quelqu'un d'entier et de tellement extrême dans ses
relations avec autrui qu'il avait un mal fou à contenir ses débordements
sentimentaux. Il hésita longuement avant de l'interpeller car elle était si
somptueuse dans son apparat qui dénotait son originalité et un tempérament
d'artiste. Mais non, il ne devait pas reculer maintenant qu'elle était face
à lui:

« Bonjour, Mademoiselle, puis-je vous aider ? » lança t-il en se rapprochant
puis en faisant mine de se saisir de ses bagages.

Elle le reconnut immédiatement car ils s'étaient échangés des photos sur
internet. D'ailleurs, elle se prêta de bonne grâce à ce petit jeu et Adam
reprit confiance en la voyant sourire:

«Je ne vous imaginais pas aussi sublime» se risqua t-il à déclarer

«Et vous, je ne vous imaginais pas aussi ....fou.» dit elle en éclatant de
rire.

Reprenant une mine sérieuse, Adam s'informa sur le déroulement de son
voyage. Très souriante, elle répondait brièvement à ses questions. Elle
avoua qu'elle avait été anxieuse durant tout le trajet. Ils
se dirigèrent vers un café situé juste en face de la gare. C'est là qu'ils
allaient entamer une discussion quelque peu passionnée. Adam était séduit
par la sérénité qui se dégageait de son invité. Le romantisme, qui,
autrefois, laissait place au cynisme quand il avait affaire à des femmes
qu'il trouvait bien trop prosaïques, transmigrait vers une réelle sincérité
et une rare spontanéité. Quant à elle, elle le trouvait drôle et...plutôt
mignon. Avant de quitter les lieux, elle brisa un peu l'atmosphère
romantique de cette rencontre et troubla légèrement Adam quand elle s'exclama:

«Attends moi...juste deux secondes....je reviens....je vais aller pisser.»

Après cet intermède, Adam l'emmena faire le tour de la ville. C'était la
première fois qu'elle venait à Nice et elle exprima à plusieurs reprises son
émerveillement. Pendant près d' une heure, ils longèrent côte à côte la
célèbre Promenade des Anglais. Au bout d'un moment, elle se sentit fatiguée
et déclara que ses jambes refusaient d'avancer. Adam s'arrêta
avant de lui proposer un massage. Elle se mit à rire et accepta de bon
coeur. Ils se dirigèrent vers la plage qui leur faisait face et s'y
reposèrent. Ah! Qu'il était agréable de rêvait debout! Notre homme se laissa
emporter par son imagination. Il eut même l'impression de surprendre le
soleil couchant pâlir de jalousie quand il se mit à masser les fines et
gracieuses jambes de sa belle compagne. A moins que ce ne soit plutôt le soleil qui lui ait tapé sur la tête!

Tous deux s'allongèrent ensuite sur le sable pendant d'éternels minutes à
contempler le paysage. La nuit tomba et l'obscurité les enveloppa. Malgré une
résistance héroique, les deux tourtereaux décidèrent à contrecoeur de fuir au
plus vite le froid qui troublait depuis peu leur quiétude. Ils s'installèrent
dans le premier taxi qui passa sous leurs yeux. Une fois à l'intérieur, Hélène
abandonna sa tête sur l'épaule de celui qui l'avait séduite. Elle garda
cette position durant tout le reste du trajet. Son compagnon l'observait
furtivement: elle avait les paupières fermées. Mais n'était-elle pas plus
belle encore quand ses yeux étaient ouverts et pétillaient de malice? Il
plaça instinctivement sa main droite autour du cou de la jeune femme avant
de se mettre à caresser ses cheveux légèrement humidifiés. Dieu merci, se
dit-il, la vie ne m'a pas fait que des crocs en jambe. Dès que la voiture
s'arrêta, Adam paya le chauffeur. Il se dirigea ensuite vers son appartement
tout en essayant de ne pas faire de bruit: la belle était encore à moitié
endormie. Cependant, elle sortit de sa torpeur lorsque ce dernier poussa la
porte d'entrée de son appartement:

« C'est vraiment pas mal chez toi!» s'exclama t-elle.
« Je crois que je vais m'y habituer ! Mais non, je plaisante. Ne prends pas
cet tête d'ahuri pour si peu » continua t-elle de plus belle.

Adam admirait cette insouciance propre aux enfants. La spontanéité de la
jeune femme contrastait avec le sérieux de ce dernier. Il lui proposa un
apéritif. Elle accepta sans hésiter. Il s'assirent ensuite sur le canapé
afin de discuter tranquillement devant une télé qui resta allumée toute la
nuit à tenir la chandelle. Au téléphone, ils s'étaient promis de bien se
tenir au cas où ils dormiraient sous le même toit. Mais une fois l'obscurité
venue, des désirs, somme toute assez humains, vinrent titiller leurs
instincts les plus rimaires et les poussa à jouir de quelques plaisirs
érotiques. Ce fut donc le soir même de leur rencontre qu'Hélène et Adam
firent l'amour. Chacune de ses caresses épousèrent idéalement les courbes
féminines, ravies de se voir marquer par l'empreinte d'un désir à la fois viril et sensuel.
Enfin, après avoir échangés un jeu de regards complices, ils s'abandonnèrent autour d'une dernière étreinte.
Au réveil, Adam fut consterné en voyant que la belle s'était volatilisée.
Les draps avaient gardé un peu de son parfum et témoignait de sa récente
présence. Il eut beau l'appeler, geindre, crier: l'appartement était trop
petit pour qu'il ne se rende compte de l'évidence. Où avait-elle
pu aller à cette heure-ci ? Il lui téléphona et tomba directement sur son
répondeur. Tant pis, se dit-il, de toute façon, la règle majeure à respecter
avec les femmes est de ne pas essayer de les comprendre.
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