Voici un hommage écrit à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Pierre Desproges...
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Au risque de te voire te lever pour m’en mettre une, Pierre...Tu me manques.
Vois-tu aujourd’hui plus que jamais, les cons ont la dent dure. Quelle déception, toi qui a passé ta vie à t’escagasser la langue pour ouvrir l’esprit des quelques tripotés d’ignares à l’écoute de la “radio libre”, voilà qu’il sont toujours aussi con et qu’en plus ils te marchent dessus...Ah les salauds!
Nous sommes en 2008 et il ne fait pas bon être Tibétain en Chine, Chinois aux Etats Unis ou Américain tout court. Les jeunes multiplient leurs improbables efforts pour enterrer le peu d’intelligence qui leur reste et se rapprocher ainsi de leur idéal, à savoir “pouvoir porter un pantalon slim et sauter en même temps”.
Les vils bouchers persistent à signaler leurs échoppes avec un cochon en bois qui rigole et semble nous dire, “Allez, venez donc vous éclater la lessiveuse avec mes pieds et mes côtelettes! J’adore qu’on me foute du persil dans les naseaux! Venez don’ j’vous dis tout est bon chez moi.”, mais faut pas le croire parce que ça m’étonnerait quand même qu’un être vivant, aussi cochon soit-il, aime qu’on lui foute du persil dans le nez.
Des pastiches factices de chanteurs en plastique, purulent d’acné sébumique, persistent à s’inviter dans les télévisions à écran plat devant lesquels le Français (et les 6 milliard et quelque autres) aiment s’avachir pour ne pas trop réfléchir parce que “faut pas pousser on réfléchit déjà toute la journée!”.
Les femmes continuent de travailler et de garder leurs robes sur le dos et les canards en plastiques multiplient les tentatives ratés pour gouverner le monde.
Tu vois rien n’a changé finalement. Et ho, doucement là! On se donne du mal tu sais! C’est pas facile de pondre des fusils qui tuent encore mieux, des adultères de moins en moins adultes et des pauvres de plus en plus pauvres. C’est pas facile de donner à n’importe quel Iroquois péroxydé la chance de lancer une nouvelle danse et de polluer le monde avec ce que les badauds s’empressent d'appeler “mouvement culturel” alors que ce n’est ni culturel ni emprunt au mouvement (ben ouais on doit bouger que les bras). Enfin si tu crois que c’est facile de voter pour un trou du cul qui pète plus haut que le sien au bras d’un top modèle, qui en a un fort joli...J’aimerais t’y voire !
Ah si, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Je commence par laquelle? La bonne? Il y a de moins en moins d’enfants. Génial non? Par contre il y a plus de vieux. Plus comment ? Oulà...plus comme le nombre de biscuits en plus dans une boîte de galettes St Michèle après une opération de promo surprise.
Ils sont partout!
Les vieux sont devenus en France ce que les hippies étaient à Woodstock. Si on les virent, y a plus personne.
Et puis ce n’est pas tout. Ils ont définitivement tracé une croix sur “le bon vieux”. Tu sais ce vieux ventripotent, légèrement porté sur la boisson, qui distribuaient à ses petits enfants les bisous baveux, les pièces de 20 Francs (tout le monde sait que le “bon vieux” a un peu de mal avec les euros) et les postillons vinifiés. Fini la teinte rougeaude qui vous demandait à quelle heure arrive le bus pour enchaîner fissa sur le boulot “vraiment bien” de ses enfants. Non. Les vieux d’aujourd’hui sont jeunes. Ils sont gris, tristes et incroyablement lisses. Ils ont troqué leurs ballons de rouge pour des pots de crème anti-rides et je peux te dire que nous, les jeunes, on y a pas gagné au change. Nos vieux d’aujourd’hui, ils pensent comme tes vieux à toi sauf qu’il n’y en a plus aucun de gauche. Et pour couronner le tout ils sortent. Oui ! En pleine ville comme ça, devant ceux qui travaillent pour eux et qui sont encore vivants ! Si c’est pas malheureux. Sans tomber dans le cétaitmieuxavantisme, faut bien avouer qu’avant, passé la cinquantaine, ils avaient la décence de rester chez eux...
Aujourd’hui, pour être un VRAI vieux, il faut consommer pour faire croire qu’on est encore dans la partie et faire la gueule pour montrer qu’on a toute sa tête. Du coup alors que l’on se régalait d’un papi Ernest qui nous demandait pour notre 15 ème anniversaire en nous prenant sur ses genoux fragiles :
“Et toi mon petit Gaston, (oui mon Grand Père ne m’aimait pas et il aurait préféré que je m’appelle Gaston pour se foutre de ma gueule) c’est quoi que tu veux faire plus tard? Tu sais moi quand j’étais petit j’ai appris une chanson...
Lèves la jambe, Voilà qu' ça rentre
Lève la cuisse, cuisse, cuisse,
Voilà qu' ça glisse, oh! Hisse!
Lève la jambe, Voilà qu' ça rentre
Lève la cuisse, cuisse, cuisse,
Voilà qu' ça glisse; oh! Hisse!
...”
Et tout le monde riait aux éclats parce qu’on savait tous qu’il était complètement rond et qu’il finirait par s’endormir devant le grand prix de F1. Aujourd’hui grand-père Philippe, prends son petit fils de 5 ans par l’épaule pour lui dire que son orientation professionnelle se fait dès maintenant et que si lui et grand-mère Véronique ont pu visiter la Nouvelle Zélande l’année dernière c’est parce que pépé a eu un salaire de cadre pendant 25 ans.
Et il chantonne alors un refrain de Sardou avec une voix juste et claire. Non vraiment, les vieux d’aujourd’hui n’ont rien de sérieux.