HP - Fiche Ailinn

Chez certain, les mélanges sont un choix de vie, une passion. La famille Cadeyrn appartenait à cette catégorie de personnes. Bien que faisant partie de la haute société du Pays de Galles, de sang pur évidemment, le jeune Deved décida, en sortant de Poudlard, de convoler en justes noces avec une jeune sang-mêlée, irlandaise, de surcroît. Beaucoup dirent que ce choix était du à un sortilège de Confusion particulièrement puissant, voire un Império. Mais le sort qui avait touché le cœur de Deved était bien plus puissant que ces amuses-sorcier. Il était profondément épris de sa jeune femme qui le lui rendait bien.
Ils s'installèrent donc tous deux au manoir familial, sourds aux cris des portraits de la galerie des ancêtres. Ceux-ci apprirent d'ailleurs rapidement à se taire de peur de finir au grenier. D'un tempérament décidé et impatient, Deved n'était pas du genre à se laisser arrêter par un 'Mais vous n'oserez pas !'.
Mis à part une baisse significative des invitations aux fêtes données par les familles aisées du pays, la vie pour le jeune couple se passait sans véritables problèmes. La tornade causée par l'ancien mage noir ne les toucha presque pas. Ils étaient assez purs pour ne rien craindre des mangemorts, assez calme pour ne pas inquiéter les aurors, assez riche pour vivre sans travailler si besoin était, et assez loin de Londres et d'Azkaban pour être sur de ne pas être dérangé par les sorciers en cavale.

Lothar, le fils aîné de la famille naquit un matin d'hiver, l'année de la Coupe du Monde de Quidditch. Un petit garçon aux cheveux d'ébène et aux yeux gris, qui, prédisait-on en s'extasiant sur son berceau, serait un grand sportif. Il avait le visage de la maman, les pieds de son papa et le hochet de son grand père. Il ne pouvait qu'être heureux !
Lothar profita pendant deux ans de son statut de fils unique et eut à peine le temps d'apprendre à marcher et à parler qu'une petite sœur pointa le bout de son nez. Un visage ovale, de grands yeux noisette pailletés de vert, une voix aigue et perçante qui faisait s'envoler les merles du cerisier du jardin. En ce mois de juin qui marquait le retour officiel du Mage Noir dans l'Angleterre magique, la famille Cadeyrn ne pensait qu'à son bonheur. Un an plus tard, Voldemort fut finalement vaincu et le monde des sorciers se mit à respirer. A l'abri dans les pierres grises du château, vivant des revenus de ses terres et de quelques placements, la vie continuait son court tranquille. Ailinn était bien trop jeune pour comprendre les nouvelles que Deved commentaient pour Ceridwen et Lothar, en bon gamin de quatre ans s'en fichait pas mal.

Les saisons passèrent et avec elles les années. Lothar avait hérité du caractère de son père. C'était un garçon vif, joyeux, plein d'énergie et de vie. Il aimait courir pieds nus entre les murs du manoir, en hurlant qu'il volait sur son Nimbus 2010 et qu'il était le nouveau champion de monde de Quidditch, grimper dans les branches du cerisier, et mille autres polissonneries. Ailinn quand à elle était plus silencieuse et secrète. Elle aimait sincèrement son frère et le suivait partout, traînant son jouet fétiche derrière elle. Mais lorsqu'il gambadait dans l'escalier, elle était assise sur une marche, tranquillement adossée au tronc de l'arbre lorsqu'ils allaient dans le jardin, tellement silencieuse que ses parents finirent par se demander si elle savait parler.
Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils s'aperçurent l'année des quatre ans de la fillette qu'elle savait non seulement parler mais qu'elle connaissait déjà son alphabet et avait des rudiments de lectures. Elle demanda, et obtint, d'apprendre à lire. Vexé que sa sœur apprenne quelque chose qu'il ne savait pas faire, Lothar exigea d'en faire autant mais fut plus blessé encore en voyant que sa sœur se débrouillait mieux que lui. On avait beau lui dire que savoir lire à six ans n'était pas donné à tout le monde, tout ce qu'il voyait c'était qu'un bébé de quatre ans, lui, y arrivait !

Quelque chose se passa cette année là entre le frère et la sœur. Ailinn ne comprenait pas la réaction de son aîné. Les lettres c'était facile, il suffisait de dire les sons les uns après les autres. Les chiffres non plus ce n'était pas dur, il suffisait de les additionner et de les soustraire. Chanter juste était aussi naturel que de respirer, dessiner c'était pareil que voir, écrire n'était rien de plus que la somme du dessin et de la lecture.
Le temps passa et rien ne s'arrangea. Lothar avait l'âge de commencer ses études et Ailinn demanda à pouvoir écouter elle aussi. Elle promit qu'elle serait sage et n'interférait pas. Lothar protesta violemment mais Ceridwen, leur mère donna finalement son accord et le garçonnet dut s'incliner, la rage au cœur. Mais Ailinn avait finalement comprit ce qui déclanchait la colère de son frère. Elle fit bien attention à rester totalement silencieuse, se retint de corriger son aîné lorsqu'il se trompait, voire à dire des choses qu'elle savait fausses lorsque le percepteur l'interrogeait. La seule chose qu'elle ne réussit pas à corriger c'est le vocabulaire précis, adulte, qu'elle utilisait sans cesse et qui faisait étrange dans cette voix aigue de fillette. Surtout que si le ton était bon, les cordes vocales avaient encore quelques problèmes à prononcer les s ce qui rendait ses discours totalement ridicules.
Ailinn apprit ainsi très tôt des rudiments d'histoire de la magie, de géographie, de calcul et de littérature. Elle se rendit également compte qu'elle était 'spéciale'. Elle comprenait tout, et son excellente mémoire lui permettait d'engranger naturellement les connaissances. Elle apprit que les choses n'étaient pas toujours aussi simples pour les autres que pour elle et qu'ils prenaient souvent mal qu'on leur montre qu'ils avaient tort.

Lothar n'avait pas un mauvais fond, au contraire, et, malgré sa jalousie, il aimait sincèrement sa sœur. Aussi, lorsque ses premiers pouvoirs magiques se manifestèrent vers ses sept ans et qu'il vit que sa sœur n'en avait encore aucun, il se considéra comme quitte et se remit à accepter la petite fille dans les alentours lorsqu'il jouait. Il accepta même qu'elle l'aide lorsqu'il séchait sur un problème tant qu'elle ne partait pas dans des histoires de théorèmes et autres choses ennuyeuses. Qu'elle lui donne le résultat, ça suffirait bien !

Souffle le vent, passe le temps. Ailinn ne montra aucun signe de pouvoir magique avant ses sept ans révolus et même Lothar finissait par se demander si elle n'était pas une Cracmol… jusqu'au jour où il eut la mauvaise idée de couper les cheveux de la poupée de la petite fille. Ils s'étaient disputés à propos des tables de multiplication que le jeune garçon n'arrivait pas à apprendre. Ailinn avait fini par perdre patience et lui lancer que 8x7 faisaient 56 et pas 49 et qu'elle le savait depuis qu'elle avait 5 ans alors il pouvait faire un effort.
Vexé comme un pou, Lothar avait quitté la pièce et boudé une bonne demi-heure avant d'avoir une idée de vengeance adaptée. Armé d'une paire de ciseaux argentés il avait fait au jouet fétiche de sa petite sœur une coupe punk bien plus à la mode que les longs cheveux sages et bien peignés qui la décorait avant. Puis il la reposa à sa place sur le lit de sa sœur et continua tranquillement à bouder toute la journée.
Ailinn, un peu inquiète de voir son frère lui faire la tête n'ouvrit pas la bouche et le dîner familial se passa dans un silence peu habituel. La petite fille n'ayant pas spécialement envie de lire monta directement se coucher dans sa chambre et découvrit la raison du silence de son frère. Elle réfléchit rapidement. Une enfant normale se serait mise à pleurer et aurait appelé ses parents mais elle n'y pensa même pas. La poupée à la main, elle poussa la porte séparant sa chambre de celle de son frère et fixa ses yeux marron verts sur son aîné. Elle ne s'était jamais sentit aussi en colère de toute sa vie mais ne savait pas trop quoi faire. Occupée à accuser silencieusement l'auteur de cette mauvaise plaisanterie (qui, à la fin de la journée ne lui en voulait plus et regrettait un peu son geste) elle ne prêta pas attention au pouvoir qui montait en elle. Elle tendit sans un mot la poupée à son frère d'un air qui voulait dire 'Répare' ! Lothar ne savait plus où se mettre car il ignorait les sorts capable de refaire pousser les cheveux lorsque ceux-ci commencèrent d'eux même à reprendre leur forme habituelle. La poupée tomba sur le sol et Ailinn porta ses mains à sa bouche étouffant une exclamation de surprise. Les cheveux de son frère blondissaient et poussaient exactement au même rythme que ceux de la poupée !

Le frère et la sœur se regardèrent, réunis dans leur surprise et leur impuissance. Ils ne savaient pas lequel des deux était à l'origine de ce truc et encore moins comment l'arrêter. Ce fut Lothar, en bon aîné qui réagit le premier en appelant ses parents à l'aide d'une voix que l'inquiétude rendait aigue. Les deux parents arrivèrent rapidement mais trop tard. Lothar avait maintenant sur la tête une épaisse chevelure blonde et raide, parfaitement coupée en carré avec une frange s'arrêtant au niveau des yeux et jurant avec ses sourcils noirs. La poupée sur le sol avait retrouvée, quant à elle, un aspect normal. Incapable d'avoir un discourt cohérent, et ne voulant pas expliquer au paternel ce qu'il avait fait à la poupée de sa sœur, Lothar ne put que bégayer des mots sans suites. La jeune fille avait ramassé sa poupée et la regardait en fronçant les sourcils, comme si elle la tenait pour coupable de ce tour de magie. Ceridwen eut beau la presser de réponse, aucun son ne sortit de sa bouche.

Lothar du finalement rester assit sur un tabouret sans bouger pendant que sa mère lui redonnait une coupe plus virile. Se voir ainsi avec une chevelure de fille dans le mémoire pendant près d'une heure et apprendre ensuite qu'il devrait garder cette teinte blonde jusqu'au renouvellement naturel des cheveux furent la pire des punitions qu'il pouvait avoir. Et c'est depuis ce jour que Lothar éprouve une antipathie incontrôlée pour les blonds.

Sonnent les rires et résonnent les pleurs. Ailinn devint une jolie petite fille, au visage allongé, constellé de taches de rousseurs, aux grands yeux passant sans prévenir du vert au marron et aux longs cheveux châtains clairs, très légèrement ondulés.
L'hiver de ses neuf ans, un hibou grand duc inconnu entra par la fenêtre et laissa tomber une lettre adressée à Lothar. Toute la famille savait de quoi il s'agissait mais cela n'empêcha pas la nouvelle de faire beaucoup de bruit dans la maison. Il n'y en avait plus que pour le jeune homme qui reçut livres neufs, uniformes, chaudrons et surtout une belle baguette qui faisait des étincelles multicolores lorsqu'il l'agitait. Toute cette agitation fatiguait la tranquille jeune fille (qui était un rien jalouse quand même) et elle fut presque heureuse de voir son frère partir dans cet étrange train rouge.

Au début il y eut beaucoup de lettres et des retours fréquents durant les vacances. Lothar revenait plein de joie et d'histoires à raconter. Il était à Gryffondor et parlait de rumeurs, de mages noirs cachés, des chocogrenouilles, des ronfleurs dans les dortoirs, de pureté de sang et d'un tourbillon de choses qui n'avaient, de mémoire d'Ailinn jamais perturbé la quiétude du manoir. Puis les lettres s'espacèrent et l'adolescent demanda la permission de rester au château durant ses congés. Il s'adaptait visiblement très bien à Poudlard et s'éloignait à grands pas de sa sœur qui n'avait plus que ses livres et ses pensées pour compagnons. Il y avait bien les enfants du village mais si elle ne voulait pas être rejetée, elle devait jouer à l'enfant et plus le temps passait, moins ça l'intéressait.

Lothar revint pour l'été, juste à temps pour fêter le dixième anniversaire de sa sœur mais ses pensées étaient visiblement restées à l'école. Il ne parlait que des profs, des copains et des filles.

L'année suivante fut sensiblement identique mis à part l'absence du garçon pendant les vacances. Plus l'été approchait, plus Ailinn devenait nerveuse. Bientôt allait venir son tour. Et elle n'avait pas, mais pas du tout envie de se retrouver enfermée dans un lieux avec plein d'enfants et d'adolescents bruyants et un frère avec qui elle ne se sentait plus rien en commun.