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 Bloody Tear.

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Doll
Premier roman
Doll


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MessageSujet: Bloody Tear.   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:16

Hey les gens ! ^^



Bon, bah voilà, je vous poste mon histoire "Bloody Tear", alias BT, pour les intimes.



Bloody Tear,
Larme Sanglante



Bloody Tear. 1227441238_small




Résumé :

En apparence, Alexia est une jeune fille tout ce qu'il y a de plus banale : elle a dix-sept ans, elle est en première, a des amis ordinaires. Légèrement introvertie et coincée avec les mecs, elle est tout l'opposé d'Elodie, sa sœur jumelle qui, elle, est plutôt extravertie et dévergondée. Garçon manqué, elle refuse de tomber amoureuse.

Pourtant, tout ceci n'est qu'une façade, car Alex est loin d'être une fille bien dans sa peau. Cachant un lourd secret, elle ne parvient plus à pleurer et éprouve le besoin de se mutiler pour aller mieux.

Malgré tous ses efforts pour cacher cette facette de sa personnalité, Morgan, un nouvel élève tout juste arrivé dans leur classe, va découvrir le traitement qu'elle inflige à ses bras.

Ayant lui-même connu des problèmes semblables, et cachant lui aussi un terrible secret, il propose un marché à Alex : le secret de la jeune fille en échange du sien...



Auto-critique :

Hé oui, depuis le temps que je fais équipe avec cette chère BT, j’ai réussi à me faire ma propre critique, que vous pourrez révoquer ou enrichir. =)
A mon goût, l’histoire ne devient intéressante qu’à partir du chapitre 3.
Les premiers chapitres sont, selon moi, moins bien écrits que les suivants, je préfère vous avertir de suite, je compte les reprendre une fois l’histoire terminée. Il y a beaucoup d’insultes, et les dialogues sont trop longs, et je compte bien modifier tout ça. Je vous avertis d’avance, car c’est souvent ce que disent les gens quand ils lisent le début de mon histoire, donc, ça vous économisera des efforts inutiles : oui, il y a pas mal de jurons au début, mais vous inquiétez pas, ça se calme par la suite.
Je n’ai jamais pris le temps et le courage de me relire avec attention, aussi, trouverez-vous quelques petites fautes d’orthographe, de frappe, de conjugaison ou de grammaire. Si c’est le cas, merci de me le signaler, car je suis allergique aux fautes. xD
Donc voilà, vous verrez qu’au fil de l’histoire, mon style d’écriture s’améliore. Normal, d’un côté, il n’y a qu’en s’entraînant que l’on fait des progrès.
Je compte reprendre le début quand j’aurai tout terminé, car il ne me plaît pas, pas du tout, même.
Donc voilà. J’attends vos avis à vous, chers lecteurs ou lectrices, à présent. =)
A vos claviers !





Page 1 :

Prologue.
Chapitre 1 : « Nous sommes des sœurs jumelles… ».
Chapitre 2 : Morgan.
Chapitre 3 : Petite leçon d’informatique. ^^
Chapitre 4 : Rupture et Déclaration.


Page 2 :

Chapitre 4 : Rupture et Déclaration [suite].
Chapitre 5 : Souvenirs d’Enfance.
Chapitre 6 : Cœurs emmêlés.


Page 3 :

Chapitre 7 : Le Poids du Cœur.
Chapitre 8 : La Neige sème l’Espoir.
Chapitre 9 : Comme des Fragments d’Etoile.


Page 4 :

Chapitre 9 : Comme des Fragments d'Etoile [suite] [inachevé].





Dernière édition par Doll le Mar 22 Avr - 10:09, édité 8 fois
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Doll
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MessageSujet: Bloody Tear : Prologue   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:24

Prologue



Ce soir-là, il rentra bourré. Comme tous les autres soirs, d’ailleurs. Mais, ce soir-là n’était vraiment pas un soir pour rentrer bourré.
Parce que Morgan savait qu’il ne supporterait pas de l’entendre lui balancer ses saloperies à la gueule, parce qu’il savait qu’il n’était pas d’humeur à se faire insulter ou tabasser. Il n’était pas en état d’encaisser les coups et les mots en silence. Non, Morgan ne le supporterait pas. Pas cette fois. Pas ce soir.
Accoudé sur la table de la cuisine, le jeune homme avait les larmes aux yeux. Il entendit la porte d’entrée s’ouvrir violemment, et cette odeur écoeurante, un mélange d’alcool et de clope qui donnait la nausée, lui emplit les narines. Cette odeur, il la connaissait par chœur. Il l’avait sentie durant toute son enfance, comme s’il avait grandi dans un bar. Cette odeur, c’était son odeur.
Il entra telle une brute dans la cuisine, ouvrant la porte d’un coup de pied.
« - Ah, Morgan ! fit-il en le voyant. Qu’est-ce que tu fous là, hein ? t’étais pas censé être chez ta copine, ou chais pas trop quoi, encore ? »
Morgan haussa les épaules, mordant ses joues pour ne pas pleurer.
« - Ah, ah ! ricana-t-il. Je vois, je vois… elle t’a plaqué, hein ? elle a préféré se faire baiser par un autre, pas vrai ? »
Morgan ne put rien faire pour empêcher une larme de couler le long de sa joue, serrant les dents, mordant ses joues jusqu’au sang. Cette larme, il la vit et éclata aussitôt de rire.
« - Ah, ah, ah ! fit-il. Bien fait pour toi, pédale ! c’est tout ce que tu méritais, salopard !
- La ferme !! rugit Morgan, n’essayant même plus de retenir ses larmes qui dégoulinaient sur son visage. »
Mais il ne fit que rire de plus belle.
« - Regarde-toi, pauvre mauviette ! ricana-t-il. Tu pleurniches ! ah, ah, ah ! ça se voit bien que t’es son fils, à lui ! si t’avais été le miens, t’aurait jamais chialé comme une gamine ! petite tapette, va ! allez, t’inquiète, tu t’en remettras ! regardes, moi, ta salope de mère s’est bien tirée avec son amant, en me laissant en plus de ça son bâtard de fils dans les pattes, et j’en suis pas mort ! ».
Il poussa la tête de Morgan de la main et le jeune homme se leva d’un bond.
« - ME TOUCHE PAS ! hurla-t-il.
- Ah, ah ! pour qui tu te prends, pour m’hurler dessus comme ça, hein, petite merde ?! ».
Il ferma son poing et frappa de toutes ses forces Morgan au visage, qui tomba sous le choc. Il s’approcha lentement de lui et lui donna un coup de pied dans le ventre. Le jeune homme se plia en deux avec un gémissement de douleur. Il eut un rire sans joie.
« - Ah, ah, ah ! bien fait pour toi, petit pédé ! la prochaine fois, t’y réfléchiras à deux fois, avant de me tenir tête, bâtard ! ».
Il donna un nouveau coup de pied dans la cuisse de Morgan, puis tourna les talons, se dirigeant vers la porte de son pas lent. Morgan se releva tant bien que mal, s’appuyant sur la table pour tenir debout, chancelant.
Et c’est à ce moment-là qu’il le vit. Il se tenait là, juste devant lui, avec son manche en bois et sa lame scintillante. Un couteau…



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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre I, "Nous sommes des soeurs jumelles"   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:32

Chapitre I
« Nous sommes des
sœurs jumelles… »



Debout devant mon miroir, j’inspectai chaque recoin de mon corps à travers le reflet de cette jeune fille que je pouvais observer de l’autre côté de la glace.
En pyjama – c’est-à-dire un haut noir à manches longues blanches, taille mec m’arrivant au-dessus des genoux –, de longs cheveux noirs, lisses, attachés en une couette haute, des yeux bleus comme l’eau de la rivière, un ventre plat avec pas mal d’abdos – et oui, voilà au moins quelque chose que mon caractère de garçon manqué parvenait à me rapporter –, de longues jambes fines – mais qui auraient néanmoins besoin d’un petit coup de rasoir –, je semblais plutôt gâtée par la nature.
D’autant plus que j’étais loin d’être plate comme l’étaient certaines filles de ma classe. Bon, je n’étais pas Pamela Anderson non plus, mais pensais ne pas à avoir à me plaindre. Je n’étais pas très grande (1m55 environ), ni trop maigre (47 kilos), mais cela ne me complexait pas plus que ça. Je posai alors mes mains sur ma poitrine et soupirai.
« - Pff…, dis-je. Ils ont encore grossi ! fais chier ! y’a d’autres filles qui demandent des grosses poitrines, alors pourquoi ça tombe sur moi ? putain ! va encore falloir acheter des soutifs… »
C’est à ce moment-là que la porte s’ouvrit. Je sursautai et regardai qui venait de me surprendre. Il s’agissait d’Elodie, ma sœur jumelle. Les cheveux courts, bien coiffés et démêlés, noirs avec des mèches rouges, un haut rouge foncé un peu trop décolleté à mon goût, une minijupe en jean et des chaussures noires à talons aiguilles, elle était déjà prête à partir.
« - A… Alex ? fit-elle. Mais… qu’est-ce que tu fous ? c’est pas le moment de t’admirer ! habilles-toi, on doit être au lycée dans un quart d’heure !
- Ça va, j’arrive ! répliquai-je.
- Dépêche-toi ! ».
En toute vitesse, j’attrapai un baggy, puis j’enfilai des chaussettes – une noire et une blanche – et mis mes vans, prit mon sac et sorti de ma chambre, aussi pressée que s’il y avait eut le feu. On avait Mr Kimblerr, le prof d’espagnol, en première heure, et mieux valait ne pas être en retard à son cours.

« - Allez ! me pressai ma frangine.
- Relax ! fis-je. »
Puis, après une petite réflexion, j’ajoutai, histoire de reprendre une chanson populaire que la radio ne cessait de passer :
« - Take it easy !!
- Arrête d’essayer d’imiter Mika, tu chantes faux ! rétorqua Elodie.
- M’en fous.
- Et puis, c’est quoi ces manches longues ? on est peut-être en septembre, mais c’est la canicule !
- Lâche-moi, Elo ! dis-je. Putain, j’ai vraiment la poisse d’être tombée dans la même classe que toi, cette année !
- Oh, ça va ! si t’es pas contente, t’avais qu’à pas aller en ES. Y’a qu’une seule classe d’ES dans le lycée, alors… »
On dû courir pour attraper le bus.
« - Bonjour ! fit Elodie au chauffeur. Et merci !
- De rien…
- Yop, mec ! fis-je. »
L’homme me regarda avec des yeux énormes puis j’haussai les épaules. Les vieux n’y comprenaient vraiment rien, des fois…
« - Et ben voilà ! fis-je. Tu vois, ch’t’avais dis de pas stresser ! ».
Mais Elodie n’écoutai pas.
« - Oh, merde ! fit-elle.
- Quoi ?
- J’ai cassé mon talon !
- Bien fait pour toi, rétorquai-je. T’as qu’à pas te percher sur des échasses pareilles… ! en plus, ça t’apporte quoi ? cinq centimètres à tout casser ?
- Hé ! cinq centimètres, c’est cinq centimètres ! cinq, c’est la moitié de dix ! ça équivaut à 10 sur 20, à 20 sur 40… ! une moitié, c’est trèès important ! le tout est de trouver celle qui lui correspond !
- Arrête de me parler en métaphore, j’y pige que dalle !
- T’as au moins pigé que c’était une métaphore !
- Evidemment !
- Bon ! puisse que tu m’as comprise, tu vas me dire quand est-ce que tu vas te décider à sortir avec Yoann ?
- Jamais. C’est juste un pote.
- Vraiment ??
- Vraiment !! et arrête de me gonfler avec ça, y’a pas que les mecs dans la vie ! l’amour, c’est un sentiment stupide, dont tout le monde parle, mais qui apporte rien du tout ! l’amour, c’est loin d’être le plus beau sentiment du monde !
- Ah bon ?
- Ouais ! les plus beaux sentiments du monde, c’est l’amitié, et la fraternité ! l’amour, ça passe après !
- Et bien ! comme tu voudras.
- Exactement.
- Avec ce genre de raisonnement, tu vas finir vieille fille.
- Et toi, tu finiras salope ! enfin, tu l’es déjà un peu, de toute façon.
- Quoi ? t’es vraiment trop méchante avec moi, Alex !
- Divorcée trois fois, avec quatre gosses de pères différents… non, franchement, j’préfère finir vieille fille… »
Elodie leva les yeux au ciel mais préféra ne pas argumenter davantage. De toute manière, j’étais trop têtue pour reconnaître que j’avais tort.

Le bus s’arrêta finalement devant notre lycée. A peine sortie, Elodie fonçai déjà droit sur Anthony, son petit ami. Je la suivis pour dire bonjour.
Il n’était même pas encore huit heures du matin, et les deux autres étaient déjà en train de se rouler une pelle. J’espérai qu’ils se soient lavés les dents avant, sinon, bonjour le goût…
Anthony se dégagea de l’étreinte de ma pot de colle de sœur et s’approcha pour me saluer. Il commença à se pencher pour me faire la bise, mais je lui tendis aussi sec ma main, qu’il serra après un instant de d’incompréhension. Je ne faisais jamais la bise, moi. C’était les filles qui faisaient ça. Les autres filles. Pas moi.
« - Salut, Alex, fit Anthony avec un petit rictus amusé sur les lèvres. »
Je savais à quoi il pensait, évidemment. Elodie et moi étions jumelles, et pourtant, nous étions très différentes. Et nos différences amusaient souvent notre entourage. Et le copain de ma sœur en particulier.
« - Salut, lâchai-je.
- Alex ! ».
Je me retournai en entendant mon prénom. Ou plutôt, mon surnom. Je me nommai Alexia, mais tout le monde m’appelai Alex. C’était plus la classe. Et puis, ça correspondait mieux au garçon manqué que j’étais.
Une fille arrivait droit sur moi. Les cheveux châtains, les yeux noisettes, elle était vêtue d’une jupe écossaise lui arrivant aux genoux, et d’une petite veste noire qui la rendait plutôt craquante. Elle était issue d’une famille aisée et se nommait Catherina. Mais tout le monde trouvait ça trop long, et beaucoup trop vieillot. Alors on la surnommait Cat, ou Cathy.
Je la vis qui se préparai à se jeter sur moi, et je m’esquivai au dernier moment, laissant néanmoins mon pied en travers, faisant un croche-pied à Cathy qui s’étala par terre.
« - Aleeex !!! s’indigna-t-elle. T’es pas sympaaa !!!
- Bien fait pour toi ! fis-je.
- Maaais… je viens de la part de Yoann. Il te cherche.
- Ah, et qu’est-ce qu’il veut ?
- Il veut savoir si tu vas t’inscrire aux olympiades, pardi !
- Mais, fit Elodie, tu crois que le prof laissera Alex s’inscrire dans la catégorie garçons ?
- Ça dépend, dit Cathy. Peut-être que si on lui fait quelques gâteries, il ne dira pas non ? »
Elodie éclata de rires mais je poussai un long soupir qui en disait long.
« - Oh, ça va, fit Elodie. Epargne-nous ta mauvaise humeur matinale !
- Bon, insista Cathy, tu vas aller voir Yoann ou pas ??
- Oui, oui, dis-je. J’y vais. »
Elodie gloussa et je me rappelai ce qu’elle m’avait dit précédemment : quand est-ce que tu vas te décider à sortir avec Yoann ? Je lui jetai un regard noir, mais ne dis rien. Je tournai froidement les talons, suivant Cathy qui était déjà partie.

« - Toujours aussi matinale, ta frangine, fit Anthony.
- Oh, cherche pas, le matin, elle a la tête dans le cul ! rétorqua Elodie. Mais au bout de quelques heures, elle déborde d’énergie et elle est en mode j’emmerde mon monde jusqu’à ce qu’elle soit couchée !
- Je vois, dit l’autre en rigolant. »

Cathy me conduit jusque Yoann. Celui-ci, quelques mètres devant nous, nous tournait le dos et était en train de rigoler avec une blondasse.
« - Ah, merde, il est en train de draguer, fit Cat.
- Ouaip, dis-je. Je vais lui foirer son coup. »
Je me mis aussitôt à courir et sautai sur le dos de mon meilleur ami.
« - Mon p’tit Yo adoré ! dis-je. Comme tu m’as manqué, depuis la nuit dernière !
- Putain, Alex… ! fit l’autre. »
Mais je ne le laissai pas en dire davantage et lui roulai une pelle en pensant qu’il allait morfler, étant donné que ma chère jumelle ne m’avait pas laissé le temps de me brosser les dents ce matin… La blonde nous regarda quelques instants, bouche bée, puis elle balbutia :
« - Euh… je vais vous laisser. »
Elle tourna les talons et, une fois quelle fut assez loin, je relâchai le pauvre Yoann.
« - Alex !! rugit-il aussitôt. Putain !! t’as, t’as…
- J’ai foiré ton coup, hein ? fis-je avec un grand sourire.
- Ouais !!! tu fais chier, merde ! j’étais en train de lui demander si elle voulait bien se faire un ciné… putain, à cause de toi j’vais me taper la réputation d’un mec qui trompe sa copine !! ».
Mais je ne l’écoutai pas.
« - Yeaahhh, fis-je. Super Alex a encore frappé ! elle a empêché son meilleur pote de se taper une pétasse qui l’aurait encore fait souffrir ! alors, pour Alex, hip hip hip ?
- Hourraaaa !!! fit Cathy, qui était arrivée entre temps.
- N’importe quoi ! marmonna Yoann.
- Ben quoi, je t’ais évité de te traîner une salope, comme ton ex ! comment elle s’appelait, déjà ? ah, oui ! Nathalie. Une vraie pute, celle-là.
- Oh, ça va, commence pas…
- Si, si. C’était qui, qui te disait toujours que cette conne se foutait de ta gueule, et que t’envoyait toujours chier ? alors ? c’était qui ?
- C’était toi…
- Ah ! oui ! c’est vrai ! j’avais presque oublié !! et finalement, qui c’est qu’avait raison ?
- C’était toi…
- Parce qui c’est qui a trouvé sa copine en train de se faire baiser par un autre mec ?
- C’était moi…
- Et c’était dans les bras de qui il est venu chialer, ensuite ?
- Dans les tiens…
- Ah, il me semblait bien, aussi ! et qui c’est qui…
- Putain, t’es pas censée tirer la tronche, le matin, toi ? m’interrompt-il.
- Non ! ça y est, te voir draguer une blondasse m’a réveillée pour toute la matinée, figure-toi !
- Ouais, bon, bah, c’est pas une raison pour me rappeler mon ex !
- Bien sûr que si ! ».
Yoann soupira.
« - Bon, sinon, ça te dis pas de recommencer ?
- Recommencer quoi ?
- Ben, le baiser que tu viens de me voler. J’ai même pas prit le temps d’en profiter. Recommence !
- Dans tes rêves !!!
- Pff… bah, finalement, on dirait que tu sais embrasser.
- Evidemment !
- Bizarre, pour quelqu’un qu’a jamais eu de petit ami. C’est Elodie qui t’a appris, ou quoi ?
- N’importe quoi ! j’ai déjà eu un petit ami, figure-toi !
- Ah bon ? quand ça ! ».
Je croisai les bras et dis fièrement :
« - Quand j’avais dix ans. »
Yoann haussa un sourcil, me dévisagea quelques instants, puis éclata de rires.
« - Je peux savoir pourquoi tu ris ?! hurlai-je.
- Quand t’avais dix ans… ! trop fort… !
- Je t’interdis de te foutre de moi !! ».
Le jeune homme s’arrêta quelques instants, me regarda, puis recommença.
« - Arrêêêête !!! ».
Alors je lui fonçai dessus comme un taureau et le fit tomber par terre. Puis je lui mordis le bras à pleines dents.
« - Salope ! fit l’autre. »
Il me tira les cheveux pour m’obliger à me dégager, puis se rua sur moi, les deux mains sur ma gorge.
« - Tu vas voir… ! »
C’est à ce moment-là que Jason arriva.
« - Salut, Cat, dit-il.
- Salut, Jason !
- Il se passe quoi, ici ?
- Ben, Yoann s’est foutue d’Alex parce qu’elle lui avait dit qu’elle avait eu un amoureux quand elle avait dix ans, alors Alex s’est ruée sur lui et ils se battent. Pas de quoi t’inquiéter, vraiment.
- Ouais, la routine, quoi.
- Exactement. »
Yoann, me maîtrisant de son corps, me cloua au sol en me tenant fermement les poignets. Il s’approcha de moi jusqu’à ce que nos nez se touchent presque et dit avec un grand sourire :
« - Gagné. »
Mais, remontée, je lui mis un coup de tête qui le fit basculer en arrière. Je me préparai à me ruer sur lui de nouveau, mais Jason m’attrapa les cheveux et me tira vers lui.
« - Temps mort, dit-il. On va dire qu’il y a match nul, ok ?
- Ok…, marmonnâmes Yoann et moi à contrecoeur.
- Non mais vous, alors ! Vous vous chipotez comme des gamins de huit ans… vous êtes graves ! fit Cathy.
- Ta gueule ! nous répliquâmes d’une même voix, et Cathy haussa les épaules.
- Tant pis pour vous, dit-elle. »
Yoann et moi nous relevâmes, puis suivîmes les deux autres qui s’étaient déjà mis en route après avoir entendu la sonnerie.
« - Et puis, fit finalement mon meilleur ami, c’est quoi cette histoire d’amoureux de quand t’avais dix ans ? je te connais depuis le CP, et je t’ai jamais vue avec personne…
- Normal, dis-je. C’était un amoureux de vacances.
- Ah ouais ? et à quoi il ressemblait ?
- Il avait les cheveux blonds, ondulés, et les yeux noisettes. Mais j’ai oublié son nom…
- Ah, je vois, fit Yoann. Donc, ton style de gars, c’est plutôt les blonds aux yeux noisettes
- Non, dis-je. C’est plutôt les bruns aux yeux bleus.
- Ah, ok. »
Puis, après réflexion – il ne fallait pas trop lui en demander, le pauvre ! – :
« - Bruns aux yeux bleus… ? comme moi ?!
- Vas pas t’imaginer n’importe quoi, rétorquai-je. En plus, t’es pas assez brun. Moi, je veux un mec aux cheveux noirs !
- Ah, parce que tu veux un mec, maintenant ?
- Bien sûr que non ! pourquoi je m’encombrerai d’un truc aussi inutile ?
- Ouh la, j’ai du mal à te suivre, là.
- Laisse tomber. De toute manière, personne me comprend. »
Nous entrâmes dans la classe où le prof était déjà.
« - Bonjour, monsieur ! fit ma sœur.
- Hola, répondit l’autre.
- Buenas matinaass ! fis-je, pensant naïvement connaître la bonne formule.
- Mademoiselle Slynner, soupira Mr Kimblerr, blasé. »
Yoann éclata de rires.
« - Ben quoi ? fis-je. Qu’est-ce que j’ai dis ?
- Rien, répondit mon meilleur ami. Laisse tomber… »
Il m’entraîna vers nos places respectives. Cathy s’installa à côté d’Elodie, moi devant elles, collée contre la fenêtre, regardant déjà ce qu’il se passait dehors. Yoann s’assit juste devant moi, Jason à côté de lui.
« - Tu te sens pas trop seule, Alex ? fit Yoann.
- Je t’emmerde…
- Espèce de sans amis !
- Ta gueule !
- S’il vous plaît ! fit le prof. J’aimerai commencer ! ».
Le silence s’installa petit à petit dans la salle. Je mis ma tête entre mes bras, cachant mon visage, déjà prête à dormir.



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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre I, "Nous sommes des soeurs jumelles"   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:34

Après une ou deux minutes, on tapa à la porte.
« - Entrez, fit le prof, exaspéré. »
J’entendis des bruits de pas.
« - Désolé, fit une voix masculine. Je suis en retard.
- Et… qui êtes-vous ?
- Je suis nouveau.
- Votre nom ?
- Morgan. Morgan Hawkins.
- Ah, oui… bon, où est-ce que je vais vous installer… ?
- Quel boulet, dis-je à haute voix à l’intention de Yoann, sans m’apercevoir que le silence régnait et que tout le monde m’entendait. Il est nouveau et il arrive à la bourre. Dans le cours de Kimblerr, en plus. Un vrai boulet…
- Alex, fit Yoann, gêné. »
Des ricanements se firent entendre.
« - Mademoiselle Slynner… ! fit le prof. »
Je levai finalement la tête.
« - Quoi ? aboyai-je. »
Le prof soupira. Puis il regarda le nouveau et dit :
« - Et bien, allez vous installer à côté de Slynner.
- Ok.
- Oh, non ! fis-je. Pourquoi moi ?!
- Attends, Alex ! me chuchota Elodie. Tu l’as bien regardé ?
- Non.
- C’est un canon ! t’as pas à te plaindre ! dit Cathy. »
Je me décidai à regarder le nouveau. Les cheveux noirs, mi-longs, les yeux bleus, un piercing à l’arcade et un autre sur la lèvre inférieure, des traces de crayon noir sous les yeux, il portait un jean déchiré et des New Rock aux pattes. Sur son t-shirt noir à manches courtes, laissant paraître ses bras plutôt pâles, on pouvait lire Nirvana, avec le symbole du fameux groupe de rock, qui était entre autre un smiley aux yeux en croix, la bouche en zig-zag, d’où s’échappait la langue.
« - C’est vrai qu’il a la classe…, murmurai-je tendis qu’il s’approchait. »
Il posa son sac sur le bureau, s’assit à côté de moi, et dit, avec un grand sourire :
« - Salut !
- Salut…, fis-je. »
Yoann attendit qu’il se soit installé pour dire bien fort, afin qu’il entende :
« - Et en plus, il a les yeux bleuuuuuuus et les cheveux noiiiiirs ! comme t’aaaaaaime, Aleeeex !! ».
Je mis un coup de pied dans sa chaise, furieuse. J’entendis Morgan qui éclatait de rires. Et cela eut le don de me mettre hors de moi.
« - Prenez vos livres à la page 25, fit le prof. »
J’ouvrai mon bouquin.
« - Hé, fit le nouveau.
- Quoi ? rétorquai-je.
- T’énerve pas. Tu veux pas mettre ton livre au milieu ?
- T’as qu’à sortir le tiens, flemmard !
- J’en ai pas. J’ai pas eus le temps de passer les chercher à l’accueil.
- Pff ! décidément, ça s’arrange pas ! sifflai-je. »
Je mis mon livre au milieu et Morgan se pencha pour lire. L’odeur de son parfum m’emplit les narines. Il sentait bon, en plus…
« - T’es du genre à te faire remarquer partout où tu passes, toi ? dit-il.
- Tu peux parler, rétorquai-je. Ça fait cinq minutes que t’ai arrivé, et toutes les filles ont déjà les yeux rivés sur toi.
- Ouais, mais moi, c’est ma gueule qui fait ça, j’y suis pour rien !
- C’est ça, vante toi en plus.
- Ben quoi ? ».
Il sourit.
« - T’as une grande gueule, dit-il. Tu me plais. »
Yoann se retourna vivement.
« - Elle est libre, si t’es intéressé ! fit-il aussitôt.
- La ferme, toi !
- Ouais, fit Elodie qui, comme à son habitude, préférait écouter les conversations des autres plutôt que de suivre le cours, mais justement, vu la gueule qu’il a, ça m’étonnerait qu’il soit libre, lui. »
Morgan se retourna vers elle et haussa un sourcil. Il me regarda, puis se retourna vers elle, puis me regarda à nouveau.
« - Vous avez été clonées, ou quoi ? fit-il.
- Elles sont jumelles ! dit Cathy.
- Merci, j’avais compris, répliqua le jeune homme. Et non, j’ai pas de copine.
- Sérieux ? fit Elodie.
- Elle m’a plaqué hier.
- Ah…désolée pour toi.
- Rien à foutre. C’était juste une histoire de cul, de toute façon. On a voulu s’envoyer en l’air dans les chiottes du lycée mais un surveillant nous a surpris. On a été virés et c’est pour ça que je me retrouve ici. Et je crois que c’est pour ça qu’elle m’a largué, aussi…
- Ah, ok…, firent les autres.
- Et, t’es intéressé par Alex, ou pas ? insista Yoann.
- Putain, ta gueule, toi ! fis-je.
- Qu’est-ce qu’y a ? fit Morgan. Elle est tellement crevante qu’aucun mec veut d’elle ?
- En quelques sortes.
- Et tu veux me la refiler à moi ?
- Ben, t’as dis qu’elle te plaisait, alors, y’a toujours un espoir.
- Oui, mais c’est Alex qui veut pas de mec, non ? fit Jason. C’est plutôt elle que tu devrais convaincre, nan ?
- Déjà essayer. Mais c’est un cas désespéré.
- Moi, un cas désespéré ?! m’exclamai-je. Tu peux parler ! c’est qui, qu’a été fait cocu par son ex et qui se remet à draguer des pétasses, hein ?
- Oh, putain, Alex, tu vas pas me lâcher, avec Nat ?!
- Nat ? tu l’appelles encore par son surnom ?
- Peut-être qu’il est encore amoureux d’elle, suggéra Elodie.
- Après ce qu’elle lui a fait ? »
Ma sœur haussa les épaules.
« - J’ai vécu pire, avec mon ex. Il a agit comme un dégueulasse avec moi, et j’ai pourtant mit un moment à l’oublier. Alors…
- Mais, arrêtez de dire des trucs pareils devant Alex ! fit Cathy. Déjà qu’elle croit pas en l’amour, si vous racontez tous vos chagrins d’amour devant elle, comment vous voulez qu’elle veuille bien sortir avec un mec, hein ?!
- Elle a pas tort, fit Morgan, s’incrustant légèrement dans la conversation.
- Bon, insista Yoann, en attendant, tu m’as toujours pas répondu ?
- Non merci, fit le nouveau.
- Mais… t’as dis qu’elle te plaisait ! s’indigna mon meilleur ami.
- Ouais, mais j’aime pas avoir de petite amie. Parce que faut rester fidèle, et que c’est pas trop mon truc. Je préfère changer de filles tous les soirs, si tu vois ce que je veux dire…
- Ouais, dis-je. C’est toujours pareil. Les beaux gosses sont tous des enculés, j’vois pas pourquoi il ferait exception ?
- Ça veut dire que chuis beau, ou que chuis un enculé, là ? interrogea l’autre.
- Les deux, répondit Yoann.
- J’me disais, aussi. Désolé de pas être le prince charmant, princesse. »
Je lui jetai un regard noir.
« - Non, fit Yoann, son surnom, c’est planche à repasser.
- Ah bon ? fit Morgan. »
Il inspecta ma poitrine du regard.
« - J’trouve pas qu’elle soit si plate que ça, pourtant, dit-il.
- Ouais, mais justement, c’est un surnom ironique, dit mon meilleur ami.
- Etant donné qu’elle fait tout pour cacher ses gros nichons, fit Cathy.
- Alors que moi je mets des soutifs rembourrés pour qu’ils paraissent plus gros…, soupira Elodie.
- Mais, c’est fini, cette conversation sur mes seins, oui ?! m’exclamai-je.
- Figurez-vous qu’elle a 6mm de tour de poitrine de plus que moi, insista Elodie. Vous imaginez ? alors qu’on est jumelles ! quelle injustice !
- Comment tu sais ça, toi ?! m’exclamai-je.
- T’as pas à savoir, répliqua Elodie.
- C’est cool, l’ambiance, fit Morgan. Deux jumelles, un garçon manqué et une pétasse… ouais, pas mal, j’avoue.
- Hé ! fis-je. Y’a que moi qu’ais le droit de traiter ma sœur de pétasse, de salope ou de poufiasse, ok ?!
- Ok, ok… ».
La sonnerie retentit finalement sans même m’avoir laissé le temps de voir l’heure passer… Je me levai aussitôt. Ça y est. Il fallait que je le fasse…
« - Je reviens, dis-je. Je vais aux toilettes. »
J’attrapai mon sac où je fourrai ma trousse et sortit de la salle.

« - Elle va aux chiottes avec ses livres, elle ? fit Morgan.
- Ben, elle doit avoir ses règles, dit Elodie.
- Et elle garde des manches longues, même en été ?
- Oui. Elle ne montre jamais ses bras. »
Morgan fronça les sourcils.
« - Ça lui arrive de pleurer ?
- Pourquoi tu demandes ça ? s’étonna Cathy.
- Ben, en fait, ça doit faire un ou deux ans que je l’ai pas vue pleurer, dit Elodie. Mais c’est parce qu’elle veut pas le montrer.
- Elle s’enferme dans les chiottes dans ces moments-là…, dit Yoann.
- Comme maintenant ?
- Ben, elle avait aucune raison de pleurer ?
- De pleurer ? fit le nouveau. Non, en effet. »
Morgan se leva.
« - Je reviens, dit-il. »




Dernière édition par Doll le Mar 22 Avr - 4:11, édité 3 fois
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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre I, "Nous sommes des soeurs jumelles"   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:35

J’attendis que les deux filles furent sorties. Puis je sortis ma trousse, et finalement mon ciseau. J’inspirai un bon coup, puis je plantai la lame dans mon bras, le souffle coupé. Malgré la douleur, les larmes ne vinrent pas. Comme d’habitude. Je fermai les yeux et enfonçait la lame un peu plus dans ma chair, puis retirai d’un coup. Je fis la même chose une seconde fois, ailleurs. Un sourire se dessina sur mes lèvres.
Soudain, la porte s’ouvrit subitement et je tournai la tête, affolée. J’avais complètement oublié de m’enfermer dans un des toilettes…et on venait de me surprendre pendant ce foutu rituel morbide…
Je retirai vivement le ciseau planté dans mon bras et le planquait derrière mon dos. Mais trop tard. Morgan avait déjà vu toute la scène.
« - Qu’est-ce que tu fous… ? fit-il.
- Et toi ?! je rugis immédiatement. Qu’est-ce que tu fais ici ? dans les chiottes des filles, en plus ?!
- Je m’inquiétai.
- Ah. Et pourquoi ?
- Pour toi.
- Pour… ? »
Il tendit la main.
« - Donne-les moi, dit-il.
- De… de quoi ?
- Tes ciseaux. Donne-les moi.
- Non ! ».
Mais il ne me laissa pas le choix. D’un geste, il saisit mon bras droit et m’arracha le ciseau des mains. Je voulus récupérer mon membre mais il le saisit fermement. Il remonta alors doucement la manche qui s’était rabaissée, tâchée de mon sang qui avait coulé.
« - Non ! fis-je en voulant retirer mon bras. Ne… ne regarde pas ! »
Mais Morgan n’écouta pas. Il inspecta alors mon bras, couvert de cicatrices et de blessures semblables à celles que je venais de m’affliger. Mais, évidemment, ce qui avait attirer son regard c’était ce que j’avais gravé en plein milieu. J’avais saisis un ciseau et avait écrit « BITCH » sur mon bras.
« - Pourquoi t’as fais ça ? souffla-t-il. »
Je retirai vivement mon bras et rabaissai la manche.
« - Occupe-toi de tes affaires ! fis-je.
- C’est mes affaires, dit-il. Je viens de te surprendre en train de t’enfoncer une lame de ciseau dans le bras… ! ton bras est tout mutilé, et t’as écrit « bitch » en plein milieu ! c’est quoi, ton problème ?
- Vas… vas te faire foutre ! ».
Je voulus m’enfuir mais il m’en empêcha.
« - Dis-moi pourquoi tu fais ça, insista-t-il.
- J’ai aucune raison de te le dire !
- Tu te fais tout ce mal, mais après, t’oses plus montrer tes bras, de peur qu’on voit dans l’état où ils sont, pas vrai ?
- Je…
- T’arrive plus à pleurer. Tes yeux sont desséchés. Et tu fais couler ton sang comme tu aimerais faire couler tes larmes…
- Qu’est-ce que… ? co…comment tu sais tout ça, toi ? ».
Il soupira.
« - Parce que j’étais pareil, dit-il. »
Il me montra lui-même son bras. Je vis alors ses cicatrices, à moitié disparues, mais visibles tout de mêmes, si on faisais attention.
« - Certaines d’entre elles finiront par s’effacer, dit-il, mais d’autres resteront toujours. »
Je saisis son bras, intriguée. Mais soudain, quelque chose d’autre attira mon attention. Deux autres cicatrices se trouvaient en travers du poignet du jeune homme. Je levai vivement la tête vers lui.
« - Oui, répondit-il à ma question muette. C’était une tentative de suicide… »
Je le regardai avec des yeux écarquillés. Il retira son bras.
« - Je sais pas vraiment pourquoi tu te fais ça, dit-il. Mais ce que je sais, c’est que t’es pas bien dans ta peau, pas vrai ? »
Je baissai la tête.
« - T’as jamais essayé d’en finir, toi ?
- Une fois. J’ai voulu… j’ai voulu me jeter du haut du toit du lycée… mais je n’ai pas eus le courage.
- Je vois, fit Morgan. Mais… tu dois pas le faire. Tu le sais. Puisque t’as pas sauté…
- C’est parce qu’Elodie est arrivée à ce moment-là… je… je tiens à elle plus qu’à n’importe qui, et… de l’avoir vue, ça m’a remit les idées en place.
- Personne ne sait que tu te fais ça ?
- Non… »
Je levai subitement les yeux vers lui.
« - Tu leur diras rien, hein ?!
- Non, t’inquiète. Mais, par contre… je vais garder ton ciseau.
- Quoi… ?
- Si tu crois que j’ai l’intention de te laisser continuer à t’affliger des trucs pareils…
- Comment tu peux dire ça, toi qu’à fait la même chose ?
- C’est justement parce que je suis passé par là que je veux t’en empêcher… ! moi, j’aurai donné n’importe quoi pour qu’on m’aide ! mais… personne m’a jamais aidé. Pourtant, je le cachais pas, moi. Mais tout le monde s’en foutait.
- Même… tes parents ?
- Surtout mes parents, ouais ! ricana le jeune homme. »
Morgan soupira. Il me saisit par les épaules.
« - T’as pas un marqueur noir ? dit-il. »
J’hochai la tête, me retournai, puis fouillai dans ma trousse et lui tendis le stylo.
« - Cool, dit-il. Ton bras. »
A contrecoeur, je lui tendis mon bras. Il remonta la manche. Puis, à l’aide du marqueur, il barra le mot « BITCH ». Puis, en dessous, il écrit quelque chose que je ne parvins pas à lire. Finalement, il me rendit mon bras, me montrant son œuvre. Il avait écrit « PRINCESS ».
« - T’es pas une pute, dit-il. Pour moi, t’es une princesse. »
Je me sentis devenir écarlate. Il sourit.
« - Même si je suis pas ton prince charmant, dit-il. Bon, alors, dis-moi ce que tu caches à tout le monde, maintenant ?
- Hein ?
- Oui, la raison pour laquelle tu te fais ça.
- Mais, tu l’as dis : parce que je suis pas bien…
- Non. Y’a autre chose. Un truc bien plus pénible à supporter, un truc que t’as jamais dis à personne. La raison même de ton mal-être.
- Je…non, tu te trompes…
- Menteuse. Tu veux pas me dire ton secret ?
- Non…, murmurai-je finalement.
- Je vois. Tant pis. Moi aussi, y’a une raison précise pour laquelle je me faisais ça. Mais j’ai jamais eu l’occasion d’en parler. A personne. Parce que j’y arrive pas. Et toi, c’est pareil, non ? »
J’hochai la tête.
« - Bon. Je te propose un marché. »
Je levai sur lui des yeux interrogatifs.
« - On va garder ça entre nous, et je vais faire en sorte que tu t’arrêtes. Je m’arrangerai pour que ça te passe… je vais t’aider. Et, un jour, quand tu seras prête, tu me diras ton secret. Ce jour-là, alors, je te dirai le miens. Ça marche ? ».
J’hésitai.
« - Ton secret en échange du miens…, soufflai-je. C’est ce que tu proposes ?
- Ouais. »
Je le scrutai du regard. Il était plus mystérieux que je ne l’avais pensé.
« - En échange, tu vas faire revenir mes larmes ? tu vas… me réapprendre à pleurer ?
- Si tu veux.
- Tu diras pas un mot aux autres ?
- Pas un mot. »
Je soupirai.
« - Très bien, dis-je finalement. Je veux bien essayer. »
Morgan sourit. Il me tendit sa main.
« - Top là ! fit-il. »
Et je tapai dedans. Il m’adressa un sourire chaleureux.
« - T’inquiète, dit-il. Tu le regretteras pas. »
Je souris en hochant la tête.
« - Bon, dis-je. Il vaut mieux que l’on retourne dans la classe, sinon, les autres vont se faire des idées…
- T’as raison. »
Je rangeai mes affaires et nous sortîmes des toilettes.
Comme je l’avais prédis, Elodie et Cathy se mirent à glousser quand on revînt. Je leur lançai un regard glacé.
« - Qu’est-ce que vous avez fait, aux toilettes, tous les deuuux ?? fit Cathy, non sans sous-entendus.
- Ben, on a baisé, répondit Morgan du tac au tac. Ça te pose un problème ?
- N’importe quoi ! protestai-je. Je… c’est faux !
- Y’a que la vérité qui fâche…, fit Jason.
- Tais-toi ! dis-je.
- Mmh…, fit Elodie. Je devrai peut-être mettre la virginité d’Alex sur ebay. On la donnerait au plus offrant.
- Ben, y’aurait pas beaucoup d’acheteurs, si tu veux mon avis, fit Yoann. »
Je lui frappai le crâne.
« - Connard !
- La plus grosse somme s’élèverait à 14€ ! ricana Morgan.
- Mais… ! vous êtes pas sympas, dis-je en croisant les bras.
- Bon, ok, ok, fit Morgan, je vais être sympa… 15€ !
- Quoi ? 15€ pour ma sœur jumelle ? t’es fou, toi ! Alex, elle vaut bien plus que ça !
- Ok, je double, continua le nouveau. 30€.
- 50, fit Jason.
- 100, dit Yoann.
- 550 !! s’exclama soudain Cathy. »
Tous se tournèrent vers elle.
« - 550 une fois, fit Elodie, 550 deux fois… personne surenchérit ?
- 551 ! fit Morgan.
- Vendu ! dit ma frangine.
- Vendu ? fis-je.
- Vendu ! répéta Elodie. Morgan, la virginité d’Alex t’appartient !
- N’IMPORTE QUOI ! m’écriai-je.
- Attends, il a quand même surenchérit à 551 !
- Et oui, faut se plier à la règle, princesse, fit Morgan.
- Vas te faire foutre, toi ! aboyai-je. Je suis pas à vendre comme un vulgaire bout de jambon !! »
Elodie éclata de rires.
« - C’est pas drôl-euhh ! m’énervai-je. »
Morgan m’attrapa par le cou.
« - Allez, allez, viens par là, je vais te consoler.
- Dégage, toi ! ».

C’est ainsi que l’on fit tous la connaissance de Morgan. Ce type mystérieux qui avait plus de chose à cacher que l’on ne l’aurait pensé…


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre II, Morgan   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:38

Chapitre II
Morgan



Morgan était un type bizarre. Oh, non, il n’était pas de ceux dont la bizarrerie effrayait les autres et faisait que personne n’osait l’approcher. Non, au contraire, la bizarrerie de Morgan était fascinante. C’était une bizarrerie qui donnait envie de lui parler, de le connaître, de le comprendre. Et cette fascination qu’il déclenchait n’était pas uniquement dû à sa beauté. En tout cas, pas pour moi.
C’était ça. C’était le mot. Morgan me fascinait. Il était surprenant. Et personne n’aurait été capable de dire « Je le connais par chœur », parce qu’il était impossible de connaître par chœur quelqu’un d’aussi imprévisible que lui.
Cela faisait déjà un mois depuis son arrivée au lycée. Un mois qui s’était écoulé à une vitesse hallucinante et que je n’avais même pas vu passer. Cela faisait un mois que Morgan traînait avec nous, mais je ne parvenais toujours pas à le cerner, ni lui, ni ses intentions.
J’ignorai pourquoi il voulait autant m’aider, j’ignorai aussi pourquoi il tenait tant à ne jamais me laisser seule afin que je ne me mutile pas. Il aurait très bien pu s’en moquer et faire semblant de n’avoir rien vu.
Après tout, n’était-ce pas ce que Jason avait fait ? le jour où il m’avait surprise, il est resté figé. Je lui ai demandé de n’en parler à personne. Il a promit et il ne s’en est pas plus soucié. Il a agit comme si de rien n’était.
J’avais pensé, j’avais espéré que Morgan serait pareil, mais non. Il me surveillait sans cesse, profitait des moments où on était seuls pour inspecter mes bras, pour être sûr que je n’avais pas profité de son absence pour me poignarder les bras. Il repassait inlassablement le mot « PRINCESS » au marqueur noir lorsque celui-ci disparaissait. Il me faisait penser à un jardinier s’occupant chaque jour de sa précieuse plante.
Cela faisait un mois qu’il était là, et toutes les filles lui tournaient déjà autour. Quant à lui, il avait dû se taper déjà une dizaine d’entre elles, mais en réalité, je ne savais pas. Morgan ne disait jamais rien à propos de ses aventures nocturnes, de toute manière.
Parfois, on apprenait qu’il avait passé la nuit avec telle ou telle fille du lycée, sans même qu’il ne nous en ait soufflé mot.
Morgan s’occupait de moi comme un grand frère, mais Elodie s’était déjà mise en tête de me caser avec lui. J’avais protesté les premiers jours, puis abandonné ensuite. Je la laissais se faire des idées. Après tout, l’espoir fait vivre.
Morgan était toujours au petit soin avec moi, si bien que cela m’agaçait, mais il n’en avait rien à faire. Il me disait préférer crever plutôt que d’arrêter de s’inquiéter pour moi. Il me posait toujours pleins de questions sur ma vie, sur ma famille, sur ma sœur. Et moi je lui répondais sans hésiter. Mais un jour, je réalisai qu’il connaissait toute ma vie, alors que moi, j’ignorai tout de lui.
Mais ce n’était pas tout. Il ne connaissait pas seulement ma vie, il me connaissait moi aussi ! c’était une sensation assez désagréable. On venait tout juste de se rencontrer, et cependant, on aurait dit qu’il me connaissait déjà. Mes moindres gestes, mes pensées, mes attitudes, tout en moi, on aurait dit qu’il prévoyait à l’avance ce que j’allais faire.
J’avais l’impression qu’en un mois, il parvenait à me connaître mieux que Yoann que je connaissais depuis le CP. Peut-être même parvenait-il à me connaître mieux que ma propre sœur jumelle !
D’ailleurs, je n’étais pas la seule à penser ça. Et, au fur et à mesure des jours, une certaine rivalité s’était creusée entre Yoann et Morgan, sans que je comprenne exactement pourquoi. Il était vrai que depuis que Morgan avait découvert que je me mutilai, je passai plus souvent de temps seule avec lui. On s’éclipsait de temps en temps pour se caler dans un coin du lycée, et on parlait de tout et de rien. Je pensais que Yoann devait être jaloux de cette soudaine complicité qui s’était installée entre Morgan et moi, une complicité que nous n’avions jamais eue l’un envers l’autre.
Mais Morgan connaissait mon secret. Il savait quelque chose de moi que Yoann ignorait, et que j’avais bien trop peur de lui révéler. De ce fait, lorsque j’étais avec lui, j’avais l’impression de pouvoir parler avec plus de facilité, de parvenir à mieux me confier, de me sentir entière.
Morgan m’écoutait sans jamais me juger, m’encourager ou me rabaisser. Il m’écoutait, tout simplement. Et moi, cela faisait des années que je n’attendais que ça. Trouver quelqu’un qui m’écoute, quelqu’un qui me comprenne vraiment. Quelqu’un qui partagerait mes pensées. Quelqu’un qui me ferait me sentir « moi ». Et Morgan était cette personne, ce quelqu’un que j’avais tant espérer rencontrer.
Néanmoins, alors que l’idée qu’une certaine confiance s’était installée m’avait envahie, je réalisai que lors de ces entretiens, j’étais souvent la seule à parler. Je parlai trop. Je ne laissai jamais Morgan s’exprimer. Alors que lui, il était peut-être comme moi, il attendait que quelqu’un l’écoute. Mais moi, je n’en faisais rien. Lorsque je réalisai cela, je me sentis soudain horriblement égoïste.
Je n’étais pas la seule à souffrir. Morgan aussi était malheureux, même s’il ne le montrait pas, il y avait quelque chose en lui que je ressentais, une petite pointe de tristesse dans son sourire, dans ses yeux, dans sa façon de parler. Morgan était quelqu’un de profondément seul. Mais ça, je n’étais parvenue à le réaliser que maintenant.
C’était pourtant évident. Il ne voulait pas être seul, il avait une peur énorme de se retrouver seul. Il avait trop peur d’être abandonné, d’être mis à l’écart. Je le ressentais au fond de moi, car j’étais moi-même un peu pareil. Mais la différence entre Morgan et moi était que moi, je ne l’étais pas. Alors que Morgan, lui, il était vraiment seul. Il vivait seul, il venait au lycée seul. Parfois, il s’isolait même dans un coin pour aller fumer, seul. Morgan n’allait pas bien.
Mais je ne m’en étais pas rendue compte. Je me sentie verte de rage, rouge de honte, lorsque je réalisai à quel point j’avais été aveugle.
J’avais observé Morgan durant quelques jours et en avait tirée cette conclusion. Je décidai alors, le lundi matin, de changer tout cela, de rattraper mon égoïsme, et d’obliger le jeune homme à me parler de lui.


Ce matin-là, mon réveil était cassé. Elodie, mon écervelée de jumelle, avait évidemment oublié de me réveiller. Mais, connaissant ma mauvaise humeur matinale, elle avait sans doute jugé folie de venir me réveiller elle-même. Aussi envoya-t-elle Jordan, notre petit frère de 11 ans.
Le gamin, avec sa délicatesse habituelle, était entré comme un barbare de l’ouest dans ma chambre, s’était rué sur mon lit et m’avait sauté dessus en hurlant dans son haut-parleur rouge en plastique que c’était l’heure de me lever.
Furieuse, j’avais bondis tel un lion enragé. Mon frangin avait poussé un cri strident et s’était mit à courir pour m’échapper, mais je l’avais rattrapé, l’avait tabassé avec ma douceur habituelle, puis l’avait emmené dans la salle de bain. Je l’avais jeté dans la baignoire et l’avait aspergé d’eau glacée.
Lorsque je débarquai dans la cuisine comme une furie, Elodie sursauta et cassa la biscotte qu’elle était en train de croquer, et celle-ci atterrit dans son chocolat chaud.
« - Bonjour, Alex…, fit-elle avec un sourire innocent.
- Pas la peine de faire ta gueule d’ange ! aboyai-je. Je sais bien que c’est toi qu’a envoyé Jordan me réveiller !! »
Elodie eut un sourire gêné mais elle ne fit pas de commentaires. J’attrapai un paquet de Coco Pops, mes céréales préférées, m’en servit un bol remplit et me mit à manger rageusement. Ma sœur eut le temps de débarrasser son bol et de laver la vaisselle que je n’étais toujours pas prête.
En pyjama, devant la télé, j’entamai mon troisième bol de céréales quand Elodie débarqua dans le salon.
« - Alex ! rugit-elle. Le bus passe dans cinq minutes !!! mais qu’est-ce que tu fous ?
- Pars devant, dis-je. Je suis à la bourre. »
Elodie me regarda sans comprendre mais n’insista pas. Elle s’en alla vivement, pressée de retrouver Anthony. Je me demandai subitement depuis combien de temps ils étaient ensemble. Cinq ou six mois, quelque chose du genre. Ça faisait déjà un moment, quand même !

Une fois prête, je sortis et me mit à courir dans l’espoir d’avoir le bus de moins cinq, mais je le vis me passer sous le nez. Je donnai un coup de pied dans un caillou, rageuse. J’allai au lycée à pied, la mort dans l’âme. On avait Mr Kimblerr en première heure…
Perdue dans mes pensées, je sursautai quand un inconnu vint soudainement arrêter sa moto devant moi, montant sur le trottoir comme si c’était autorisé.
« - Salut, princesse, fit une voix familière. J’te dépose quelque part ? »
L’inconnu enleva son casque.
« - Morgan ! m’exclamai-je.
- Yop ! fit-il avec un grand sourire. »
Je regardai la moto noire avec des yeux écarquillés.
« - C’est la tienne ?! m’exclamai-je, émerveillée.
- Ouaip ! fit-il, tout fier.
- Elle est superbe !
- N’est-ce pas ?
- Mais… comment t’as fais pour te la payer ?
- Ah, ça, c’est un secret.
- Alleeeez, dis-moi ! ».
Il éclata de rires.
« - C’est un peu long à expliquer.
- Pff… frimeur !!
- Bon, alors, tu montes ?
- Je peux ?!
- Evidemment que tu peux ! rigola Morgan. Tiens, je te prête mon casque, par contre, parce que j’en ai qu’un.
- Quoi… ? mais, et toi ?
- T’inquiète, le lycée est pas loin.
- Oh non, je peux pas ! imagine qu’on ait un accident et que tu meures, je m’en voudrai toute ma vie !
- Mais non ! de toute manière, même si je crevai, ce serait pas une grosse perte. Allez, monte !
- Qu’est-ce que tu racontes ?! bien sûr que si ! ce serait une perte énorme pour la société !
- Pour la société ?
- Enfin… surtout pour moi, dis-je en baissant la tête. »
Morgan sourit.
« - Merci, fit-il. Ça me fait chaud au cœur ce que tu dis…
- Je…, balbutiai-je, cherchant une vanne à lui balancer, en vain.
- Bon, dit-il. Tu montes ?
- Mais…
- Allez, oublie un peu tes principes. Je vais pas crever. Pas après ce que tu viens de me dire. Ça m’en a coupé l’envie ! »
Je rougis. Morgan fit comme s’il n’avait rien vu et me tendis son casque que j’enfilai. Je montai derrière lui.
« - Tiens-toi à moi, fit-il, non sans arrières pensées, évidemment. »
J’obéis néanmoins, le touchant à peine au début. Mais il démarra à une vitesse si impressionnante que je fus bien obligée de resserrer mon étreinte. Mais cela ne sembla pas le déplaire. Au contraire, je dirai même qu’il souriait. Mais ça, je ne pouvais pas en être sûre. Et, au fond, je crois que je préférai ne pas savoir à quoi il pouvait bien penser, ni ce qu’il pouvait s’imaginer.
Nous arrivâmes juste à temps. Le prof était sur le point de refermer la porte de la classe.
« - Bonjour, Mr Kimblerr ! nous dîmes d’une même voix.
- Buenas matinas, Mlle Slynner, fit le prof avec un sourire narquois. »
Depuis que je lui avais dis cette énormité, ce vieux chnoque n’arrêtait pas de me la ressortir. Morgan ricana bêtement. Nous nous installâmes devant, car il n’y avait aucune place ailleurs et, lorsque le prof fut concentré sur son speech, je glissai à l’oreille de Morgan :
« - Quel salaud, lui… »
Ce qui ne fit que le faire rire de plus belle.
« - Dis, fis-je, on ira sur le toit du lycée, tout à l’heure ?
- Hein ? que tous les deux, tu veux dire ?
- Oui…
- Ah, non, c’est pas possible.
- Pourquoi ?
- Ben, j’ai oublié mes capotes, aujourd’hui. Une autre fois, ok ?
- Qu…quoi ?! mais…t’es vraiment trop con, toi ! c’est pas pour ça !!
- Ah bon, alors, c’est pour quoi ?
- Je… j’ai à te parler.
- De quoi ?
- De… quelque chose.
- Oui, mais de quoi ?
- Arrête de poser cette question !
- Mais…
- Tu verras.
- Mais…
- TU VERRAS !!
- Rohhh… ok, ok. »
Il prit alors un air pensif. Au bout de cinq minutes, je devinais qu’il était déjà ailleurs. Il suffisait de le regardai pour savoir qu’il pensait à autre chose. Un air rêveur se dessinait sur son visage. Et j’aurai donné n’importe quoi pour savoir à quoi il songeait…


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre II, Morgan   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:39

Lorsque la sonnerie retentit enfin, j’entraînai vivement Morgan sur le toit du lycée, pressée comme s’il y avait eut le feu. Morgan s’accouda sur le rebord de la murette et soupira. Je vins me mettre à côté de lui, l’imitant.
« - Dis, tu veux pas me dire à quoi tu penses, quand tu fais cette tête-là ?
- Quelle tête ? demanda Morgan.
- Celle-là. Parfois, quand tu penses à autre chose, un petit sourire se dessine sur tes lèvres et j’aimerai bien savoir ce qui te rend si heureux.
- Ben, des trucs.
- Des trucs ?
- Ouais, des trucs. Ça change à chaque fois…c’est pas toujours la même chose, tu sais !
- Et bien, là, par exemple, à quoi tu pensais ?
- Je m’imaginai… que j’avais des ailes.
- Des ailes ?
- Ouais. T’as jamais rêvé de ça, toi ? Avoir des ailes… pouvoir t’envoler… comme un oiseau, loin de ce monde de merde, loin de toutes ces histoires que l’on vit chaque jour… j’aimerai tellement pouvoir voler… »
Il soupira.
« - Je donnerai n’importe quoi pour que quelque chose d’extraordinaire m’arrive, dit-il. Tu sais, comme dans les films, ou dans les romans ? t’as le type ordinaire au début de l’histoire, et puis, il lui arrive un truc qui bouleverse toute sa vie ! mais non, ça n’arrivera jamais. Parce qu’on est dans la vraie vie. Et que rien de fantastique va nous arriver. On va juste se lever le matin, aller en cours, rentrer le soir, dormir, manger, et puis on recommence.
- C’est la routine…, dis-je. C’est le quotidien qui te fatigue ?
- Ouais. C’est toujours pareil.
- C’est vrai. Moi aussi, ça m’épuise, des fois.
- Mais depuis que je t’ai rencontrée, c’est différent.
- Ah bon ?
- Ouais. C’était comme si… t’avais égayé ma vie. Maintenant, j’ai presque hâte de me rendre en cours pour te revoir… t’imagine ? ça craint, tu trouves pas ?
- Pourtant… je fais rien de spécial.
- Tu es toi. Moi, ça me suffit. »
Je souris.
« - Toi, t’as le don pour dire des trucs qui touchent…, murmurai-je. »
Il haussa les épaules.
« - Je dis juste ce que je pense… au fait, tu voulais pas me parler d’un truc ?
- Oui… en réalité, j’ai réfléchi.
- T’as réfléchi ? ça t’arrive ?
- Ouais, figure-toi.
- Et alors… ?
- Ben, j’ai pensé que je t’ai raconté toute ma life depuis qu’on s’est rencontrés. Mais qu’en fait, moi, je sais pas grand-chose de toi, hormis le fait que tu vis seul, sans tes parents… »
Il fronça les sourcils.
« - Ma vie a rien d’intéressant, dit-il. Je risque de t’ennuyer, si je t’en parle…
- Je pense pas. J’aime bien connaître les enfances des autres. Ça m’amuse.
- Ouais, mais j’ai pas vraiment eu une enfance marrante, si tu veux savoir. »
Je le regardai sans comprendre. Il soupira, puis s’assit par terre, le dos contre la murette. Je l’imitai.
« - Tu veux vraiment savoir ?
- Vraiment.
- Bon. Comme tu voudras. »
Il sortit une clope, qu’il alluma. Il fuma un coup, puis me proposa sa cigarette.
« - Non merci, dis-je. Mon grand-père est mort d’un cancer du poumon quand j’avais sept ans, alors avec Elodie, on s’est jurées de ne jamais fumer.
- Ok, fit-il en remettant la clope dans sa bouche. »
Il attendit encore quelques minutes, puis commença.
« - Bon, dit-il. Par où commencer ? je suis venu au monde un quinze décembre, par une journée glaciale. Ouais, ça le fait, ça. Donc. Je suis venu au monde un quinze décembre, par une journée glaciale. J’ai grandi les cinq premières années de ma vie comme un gosse normal. Mais un jour, tout a basculé. Parce que mon père était blond aux yeux noirs, parce que ma mère était rousse aux yeux verts, et parce que j’étais brun aux yeux bleus.
« La réalité, c’est que ma mère se faisait baiser par un autre mec. Et qu’elle est tombée enceinte de lui. Quand mon père, ou, plutôt, le mari de ma mère, l’a découvert, ma salope de mère a eut vite fait de se tirer avec son amant, me laissant seul avec ce type qui me haïssait.
« Alors, il s’est mit à boire, puis a viré alcoolo. Il rentrait tout les soirs bourrés, et il me tabassait en disant que c’était ma faute si ma mère était partie, que j’étais la source de tous ses malheurs.
« Et le pire de tout, c’est que pendant un temps, je l’ai cru. Je pensais vraiment que j’étais le responsable du départ de ma mère. Je le suppliai toujours en pleurant de me pardonner… et lui, il me cognait. Mais personne l’a remarqué. Ou plutôt, tout le monde s’en foutait. La maîtresse d’école, l’infirmière, les parents de mes amis, ils faisaient tous comme s’ils ne voyaient rien. Ils restaient bien en dehors de ça.
« Et puis, après, j’ai grandi. Quand j’ai eus treize ans, j’ai commencé à comprendre que si ma mère s’était tirée, c’était parce que son mari était un enfoiré de première, et parce qu’elle préférait se faire baiser par son amant que par lui. Ouais, c’est à cette époque-là que j’ai pigé que ma mère était une salope, l’homme qui m’élevait, un enfoiré, et mon père biologique, un enculé.
« Alors, j’ai commencé à me mutiler. J’espérai que quelqu’un finirait par se soucier de moi. Mais, évidemment, c’est jamais venu. Comme d’habitude, les gens faisaient comme s’ils ne voyaient rien. Et, quand j’ai eus quatorze ans, je me suis tiré de chez moi.
« Comme j’avais nulle part où aller, j’ai commencé à voir des filles, comme ça, au hasard. J’ai commencé à passer mes nuits avec des nanas différentes. Mais c’était plus histoire d’avoir un toit où dormir que de baiser… »
Morgan leva les yeux sur moi.
« - Tu vois, dit-il, mon histoire est pas spécialement marrante.
- Non, dis-je, en effet. Elle est même plutôt triste. »
Il haussa les épaules.
« - Tu vois ma joyeuse famille ? fit-il. Une salope, un enfoiré, un enculé, et moi, au milieu de tout ça, un bâtard. C’est cool. Ta famille, à toi, elle est géniale. La mienne… je sais même pas si on peut appeler ça une famille, en fait. »
Il fourra sa cigarette dans sa bouche et se remit à fumer. Je soupirai.
« - Et tu sais qui c’est qu’a payé ma moto ? demanda-t-il.
- Non.
- Devine.
- Je sais pas.
- Mon père.
- Lequel ?
- Biologique.
- Ah bon ?!
- Ouais. Y’a trois mois, ma mère est morte.
- Ah…
- Et lui, comme ils ont pas dû avoir d’autres enfants, il a dû se souvenir qu’ils avaient un fils qu’ils avaient abandonnés. Je sais pas comment il a trouvé mon numéro, mais il m’a appelé, en me disant que ma mère était morte et qu’il était prêt à faire n’importe quoi pour m’aider.
- Et tu lui as demandé de te payer ta moto ?
- Ouais. Ma moto, mon loyer, et encore plein de trucs. Tout ce qu’il veut, c’est que je veuille bien le rejoindre en Californie pour reprendre son entreprise… je lui ai dis d’aller se faire foutre. J’préfère crever sous un pont plutôt que de voir sa gueule. J’ai vécu dix-sept ans sans avoir besoin de lui, j’vois pas pourquoi ça commencerait maintenant. Mais bon, il reste persuadé qu’en me payant tout ce que je veux, je finirai par accepter. Hé, au fait, tu sais ce que j’lui ai dis quand il m’a apprit que ma mère était morte ?
- Non…
- Je lui ai dis Ahh, c’est dommage pour toi, t’as plus aucune salope à baiser ! ».
Sur ces mots, Morgan éclata de rires. Mais moi, cela ne fit que me rendre encore plus triste…
« - Tu devrais pas dire ce genre de choses…, murmurai-je.
- Pourquoi ?
- Parce que… quoiqu’elle ait pu faire… elle reste ta mère.
- Quoiqu’elle ait pu faire ? Mais, Alex, il est là, le hic : elle n’a rien fait, justement ! elle s’est tirée quand j’avais cinq ans et je l’ai jamais revue !
- Même ! tu… on dirait que… t’en as rien à faire qu’elle soit morte… pourtant, moi, j’aurai été à ta place, je… j’aurai été triste ! si ma mère m’avait abandonnée, j’aurai eus envie de la voir… au moins une fois.
- Ben, voilà un point sur lequel on est différents. Elle en avait rien à foutre de moi, Alex. Et mon père non plus. S’il me paye ce qu’il veut, c’est pour trouver quelqu’un qui pourrait s’occuper de son entreprise après lui. Mais moi, je préfère crever plutôt que ça arrive…
- Peut-être, mais…
- Laisse tomber. Tu me convaincras pas. »
Il se releva et s’étira.
« - Voilà, dit-il, tu connais toute ma vie, maintenant. Ça t’a rendue heureuse ?
- Pas spécialement, non, dis-je. Je dirai même que ça m’a plus qu’abattue.
- Tu vois pourquoi je t’en parlai pas.
- Peut-être, mais au moins, tu te sens moins seul, maintenant, non ?
- Hein ?
- C’est vrai. T’avais… jamais parlé de ça à personne ?
- Non.
- Donc, maintenant que tu m’en as parlé, ça va mieux, pas vrai ? ».
Je lui souris et me levai à mon tour.
« - Ouais… c’est vrai. Je me sens… soulagé.
- Tu vois ! donc, j’avais raison !
- J’irai pas jusqu’à dire ça… »
J’hochai la tête. Puis, Morgan eut un geste familier que je commençai à connaître mieux que personne. Il me tendit la main. Je soupirai, relevai ma manche et lui tendis mon bras qu’il inspecta.
« - T’as recommencé…, soupira-t-il.
- Oui, avouai-je.
- T’es désespérante, Alex.
- J’ai essayé de m’en empêcher, mais… je… j’y suis pas arrivée. Et puis… mes larmes qui ne veulent pas couler… c’est, c’est… c’est horrible.
- Je sais, dit-il. Je sais. Mais… il faut que tu te battes. »
Il me saisit par les épaules et nous restâmes un moment, comme ça, à nous regarder. Puis, finalement, il me sourit.
« - Tu sais ce qu’il te faut ? dit-il. Un petit ami. Voilà.
- N’importe quoi ! rétorquai-je. T’es de mèche avec Elo, maintenant ?
- Pas spécialement, non. Mais je suis sûr que ça t’aiderait.
- Non, je pense pas…
- Il faudrait que tu tombes amoureuse. Tu reprendrais goût à la vie.
- Oui, mais après, c’est bon pour que je me fasse plaquée et que je rechute…
- Mais non. Pourquoi il te plaquerait ?
- Ben, j’en sais rien. Parce que je suis une fille crevante. C’est toi qui dit ça tout le temps, non ? »
Morgan éclata de rires. Il se pencha sur moi et m’embrassa. Je le regardai avec des yeux ronds.
« - Ça va pas ?! m’exclamai-je.
- Ben quoi ?
- Mais… t’es fou !
- Hé, panique pas, j’ai à peine effleurer tes lèvres. C’est pas comme si je t’avais sautée…
- Mais… c’est pareil !
- Non, je pense pas.
- Pff…, fis-je en mettant la main sur ma bouche. T’as pas intérêt à dire ça à Elodie.
- Pourquoi ?
- T’’es pas au courant ? elle s’est mise en tête de nous caser ensemble !
- Ah bon ?
- Ben ouais…
- Bah, moi, ça me dérangerait pas. T’es mignonne et je t’aime bien. »
Je le regardai avec des yeux encore plus ronds.
« - Alors, continua-t-il, on sort ensemble ?
- Jamais de la vie ! criai-je. »
Et je partis en courant. Morgan haussa les épaules.
« - C’est ce qui s’appelle un râteau…, fit-il d’un air indifférent. »


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre III, Petite leçon d'informatique ^^   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:41

Chapitre III
Petite leçon d’informatique ^^


Lorsque je sortis de la salle de bain, Elodie se tenait devant moi. Appuyée contre le mur, bras croisés, elle me dévisageait d’un air fâché. Je me mordis la lèvre inférieure. Morgan avait certainement dû lui parler. Quelle balance, celui-la ! Alex, ma vieille, pensai-je, tu vas passer un sale quart d’heure !
Elodie me fixait indéniablement, de son air furieux, mais ne semblait pas décidée à parler la première. Je soutins son regard quelques instants, puis baissai la tête.
« - Désolée…, marmonnai-je.
- Ah oui ! t’as de quoi l’être, désolée !
- Mais… !
- Y’a pas de mais qui tienne ! repousser les avances de Morgan Hawkins… c’est un crime, Alex !! Un crime contre l’humanité toute entière !!
- Mais… je suis pas amoureuse de lui ! protestai-je.
- Et alors ?!
- Mais je vais pas sortir avec un mec si je l’aime pas !
- Bon sang ! c’est normal que t’es jamais eu de petit ami avec ce genre de raisonnement, idiote ! si tu crois que j’étais amoureuse d’Anthony avant de sortir avec lui… au début, c’est de l’attirance, l’amour vient après !
- Ben, désolée, mais je suis pas de ton avis !
- Rohh ! mais de quoi tu te plains ? Morgan, il a toute les qualités qu’il te faut ! il est beau, il est sympa, il est marrant, vous avez les mêmes goûts, et vous êtes devenus hyper proches en à peine un mois ! qu’est-ce que tu lui reproches, hein ?
- Mais… rien du tout ! j’en suis pas amoureuse, c’est tout !
- Menteuse !
- Je mens pas !
- Si, tu mens !
- Non !!
- Rohh…, soupira ma sœur. En plus, toutes les filles sont raides dingues de sa mouille ! si tu sortais avec lui, ça leur foutrait bien les boules, à toutes ces pétasses !
- Désolée de te décevoir, mais si je sortais avec Morgan ou avec n’importe quel autre mec, ce serait pas pour frimer !
- Et bien quoi ? il faut bien trouver un prétexte, puisque tu veux pas admettre que tu l’aimes !
- Bon, écoutes. Je vais pas sortir avec Morgan, ni avec aucun autre mec, j’en ai pas du tout l’intention ! c’est clair ? alors lâche-moi avec cette histoire !
- Non ! je te lâcherai pas, Alex !
- Bon ! fis-je. Et bien, qu’est-ce que tu proposes, hein ?!
- Tu vas l’appeler !
- L’appeler ? pour quoi faire ?
- Et bien, puisque t’es pas décidée à sortir avec lui si tu l’aimes pas, tu vas en tomber amoureuse, un point c’est tout.
- Mais… t’es complètement tarée !
- Peut-être. Mais tu me remercieras plus tard. Tu vas l’appeler, vous allez discuter, et rester une heure au téléphone !
- Mais…
- Tais-toi ! à partir de maintenant, je prends les choses en main.
- Mais qu’est-ce que je vais lui dire, si je l’appelle ?
- N’importe quoi ! tu lui parles de tout, de rien, comme vous faîtes, d’habitude !
- Pff… c’est complètement débile, ton truc !
- Pourquoi ce serait débile ?
- Parce que c’est des machins de filles, ça !!
- Ah ! et, tout de suite, quand c’est des trucs de filles, c’est nul ?
- Ouais !
- Mais, Alex, tu es une fille, merde !!
- Ça sert à rien ! pourquoi est-ce que je devrai l’appeler si j’ai rien à lui dire ? d’autant plus que je le vois demain !
- Aleeeex… ! gémit ma sœur. Tu es dé-ses-pé-rante !
- Mais… je comprends pas, c’est tout !
- T’as pas à comprendre ! tu fais ce que je te dis, et tu discutes pas ! pigé ?
- Mais…
- Arrête de répéter ce mot à tout bout de champ ! et appelle Morgan !! ».
Je poussai un grognement désapprobateur mais Elodie ne s’en soucia pas. Elle courut me chercher le téléphone, me le tendit avec un grand sourire. Furieuse, j’attrapai l’objet et courait m’enfermer dans ma chambre.
Je poussai un long soupir. Je sortis mon téléphone portable, tapai le numéro du fixe de Morgan, et posai le combiné sur mon oreille.
C’était un téléphone fixe, mais transportable. Et lorsqu’on appelait sur un autre fixe, c’était gratuit.
Elodie restait souvent des heures au téléphone avec Anthony ou Cathy. Moi, j’avais jamais compris ça. Elle les avait vu toute la journée, et les verrait le lendemain, alors, à quoi bon perdre son temps dans des bavardages inutiles ?
Je n’eus pas davantage le temps de mijoter car la voix de Morgan me parvint à l’autre bout du fil :
« - Allô ? ».
J’eus la soudaine envie de raccrocher. Mais je savais qu’Elodie me tuerai si je faisais ça.
« - Allô ? répéta Morgan. »
Je me sentis devenir écarlate. Puis, je pris mon courage à deux mains, et articulai :
« - Morgan ?
- Euh…ouais. C’est qui ?
- C’est Alex.
- Ahh, salut, p’tite princesse ! fit-il d’un air ravi qui me mit encore plus mal à l’aise. Ça va bien ?
- Je…oui. Je… je te dérange ?
- Ben, j’étais sur le point de regarder le film porno que j’ai loué…
- Ah, bon ! je vais te laisser, alors ! fis-je précipitamment.
- Mais je préfère t’avoir au téléphone, acheva-t-il sans me laisser le temps de raccrocher.
- T’es sûr ? tu veux pas que je raccroche ? insistai-je.
- Toi, quelque chose me dit qu’Elodie t’as forcée à m’appeler ! fit-il en rigolant.
- Je… ouais, avouai-je. »
Je me sentis soudain un peu plus soulagée. Morgan éclata de rires.
« - Ben, maintenant qu’on y est, je vois pas pourquoi je te laisserai raccrocher, dit-il finalement. C’est gratoss ?
- De quoi ?
- Le téléphone.
- Ah…oui.
- Bon, bah c’est cool. Tu sais quoi ?
- Non, répondis-je, m’attendant au pire.
- Ben, je viens de recevoir un colis. Et devine qui me l’a gentiment envoyé ?
- Ton père ?
- Dans le mile !
- Et… c’est quoi ?
- Un ordinateur portable !
- Sérieux ? c’est trop bien !
- Ouais. Je lui ai demandé le plus cher qui existe.
- T’as Internet, dessus ?
- Ouaip !
- C’est cool ! tu vas pouvoir installer msn !
- Msn ? c’est quoi ce truc ?
- Quoi ? tu connais pas ?
- Ben, à vrai dire, je m’y connais pas grand-chose en ordinateur. J’en ai jamais eus de ma vie. En fait, j’y pige rien, même. C’est un vrai casse-tête ce truc ! ».
J’éclatai de rires.
« - Ainsi, le grand, le fort, l’irréprochable Morgan est complètement perdu en ordinateur ?
- Ouais. J’y pige que dalle !
- Et ben, t’as qu’à l’amener, demain, au lycée. Je te montrerai comment ça marche.
- Au lycée ? t’es folle !
- Ben quoi ?
- Plutôt crever ! d’autant plus que demain, on a sport !
- Ah oui, c’est vrai. Bon bah, après demain ?
- Non. En fait, je préférerai que tu viennes dormir chez moi.
- Euh… quoi ?
- J’ai dit que je préférerai que tu viennes dormir chez moi.
- Non ! répondis-je immédiatement.
- Ah, bah, au moins, ça a le mérite d’être clair, avec toi !
- Non, mais… euh… il vaudrait mieux que ce soit toi qui vienne.
- Ah ouais ? et pourquoi ? parce que y’aura tes parents ? ».
Je me mordis la lèvre.
« - Pff… t’es bête. De quoi t’as peur ? J’vais pas te sauter dessus. Tu viens juste m’expliquer comment on se sert d’un ordi. Y’a pas de quoi flipper. »
J’hésitai un moment. Elodie allait m’égorger si je refusais.
« - Bon, lâchai-je finalement. C’est d’accord.
- Cool ! fit-il. Tu viens quand ? demain ?
- Je… faut que je demande à ma mère !
- Ben vas-y !
- Ok… je reviens. »
Je descendis au premier étage. Toute la famille était rassemblée dans la cuisine. Ma mère était en train de cuisiner le repas, ma sœur lisait un magasine parlant de mode et de people, mon père lisait le journal, Jordan s’amusait avec des allumettes, et enfin, Kevin, mon frère aîné de 22 ans, était en train d’essuyer la vaisselle.
« - Maman ! fis-je. »
Et tous levèrent les yeux sur moi.
« - Oui ? fit ma mère.
- T’as déjà raccroché ?! rugit Elodie.
- Raccroché ? répéta Kevin. Parce qu’Alex était au téléphone ?
- Ouais.
- Ah, c’était Yoann ?
- Non. Morgan.
- Morgane ? c’est une fille ?
- Mais non ! ça s’écrit M-O-R-G-A-N, sans E ! c’est un mec !
- Ah, ok. C’est qui, celui-la ?
- Il est arrivé y’a un mois, dis-je.
- C’est le futur d’Alex…, souffla Elodie sur un ton qui se voulait confidentiel.
- Sérieux ? s’exclama Kevin, tout content.
- Mais non ! dis-je. C’est Elodie qui raconte n’importe quoi !
- Bon ! fit soudain ma mère. Qu’est-ce que tu voulais ?
- Euh, ben… »
Je jetai un regard en coin à Kevin et Elodie.
« - Morgan m’a demandé si je voulais venir dormir chez lui, demain…
- SERIEUX ?! s’écrièrent les deux autres.
- Allez pas imaginer n’importe quoi ! protestai-je. Je… je vais juste lui apprendre à se servir de son nouvel ordi.
- Ouais, moi, mon ex, je lui donnai des cours de maths, fit Kevin avec un sourire narquois. A l’origine. Après, c’était plus des cours de maths…
- Epargne-nous les détails, soufflai-je. Mais inutile de vous faire des idées. Y’a rien entre Morgan et moi.
- Mytho, siffla Elodie.
- Bon, fis-je, je peux y aller, ou pas, maman ? Parce que j’ai pas raccroché et Morgan est toujours en ligne. J’pense qu’il aimerait une réponse…
- Hors de question, répondit catégoriquement ma mère.
- Quoi ? fit Kevin.
- Pourquoi ?! nous exclamâmes Elodie et moi, d’une même voix indignée.
- Parce que je ne connais pas ce Morgan. J’aimerai le rencontrer avant, pour savoir si c’est un garçon sérieux, et ensuite, on verra.
- Mais…, commençai-je.
- Maman ! rugis Elodie. Si tu empêches Alex de dormir chez Morgan demain, je ne t’adresserai plus jamais la parole !
- Et bien, il a quoi de spécial, ce Morgan ? fit-elle.
- Il est beau !
- Et… ?
- Et il a un faible pour Alex !
- N’importe quoi ! m’exclamai-je.
- Arrête de démentir, Alex, c’est vrai ! il a dit qu’il te trouvait mignonne et qu’il t’aimait bien !
- Bon sang, mais il est vraiment entré dans les détails ?
- Ouais. Il m’a même dit que vous vous étiez embrassés !
- C’était un baiser de rien du tout ! il a même pas mit la langue ! et puis, on ne s’est pas embrassés, c’est lui, qui m’a embrassée !! nuance !!!
- Quoi ? il a pas mit la langue ? quel con ! rugit Elodie, furax.
- Bon, reprit ma mère, c’est un garçon sérieux ?
- Euh… en quelques sortes, dîmes Elodie et moi.
- Comment ça, en quelques sortes ?
- T’inquiète pas, maman, c’est un type bien, fit Elodie. Parfait pour Alex.
- Lâche-moi !
- Il est encore au téléphone ?
- Oui.
- Passe-le moi.
- Quoi ?!
- Je veux lui parler.
- Mais… maman ! protestâmes ma jumelle et moi.
- Passe-le moi ou tu n’iras pas chez lui, fit-elle d’un ton catégorique.
- Pas cool, ça, fit Kevin. »
J’haussai les épaules, sortis de la cuisine, puis montai dans ma chambre.
« - Morgan ? t’es toujours là ?
- Toujours.
- Euh… ma mère veut te parler.
- Hein ?
- Elle dit qu’elle me laissera dormir chez toi que si t’es un mec sérieux. Alors dis pas de connerie, ok ?
- Mais…
- Laisse tomber. Y’a rien à faire. Elle est têtue comme une mule. Si elle te parle pas, elle me laissera pas venir.
- Bon, bon. Ok, passe-moi ta môman ! ».
Je poussai un long soupir, puis redescendis dans la cuisine où je tendis le combiné à ma mère, à contrecoeur. Celle-ci le saisis d’un air sévère et dis :
« - Allô ? … Oui, la mère d’Alexia et d’Elodie. Et toi, tu es Morgan, c’est ça ? … Oui, je vais bien, merci … il paraît que tu as proposé à ma fille de venir dormir chez toi, demain ? … et pourquoi faire ? … pour qu’elle t’explique comment te servir de ton ordinateur ? mais bien sûr ! … mmh … oui, c’est vrai … oui, pas faux … ok, ok … Bon, je te la repasse. »
Ma mère me tendit le combiné, un petit sourire au coin des lèvres.
« - Allô ?
- Alex ?
- Ouais, c’est moi.
- C’est bon, c’est réglé. J’ai réussi à convaincre ta môman.
- Sérieux ? »
Je levai les yeux sur elle. Elle me dévisageait toujours de son énigmatique sourire.
« - Je peux ? demandai-je à son intention.
- Oui, me dit-elle.
- Cool ! fis-je. »
Je remontai dans ma chambre et demandai :
« - Comment tu l’as convaincue ?
- Ben, elle me croyait pas pour l’ordinateur, elle disait que j’avais d’autres intentions. Elle me connaît bien, ta mère.
- Quoi ?! parce que c’est vrai en plus ?
- Bah… un peu. »
Je levai les yeux au ciel.
« - T’es irrécupérable, dis-je.
- Ouais, mais c’est justement parce que j’ai dis à ta mère qu’avant de pouvoir coucher avec toi, j’avais le temps de vivre trois millénaire que je l’ai convaincue, figure-toi !
- T’as dis ça ?! m’écriai-je.
- Ben…ouais. Ça a marché, en plus. Elle te fait confiance, ta mère.
- Non. Je dirai plutôt qu’elle me connaît bien, c’est tout. Ça aurait été Elodie…
- Quoi ? elle laisse pas Elodie aller chez Anthony ?
- Bien sûr que si ! mais c’est parce qu’elle sait qu’Elodie est plus vierge ! et aussi parce qu’elle connaît Anthony… c’aurait été Elodie, elle l’aurait pas laissée aller chez toi sans te connaître.
- Bon, bah, estime-toi heureuse, alors ^^ !
- Ouais… mais je suis plus aussi sûre de vouloir aller chez toi, maintenant.
- Pourquoi ?!
- Parce que t’es un cas désespéré.
- Mais-euhhh !!!
- Sale type !
- Pff… allez, Alex, je te ferai rien, chuis pas comme ça, quand même !
- Ah bon ?
- Ben… oui ! »
J’éclatai de rires.
« - C’est bon, dis-je, je viens.
- Cool !!
- Bon, alors, à demain ?
- A demain.
- Tchao.
- Ouais, à plus. »
Je raccrochai, m’affalai sur mon lit et soupirai. Décidément… quelle vie !




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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre III, Petite leçon d'informatique ^^   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:47

Le lendemain matin, lorsque je débarquai dans la cuisine, la tête dans le cul et en pyjama, j’avais complètement sorti Morgan de mes pensées. Me ce fut Elodie qui me le rappela.
« - Alors, fit-elle, heureuse de dormir chez ton futur, ce soir ?
- Quoi ? fis-je, à côté de mes pompes. Je dors chez qui, ce soir ?
- Ben, Morgan ! ton futur ! t’as pas oublié ?
- Ah… si. Mais… c’est pas mon futur ! arrête de dire ça !
- Et bien, on verra !
- Pff…
- Bon, étant donné que tu passes la nuit chez le beau gosse du bahut, ce soir, il faut que tu te fasses belle ! maquillage, minijupe, tu vas être hypeeer sexy !
- Dans tes rêves. Je m’habille comme d’habitude.
- Mais, Alex ! tu dois te faire jolie !
- Et pourquoi ça ?
- Mais… tu dors quand même chez Morgan ! c’est pas rien !
- Fous-moi la paix.
- Tu t’es épilée ?
- Mais lâche-moi, putain !
- Tu t’es épilée ?!
- Non ! »
Elle se leva d’un bond, tel un lion enragé.
« - VAS-Y TOUT DE SUITE !!! hurla-t-elle. »
Lorsque Elodie était dans cet état, mieux valait ne pas trop discuter. J’haussai les épaules puis marmonnait :
« - Ok, ok. »
Lorsque nous arrivâmes au lycée, Elodie se rua, comme à son habitude, sur Anthony.
« - Salut ! fit celui-ci. Tu vas bien ?
- Oui ! désolée, j’ai pas pu t’appeler hier, mais faut dire qu’Alex monopolisait complètement le téléphone !!
- Ah bon ? »
Il me regarda d’un air soupçonneux.
« - Avec qui ? demanda-t-il.
- Devine !
- Ben, vas-y, dis !
- Morgan Hawkins !
- Morgan… ah oui, le nouveau ?
- Ouais, fis-je. Mais il est plus si nouveau que ça.
- Il est arrivé y’a un mois ! dit Elodie.
- Ouais, je sais, fit Anthony, il est là depuis septembre et il a déjà toutes les filles qui lui tournent autour !
- Oui ! fit Elodie. Mais il a un faible pour Alex !
- Sérieux ?
- N’importe quoi !! m’exclamai-je.
- Même qu’elle va dormir chez lui, ce soir ! continua Elodie. »
Anthony me regarda, bouche bée.
« - Vas… vas pas t’imaginer n’importe quoi ! dis-je.
- Oui, fit Elodie, soi-disant qu’elle va lui apprendre à se servir de son ordinateur, parce que monsieur n’en a jamais eu de sa vie.
- C’est la vérité ! m’indignai-je.
- Mais, regarde comment elle s’est habillée ! c’est encore pire que d’habitude ! moi qui voulait qu’elle soit hyper sexy !
- En effet, fit Anthony, c’est pas trop réussi. »
J’haussai les épaules. Elodie m’avait tellement énervée en me disant qu’il fallait que je me fasse belle, que j’avais enfilé le pantalon le plus large que j’avais et mit un gros sweat noir ne laissant paraître aucune de mes formes. J’avais laissé mes cheveux détachés et n’avais même pas prit le temps de les démêler, ni même de les arranger un peu histoire qu’ils aient l’air coiffés. En bref, je ne ressemblai à rien du tout, et ça m’allait très bien !
« - Enfin, j’ai au moins réussi à la faire s’épiler, continua Elodie.
- C’est déjà ça, admit Anthony en souriant. »
C’est à ce moment-là qu’un bruit de moteur se fit entendre. Nous nous retournâmes. Une moto noire se gara sur le trottoir d’en face. Le conducteur en descendit et enleva son casque. C’était Morgan.
« - Ah ! fit Elodie. Ton futur est arrivé, Alex ! ».
Elle se retourna, mais ne vit plus personne. Je m’étais déjà enfuie en courant à plusieurs milliers de lieues de là.
« - Oh, non ! dit Elodie. J’en étais sûre !
- Si t’en étais sûre, pourquoi tu l’as pas retenue ? fit Anthony en riant. »
Morgan s’approcha d’Elodie.
« - Salut, Elo ! fit-il, toujours aussi souriant qu’à son habitude.
- Salut, Morgan…, répondit-elle, complètement dépitée.
- Ça va pas ?
- Moi ? ça va. Mais Alex… elle s’est tirée quand t’es arrivé !
- Ah ? ça m’étonne pas d’elle.
- Et ben ! qu’est-ce que tu fous planté là ?! rattrape-la !
- Hé, je viens de me lever, là !
- Et alors ?!
- Et alors, le matin, tu me laisses me réveiller ! les filles, je m’en occupe l’après-midi, ok ?
- Ok ! mais Alex n’est pas une fille, c’est un garçon manqué !
- Et… ?
- Et bien vas la chercher tout de suite !!! »
Morgan soupira et haussa les épaules.
« - Oui, chef…, marmonna-t-il. »

J’étais entrée dans le bâtiment en courant. Je ralentis ma course et me mit à marcher, essoufflée, mais soulagée.
« - Au moins, murmurai-je pour moi seule, j’ai réussi à l’esquiver !
- Esquiver qui ? »
Je sursautai. Morgan se tenait devant moi, appuyé contre le mur du couloir, m’adressant son plus beau sourire. Je ne pu m’empêcher de remarquer un petit groupe de filles de secondes non loin de nous, qui ne cessaient pas de nous regarder – enfin, de regarder Morgan, plutôt.
« - Mo… Morgan ?! m’exclamai-je. D’où… d’où tu sors ?
- Ah, ah ! mystère et boule de gomme ! fit-il. Alors, princesse, on s’est enfuie ?
- Je… pas du tout !
- Ah bon ? ».
Morgan éclata de rires devant mon air affolé.
« - Hé, fais pas cette tête ! dit-il. T’as prévu des fringues, pour ce soir ?
- Oui, oui, fis-je en détournant le regard.
- Des dessous sexy ? enchaîna-t-il. »
Je lui jetai un regard noir. Morgan ria de plus belle.
« - Me regarde pas comme ça ! dit-il. Je plaisante !
- Trop drôle, sifflai-je.
- N’empêche, il doit être lourd, ton sac, non ?
- Pourquoi ?
- Ben, tes affaires de cours, plus tes fringues et les vêtements de sports… sans parler des baskets. »
J’haussai les épaules.
« - Ça va, mentis-je. D’ailleurs, en parlant du sport…
- Oui ?
- Je vais jouer avec les filles, aujourd’hui.
- Avec les filles ?! répéta Morgan.
- Oui. Avec Elodie.
- Mais… tu vas te faire chier ! s’indigna l’autre.
- Je sais. J’ai horreur de jouer au volley avec d’autres filles, parce qu’on peut pas faire un seul échange sans que y’en est une qui s’écrie : oh, mon dieu, j’me suis cassé un ongle !, mais j’ai pas le choix.
- Ah bon ? pourquoi ?
- Parce que l’équipe d’Elo joue contre celle de Nelly.
- Et alors… ?
- Et alors, on va en profiter pour lui faire passer un sale quart d’heure, à cette salope !
- Qui ? Nelly ?
- Ouais !
- Mais vous avez quoi contre elle ?
- Quoi ?! répète un peu ?! Nelly… c’est la pire garce que le monde ait jamais crée !
- Développe… ?
- Ah, mais c’est vrai ! tu sais pas, toi.
- Non, je sais pas. Tu m’expliques ?
- Bon. Tu sais, l’année dernière, je t’avais dis qu’Elodie avait vécu un chagrin d’amour…
- Oui.
- Et bien, je t’ai pas dis pourquoi elle a autant déprimé ! figure-toi que le mec en question, ça faisait un an qu’elle sortait avec. Elle en était complètement folle amoureuse, elle lui a même donné sa…
- Sa… ?
- Virginité.
- Ok, ok. Jusque-là, je te sui.
- Et, l’année dernière, un jour, elle les a surpris.
- Qui ?
- Son mec et Nelly.
- Ah…
- Mais, ce que tu sais pas, c’est qu’à l’époque, Nelly était la meilleure amie d’Elodie. Elles se connaissaient depuis le CM1 !
- Ah… en effet.
- Ma sœur a déprimé pendant un mois entier. Elle faisait que pleurer, elle voulait plus rien manger, elle voulait plus aller en cours… je te jure, de la voir comme ça, c’était horrible !
- Je m’en doute.
- Et puis, subitement, un jour, elle s’est remise à péter la forme ! du jour au lendemain, elle était redevenue la Elodie débordante d’énergie de d’habitude, en disant qu’elle allait pas passer sa vie à se morfondre à cause d’un mec, qu’elle avait encore toute sa vie devant elle, etc, etc !
- Ah ouais, je vois bien Elodie faire ça, en plus ! fit Morgan en riant. »
Je souris.
« - Mais depuis, on porte toutes les deux une vieille rancune envers Nelly, dis-je. Parce que quiconque fait du mal à l’une des deux jumelles, il fait mal à l’autre. C’est comme ça. »
Morgan acquiesça.
« - Et Elodie t’a suppliée de rejoindre son équipe aujourd’hui pour la battre ?
- Oh, non, fis-je. C’est pas gagner, qu’on veut.
- Ah bon ? c’est quoi, alors ?
- On veut lui faire passer un sale quart d’heure. Autrement dit, on va faire en sorte qu’à chaque fois qu’on aura une occasion, on lui enverra le ballon dans la gueule !
- Ah, ok ! fit-il en riant.
- Oui. Alors, tu vois à quel point Nelly est une vraie pute ?
- Ouais. Le genre de filles à coucher avec un mec dès le premier soir…
- Hein ?
- Non rien.
- Comment tu sais ça ?
- Oublie.
- T’as couché avec elle ?
- Moi ? enfin, je couche pas avec la première fille qui passe ! c’est pas mon genre, quand même…
- Mytho ! c’est ce que tu fais tout le temps ! »
Morgan détourna le regard.
« - Roh, j’y crois pas ! comment t’as pu te taper une salope pareille ?
- Oh, ça va ! c’était en début d’année, je pouvais pas savoir que vous la détestiez !
- Pff ! en plus, comme par hasard, je parie qu’elle assure au lit, cette garce !
- Quoi ? tu plaisantes, là ?
- Ben… j’en sais rien.
- Nelly ? n’importe quoi ! c’est trop pas un bon coup, cette fille !
- Sérieux ?! m’exclamai-je.
- Mais ouais ! elle a un joli visage, tu vois, mais sinon, elle est trop, trop mal foutue ! déjà, elle est toute maigre, c’est dégueulasse ! j’te jure, on voit ses os, c’est trop laid, t’as l’impression de baiser un squelette !
- Je croyais pourtant que c’était ça que t’aimais, les filles trop maigres !
- N’importe quoi ! j’préfère une fille un peu ronde plutôt qu’un squelette ambulant ! en plus, bon, évidemment, elle est plus plate qu’une gamine de huit ans ! elle a pas la taille marquée, elle est toute droite, elle a le cul plat, et ses jambes, on dirait des pottos !
- Des pottos ?
- Ouais, elle a les chevilles hyper épaisses, c’est trop laid !
- Tu préfères les chevilles fines ?
- Ben, ouais. Comme toi.
- Comment tu sais qu’elles sont fines ?
- Ben, je vois celles d’Elodie tous les jours, alors comme vous êtes jumelles…
- Ah, ben, oui, évidemment.
- Et puis, elle assure vraiment pas, Nelly. Je recommencerai jamais avec elle, crois-moi. »
Je souris.
« - Bon, alors, tu me laisses jouer avec Elo ?
- No problemo, princess. »


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre III, Petite leçon d'informatique ^^   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:49

Lorsque nous arrivâmes au gymnase, l’équipe de Nelly était vêtue des tenues rouges. Dans l’équipe d’Elodie, on devait s’habiller en bleu. Alors que j’étais en jogging, toutes les autres avaient des shorts ou des minishorts. Hormis le groupe des lèches bottes, les trois intellos de la classe encore plus coincées que moi. Mais bon, quitte à choisir, je préférai traîner avec elles plutôt qu’avec les amies de Nelly.
Alors que les garçons s’installaient sur les gradins en attendant leur tour, nous nous plaçâmes de chaque côté du filet.
« - C’est toi qui sers en premier, Alex ! me dit Elodie.
- Okay. »
Je me mis derrière la ligne jaune qui délimitait le terrain et envoyait la balle de l’autre côté. Les quatre autres regardèrent la balle passer et la laissèrent tomber à terre sans qu’une seule ne bouge son cul pour la rattraper.
« - Oh, zut ! fit Pauline, celle qui était censée la rattraper. J’ais pas réagis !
- Moi non plus ! lui répondit Nelly. »
Je levai les yeux au ciel, exaspérée. Morgan, installé au deuxième rang, éclata de rires en voyant mon air blasé.
« - Un point pour nous ! fit Elodie, toute fière, en levant les bras pour leur faire signe de renvoyer la balle. »
Les quatre pétasses s’exécutèrent et je rattrapai le ballon. Puis je servis à nouveau. Cette fois-ci, elles se jetèrent toutes les quatre pour la rattraper, se heurtèrent et tombèrent toutes par terre, sans qu’une seule ne soit fichue de renvoyer cette fichue balle !
« - Non mais… elles sont vraiment trop connes ! fis-je.
- On s’en fout, me répondit Cathy, ça nous rapporte des points. »
J’haussai les épaules.
« - C’est pas gagner, que je veux, c’est jouer ! répliquai-je.
- Si tu voulais jouer, fallait pas te mettre avec les filles, Alex ! me répondit Morgan, triomphant, du haut de ses gradins. »
Je lui répondis par un doigt d’honneur et il ria de plus belle.
« - Bon ! fit Elodie aux rouges. Vous nous faîtes quoi, là ? vous avez l’intention de rester par terre toute la journée ?
- Mais, enfin, fis-je, ne les bouscule pas trop, Elodie, jouer risquerait d’abîmer leur précieuse manucure !
- T’as raison ! ria Kelly, la fille qui était dans notre équipe. Ou bien leur tout nouveau brushing ! ».
J’éclatai de rires. Nelly et ses poufiasses se relevèrent en nous lançant des regards glacés. Je leur souris.
« - 2-0 ! dis-je en levant les bras. »
Irène me renvoya la balle de toutes ses forces avec – je suppose – sans doute pour but de me toucher au visage, mais étant donné qu’elle avait fourré tout ce qui lui était utile dans ses gros nichons et non pas dans ses muscles ou dans sa cervelle, je la rattrapai avec une facilité qui sembla la vexer. Et oui, avoir des seins plus gros que ceux des autres nanas ne rapporte rien d’autre qu’un mal de dos, poulette ! pensai-je.
Je servis une nouvelle fois. Sur Aurélie, cette fois. Et on fut enfin capable de faire un échange ! Elodie renvoya la balle qu’Aurélie lui avait lancé à l’aide d’une manchette, et Nelly frappa dans le ballon de toutes ses forces. Je sautai et smashai sur elle. La balle l’atteint en pleine tête et elle tomba par terre en poussant un cri strident.
« - Yeahh !! m’exclamai-je. »
Je me retournai et frappai dans la main qu’Elodie me tendait.
« - 3-0 ! tonna Cathy. »
Je jetai un regard en coin à Morgan. Celui-ci leva son pouce pour me dire que c’était bien envoyé et je répondis par un sourire.
Nelly se releva tant bien que mal – bien fait pour elle ! – et nous envoya la balle.

Le match se déroula ainsi, lentement. Nous ne fîmes évidemment pas toujours des échanges et, lorsque nous en faisions, ça ne durait jamais bien longtemps. A la fin de l’heure, nous gagnâmes l’équipe des rouges 18-9. Mais, pour nous, avoir gagné ne nous rapportait rien – sinon un peu de fierté et des chevilles plus enflées qu’à l’ordinaire – ce qui nous rendait heureuses, c’était d’avoir pu envoyer la balle dans la tête de Nelly au moins une bonne quinzaine de fois durant le match.
Nous étions en train de nous changer lorsque la porte s’ouvrit subitement sur Morgan.
« - Kyaah ! cria Pauline de sa voix de niaise. Morgan ! qu’est-ce que tu viens faire dans le vestiaire des filles ?! ».
Morgan sourit. Il posa le bras contre le mur et se pencha vers elle jusqu’à ce que leurs nez se touchent presque et il dit d’une voix calme :
« - Désolé de te décevoir, le laideron, mais c’est pas toi que je viens mater. »
Puis il se releva.
« - Alex ! cria-t-il. »
J’arrêtai de boire et me montrai. J’étais en soutif, n’ayant rien d’autre que mes deux mitaines pour couvrir mes bras, mais je m’en foutais.
« - Quoi ? aboyai-je.
- Hé, fit Morgan, c’est pas parce que t’as un ventre ultra plat et plein d’abdos que tu dois te pavaner en soutar !
- Je t’informe que tu es ici dans le vestiaire des filles, que je suis en train de me changer et que, par conséquent, j’ai tout à fait le droit de me balader… en soutar, comme tu dis. »
Morgan haussa les épaules.
« - Peu importe ! fit-il. Tu viens avec moi !
- Quoi ? où ça ?? ».
Il ne répondit pas. Il s’accroupit, me saisit par le ventre et me fit basculer sur son épaule. Il se releva.
« - Lâche-moi, Morgan !! m’écriai-je aussitôt. »
Mais il n’écouta pas. Le jeune homme se prépara à sortir, malgré mes protestations, quand Elodie l’arrêta :
« - Morgan Hawkins ! cria-t-elle. »
Le jeune homme se retourna.
« - Oui ? fit-il d’une petite voix.
- Où est-ce que tu emmènes ma sœur ?
- Dans le vestiaire des gars.
- Ah ! et qu’allez-vous en faire ?
- Ben, on va la partouzer, répondit celui-ci.
- QUOI ?! m’écriai-je.
- Ah, bon, fit Elodie, si ce n’est que ça, tu peux l’emmener !
- Merci, m’zelle !
- QUOI ?! répétai-je. TRAITRESSE ! T’ES PLUS MA SŒUR !!
- Tu me remercieras plus tard, Alex ! fit-elle avec un sourire angélique. »
Lorsque Morgan débarqua, moi sur son épaule, dans le vestiaire des mecs, tous poussèrent des cris de triomphe comme s’ils avaient gagné la guerre.
« - Ouais, Alex ! crièrent-il.
- A la douche !
- Quoi ?!
- A la douche ! à la douche !!
- Non ! non, Morgan, pas la douche ! suppliai-je.
- Si, princesse ! fit-il.
- Noon ! je viens de mettre mon jean, en plus !!
- Alex, à la douche ! Alex, à la douche !
- NON !! ».
Morgan me reposa par terre, alluma la douche et me poussa vivement en dessous, tandis que les mecs poussaient des cris de victoire, complètement refaits.
« - Bande d’enculés…, murmurai-je. »
Furieuse, je tirai Morgan par le t-shirt pour le forcer à venir aussi et nous nous retrouvâmes tout deux trempés.
« - Salope ! rigola-t-il. »
Mais il ne chercha pas à sortir et nous restâmes sous la douche en riant.
Lorsque Elodie sortit à l’extérieur après s’être changée, elle trouva Yoann, seul, assit sur un banc, l’air fâché et vexé. Elle eut un petit sourire en coin puis alla s’asseoir à côté de lui.
« - Aaah ! soupira-t-elle. C’était cool, ce cours, pas vrai ?
- Ouais, fit vaguement l’autre.
- Qu’est-ce qu’y a ? tu fais une de ces têtes ! t’as perdu ou quoi ?
- Non. On a gagné.
- Alors pourquoi tu boudes ?
- Parce que.
- C’est à cause d’Alex, pas vrai ? »
Yoann se retourna subitement vers elle.
« - Alex ? répéta-t-il, avec un air plus inquiet que surpris.
- Oui, Alex et Morgan, qui sont devenus super proches ! c’est ça, qui t’énerve, pas vrai ?
- Ben, un peu, mais…
- Ça va. Pas la peine d’inventer une excuse. On connaît tous ton petit secret.
- Mon petit secret… ?
- Oui. Cathy, Jason et moi, on sait très bien que t’es amoureux d’Alex depuis le CM2 !
- Moi ? s’exclama-t-il. Amoureux d’Alex ? non mais qu’est-ce que vous allez imaginer… !
- Arrête de mentir ! on sait. Ça se voit ! dans tes yeux, dans ton attitude, dans tes paroles, t’es complètement dingue d’Alex ! et je me demande comment elle fait pour pas s’en rendre compte, d’ailleurs ! c’est clair comme de l’eau de roche.
- Je…
- Et ce qui est en train de t’arriver, c’est que tu réalises qu’Alex ne sera pas toujours à ta disposition puisque la carte Morgan a été jouée et qu’il est en train de te la piquer ! et ça, ça te fait bien chier, pas vrai ?
- Ouais…, avoua-t-il.
- Yoann…, soupira Elodie. T’as eu des années pour te déclarer avant ! pourquoi tu l’as pas fait ?
- Je… j’avais peur.
- Et maintenant, Alex est en train de tomber amoureuse de Morgan ! alors, si tu veux mon avis, t’as intérêt à te déclarer à elle le plus vite possible ! sinon, ne viens pas te plaindre de t’être fait couper l’herbe sous le pied !
- Pff… c’est pas aussi simple.
- Je sais. Mais qui ne tente rien n’a rien, non ? il ne te reste plus qu’une carte à jouer : déclaration !
- Ouais, mais qui me dit qu’elle pourra battre la carte Morgan ?
- Ça, seul l’avenir peut nous le dire ! fit Elodie. »
Elle sourit et tapota l’épaule de Yoann.
« - Allez, fit-elle, tout espoir n’est pas perdu ! mais c’est pas en faisant ta tête de cochon et en étant jaloux qu’Alex te choisira ! alors, remue-toi ! ».
Lorsque Morgan et moi sortîmes du vestiaire, nous étions trempés jusqu’aux os. Il mit son bras autour de mon cou et m’attira vers lui.
« - Ahh, soupira-t-il. Chuis content.
- Ah bon ? fis-je d’un air soupçonneux. Et pourquoi ?
- Ben, parce que ce soir, tu dors chez moi ! dit-il tout naturellement.
- Ah, pour ça.
- Ben quoi ? t’es pas contente, toi ?
- Si, si.
- Moi, chuis tout excité ! ».
Je levai un sourcil.
« - Excité ? répétai-je.
- Ouais, mais pas dans le sens où tu l’entends, perverse ! comme un gamin qui s’apprête à ouvrir un cadeau, si tu veux !
- Ah ok.
- T’es pas excitée, toi ?
- Pas vraiment.
- Moi, chuis impatient ! j’ai trop hâte d’être ce soir.
- Moi, j’éprouve plutôt de l’appréhension, si tu veux savoir.
- Ah bon ?
- Ouais. »
Morgan se tut un moment.
« - Ah, c’est à cause de ce que je t’ai dis, pas vrai ? dit-il finalement. T’inquiète pas, je vais rien te faire. Je suis pas du genre à forcer une fille, moi. Et puis, je tiens trop à toi pour faire ce genre de connerie. Je sais bien que si on couchait ensemble, ça changerait tout, entre nous. Alors, j’ai pas l’intention de te toucher si je t’aime pas. Je te le jure. »
J’acquiesçai. Ça se voyait qu’il était vraiment sincère, et cette idée me rassura et me fit chaud au cœur. Morgan était un peu trop franche : il disait tout ce qu’il pensait sans se soucier des conséquences. Il n’était pas du genre à mentir non plus. Quand il avait quelque chose à dire, il le disait. C’était bien, mais c’était aussi une attitude susceptible de lui apporter des ennuis…
Comme il ne disait plus rien, je finis par rompre le silence :
« - T’inquiète. Tout ce que t’as dis, je le sais très bien. »
Je lui souris, puis posai ma tête sur son épaule.
« - Moi aussi, je suis contente d’aller chez toi ce soir, murmurai-je. Mais, ce qui me fait peur, c’est l’idée qu’on m’ajoute à la liste des filles que t’as baisées.
- Mais non, fit-il. T’inquiète. Les filles avec qui je passe mes nuits, je les laisse jamais venir chez moi !
- Ah bon ?
- Ben ouais ! pour qui tu me prends ? je m’envoie peut-être en l’air avec n’importe quelle nana, mais je laisse pas n’importe qui entrer chez moi ! seuls ceux qui le méritent y ont droit !
- Wahoo, je suis un cas à part, alors !
- Evidemment !
- Tu vas où, alors, quand tu couches avec ces filles ?
- Chez elles, ou dans un hôtel. T’es bête ! tu croyais quand même pas que j’allais te mettre dans le même sac que ces pétasses ?
- Ben… j’en sais rien, moi.
- Mais non. Tu vas avoir le privilège d’entrer dans mon appart’ ! bon, il est pas super bien rangé, par contre, je te préviens. »
Je souris.
« - T’aurais pu faire un effort, quand même ! dis-je.
- Pourquoi ?
- Pour moi !
- Pour toi ? répéta-t-il.
- Ben oui !
- Tu parles ! c’est pas comme si t’étais quelqu’un d’important !
- Salaud !
- Je sais ^^ !! fit-il avec un grand sourire. »

Lorsque nous arrivâmes au lycée, cinq minutes après la sonnerie, nous sortîmes notre déjeuner puis posâmes nos sacs dans un coin du bahut. Nous rejoignîmes Elodie, Cathy, Yoann et Jason, qui étaient tous les quatre installés sur l’une des tables de bois, ayant déjà avalés la moitié de leur repas.
« - Saluuut ! fis-je avec un grand sourire.
- Ah ! fit Cathy. Des revenants !
- Revenants ? répéta Morgan en s’asseyant à côté d’elle. T’es gonflée ! c’est vous qui nous avez pas attendu ! »
Je souris et m’installai à côté de Yoann. Je posai la tête sur son épaule et poussai un long soupir.
« - Morgan m’a passée sous la douche ! fis-je. Et toi, Yo, t’es même pas venu me secourir !
- J’avais aucune raison de le faire, puisque ça semblait te plaire, rétorqua-t-il d’un ton qui me glaça le sang. »
Tous s’arrêtèrent de manger pour le regarder. Je relevai la tête et le dévisageait avec des yeux ronds. Le regard de Yoann croisa celui d’Elodie et il sembla se raviser. Il m’adressa alors un sourire forcé.
« - Je plaisante, Alex, fit-il d’un ton qui me paru faux. C’est juste que te faire arroser, c’est tout ce que tu mérites, petite pucelle ! »
Je lui donnai un coup de poing dans l’épaule.
« - T’es pas sympa ! fis-je. Et depuis quand t’as pactisé avec Morgan, hein ?
- Hé, pourquoi tu prononces mon nom comme s’il s’était agi d’une insulte ?! s’exclama celui-ci.
- Parce que pactiser avec toi, c’est comme vendre son âme au diable ! rétorquai-je. »
Morgan ria.
« - Alors dans ce cas, tu m’appartiens ! fit-il. Etant donné qu’on a fait un marché…
- Hein ? s’exclama Elodie. Comment ça, quel marché ? pourquoi chuis pas au courant, Alex ?
- Parce que ta sœur jumelle ne te dis pas forcément tous ses secrets, Elo, répliqua Morgan en mettant son index sur la tempe de celle-ci.
- Quels secrets ? fit celle-ci.
- Laisse tomber, dis-je.
- Et ben, maintenant que vous avez commencé, vous finissez ! fit Cathy.
- Ouais, continua Jason, c’est quoi ce marché ?
- C’est un secret, fis-je.
- Ben, fit Morgan, c’est à propos de la virginité d’Alex. Vous êtes au courant, pourtant ! vous étiez là quand on a fait la vente aux enchères !
- Ahhh ! fit Elodie.
- C’était ça, votre marché ? s’indigna Cathy.
- Ben… ouais, répondit Morgan. Tu t’attendais à quoi ?
- Chais pas, dit celle-ci en haussant les épaules. Un truc plus croustillant… »
Je poussai un long soupir de soulagement, remerciant Morgan du regard d’avoir inventé un mensonge aussi rapidement…
« - Alex ? fit soudainement Yoann, interrompant les conversations. »
Il était resté silencieux, et parlait soudainement d’une voix posée et calme.
« - Oui ? répondis-je.
- Tu viendras avec moi, quand t’auras fini de manger, après ?
- Euh, si tu veux… mais pourquoi ?
- Je dois te parler… de quelque chose d’important.
- Ah ? bon, bah, d’accord ! fis-je. »
Je souriais et mordis mon sandwich à pleines dents. Elodie eut un petit rire, mais elle refusa de dire ce qui l’avait amusée. Anthony arriva à ce moment-là.
« - Hého ! cria ma sœur. Tony ! »
Celui-ci sourit et s’avança vers nous.
« - Tu manges avec nous ? demanda Elodie avec ses yeux d’ange.
- Si tu veux, fit-il en s’asseyant en face d’elle, à côté de moi.
- On risque pas de te tailler, si tu manges avec des premières ? dis-je avec un sourire narquois.
- Ben, non, pourquoi ? »
J’haussai les épaules.
« - Pour rien, pour rien… »
Anthony avait un an de plus que nous, il était passé en terminale scientifique l’année précédente. A l’époque, les secondes étaient pas mal accros à lui. Mais, à présent qu’il y avait Morgan, elles avaient trouvé une nouvelle victime à mater. En plus, même si lui aussi avait un an de plus que nous, il était en première, et leur semblait donc plus accessible. Mais en réalité, je crois qu’il n’existait pas de mec plus inaccessible que Morgan…
Nous avions tous redoublés au moins une classe. Yoann et moi, c’était la seconde, Elodie, la troisième, Jason, la dernière section de maternelle, et Morgan, la première et la quatrième. Et oui, on faisait, à nous six, une belle brochette de cancres !



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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre III, Petite leçon d'informatique ^^   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:50

Lorsqu’on eut finit de manger, Yoann m’entraîna à l’écart. Il s’assit sur un banc et je l’imitai.
« - Alors ? fis-je. De quoi tu voulais me parler ?
- Alex…, commença-t-il. Je… euh… enfin… comment dire… ? »
Je fronçai les sourcils. Je n’avais jamais vu Yoann bafouiller autant.
« - Ben, vas-y, accouche ! dis-je. Qu’est-ce que tu veux ?
- Je… ne… ne vas pas chez Morgan ce soir ! s’exclama-t-il subitement. »
J’haussai les sourcils.
« - Pardon ? tu peux répéter ? fis-je.
- Je… je veux pas que t’ailles chez lui… !
- Ah bon ? fis-je en croisant les bras. Et pourquoi ça ?
- Parce que… tu … tu le connais à peine !
- Ça fait un mois.
- Bah, c’est pas beaucoup ! et puis, il est bizarre, parfois… il fait peur…
- Ah bon ? il fait peur ? pourquoi ? parce qu’il a des piercings et qu’il se met du crayon noir sous les yeux ? non mais… n’importe quoi ! cette mentalité… je la déteste ! pourquoi est-ce que, dès que quelqu’un est différent, les autres le rejètent toujours en disant qu’il est flippant, hein ?
- Parce que les gens ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas, Alex ! répondit Yoann.
- Et alors ?! parce que toi tu le comprends pas, moi, je devrai pas le comprendre non plus, c’est ça ?
- Mais non… Alex, écoute…
- Non ! j’en ai marre de toi et de tes caprices ! je sais pas ce que t’as en ce moment… mais tu me saoules complètement, tu sais ! t’es toujours en train de faire la gueule, quand je te pose une question, tu me réponds méchamment… et tu veux pas que j’aille chez Morgan parce que tu l’aimes pas ! mais en réalité, je vais te dire, moi ! tout ce que t’as, c’est que t’es jaloux ! jaloux de Morgan ! et tu sais pourquoi ? parce que, depuis qu’on est gosses, t’as jamais réussi à me comprendre comme il me comprend, lui ! t’as jamais réussi… à me dire des choses qui me font plaisir… ou à me dire que tu tenais à moi ! et si je suis aussi proche de Morgan, c’est parce qu’il est le seul à s’être jamais vraiment soucié de moi ! alors, fais-moi plaisir, arrête de me faire tes crises de jalousie et laisse-moi être aussi proche que ce que je veux de Morgan ! si t’es pas capable de le respecter, ou de le laisser prendre soin de moi… alors on a plus rien à faire ensemble ! »
Sur ce, je me levai et partis en courant. Il me semblait avoir un nœud dans la gorge, mais je n’avais aucune larme aux yeux. Aucune. Pourquoi ? pourquoi ne parvenais-je pas à pleurer dans un moment pareil ? Je venais quand même de me disputer avec mon ami d’enfance… alors pourquoi ?!
Lorsque Elodie vit revenir Yoann, seul, tête baissée et traînant des pieds, elle comprit que ça s’était mal passé. Elle se mordit la lèvre inférieure.
« - Alors ? demanda-t-elle à son intention. Comment ça s’est passé ? »
Morgan, Cathy, Jason et Anthony se turent pour les regarder tous les deux.
« - Mal, répliqua l’autre.
- Je m’en doutais… tu lui as dis ?
- Hein ? fit Cathy. Dis quoi ?
- Rien. C’est juste que, je peux le dire, de toute manière, c’est pas vraiment un secret, Yoann est jaloux de toi, Morgan, parce t’es super proche d’Alex, et que Yoann en est amoureux.
- Sérieux ? fit Morgan. T’es amoureux d’Alex ? »
Yoann ne répondit pas.
« - Mais c’est trop bien ! s’exclama Morgan.
- Trop… trop bien ? répéta Yoann.
- Mais oui ! tu vas pouvoir sortir avec elle ! et un petit ami, c’est exactement ce qu’il lui faut, à Alex !
- Quoi ? fit Elodie. Tu voulais pas sortir avec elle, à l’origine ?
- J’ai dis que ça me dérangerait pas. Mais comme je suis pas amoureux d’elle, je préfère qu’elle sorte avec Yoann. En plus, ils se connaissent depuis super longtemps. Pour Alex, sortir avec son ami d’enfance serait la meilleure des choses ! vous êtes pas de mon avis ? »
Elodie sourit.
« - T’as raison ! dit-elle.
- Et alors, tu t’es déclaré ? fit Morgan, tout excité.
- Non.
- Ah bon ? pourquoi ?
- J’ai pas réussi à lui dire. Et je me suis… planté sur toute la ligne !
- Comment ça ? fit Jason.
- Je lui ai demandé… de pas aller chez toi ce soir, Morgan. Ça l’a mise dans une rage folle… je sais pas pourquoi j’ai dis ça… c’est sorti tout seul… c’était bien la dernière des choses que je voulais dire en plus ! »
Yoann enfouit sa tête dans ses bras. Morgan se mordit la lèvre.
« - C’est clair que faire le jaloux, c’est pas la meilleure des façons d’avoir une fille, dit-il.
- Ça marche pour certaines, objecta Cathy.
- Oui, mais pas pour Alex ! rétorqua Morgan. Bon. Elle est partie où ? je vais la raisonner.
- Je pense… qu’elle a dû aller aux chiottes, dit Yoann.
- Aux chiottes ? répéta Morgan.
- Pour pleurer, sans doute, fit Elodie. »
Morgan ouvrit de grands yeux.
« - Et tu l’as laissée faire ?! fit-il. Non mais… t’es vraiment trop con, toi ! ».
Yoann le regarda sans comprendre, mais Morgan était déjà parti en courant, en direction des toilettes.
Je poussai un soupir de soulagement lorsque la pointe du compas s’enfonça dans ma peau. Adossée à la porte, enfermée à clef, je m’entaillai le bras pour la quatrième fois déjà quand Morgan entra dans les toilettes pour filles.
« - Alex ? fit-il. »
Il baissa la tête pour voir dans quelle cabine je m’étais enfermée.
« - Laisse moi ! fis-je.
- Allez, sors de là, répondit-il.
- Non !
- Alex, c’est pas si grave, tu sais…
- Si, ça l’est ! Yoann… il a dit des choses vraiment méchantes sur toi !
- Il le pensait pas… il a dit ça parce qu’il était énervé. Faut pas lui en vouloir.
- Non ! je lui pardonnerai pas ! il m’énerve de plus en plus ! je sais pas c’est quoi son problème, mais il commence à me gonfler !
- Son problème, c’est toi.
- Moi ?
- Il tient beaucoup à toi, Alex. A un point que tu peux même pas imaginer.
- Non !
- Si.
- Non !! s’il tenait à moi, il ne me ferait pas souffrir !
- Il est juste un peu maladroit. Il faut que tu lui pardonnes. Sinon, il s’en remettra pas. Et puis, c’est pas si grave… y’a pas mort d’homme.
- Qu’est-ce que ça peut bien te faire, à toi, que je lui pardonne ou non ?!
- Parce que je sais que tu seras malheureuse si tu te réconcilies pas avec lui. Et moi, mon job, c’est de faire de toi la fille la plus heureuse du monde, non ? alors, je veux que tu sortes de ces chiottes et que tu m’adresses ton plus beau sourire ! »
Je soupirai. Pourquoi était-il toujours aussi acharné ? Je finis tout de même par me lever et par sortir des toilettes, avec un faible sourire pour Morgan, qu’il me rendit. Il me caressa le front et soupira :
« - Toi, alors… t’es bien la fille la plus compliquée que j’ai jamais rencontrée !
- Désolée… de te causer autant de soucis, Morgan.
- C’est rien. Fais-moi voir ton bras ! »
Je m’exécutai.
« - Pff… c’est pas joli-joli. Avec quoi tu t’es fais ça ?
- Avec la pointe de mon compas. »
Morgan hocha la tête.
« - Je vois, dit-il. »
Il tendit la main vers moi.
« - Ton compas ? »
Je soupirai, puis lui donnai l’objet.
« - Confisqué, fit-il. »
Il le rangea dans sa poche.
« - Et comment je vais faire, moi, pour les maths ? demandai-je. »
Il sourit.
« - Je te les rendrai quand on sera en cours, répondit-il. Bon, allez, on va rejoindre les autres ?
- D’accord… »

Lorsque nous retrouvâmes le petit groupe, j’adressai un sourire amical à Yoann, et qu’il me rendit. C’était un signe très clair, entre nous deux : c’était ce qu’on faisait à chaque fois que l’on s’était disputés, et qui signifiait « on fait la paix ? », comme l’auraient fait des gamins de sept ou huit ans.
Mais Yoann baissa néanmoins la tête et, chaque fois que je le regardai, il détournait aussitôt la tête, fuyant mon regard.

Finalement, la journée passa plus vite que je ne l’aurai cru. Mon ventre se mit à me tourmenter à l’idée que je passai la nuit chez Morgan. J’étais à la fois impatiente et terrorisée. Morgan était vraiment imprévisible, parfois. Et, même si je ne cessai de me répéter les paroles rassurantes qu’il m’avait adressées dans la matinée, je ne pouvais m’empêcher d’éprouver de l’appréhension.
Je dis au revoir à Elodie qui se dirigea vers l’arrêt de notre bus, puis suivit Morgan jusque sa moto. Il me tendit un casque.
« - Tiens, dit-il. T’inquiète pas, j’en ai acheté un deuxième. »
Il sourit.
« - J’ais pas l’intention de crever avant de t’avoir baisée, poulette, fit-il. »
J’ouvrai de grands yeux et il éclata de rires.
« - Fais pas cette tête ! fit-il. Je plaisante ! toi, alors !! c’que tu peux être coincée, parfois !!! allez, mets ton casque, princesse ! ».
Il mit le sien et monta sur sa moto. Je l’imitai en fronçant les sourcils. Pourquoi fallait-il toujours qu’il trouve le moyen de me mettre mal à l’aise ?

Morgan gara sa moto devant un immeuble un peu délabré. Nous descendîmes. Il sortit sa clef et nous entrâmes dans le hall. Un long couloir au carrelage qui, jadis blanc, avait viré beige, et des murs tapissés en…
« - Rose. Ma couleur préférée, fis-je – ironiquement, bien sûr. »
Morgan éclata de rires et cela résonna dans tout le bâtiment.
« - Pas rose ! objecta-t-il. Violet clair !
- Ouais, violet très très clair, alors !
- Ben, faut bien que je me dise ça, si je veux pas être démoralisé dès le matin en voyant cette étendue de…
- Rose, achevai-je.
- Ouais, voilà. J’arrive même pas à prononcer le mot tellement ça me dégoûte…
- C’est moche, le rose.
- Ouais, fit-il.
- Pourtant, le mot en lui-même est pas si moche… une rose noire, par exemple, ça a la classe, tu trouves pas ? »
Il hocha la tête.
« - Je préfère les rouges, dit-il. »
Je souris.
« - Bon, alors, t’habites où ?
- Ben…là. »
Je fronçai les sourcils.
« - Tu dors dans le hall d’entrée, toi ? fis-je. T’es SDF ?
- Ouais. Tu savais pas, encore ? »
Il sourit, puis dit :
« - Bon, allez, viens, au lieu de dire des conneries. C’est au deuxième étage. »
Arrivés devant sa porte, il mit la clef dans la serrure, la tourna, puis poussa la porte.
« - C’est vraiment pas rangé, insista-t-il.
- Je sais, je sais, fis-je.
- Bon… les princesses d’abord, alors. »
Il s’écarta et me laissa passer. Il alluma la lumière.
« - Enlève tes chaussures, par contre, dit-il. »
J’obéis et Morgan fit :
« - Une noire et une rouge… sympas, tes chaussettes. »
J’haussai les épaules.
« - Si ça te dérange, t’as qu’à pas regarder mes pieds ! fis-je.
- T’as raison… elles sont trouées, en plus ! »
Je levai les yeux au ciel puis tournait les talons pour entrer dans le salon. Comme l’avait dit Morgan, c’était pas spécialement bien rangé, mais ma chambre était bien pire.
Il y avait un fauteuil deux places en face d’une petite télé, ainsi qu’une vieille playstation1, posée par terre, avec tous les fils allant un peu dans tout les sens.
Par terre étaient éparpillés des boîtes de CD vides, ou bien des CD sans boîtes, que ce soit des jeux vidéos, de la musique ou bien des DVD. Des paquets de clopes, vides, ainsi que des emballages de mars et de kinder bueno, ou bien des paquets de chips à moitié plein.
Sur le fauteuil étaient éparpillés les fringues que Morgan avait mises dans la semaine. Un sourire se dessina sur mes lèvres, et cela n’échappa pas à celui-ci.
« - Quoi ? fit-il. Qu’est-ce qu’y a ? qu’est-ce qu’y te fait rire, hein ?
- Rien, dis-je. Rien du tout. Bon, tu me fais visiter ? »
Morgan m’adressa un regard soupçonneux puis haussa les épaules. Il m’entraîna dans la cuisine. Le bol du petit déjeuner, encore plein du lait qu’il n’avait pas bu, était toujours sur la table, et il s’empressa de le mettre dans l’évier, parmi le reste de la vaisselle sale qui n’avait pas encore été faîte.
Mon sourire s’agrandit, ce qui eut le don d’agacer le jeune homme.
« - Mais-euh ! fit-il. Qu’est-ce qu’y a, à la fin ?
- Mais rien ! répondis-je. Je me disais juste que…
- Que… ?
- Non, rien.
- Et ben, finis ! que quoi ?
- Que j’aimais bien ton appart’. »
Morgan me regarda sans comprendre.
« - Mytho, souffla-t-il. Il est tout petit, et puis, il est crado.
- Justement.
- Quoi, justement ?
- C’est ce que j’aime bien !
- T’es zarb, toi ! les filles aiment plutôt ce qui est grand et propre, d’habitude !
- N’importe quoi !!
- Si !
- Ben, les autres filles, peut-être, mais pas moi ! moi, j’ai une sainte horreur de la perfection. Ce qui est parfait, les gens trop irréprochables, tout ça, moi, je déteste ! ça me dégoûte plus que tout.
- Ah ? ben, tu dois me détester, alors ! puisque je suis parfait !
- Pff… n’importe quoi ! c’est vrai qu’en apparence, tu sembles parfait, mais… c’est jusque l’image que tu te donnes. Pour avoir l’air normal… mais en vérité, t’es pas un mec comme les autres. Parce que… t’es différent, c’est tout. C’est comme ça. Et t’es loin d’être parfait… je dirai même que t’es la personne la plus imparfaite que j’ai jamais rencontrée…
- Sympa. J’apprécie, vraiment.
- Roh… mais le prends pas mal !
- Ben, attends, t’es en train de me dire que je suis la pire thon que t’as jamais vu… j’ai de quoi le prendre mal !
- Mais non ! tu comprends pas ! c’est pas du physique que je parlai. Parce que, physiquement, t’as pas besoin de moi pour le savoir, que t’es parfait ! mais, moi, je te parlai… à l’intérieur. T’aimerai… qu’on pense que t’es le type génial, super sympa, qui plaît à tout le monde, et que tout le monde adore, mais… en réalité, t’as juste la frousse qu’un jour, plus personne ne t’apprécie… t’as peur d’être seul. Et, tout ce que tu veux, c’est te fondre dans la masse, être comme tout le monde… mais c’est faux. T’es pas comme les autres. T’es différent. Et t’es pas parfait non plus. C’est un vrai chaos, ce qui se passe dans ta tête. Y’a plein de trucs que t’as du mal à comprendre ou à accepter… mais tu dis jamais rien. T’as trop peur… de révéler celui que tu es vraiment, t’as trop peur qu’on te rejette… alors tu fais comme si de rien n’était. Tu fais comme tout le monde. »
Il me regarda avec des yeux écarquillés. Je souris.
« - Tu vois, fis-je, moi aussi, je te connais par chœur. »
Morgan resta bouche bée.
« - Alors, maintenant, t’as plus à avoir peur… si tu veux me parler de quelque chose, ou si tu vas pas bien… je suis là, moi. Si t’as besoin d’être écouté.
- C’est plutôt moi, qui te dis ce genre de chose, d’habitude, non ?
- Peut-être… mais, même si tu te mutiles plus, toi aussi, tu souffres. Alors, je vois pas pourquoi je devrai te laisser me guérir sans t’aider en retour… »
Morgan sourit. Il se pencha vers moi jusqu’à ce que nos fronts se rencontrent.
« - Merci, princesse, souffla-t-il. »
Il ferma les yeux.
« - Ça fait peut-être qu’un mois qu’on se connaît… mais tu peux pas savoir à quel point tu m’es précieuse, murmura-t-il. »
Il se releva, et m’adressa son sourire charmeur.
« - Bon, maintenant qu’on a fait la séquence romantique, on peut passer à celle du sexe, non ?! fit-il vivement.
- Dans tes rêves ! répliquai-je.
- Rohh… t’es pas cool, Alex.
- M’en fous.
- Même pas une petite pipe ?
- Jamais de la vie ! »
Morgan baissa la tête.
« - Ok, ok, fit-il, tout penaud.
- Et c’est pas la peine de prendre ton air de chien battu, ça me fera pas changer d’avis. »
Il releva la tête, m’adressant un sourire pervers. Je levai les yeux au ciel.
« - Bon, fis-je, et tu veux pas me dire où sont les chiottes ? ça fait depuis 14h que je me retiens !
- Sac à pisse, va, fit-il en m’indiquant la porte du doigt.
- Merci ! ».


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre III, Petite leçon d'informatique ^^   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:51

Lorsque je sortis des toilettes, Morgan me proposa un truc à boire. Mais, lorsque je vis que le contenu de son frigo se limitait à de l’alcool, j’optai plutôt pour un verre de lait. Morgan avait commencé par sortir une bouteille de Desperado, mais finit par m’imiter et but un grand verre de lait. Quand nous eûmes finit, il dit :
« - Bon, on passe à l’attaque ? »
J’haussai un sourcil et il éclata de rires.
« - Allez, viens m’expliquer comment marchent ces conneries, princesse ! fit-il. Mon ordi est dans ma chambre…
- Ok, fis-je en restant impassible. »
La chambre de Morgan était tout aussi en désordre que le salon, si ce n’était pas plus. Des vêtements éparpillés un peu partout, les volets étaient fermés, et ça sentait le renfermé et la transpiration. Je fus soulagée de m’apercevoir que Morgan était encore pire que moi, lorsqu’il s’agissait de rangement.
Morgan alluma la lumière et m’adressa un petit sourire gêné qui le rendait encore plus craquant que son sourire de séducteur… du moins, selon moi.
Il navigua à travers son océan de linges et de boîtes vides éparpillées, pour sortir son ordinateur portable de sa housse, qu’il posa sur son lit, un genou sur celui-ci, et alluma l’engin.
« - Te gêne pas, hein, fit-il. Fais comme chez toi. »
Facile à dire…, pensai-je.
Je me mordis la lèvre mais m’avançai vers lui, restant debout. Il leva les yeux sur moi et poussa un long soupir. Il se releva, posa les mais sur mes épaules et appuya de toutes ses forces pour me forcer à m’asseoir sur le lit.
« - Mais… ! fis-je. Je suis très bien debout !
- Arrête de jouer les saintes ni touches, Alex ! ça me gonfle. »
Puis il tourna les talons, et alla ouvrir la fenêtre ainsi que les volets.
« - Hé… pourquoi ton ordi s’est éteint ? fis-je.
- J’en sais rien. Il m’a fait le même coup hier !
- Ahh, fis-je. Il a plus de batterie, nan ?
- Hein ? ça a de la batterie, ces trucs ?
- Evidemment ! tu savais pas ?
- Ben…non.
- T’exagère ! tu l’as pas mis à charger ?
- Bah non !
- T’es trop pas doué, toi ! ».
Je me relevai vivement, attrapai la housse de l’ordinateur et fouillai dans les poches pour en sortir un câble que je branchai à l’engin puis à la prise la plus proche. Je m’installai en tailleur devant l’ordi et Morgan vint s’allonger, sur le ventre, à côté de moi.
« - Bon, fis-je. Déjà, si tu le mets pas en charge, tu risques pas de t’en sortir !
- Ça va, j’ai pigé, rétorqua-t-il, vexé.
- Hé ! fais pas la tête !
- Si.
- Mais…
- Tu t’es moqué de moi. T’es chiante. Les ordinateurs, je les ai jamais vu qu’à la télé, alors fais-moi pas chier, j’ai le droit de pas m’y connaître !
- Oh… mais te fâche pas ! c’est bon, je me moquerai plus de toi, ok ?
- Promis ? »
Je levai les yeux au ciel.
« - Promis, lâchai-je. »
Morgan sourit.
« - Bon, alors ça va, dit-il. Et une fois qu’il est allumé, je fais quoi ?
- Bon, déjà… les trucs de bases. »
Je me mis à lui expliquer les trucs classiques qui concernaient l’informatique : comment fonctionnait le lecteur de musique, Paint, Word, Excel, et j’en passe. J’avoue que ce ne fut pas de tout repos. Mais y parvint tout de même. Et, une fois qu’il eut à peu près compris comment fonctionnait la majeur partie des programmes de l’ordinateur, je lui annonçai avec un grand sourire qu’on allait pouvoir passer à Internet.
Je cliquai sur l’icône et cela m’ouvrit directement la page du moteur de recherches Google. Je souris.
« - Bon, fis-je. Tu vois cette barre ?
- Ouais.
- Ben, là-dedans, tu peux taper tout ce que tu veux, ça te trouvera forcément un truc.
- Sérieux ?
- Ben… ouais. C’est ça le principe d’Internet !
- Alors, si on tape film X, ça va me trouver un truc ? »
Je levai les yeux au ciel.
« - Evidemment ! répondis-je.
- Woaa ! trop bien !
- Comme ça, tes vidéos pornos, tu pourras les voir directement de ton ordi et t’auras plus besoin de les louer, fis-je.
- Hé… à t’entendre, on dirait que je regarde que des trucs comme ça ?
- Ah bon… parce que c’est pas le cas ?
- Pour qui tu me prends, toi ? Des films pornos, j’en regarde que de temps en temps. Et, quitte à regarder des gens en train de baiser, j’préfère le faire en vrai !
- C’est de l’évidence même…, fis-je, blasée.
- Les films pornos, c’est vraiment pour les cas désespérés. Genre Henri, par exemple. Le premier d’la classe… lui, chuis sûr qu’à par sa mère et sa grand-mère, il a pas dû voir une seule fille en soutar dans toute sa vie !
- Et alors ? fis-je.
- Ben… c’est marrant.
- Je trouve pas, moi. Je trouve pas ça drôle… de se moquer des autres comme ça. C’est… injuste. »
Morgan me scruta du regard quelques instants, puis baissa les yeux.
« - T’as raison, dit-il. Je suis méchant. Désolé. »
Je souris.
« - Bon, fis-je, je vais t’installer msn, alors !
- Je veux bien… mais, c’est quoi ?
- C’est un truc qui permet de discuter directement avec les gens… bizarre que t’en ais jamais entendu parler. En tout cas, c’est super pratique. »
Je tapai dans la barre de recherche télécharger Windows live messenger, cliquai sur le premier lien qui apparut et mit le programme à télécharger.
« - Tu verras, dis-je, tu vas adorer !
- Ok, ok. Et je pourrai discuter avec toi, alors ?
- Ouaip.
- C’est cool, ce truc !!
- Et ouais, fis-je. C’est trop la classe, tu verras. »
Morgan sourit.
« - Finalement, c’est pas si compliqué, les ordis, dit-il. Mais, tout seul, j’y pigeai vraiment que dalle. »
J’acquiesçai. Morgan posa sa tête sur ma cuisse en poussant un long soupir.
« - En tout cas, enchaîna-t-il, je vais bien dormir, moi, cette nuit. Parce qu’avec toutes les infos qu’tu m’as fais emmagasiner, mon cerveau est complètement lessivé ! ch’te jure, j’crois qu’il a grillé ! »
J’éclatai de rires.
« - T’abuse ! j’ai pas été si dure, quand même !
- Non… mais c’est un peu chaud de tout understander.
- Understander ? répétai-je. Toi alors, t’as de ces expressions, des fois !
- Ben quoi ? t’as quoi contre mes expressions ?!
- Rien. Je les trouve marrantes, c’est tout. »
Je souris, puis passai doucement ma main dans ses cheveux. Ils étaient doux et fins. Et ils sentaient bon. Morgan ferma les yeux.
Je m’aperçus alors que l’ordinateur avait fini de télécharger msn. Cela me ramena à la réalité. J’enlevai vivement ma main du crâne de Morgan.
« - Mais… ! s’indigna celui-ci. Pourquoi tu t’arrêtes… ? »
Il releva la tête et vit alors que j’étais devenue écarlate. Il sourit.
« - Ben, qu’est-ce qu’y t’arrives, princesse ? t’as viré tomate farcie ?
- A… arrête ! c’est pas drôle ! »
Il frotta sa tête contre ma jambe.
« - Alleez… ! dit-il. Caresse-moi encore !
- Qu…quoi ? t’as fini de te prendre pour un chat, oui ?!
- Miaw ! fit-il en guise de réponse. »
Je soupirai, exaspérée.
« - T’es grave ! dis-je.
- Allez, j’aime trop qu’on me fasse c’que tu faisais… ! recommence !!
- Non !
- S’to plaît !! ».
Il se mit alors à me faire ses yeux doux, à la manière du Chat Potté dans Shrek2. Je ne pu m’empêcher de sourire devant une scène pareille… je poussai un long soupir puis fourrai de nouveau ma main dans les cheveux de Morgan.
« - Ouais ! fit celui-ci. »
Il reposa sa tête sur ma jambe, et ferma les yeux. J’eus presque l’impression qu’il se mettait à ronronner. Décidément, ce type était vraiment trop bizarre, parfois… mais n’était-ce justement pas ce qui faisait tout son charme ?


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IV, Rupture & Déclaration   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:53

Chapitre IV
Rupture et déclaration



Elodie et Cathy me sautèrent quasiment dessus lorsque nous arrivâmes au lycée, le lendemain matin, Morgan et moi. Elles m’attrapèrent par les vêtements et m’entraînèrent vivement à l’écart. Elles me plaquèrent contre un mur, aussi excitées l’une que l’autre.
« - Alors, alors ?! s’exclama Cathy.
- Raconte ! enchaîna Elodie.
- Raconter quoi ? rétorquai-je.
- Et bien, comment ça s’est passé ?! fit ma jumelle.
- Oui, les trucs croustillants, quoi ! ajouta Cathy.
- Mais, y’a rien à raconter ! m’exclamai-je.
- Comment ça, rien à raconter ? s’indigna ma frangine. Tu veux dire que t’as passé la nuit chez le beau gosse du bahut, dans l’appart’ du type le plus obsédé de toute la planète, et qu’il ne s’est rien passé ?!
- Ouais ! absolument rien !!
- Quoi ?! s’exclama Cathy. Rien de rien ?
- Rien de rien !
- Pas même un bisou ?
- Pas même un bisou !! je suis allée chez lui pour lui apprendre à se servir d’un ordinateur, alors, je lui ai appris à se servir de son ordinateur, point final ! je vois pas pourquoi il aurait dû se passer quoique ce soit de croustillant ! alors, si vous voulez un conseil, arrêtez vos délires, les filles ! il n’y a rien eut entre Morgan et moi, il n’y a rien, et il n’y aura jamais rien !!!! et ça, que vous le vouliez ou non !!!
- Ah, ça, c’est ce que tu crois ! fit Cathy.
- Oui ! surenchérit Elodie. Il ne faut jamais dire jamais !
- Car tout est toujours possible !! ajouta Cat. »
Je levai les yeux au ciel.
« - Vous voulez mon avis ? vous êtes toutes les deux complètement tarées ! et, si vous voulez tous savoir, c’est pas moi, le cas désespéré, ici, c’est vous !! vous avez un sérieux problème ! faudrait aller voir un psy, sérieux, ça craint ! je sais pas quelle case il vous manque… mais elle devait être d’une importance capitale ! parce que vous êtes totalement cinglées !!!
- Peut-être ! admit Elodie. Mais tu nous remercieras plus tard !
- Oui ! enchaîna Cathy. Nous faisons tout ça pour toi, et pour toi seule !
- T’es pathétique, Alex ! surenchérit ma sœur. Dormir chez Morgan Hawkins… et ne pas profiter de la situation… c’est carrément… stupide ! et dire qu’on est jumelles ! j’ai vraiment du mal à le croire, tu sais !! je te demandai pas de baiser avec lui… mais t’aurais au moins pu en profiter pour… je sais pas, moi ! l’embrasser, des trucs du genre… !
- Je suis pas comme toi, moi !
- Et c’est justement ça, ton problème, Alex !! Si t’étais comme moi, tu galérerai pas autant pour te trouver un petit ami !
- Et ben, je suis comme je suis, et puis c’est tout ! et puis, de toute manière, si j’ai pas de copain, c’est parce que j’en veux pas ! c’est toi qui veut absolument me caser… mais moi, je suis très bien, sans mec, tu sais ! alors… faut que tu t’enlèves cette idée de la tête de vouloir me caser avec Morgan… parce que ça arrivera pas ! j’ai pas l’intention de tomber amoureuse, ni de lui, ni de personne ! alors arrête tes gamineries… et occupe-toi de tes propres affaires, pigé ?! ».
Sur ce, je m’en allai vivement, d’un pas rapide, furieuse. S’il y avait bien une chose que je détestais, c’était qu’on se mêla de mes affaires… pourquoi refusaient-elles d’admettre qu’il n’y avait rien entre Morgan et moi ? pourquoi ne voulaient-elles pas nous laisser être de simples amis, sans qu’il se passe quoi que ce soit de plus ? c’était injuste ! et ça me gonflait !! mais comment auraient-elles pu comprendre le lien qui nous unissait, Morgan et moi ? un lien bien plus fort que de l’amitié… et plus puissant encore que de l’amour lui-même. C’était ça, la réalité. Morgan et moi n’étions pas de simples amis… mais nous n’étions pas amoureux pour autant. Mais il était évident que pour des filles comme Elodie ou Cathy, il était difficile d’understander ce genre de chose…

Morgan posa son sac sur le bureau, à côté de Jason, et s’assit en poussant un long soupir.
« - Ahh…, fit-il. C’est crevant ! ».
Jason haussa un sourcil.
« - Qu’est-ce qui est crevant ? interrogea-t-il. De sauter Alex ?
- Ouais…
- Et ben, je savais que c’était une fille crevante, mais de là à l’être même au lit… elle assure ou pas ?
- J’en sais rien, abruti !
- Tu t’es l’es pas faîte ?
- Bah non ! rétorqua Morgan.
- Sérieux ? tu veux dire qu’elle a dormi chez toi, dans la même chambre, et que, pas à un seul moment, t’as eu la moindre petite envie… ?
- Bien sûr que si ! mais tu sais bien comment elle est, Alex. Elle a même pas voulu me sucer, alors…
- Ah, ouais, ça m’étonne pas d’elle, fit Jason.
- Elle est chiante… »
Jason sourit.
« - Pourtant, chuis sûr que ça doit être un bon coup, dit-il.
- Alex ?
- Ouais, dans le genre sauvageonne, tu vois… »
Une pensée obscène traversa l’esprit de Morgan et un petit sourire obscène se dessina sur ses lèvres.
« - T’as raison…, fit-il. Elle est bien foutue, en plus…
- Ouais. Enfin, c’est quand même bizarre que tu te la sois pas faîte. Avec Alex, il suffit d’insister un petit peu pour qu’elle cède. Alors, je suppose que niveau cul, ça doit être pareil…
- Tu crois ?
- J’en suis sûr.
- Ouais, mais je pouvais pas faire ça, fit Morgan.
- Pourquoi ?
- Ben… je préfère la laisser à Yoann. Vu qu’il l’aime…
- Sérieux ?!
- Bah oui. Ce serait vraiment salaud de ma part, sinon !
- Bizarre, dit Jason.
- Pourquoi ?
- Ben, parce que je te vois pas trop le genre de mec à céder une fille à un autre gars aussi facilement…
- Alors là, tu te goures complètement ! protesta Morgan.
- Ah bon ?
- Ouais ! Attends, tu m’as bien regardé ? avec ma gueule, je peux avoir n’importe quelle fille ! j’ai aucune raison de m’attaquer à celle des autres !
- Ouais, mais c’est pas de n’importe quelle fille, qu’il s’agit ! objecta Jason. C’est d’Alex…
- Ouais… mais même. Je peux pas. Yoann l’aime.
- Et alors ? Yoann et toi, vous vous détestez ! qu’est-ce que ça peut bien te foutre ? en plus, si t’avais vraiment voulu la lui laisser, tu lui aurais pas demander de dormir chez toi hier soir, à Alex ! fit Jason.
- Ouais. Mais à l’époque, je savais pas que Yoann était amoureux d’elle…
- Ah, parce que si t’avais su, tu l’aurais pas invitée ?
- Bien sûr que non !
- Menteur.
- Je mens pas ! protesta Morgan.
- Alex, tu crèves d’envie de t’la faire ! Ça se voit trop…
- Peut-être. Mais je la toucherai que si je tombe amoureux d’elle…
- Ben, de toute manière, la voilà ! ».

Je débarquai dans la classe, mon sac à bandoulière sur l’épaule, et je vis Morgan et Jason en train de me fixer avec insistance, en m’adressant des sourires dignes de deux pédophiles, comme s’ils étaient capable de voir à travers mes vêtements. Et rien que le fait d’imaginer ce à quoi ils pouvaient penser, et ce qu’ils avaient dit sur moi quelques instants plus tôt, me donnait envie de girber…
Je m’installai juste devant eux, collée contre le mur, de façon à pouvoir les voir eux et le prof en même temps.
« - Salut, Alex ! me fit Jason.
- Salut…, marmonnai-je.
- Qu’est-ce que t’as ? me demanda-t-il.
- Rien !
- Ah, fit Morgan, j’parie que c’est les deux folles qui t’ont mise furax ?
- Ouais ! répondis-je.
- Les deux folles ? interrogea Jason.
- Cathy et Elodie, lui répondit l’autre.
- Ah, ok… qu’est-ce qu’elles t’ont fait ?
- Elles lui ont sauté dessus quand on est arrivés. Elles se sont fait des films sur nous deux, pas vrai ?
- Ouais, répondis-je. Des films plutôt pornos, même… »
Morgan éclata de rires.
« - Ça m’étonne pas, dit-il.
- A les entendre, ça leur est impossible qu’on soit juste amis ! fis-je.
- Ben, d’un côté, c’est compréhensible…, dit Jason.
- Ah ouais ? et pourquoi ça ? demandai-je.
- Parce que c’est pas possible d’être juste amie avec un mec comme Morgan. Pour une fille, en tout cas.
- Et pourquoi ça ? rugit le concerné.
- Parce que.
- J’ai des tas d’amies filles, figure-toi !
- Ouais, mais tu les as toutes sautées au moins une fois !
- C’est pas vrai !! protesta Morgan.
- Menteur ! cite-moi le nom d’une seule de tes amies que t’as pas baisée !
- Ben… Alex.
- Ouais, mais Alex, ça compte pas ! fit Jason. Trouves-en une autre. »
Morgan réfléchit quelques instants, ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis la referma subitement.
« - Putain…, fit-il. T’as raison, en plus… j’ai vraiment sautées toutes les filles que je connais… ! ça craint !! »
Jason éclata de rires.
« - T’es un cas désespéré ! dis-je.
- Ouais ! fit Morgan. Mais, ça va pas, Alex, tu fais exception à la règle !
- Et alors… ? »
Morgan se leva subitement.
« - Et alors, faut se mettre au boulot tout de suite ! allez, allez, hop hop hop !
- Compte là-dessus, répliquai-je. T’as de l’espoir ! »
Jason éclata de rires. Morgan soupira et se rassit.
« - Mais de toute manière, avec toi, Alex, c’est mort, dit-il.
- Pourquoi ? s’étonna Jason.
- Ben, parce qu’elle est vierge…
- Et alors ?
- Ben, si je veux la baiser, faut que j’attende qu’elle se fasse dépuceler, expliqua Morgan.
- Quoi ?! rugis-je.
- Ben, ouais, continua Morgan. Pour ta première fois, faut que ce soit un mec que t’aimes vraiment…
- N’importe quoi ! protesta Jason.
- Quoi, n’importe quoi ?
- Parce que toi, tu vas me dire que t’en étais amoureux, de la première fille que t’as baisée ?
- Ben… nan.
- Bah alors ? qu’est-ce que ça change, pour elle ?
- Ouais, mais tu comprends pas ! pour les filles, la première fois, c’est supeer important ! enfin, pas pour toutes les nanas, évidemment, les putes et les salopes, ça existe aussi… mais je te parle d’une fille comme Alex, moi ! il faut qu’on lui trouve un mec qu’elle aimera ! et faudra qu’il se grouille de la sauter pour que je puisse me la faire ensuite !
- CONNARD ! m’écriai-je. T’es gonflé ! qu’est-ce qui te fait dire que, sous prétexte que je serai plus vierge, je coucherai avec toi, hein ?!
- Plein de trucs.
- Ah ouais ? comme quoi ?!
- Ma belle gueule, par exemple.
- Ta belle gueule, elle a pas d’effet sur moi ! m’exclamai-je.
- Mytho ! elle a effet sur touuutes les filles du mooooonde !
- Pas sur moi !
- Si !! il suffit que ch’te fasse mes yeux doux pour que tu craques !!!
- N’IMPORTE QUOI !!!! ».
C’est à ce moment-là que Yoann arriva. Il haussa un sourcil.
« - Il se passe quoi, ici ? fit-il.
- Rien, marmonnai-je. C’est Morgan qui dit des conneries. Comme d’hab.
- Je disais qu’il faut que tu te grouilles de dépuceler Alex pour que je puisse la baiser ensuite ! expliqua l’autre.
- Et pourquoi ce serait à moi de me la farcir le premier ? fit Yoann.
- Ouais, fit Jason, c’est pas logique. De nous trois, c’est toi qu’a la plus d’expérience avec les filles, Morgan !
- Et alors ?!
- Et alors, t’es le seul capable de la dépuceler dans les règles et sans douleur ! répliqua Yoann.
- Hé, au cas ou vous seriez pas au courant, JE SUIS LA !!! fis-je.
- TA GUEULE, TOI ! rétorquèrent les trois autres.
- Quoi ?! m’écriai-je. Répétez un peu ?!
- On a dit : ta gueule ! fit Yoann.
- Merci, j’avais compris !
- Ben, pourquoi tu nous demande de répéter, dans ce cas ? fit Morgan. »
Je lui lançai un regard noir.
« - C’est quand même de moi que vous parlez, fis-je, de moi et de ma première fois… alors je pense que j’ai mon mot à dire !
- Non ! fit Morgan.
- Pourquoi ?!
- Parce que tu nous laisse tout régler entre gars et tu fermes ta gueule ! rétorqua-t-il. T’auras ton mot à dire quand tu sauras baiser ! »
Je le regardai d’un air à la fois dépité et blasé. Yoann sourit.
« - Allez, fais pas cette tête, Alex ! dit-il. Morgan dit ça parce qu’il sait que si on te laisse choisir, ce sera lui que tu choisiras, et que ça le fait chier de se farcir une vierge !
- Quoi ? n’importe quoi ! si je devais choisir entre vous trois, ce serait pas Morgan que je choisirai…
- Ah bon ? fit Jason. Tu le choisirais pas ?
- Bien sûr que non !
- Pourquoi ?! s’indigna Morgan.
- Parce que je sais que t’es un connard avec les filles !
- Alors, tu choisirai qui ? fit Yoann. »
Je détournai le regard.
« - Peu importe, dis-je.
- Ben, vas-y, dis-le, maintenant ! fit Morgan.
- Ouais, allez, avoues que c’est avec moi que t’as envie de baiser, Alex ! fit Jason. »
Je le fusillai du regard.
« - Non, dis-je. Si je devais en choisir un de vous trois, ce serait Yoann. »
Je gardai vivement la tête tournée vers la fenêtre, n’osant même pas imaginer quelle tête horrifiée celui-ci devait faire…
« - Ahh, fit Morgan, ben c’est cool ! ».
Il tapa l’épaule de Yoann.
« - Tu dois être content, hein ?! ».
Yoann le dévisagea avec des yeux ronds qui signifiaient, en langage Yoannien : Bon sang, mais ta gueule, toi !
« - Alex…, fit-il.
- C’est bon ! dis-je. Je me passerai de tes commentaires !
- Mais…
- Laisse-moi !
- Mais, Alex…
- Vas te faire foutre !
- Bon sang, mais regarde-moi, au moins ! ».
Il me força à me retourner, et tous s’aperçurent que…
« - Ah, fit Morgan, elle a encore viré tomate farcie…
- La ferme ! répliquai-je. Y’a de quoi, non ?! ».
Je me décidai à regarder Yoann droit dans les yeux.
« - Je suis désolée, dis-je. Ça te dérange pas qu’on… oublie ce que j’ai dis et qu’on fasse comme si de rien n’était ? ».
Yoann ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais Jason l’interrompit.
« - Tu déconnes ?! fit-il. Comment un mec peut oublier qu’une fille lui a dit qu’elle voudrait qu’il la baise ?!
- C’est pas à toi que je parle, abruti !! répliquai-je. Prends pas ton cas pour une généralité ! Yoann est pas comme toi !
- Ouais, mais même… !
- Ok, fit Yoann. »
Morgan et Jason le dévisagèrent avec des yeux écarquillés.
« - On oublie, continua mon meilleur ami avec un sourire amical. »
Je baissai la tête, gênée, ne sachant même plus où me mettre.
« - Allez, fais pas cette tête, fit Yoann, y’a pas de quoi être si mal à l’aise… »
Je souris.
« - Désolée…, murmurai-je.
- C’est rien. »
Yoann me prit dans ses bras et Morgan le regarda avec des yeux énormes. Bon sang, mais qu’est-ce qu’il fout ?! pensa-t-il. C’était pile l’occasion de se déclarer ! il est vraiment trop con, ou quoi ?!
La sonnerie retentit finalement et on put voir tous les élèves de la classe qui commençaient à s’installer dans la salle. Le prof arriva, fit l’appel, et commença le cours.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IV, Rupture & Déclaration   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:54

« - Alex…, chuchota Morgan. »
Je me retournai.
« - Quoi ? aboyai-je.
- T’es une poufiasse !
- Quoi ?!!
- T’es une poufiasse !! répéta-t-il. »
Je me levai subitement, et le prof ainsi que le reste des élèves levèrent les yeux sur moi.
« - Répète un peu ?! criai-je.
- Hé, fit-il, t’as pas besoin de t’mettre à hurler ! petite pétasse…
- Tu m’cherches ?!
- Mademoiselle Slynner ! fit le prof. Je vous prierai de vous rasseoir immédiatement ! quant à vous, monsieur Hawkins, je vous demanderai de vous taire et de cesser vos enfantillages !
Mais je ne l’écoutai pas.
« - Excuse-toi tout de suite ! m’exclamai-je.
- Ça dépend. Tu me suces ?
- Dans tes rêves !
- Et ben, dans tes rêves aussi !
- Espèce de… ! tu vas le regretter… !
- Ah ouais ? et qu’est-ce que tu vas me faire ?
- S’il vous plaît !!! fit le prof. »
Mais, remontée comme j’étais, je serrai les poings, puis, après une seconde d’hésitation, me ruait sur Morgan, sautant par-dessus le bureau. La chaise vacilla et nous tombâmes par terre. Je me mis à quatre patte au dessus de lui, saisit son t-shirt et lui mettait un coup de poing.
« - Alex !! s’écria Elodie. Mais ça va pas ?!
- Ta gueule ! répliquai-je. »
Je mis un nouveau coup de poing à Morgan et celui-ci se releva en me repoussant de toutes ses forces. Mais je lui sautai à nouveau dessus, les mains sur sa gorge.
« - Salaud ! m’écriai-je. »
Elodie se leva.
« - ALEXIA SLYNNER !!!! hurla-t-elle. »
La voix d’Elodie enragée me ramena vite à la raison. Je me relevai vivement, lâchant Morgan.
« - Quoi ?! aboyai-je.
- Non mais t’as pas honte ?!
- Nan !
- Tu devrais, pourtant !! ce genre de comportement n’est pas digne d’une jeune fille respectable ! une fille doit être douce, affectueuse, compréhensive… »
Je répondis par un doigt d’honneur, et Elodie soupira. Puis elle posa les yeux sur Morgan.
« - Mon pauvre petit Morgan ! elle t’a pas défiguré, au moins ?
- Nan, t’inquiète !
- Ouf ! tu as mal ?
- Mais non, ça va !
- Ah, bon, dans ce cas ! ».
Elodie se releva, ne lui prêtant plus aucune attention. Morgan se ravisa alors subitement.
« - Ouh la, maintenant que tu le dis, Elo, je souffre abominablement ! fit-il. Bouuh, Alex est une furie ! j’ai mal ! console-moi !! ».
Il s’agrippa aux jambes de ma sœur. Furieuse, je lui tirai l’oreille, le fit retomber par terre et lui mit ma chaussure sur la joue.
« - Je te déconseille d’approcher ma sœur de moins de 5m, l’obsédé ! fis-je.
- Mechage rechu, fit-il.
- BON ! hurla le prof, au bord de la folie. MADEMOISELLE SLYNNER !! MONSIEUR HAWKINS !!!! DANS LE BUREAU DU PROVISEUR, ET TOUT DE SUITE !!!!! ALLEZ !!!! JE NE VEUX PLUS VOUS VOIR !!!! SORTEZ IMMEDIATEMENT !!! AVOIR UN TEL COMPORTEMENT… EN PREMIERE !!! C’EST TOUT SIMPLEMENT INADMISSIBLE !!! N’AVEZ-VOUS PAS HONTE ?!
- Mais…, commençai-je.
- C’est pas juste ! fit Morgan.
- IL SUFFIT !!!! HORS DE MA VUE, TOUS LES DEUX !!! ».
Morgan et moi sortîmes, aussi furieux que le prof.
« - Tout ça c’est ta faute !! hurlai-je.
- Ma faute ? ma faute ?! non mais tu t’es vue ?! c’est toi qui m’as sauté dessus comme un chien enragé !!!
- Mais tu l’as bien cherché ! tu m’as traitée de poufiasse, et de pétasse !
- C’était pas une raison pour me tabasser à mort ! t’as réagi comme un gamine de sept ans !
- Et alors ?!
- Et puis, merde, t’aurais préféré quoi ? que j’te traite de pute ?
- Ouais !
- Ah bon ?! Pourquoi ?!
- Parce que… tu le sais très bien !
- Non, je sais pas !
- Si, tu le sais ! si tu m’avais traité de pute… ça ne m’aurait rien fait du tout. Puisque… c’est ce que je suis. »
Morgan me regarda avec des yeux écarquillés et je baissai la tête.
« - Mais qu’est-ce que tu racontes… ? chuchota-t-il.
- Rien, fis-je.
- Alex…
- Oublie ! ».
Je tournai les talons et accélérai l’allure mais il me rattrapa, me saisit le bras et me plaqua fermement contre le mur, serrant mes bras de toutes ses forces.
« - Arrête, Morgan… ! gémis-je. Tu… tu me fais mal !
- Alex ! dit-il, ses joues devenant rouges parce qu’il était en colère. Qu’est-ce que t’as foutu, hein ?!
- Rien du tout ! lâche-moi !
- Montre-moi tes bras !
- Non !
- Montre-moi les !! ».
Je me décidai à lui tendre mes membres. Il remonta mes manches, et put voir alors que j’avais effacé le mot « PRINCESS » qu’il avait lui-même écrit au marqueur noir, et que j’avais à nouveau gravé le mot « BITCH » avec des lames de ciseaux.
« - Alex…, souffla-t-il. Pourquoi t’as fais ça ? ».
Je retirai vivement mes bras et remontai mes manches.
« - Laisse-moi tranquille, maintenant, murmurai-je.
- Comment tu veux que je te laisse tranquille ? je peux pas te faire confiance… dès que j’ai le dos tourné… tu recommences ! pourquoi tu fais ça, bon sang ?
- Et toi ! t’as aucune raison de te soucier de moi ! personne t’y oblige !
- Je me soucie de toi parce que j’en ais envie !
- Et bien changes tes envies ! parce que ça me gonfle de t’avoir toujours sur le dos ! tu peux pas… agir comme un mec normal ?
- C’est-à-dire ?
- C’est-à-dire, faire comme si de rien n’était !
- Ah ! parce que, face à quelqu’un qui se mutile, faire comme si on avait rien vu est la réaction appropriée, d’après toi ? si tu m’avais vu, moi, ou Elodie, ou Yoann, en train de se faire ça… t’aurais fermé les yeux ?! ».
La question que me posa Morgan me laissa sans voix.
« - Non…, murmurai-je. Bien sûr que non… »
Comment aurai-je pu agir comme si de rien n’était si j’avais vu Elodie se faire ça ? j’en aurai été incapable ! j’aurai certainement fait comme Morgan, je l’aurai surveillée, je l’aurai empêchée de se faire du mal…
« - Alors ? fit Morgan. Tu comprends… ? tu comprends pourquoi je peux pas te laisser te faire ça… ?
- Mais, pourtant… c’est comme ça qu’il a réagit, lui…
- Qui ça ?
- Jason…
- Jason ? Jason t’as vue ?
- Oui.
- Et il a rien fait pour t’aider ?
- Non… il… il en a rien eut à faire. Sur le coup… j’ai… j’ai toujours pensé que c’était une réaction normale face à cette situation, mais…
- Bien sûr que non ! s’exclama Morgan. Bien sûr que non !! c’est pas une réaction normale ! pas du tout ! c’est même… la réaction la plus conne, la plus salope du monde !!
- Ne… n’en veux pas à Jason, hein…
- Et comment je peux faire pour pas lui en vouloir ?!
- Mais… il y est pour rien. C’est moi… la fautive. Je veux pas que tu te fâches avec lui à cause de moi… »
Morgan soupira.
« - Alex…, murmura-t-il. T’es pas fautive. Pas à un seul moment… dans toute cette histoire… t’es une victime. C’est tout…une victime. Rien de plus. »
Je levai vers lui des yeux rouges dont les larmes ne voulaient pas couler… des yeux desséchés.
« - Excuse-moi, lâcha-t-il finalement. Je suis vraiment désolé de t’avoir insultée… mais je voulais pas te mettre en colère. Je te jure. »
Je soupirai.
« - T’inquiète, murmurai-je. Je le sais bien. C’est ma faute… je me suis comportée… comme le pire des mecs.
- Ouais, le pire des pires, alors, fit-il en souriant. Mais t’es une fille. Tu devrais… te comporter en fille, de temps en temps, tu penses pas ? »
J’haussai les épaules.
« - Tu crois… que ça m’irait ?
- De quoi ?
- Le maquillage… les jupes… tous ces trucs de filles… tu crois… que ça m’irait bien ?
- Evidemment. A toi, tout t’irait bien.
- Tu le penses vraiment ?
- Bien sûr.
- Dis… est-ce que… tu me trouves… jolie ? »
Morgan sourit.
« - Oui, dit-il. Je te trouve super belle, même.
- Menteur…
- Pourquoi ?
- Je suis pas jolie. C’est pas vrai.
- Alors t’es quoi, dans ce cas ? moche ?
- Parfaitement !
- Mais non ! t’arrête de dire des conneries ?
- C’est pas des conneries ! si j’étais jolie, j’aurai déjà eus au moins un petit ami ! mais comme les mecs s’intéressent pas à moi… c’est que je suis moche. Je vois pas d’autre explication.
- T’es bête. Et moi, alors, je suis quoi ? une fille ?
- Mais toi, c’est pas pareil…
- Et Yoann ?
- Mais… c’est différent. Yoann est mon ami d’enfance… et toi… t’es mon deuxième meilleur ami… »
Morgan secoua la tête.
« - Je t’ais trouvé belle dès la première fois que je t’ai vue, objecta-t-il. D’ailleurs… t’es la première des filles que j’ai remarquée…
- T’avais pas bien le choix ! je t’ai traité de boulet et tout le monde a entendu… »
Morgan éclata de rires.
« - Même sans ça. C’était difficile de pas te remarquer ! alors que toutes les autres filles portaient des fringues à la mode ou des minijupes, toi, t’étais la seule en baggy, avec un t-shirt de mec, pas coiffée et pas maquillée !
- Tu vois… tu m’as remarquée… parce que je suis moche !
- Mais non ! j’ai pas dis que t’étais moche !
- Ah bon ? alors, ça veut dire quoi, ce que tu dis ? ».
Morgan sourit.
« - Que je t’ai trouvé hyper sexy, dit-il. Parce que pour moi, moins une fille est dévêtue, moins elle prend soin d’elle, et plus elle m’attire.
- Quoi… ? t’es bizarre, toi ! c’est plutôt l’inverse, d’habitude !
- Je sais. Mais moi, c’est les filles comme toi qui m’intéressent vraiment.
- Menteur…
- Je mens pas !
- Si ! parce que les filles avec qui tu couches… elles sont toutes en minijupes… et elles sont toutes super grandes, et super belles, aussi…
- T’es bête ! ces filles, j’en ai rien à foutre !
- Menteur !!!
- Je mens pas !!!
- Bien sûr que si ! si t’en avais rien à foutre, tu coucherais pas avec !
- Ben, si. Ces filles-là, elles sont juste bonnes à baiser, c’est tout. »
Je lui jetai un regard soupçonneux. Il sourit.
« - Laisse tomber, dit-il. Je suis trop bizarre, comme mec.
- Je confirme…
- Bon… il vaut mieux qu’on aille chez de la proviseur, non ?
- Ouais…
- Quelle chance !
- Oh, t’inquiète, elle est sympa.
- Sérieux ? c’est pas une vieille peau ?
- Non. Elle est jeune. Elle doit avoir la trentaine… elle est super bien foutue, et elle porte toujours des jupes ultra courtes !
- Tu déconnes ?
- Non !
- Sérieux ?
- Elle va te plaire, tu verras ! ».

« - Ch’est tout chimplent inadmichible ! hurla le vice principale dans nos oreilles. »
Il était tellement énervé qu’il postillonait d’énormes missiles de bave dignes d’un vaisseau spatial uranien. Morgan et moi nous tenions collés aux dossiers de nos chaises pour éviter d’être touchés… car une seule goutte de cette matière gluante et vous pourriez en mourir sur le coup !
Le vice principale était un homme vieux, gros, moche, écoeurant et détestable. Le crâne gagné par la calvitie, des yeux marrons cacas minuscules enfoncés dans leurs orbites, dont les lunettes lui donnait un air de poisson, une petite bouche pincée rose, et un nez large aux narines de porc. Une bedonne bien remplie et des auréoles de sueur sous les bras dès le matin… de plus, il émanait de lui une odeur si néfaste qu’elle donnait envie de vomir…
Morgan se sentait roulé. Plutôt que d’atterrir chez la jeune, jolie et sympathique principale, nous nous étions retrouvés dans le bureau de Mr Grossolinitumy – rien que le nom donnait vachement envie de le rencontrer –, le vice principale, le type le plus con que cette terre ait jamais crée. De plus, il zeuzeutait et prononçait les « s » en « ch ». C’étai in-su-por-table !
« - Pour qui vous prenaich vous, hein ?! hein ?! vous bagarrez tel des zidiots, des zenfants de maternelle ! ch’est inadmichible, venant d’élèves de premières ! qu’est-che que vous voulez, hein ?! que ze convoque vos parents ?!
- Quoi ?! s’exclama Morgan. Comment ça, nos parents ?
- Oui, parfaitement, monchieur Hawkinch ! vos parents !
- N’importe quoi ! c’est quoi, ces conneries, encore ?! allez, faîtes pas chier, mettez-nous des heures de colles et on en parle plus ! enragea Morgan.
- Dech heures de colles ? dech heures de colles ? Che cherait trop fazile ! Non, non ! ze compte bien convoquer vos parents, figuraich-vous ! vous ne vous en tireraich pas comme cha ! »
Je me levai subitement.
« - Non, monsieur ! dis-je. Inutile de convoquer les parents de Morgan !
- Ah bon ? et pourquoi cha, mademoizelle Chlynner ?!
- Parce que… il… il… il est innocent !
- Comment cha, innochent ?!
- Il n’a rien fait du tout, monsieur ! c’est moi… je suis la seule fautive de cette histoire ! je vous le jure !
- La cheule fautive, vous dîtes ?
- Mais qu’est-ce que tu racontes, Alex… ?! »
Je me tournai vivement vers Morgan et lui fit signe de se taire. Celui-ci hésita quelques instants, puis haussa les épaules…


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IV, Rupture & Déclaration   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 10:55

Lorsque nous sortîmes du bureau du vice principale, je me mis à marcher du pas le plus rapide possible. Mais cela ne suffit pas pour échapper à Morgan.
« - Alex ! cria-t-il. Attends-moi !
- Qu’est-ce que tu veux, encore ?! fis-je.
- Merci. Ce que t’as fais pour moi… c’était super sympa. Je te revaudrai ça. Revoir mon père… c’est la deuxième chose pire au monde qu’il puisse m’arriver !
- Ah ? et c’est quoi, la première ? d’être castré ? »
Morgan éclata de rires.
« - Non, dit-il, ça, ça n’arrive qu’en troisième position.
- Ah bon ? c’est quoi, alors ?
- La pire chose qu’il puisse m’arriver ?
- Ouais ? »
Morgan hésita un instant.
« - De te perdre, lâcha-t-il finalement. »
Je le regardai, bouche bée.
« - Quoi ? fis-je.
- Je tiens vraiment à toi, Alex. T’es la chose la plus précieuse que j’ais…
- T’es pas sérieux, là ?
- Bien sûr que si ! t’es la personne à qui je tiens le plus au monde. Tu m’es plus chère que ce que tu crois !
- Tu… t’es sincère ?
- Evidemment.
- Attends, rassure-moi… c’est pas… une déclaration, hein ?
- Une déclaration… d’amour, tu veux dire ?
- Oui ?
- Non. Rassure-toi. T’es juste… la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. C’est pour ça que j’ai vraiment une frousse pas possible d’être séparé de toi… »
Je me sentis rougir.
« - T’exagère…, murmurai-je.
- Non. Je t’adore. Désolé si je te mets mal à l’aise… mais c’est ce que je ressens vraiment. »
J’hochai la tête.
« - Moi aussi…, murmurai-je. Moi aussi, je t’adore. »
Morgan sourit. Il s’approcha de moi d’un pas hésitant, tendit doucement sa main et me caressa la joue. On aurait dit qu’il n’osait pas être trop brusque, comme si j’avais été fragile, une poupée de porcelaine qu’il avait peur de briser.
Puis il glissa, toujours lentement, sa main sur ma nuque. Je sentis des frissons parcourir le long de ma colonne vertébrale. Et, en douceur, il appuya ma tête contre son torse et me prit dans ses bras. Je lui rendis son câlin et fermai les yeux.
« - J’ai juré que j’allais te rendre heureuse, dit-il. Mais je pourrai jamais y arriver si t’y mets pas du tiens, Alex. »
Je m’écartai subitement de lui et levai la tête.
« - Tu comprends ce que je veux dire ? enchaîna-t-il.
- Non, répondis-je. »
Morgan sourit.
« - Tu dois faire des efforts, toi aussi. Il faut pas que… tu comptes toujours sur moi. Si tu fais rien pour t’en sortir… moi, je vais pas faire de miracles.
- J’ai pigé, murmurai-je. Mais qu’est-ce qu’il faut que je fasse, alors ?
- Il faut… que tu essayes d’écouter les autres, un peu plus. Quand, par exemple, ta sœur et moi te disons qu’il faut que tu trouves un petit ami…
- Quoi ?! pourquoi tu mets ça sur le tapis ? Il est où, le rapport, hein ? entre ma guérison et avoir un copain… non, désolée, je vois pas !
- Alex… ! tu pourrais au moins faire l’effort de m’écouter !
- Mais je t’écoute ! et je vois que tu dis que des conneries !!
- Non… !
- Si !
- Non, Alex !! tu sais très bien où il est, le rapport !
- Y’en a pas !
- Si, y’en a un ! si tu tombais amoureuse, tu guérirais !
- Mais si je souffrais, ensuite… je rechuterai ! tu le sais très bien !
- Bien sûr que non !
- Bien sûr que si !
- Bien sûr que non !! si tu te bats, si tu luttes contre toi-même, tu parviendras à te contrôler, Alex, j’en suis sûr ! ».
Je sentis un nœud se former dans ma gorge. J’avais envie de pleurer, mais aucune larme ne se montra. Mes yeux devinrent rouges. Je serrai les poings.
« - Alex…, soupira Morgan. Pourquoi tu rends toujours les choses si compliquées ? pourquoi, dès qu’on aborde ce sujet, il faut que tu te mettes en colère ?
- Je…
- C’est pas si mal, un petit ami, Alex. Crois-moi.
- Je m’en doute bien…
- Mais… ?
- Mais ça me fait peur.
- Pourquoi ?
- Parce que… je… je me dis que… il voudra sûrement quelque chose de moi, quelque chose que je serai incapable de lui donner… »
Morgan haussa un sourcil.
« - Tu veux parler du sexe ? interrogea-t-il. »
Je baissai la tête.
« - Je sais bien que… je suis pas prête, dis-je.
- Et pourquoi ça ?
- Parce que, je… je le sais, j’y arriverai pas. »
Morgan soupira.
« - T’as peur ?
- Un peu…
- T’as pas de quoi t’inquiéter, tu sais. Y’a des tas de filles qui sont passées par là, et aucune d’elles sont mortes en se faisant baiser. En plus, il faut bien que tu te dises que ça doit être cool, puisque y’a autant de gens qui le font ! »
Je secouai la tête.
« - Tu comprends pas…, murmurai-je. La… la raison pour laquelle je veux pas de petit ami… la raison pour laquelle j’ai peur de passer à l’étape supérieure… tout ça, ce… c’est lié à mon secret. »
Morgan me regarda, et resta muet quelques instants.
« - Ton secret ? répéta-t-il. »
J’hochai la tête.
« - Je vois, murmura-t-il. Mais, le problème, c’est que t’as déjà un client !
- Un client ?
- Ouais. Y’a déjà un mec qu’est amoureux de toi.
- Qu… quoi ? de… de moi ?
- Alors, tu le sais vraiment pas ?!
- Mais de quoi tu m’parles ?!
- Devine. Un mec… qu’est amoureux de toi. Que tu connais bien. Très bien, même. Un ami d’enfance… »
Je le regardai avec des yeux écarquillés.
« - Yo… Yoann ? soufflai-je. »
Morgan acquiesça.
« - Dans le mile, princesse, dit-il.
- Mais, qu’est-ce que… ? t’as fini de dire des conneries ?!
- C’est pas des conneries !
- Bien sûr que si !
- Bien sûr que non !
- Bien sûr que si !! Yoann… amoureux de moi ?? c’est… complètement débile ! quitte à inventer des mythos, essayes au moins de les rendre plus crédibles !
- C’est pas des mythos, Alex. J’aurai préféré que ce soit lui qui te l’avoues le premier, mais… comme il avait pas l’air décidé, j’ai pris les choses en main. Mais…
- Je te crois pas !!
- Très bien. Dans ce cas, observe-le. Regarde comment il se comporte avec toi. Fais comme si de rien n’était. Comme si tu savais pas. Et tu verras. »
Je le scrutai du regard. Il semblait sincère…
« - Mais…, murmurai-je. Comment… ce serait possible ? Il aurait été amoureux de moi… pendant tout ce temps ? et moi, j’aurai rien vu ?
- Ça paraît bizarre. Pourtant, si tu réfléchis bien, tu verras que cette révélation explique bien des choses. »
Je le scrutai une nouvelle fois du regard. Il sourit. La sonnerie retentit. Morgan et moi nous dirigeâmes dans la cours où nous nous installâmes sur un banc, en attendant les autres. Ceux-ci finirent par arriver. Je me mis à fixer Yoann qui soutint mon regard quelques instants, avant de tourner la tête.
« - Alors ? interrogea Elodie. Qu’est-ce qu’elle a dit, la principale ?
- Ben, on est tombés sur l’Uranien, répondis-je.
- Sérieux ? fit Jason.
- Pas d’bol ! dit Cathy.
- Ouais. Il a dit qu’il voulait innocenter nos parents, alors j’ai innocenté Morgan.
- Pourquoi t’as fais ça ? fit Elodie.
- Ben, lui répondit Morgan, tu sais bien que j’ai fugué de chez moi il y a quatre ans… alors, forcément, j’ai pas trop envie de revoir mon père…
- Ah, ben, oui. Forcément…
- Du coup, papa et maman vont être convoqués ? demanda Elodie.
- Ouais…
- Ah, ben, bravo ! s’exclama Yoann. Je vois déjà le mot sur le carnet : « Nous vous prions d’accepter le rendez-vous du vice principal suite au comportement déplacé qu’a eut votre fille Alexia durant le cours d’histoire-géographie. Et oui, figurez-vous qu’elle s’est jetée sur un de ses camarades de classe et l’a tabassé ouvertement, devant le professeur ainsi que les autres élèves, et, de plus, sans raison apparente. »
- En quelques sortes…, répondis-je. »
Morgan sourit.
« - T’en fais pas, dit-il, maintenant que ta mère m’aime bien, je lui expliquerai que je l’ai bien cherché ! ».
Je souris.
« - Ouais, répondis-je. Espérons au moins qu’elle comprendra. »

Anthony débarqua à ce moment-là.
« - Elodie… ? fit-il.
- Ah, salut ! tu vas bien ? dit ma sœur, tout sourire. »
Mais Anthony ne le lui rendit pas.
« - Je vais bien, répondit-il. Est-ce que… je peux te parler une minute ?
- Ben, oui, vas-y !
- Non, mais… en privé. »
Elodie fronça les sourcils.
« - Ok, dit-elle, je te suis. »
Ma sœur se mit à suivre son petit ami et nous les vîmes s’éloigner en silence…
« - Y’a quelque chose qui cloche…, fit Cathy.
- Ouais, lui répondit Jason. Ça m’a l’air bien louche, tout ça.
- Si vous voulez mon avis…, commença Morgan.
- On s’en branle !!! nous lui répliquâmes tous d’une même voix.
- Euh…ouais, ok, sympa… je disais donc que…
- On s’en tape, Morgan ! le coupai-je.
- Ok, ok, j’ai pigé. Bon, alors, je me casse.
- Hein ? tu vas où ? demandai-je.
- Je pars à la chasse, pardi ! j’ai pas l’intention de passer ma nuit tout seul, ce soir ! qu’est-ce que tu crois, toi ? déjà qu’hier soir j’ai pas eu ma dose…
- Ta dose… ? répétai-je. Toi alors… ! t’es vraiment le pire des obsédés !
- Et ouaip’, princesse ! fit-il avec un grand sourire. Allez, à toute ! ».
Ce fut à son tour de s’éloigner. Je soupirai.
« - Ça craint, quand même, dis-je.
- De quoi ?
- Ben, Morgan. Ça craint… de voir à quel point il est accro au sex. C’est presque une drogue, chez lui…
- Bah, d’un côté, c’est Morgan, me répondit Cathy. C’est pas si surprenant, venant de lui…
- Ouais. T’as raison. »
Je souris. En fin de compte, je commençai à m’habituer à ce côté pervers que Morgan avait. Au fond de nous, nous sommes tous un peu pervers, de toute manière. La différence, c’était que la perversité de Morgan était plus développée que celle des autres personnes…

Lorsque la sonnerie retentit et que nous retournâmes en cours, je pus voir qu’Elodie était étrangement pâle. Je me demandai ce qu’Anthony avait bien pu lui dire. Mais elle refusa de m’en parler, en me disant que c’était personnel et que je n’avais pas à m’en mêler. Sur le coup, j’ai trouvé ses paroles étrangement déplacées, venant d’une fille comme elle, qui se mêlait toujours de ce qui ne la regardait pas…
« - Elle est gonflée, quand même ! soufflai-je à Morgan en m’asseyant à côté de lui. Me dire ça, à moi… alors qu’elle est toujours en train de fourrer son nez pointu dans mes affaires ! ».
Morgan éclata de rires.
« - Laisse tomber, dit-il. Je pense qu’elle est pas trop en état de parler, pour l’instant. Mais je suis sûr qu’elle te dira tout ce soir. »
J’hochai la tête.
« - Alors ? fis-je. Et toi ? t’as trouvé une fille, pour cette nuit ?
- Ouais.
- Pas étonnant, fis-je, venant de toi.
- Evidemment. Pour qui tu m’prends ? »
Je levai les yeux au ciel.
« - Elle s’appelle comment ?
- Chais pas.
- Comment ça, tu sais pas ?
- Ben, j’en sais rien, moi ! tu poses de ces questions… tu crois que chuis allé lui demander son prénom ? j’ai pas que ça à foutre !
- T’es vraiment un cas désespéré ! dis-je. Et pourquoi t’essaierais pas de t’intéresser aux filles un peu plus que ça ?
- En dehors du sexe, tu veux dire ?
- Ouais ?
- Ben, parce que, c’est chiant, une fille. C’est gonflant… ça fait des histoires pour rien… ça a des conversations trop gonflantes… et ça a trop pas d’humour ! c’est chiant !!
- Toutes les filles sont pas comme ça, objectai-je.
- Ouais… mais la majeur partie, si. Toutes mes ex copines étaient comme ça. C’était gavant, à force. C’est pour ça que j’ai abandonné l’idée d’avoir une petite amie. C’est trop pas pour moi.
- Pourquoi ? parce que t’es infidèle ?
- Ouais… et parce que je préfère être libre. L’idée d’appartenir à quelqu’un… ça me fait peur. J’préfère faire ce que je veux, quand je veux, sans avoir de comptes à rendre à personne… »
Je souris.
« - Et puis, au moins, ça t’évite de briser les cœurs de pauvres filles innocentes !
- T’as tout pigé. A partir de maintenant, je sortirai avec une nana que si j’en suis amoureux.
- Hé ben ! fis-je. Y’a du progrès ! la prochaine fois, faudra que tu songes à coucher avec une fille que si tu l’aimes vraiment !
- Ouais, ben, si je promettais ça, je serai bon pour l’abstinence éternelle… !
- Pourquoi ?
- Parce que je suis pas du genre à tomber amoureux, moi !
- T’as jamais été amoureux ?
- Jamais.
- Pas même une petite fois ?
- Non.
- C’est parce que tu fais pas d’efforts ! dis-je. Si tu t’intéressais plus aux filles qui t’entourent, tu tomberai sûrement amoureux de l’une d’entre elles !
- Tu crois ?
- Evidemment ! t’es humain, quand même ! on fonctionne tous de la même manière, niveau sentiments. C’est évident que plus tu passes de temps avec une personne, et plus tu l’apprécies… ».
Morgan resta silencieux. Il semblait méditer intensivement sur mes paroles. Puis finalement, il dit :
« - Si on suit ton raisonnement… je suis censé tomber amoureux de toi, au bout du compte ?
- Quoi ? pourquoi ça… ?
- Ben, parce que depuis qu’on s’est rencontrés, on est toujours collés l’un à l’autre. Donc, si on continue comme ça, on risque d’être amoureux, non ?
- Pas forcément !
- Pourquoi ? si on suit la logique…
- Mais l’amour n’est pas un sentiment logique ! c’est quelque chose qui n’a ni lois ni règles ! il y a certaines personnes dont tu tomberas amoureux… et d’autres, non. Il y a des gens avec qui on ne pourra qu’être amis… c’est comme ça.
- Et tu penses que c’est le cas, pour nous deux ? tu crois… qu’on éprouvera jamais rien d’autre que de l’amitié ?
- Ben, franchement… je vois pas pourquoi le contraire arriverait… »
Morgan ne répondit pas tout de suite.
« - T’en es sûre… ? tu… tu tomberas pas amoureuse de moi ?
- Pourquoi tu me demandes ça ? »
Il hésita.
« - Parce que je veux pas que ce soit le cas, dit-il finalement. »
J’hochai la tête.
« - Je sais bien, murmurai-je. Je suis pas vraiment le genre de fille dont un mec a envie d’être aimé…
- Mais non… tu comprends pas. C’est pas que j’ai pas envie que tu m’aimes… c’est juste que… si ça arrivait… j’aurai peur de te faire souffrir… parce que… je suis pas gentil, moi. Je suis… juste moi. Je suis bourré de défauts… et si tu tombais amoureuse de moi… je sais que je te ferai du mal. Si je t’aimais pas… je profiterai sûrement du fait que tu m’aimes pour t’avoir… et, je sais que, même si je t’aimais, je finirai par tout gâcher… »
J’ouvrai la bouche pour répondre mais le prof nous interrompt soudainement.
« - Mademoiselle Slynner ! dit-il.
- Euh… oui ?
- Au tableau !
- Qu…quoi ?
- Venez nous réciter votre leçon !
- Réciter… ? devant toute la classe ?
- Vous avez tout compris !
- Mais… monsieur, on est en première… pas en primaire…
- Taisez-vous ! vous n’êtes en première que quand ça vous arrange, mademoiselle Slynner ! pourtant, si je ne m’abuse, vous vous êtes bel et bien comportée comme une enfant de primaire tout à l’heure ? alors je vous traite comme vous le méritez : au tableau ! ».
Je restai bouche bée.
« - Allez ! insista-t-il. Debout ! »
Je finis par me lever, et à marcher jusqu’au tableau, me tenant debout devant toute la classe. Lorsqu’on était de ce côté, tout cela semblait beaucoup plus intimidant qu’à l’ordinaire…
« - Alors ! fit Mr Kimblerr. Qu’attendez-vous ? récitez ! ».
Je le regardai, sentant la rougeur me monter aux joues.
« - Mais, monsieur…
- Dépêchez-vous !
- C’est-à-dire que je…
- Et bien, quoi ? vous n’avez pas appris ?
- Non… »
Le prof poussa un long soupire exaspéré. Il enleva ses lunettes et se frotta les paupières.
« - Mademoiselle Slynner… combien de fois vous ai-je dis qu’apprendre régulièrement ses cours était la seule clé de réussite ?
- Des milliers, monsieur…
- Alors pourquoi vous obstinez-vous à ne pas le faire ?
- Désolée…
- Ça n’arrivera plus ?
- Oui…
- Bon. Je vous laisse une chance. Demain, je veux que vous la connaissiez par chœur ! c’est clair ?
- Pigé…
- Allez… rasseyez-vous. »


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IV, Rupture & Déclaration   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 11:01

La journée me sembla éternellement longue après ça. J’étais restée silencieuse, méditant sur les paroles de Morgan. Entre le charabia qu’il m’avait sorti en disant avoir peur que je souffre si je l’aimais et Yoann qui était soi-disant amoureux de moi, j’avais de quoi me sentir paumée. Sans même parler d’Elodie qui ne me facilitait pas vraiment la tâche. Elle tirait la gueule sans que je sache exactement pourquoi, et sans qu’elle veuille m’en parler.
Nous étions dans le bus, installées l’une en face de l’autre, et Elodie gardait le nez en direction de la fenêtre, regardant ce qui se passait dehors, silencieuse, tirant une gueule de six pieds de long. A ce moment-là, que ne pouvais plus douter sur le fait que nous étions jumelles. Car de la voir dans cet était me rappelait moi, le matin, et cela m’amusa malgré moi.

« - On est rentrés ! criai-je. »
Elodie, quant à elle, resta silencieuse. Elle enleva ses chaussures et monta directement dans sa chambre, sans adresser ni un mot ni un regard à personne.
« - Qu’est-ce qu’elle a ? me demanda Kevin.
- J’en sais rien, répondis-je. Une histoire avec Anthony… mais elle a pas voulu m’en parler.
- Ah ? ils ont pas cassé, au moins ? »
J’haussai les épaules.
« - Je sais pas toi, mais en ce qui me concerne, j’ai franchement pas envie de me mêler des histoires d’amour d’Elodie, fis-je. »
Kevin sourit.
« - T’as raison, dit-il. »

Je montai dans ma chambre, où je me vautrai directement devant l’ordinateur, espérant que Morgan serait connecté… et il l’était. Je souris puis cliquai sur son pseudo.


________________________________

A : Slt !

M : Yop, princess !!

A : Ça va tjs ^^ ?

M : Ouaip ! t’as fais tes maths ?

A : J’viens de rentrer !!

M : Ah, ok. Moi, j’y pige que dalle…

A : Ah, ben, si toi t’y piges que dalle, tu m’expliques comment chuis censée comprendre ?!

M : Ouais. T’as raison… t’as eu des nouvelles d’Elo ?

A : Elle a tiré la gueule tt le long du retour… et elle a rien voulu me dire.

M : Mmh… moi j’dis ça sent la rupture !

A : Tu crois ?!!

M : Wep.

A : Arrête dis pas ça je supporterai pas de voir Elodie déprimée… !

M : Alex, va falloir que tu te mettes à arrêter de t’inquiéter pour elle. C’est peut-être ta sœur, mais c’est une grande fille, et elle est tout à fait capable de s’en remettre seule !

A : Dis pas n’importe quoi ! je vais pas la laisser tomber alors qu’elle va mal !

M : Je te dis pas de la laisser tomber… mais essaye de prendre un peu de distance avec ça. Toi non plus, tu vas pas bien, Alex. Si tu veux t’occuper d’Elodie, tu dois d’abord te guérir toi. Ta sœur, on verra ensuite !

A : Mais comment tu veux que je me soigne si je sais qu’elle va pas bien ?

M : Tu prends de la distance… c’est pas si compliqué, pourtant ! t’es là quand elle a besoin de toi, mais tu dois surtout pas essayer à tout prix de la réconforter… faut que tu attendes qu’elle vienne vers toi !

A : Mais… c’est complètement débile ton truc ! tu veux que je fasse comme si de rien était alors que je sais bien qu’elle est malheureuse ?

M : En quelques sortes.

A : Impossible ! je peux pas faire ça !!

M : Pourtant tu devrais !! Alex… si toi-même tu vas pas bien… tu dois d’abord t’occuper de toi avant de songer à autre chose. Je sais à quel point tu tiens à Elodie… mais moi, mon job, c’est de t’aider toi, pas ta sœur ! alors je pense d’abord à ce qui est bien pour toi, princesse ! Elodie… elle va déprimer un peu, mais elle s’en remettra. Parce que c’est Elodie.

A : Tu… tu crois ?

M : T’inquiète. Je sais c’que j’dis, princesse ^^ !!!

A : Bon… j’te fais confiance, alors… enfin, de toute manière, rien n’est dit, si ça se trouve il l’a pas larguée…

M : Espérons !

A : Ouais… bon, j’te laisse, j’vais faire mes devoirs xD !

M : Ouais… allez, @+, princess ^^ !

A : a+

________________________________


J’entrai dans la salle de bain. J’enlevai mon t-shirt, puis fit doucement glisser les mitaines qui couvraient mes bras, révélant ainsi mes nombreuses cicatrices.
J’en avais tellement que mes bras étaient tout violacés, ou bien rougis, vers les blessures les plus récentes. Je passai doucement mes doigts le long de ma peau meurtrie.
Je ne ressemblais à rien. Mes bras n’étaient plus que des amas de chair violets, couverts de cicatrices, de coupures. Je posai chacune de mes mains sur mes bras, en dessous des épaules et au dessus des coudes, et enfonçai mes ongles dans ma chair, avec tant de force que ma peau se déchira et que le sang coula. Je restai impassible, fixant mon reflet de l’autre côté du miroir. Je retirai brutalement mes ongles, et me lavai les mains. Puis je passai de l’eau sur les blessures que je venais de m’infliger.
Je me déshabillai et entrai dans la baignoire, remplie aux trois quart. Je fis couler du savon et remuai l’eau pour créer de la mousse. Je posai ma tête contre la paroi et fermai les yeux en soupirant.

Morgan…

Depuis quelques temps, mes pensées ne cessaient d’être tournées vers lui. Je me surpris même à songer qu’il me manquait. Je me demandai ce que ça signifiait. Est-ce que j’étais amoureuse ?
Non. Je ne pensais pas l’être. C’était impossible. Pas de Morgan, en tout cas. Et Yoann ? selon Morgan, il serait amoureux de moi. Est-ce que c’était vrai ? ou peut-être n’était-ce qu’un mensonge inventé par lui ? ou bien une manigance d’Elodie pour me caser avec Yoann… ?

On tapa à la porte.
« - Alex ? fit la voix d’Elodie. »
Je me relevai.
« - Quoi ?
- Je… je peux entrer ?
- Ben… vas-y. »
Elle ouvrit la porte et entra. J’amenai la mousse vers moi pour camoufler mes bras. Ma sœur se déshabilla et me rejoint dans le bain.
« - Ça faisait longtemps qu’on avait pas pris de bain ensemble, pas vrai ? dit-elle d’une petite voix.
- Ouais…, répondis-je. »
Elle resta silencieuse un moment, puis lâcha subitement :
« - Il m’a plaquée.
- Quoi ?
- Anthony. Il m’a plaquée. Tout à l’heure, quand il est venu en disant qu’il voulait me parler… »
Je restai abasourdi. Même si Morgan m’avait dit que c’était sans doute arrivé, j’eus du mal à encaisser le coup.
« - P… pourquoi ?
- Il en aime une autre. Ça fait un mois qu’il essaye de refouler ses sentiments pour elle… mais, il a finit par craquer et ils ont couché ensemble hier soir… il a dit qu’il préférait que je sache, et qu’il pensait qu’il valait mieux qu’on se sépare…
- Il sort avec elle ?
- Oui… il m’a proposé de rester amis… et j’ai accepté. Je sais que j’aurai pas dû, parce que je l’aime encore et que je vais être malheureuse, mais bon… »
Je soupirai, puis me mordis la lèvre inférieure.
« - Désolée…, dis-je. »
Elodie hocha lentement la tête.
« - C’est moi qui suis désolée…, murmura-t-elle. De t’avoir… »
Comme elle ne disait plus rien, je décidai de finir sa phrase moi-même :
« - De m’avoir envoyée chier ?
- Euh… ouais. En quelques sortes. Désolée… »
Je souris.
« - C’est rien, dis-je. T’es pardonnée.
- Merci…
- Je suis vraiment désolée… pour Anthony. Mais d’un côté… il n’y est pour rien. Je pense que l’amour est un sentiment assez flou, incontrôlable. Il t’aimait vraiment. Mais l’amour qu’il éprouve pour cette autre fille est plus fort… c’est tout.
- Je sais…, acquiesça-t-elle. Je sais. Mais…ce que tu dis… me rend encore plus triste. Anthony… n’était pas un salaud… pas comme lui… mais… mais il n’a pas réussi à… il a été obligé de me faire souffrir… malgré lui. Et de savoir que c’était la dernière des choses qu’il voulait, qu’il ne l’a pas fait exprès… moi, ça me réconforte pas. Ça me blesse… encore plus… parce que je sais qu’Anthony est un type génial… et que j’en trouverai jamais un autre comme lui ! ».
Sur ce, ma sœur fondit en larmes. Elle dissimula son visage entre ses bras.
Si seulement je n’avais pas été dans une situation aussi délicate, je me serai sans doute relevée, et je l’aurai prise dans mes bras pour la consoler.
Mais mes bras étaient dans un état si lamentable que je me sentais incapable de bouger. J’avais trop peur. Son regard aurait pu glisser sur mes bras, n’importe quand, et ma sœur aurait pu voir mes cicatrices.
C’était peut-être égoïste de ma part. La souffrance d’Elodie n’aurait-elle pas dû être plus importante que la mienne ? sans doutes.
Mais ce que Morgan m’avait dit semblait me hanter. Si je voulais être capable de prendre soin de quelqu’un d’autre, je devais d’abord m’occuper de moi. Si j’allais mal, je ne pouvais guérir ma sœur.
Moi d’abord. Les autres ensuite. Ce raisonnement paraissait égoïste… mais tant pis.
« - T’en fais pas…, murmurai-je. Ça va aller… »
Ma sœur releva la tête. Ses yeux étaient rougis, gonflés. Et, malgré moi, je ne pus m’empêcher d’éprouver une certaine envie, une pointe de jalousie.
Elodie pleurait. Moi pas. Et cela me rendait envieuse malgré moi. Etais-je un monstre, pour envier ainsi les larmes des autres ? c’était à se demander…
Ma sœur eut un faible sourire. Elle essuya avec sa main les larmes qui étaient restées sur sa joue.
« - Excuse-moi… je te mêle toujours à mes histoires de cœur. Je suis désolée. C’est moi qui ais dû te dégoûter des mecs et de l’amour. Pardon, Alex… »
Je restai muette. Ma sœur se releva, sorti de la baignoire, enfila son peignoir, et sortis de la salle de bains. Moi, je restai silencieuse.
Qu’aurai-je pu répondre à ça ? je savais, au fond de moi, ce qu’Elodie attendait de moi. Elle aurait sûrement voulu que je la rassure, que je lui dise qu’elle n’y était pour rien… mais ç’aurait été mentir.
Moi aussi, j’aurai aimé pouvoir affirmer qu’Elodie n’avait eut aucune influence sur mes sentiments, que mon entêtement à ne pas vouloir de petit ami n’avait rien à avoir avec elle. Mais c’était faux.
Evidemment, elle n’était pas entièrement responsable, elle n’était pas la cause principale de ma résolution. Il y avait quelque chose de beaucoup plus majeur. Mais je ne pouvais pas affirmer qu’Elodie n’avait rien à voir avec ça.
Je soupirai. Elodie était sortie. Elle m’avait laissée seule face à moi-même. J’étais désolée, j’étais triste pour elle. C’était tout ce que je pouvais être. Tout ce que je pouvais lui dire.
Je n’avais jamais été douée pour réconforter les autres, pour apaiser les cœurs. Je ne savais pas vraiment quoi dire. Cette histoire m’attristait… point final.

Je poussai un long soupir, puis plongeai la tête sous l’eau tiède. J’aurai voulu y rester éternellement. Je ressortis, puis me rinçai. Finalement, je sortis de la baignoire, en enfilant mes mitaines en tout premier.
Je m’habillai en quatrième vitesse puis fonçai dans ma chambre. Je composai le numéro de téléphone de Morgan sur le combiné de mon fixe et attendis. Mais personne ne répondit. Je réessayai. Personne. Je tentai le coup une troisième fois… sans succès. Je soupirai en entendant le répondeur, haussai les épaules puis raccrochai.
Je pris mon téléphone portable et envoyai un sms à Morgan, en lui disant de m’appeler dès qu’il voyait le texto.
Mais il n’appela pas, ni ne répondit de la soirée. L’idée qu’il était avec cette fille qu’il avait allumée dans la journée me traversa l’esprit. Un étrange sentiment amer s’empara de moi, et me mit de mauvaise humeur.
« Jalousie… »
Ce mot me vint subitement. De la jalousie ? vraiment ? j’étais jalouse, moi ? jalouse ? pourquoi ? de qui ? de cette fille ? qu’avais-je à lui envier ? de passer sa nuit avec Morgan ? c’était débile ! qu’est-ce que ça pouvait me faire ? je savais pertinemment que Morgan en avait rien à foutre, il ne connaissait même pas son nom ! j’étais beaucoup plus importante pour lui que cette fille facile, superficielle…
Seulement… il n’avait pas répondu. Ni à mon appel, ni à mon sms. En ce moment précis… c’était cette fille la plus importante pour lui. Cette fille… comment était-elle ? sans doute grande, belle, mince…
Je secouai la tête. Ça n’avait aucun sens. Je n’avais aucune raison d’être jalouse. Morgan était un ami à moi. Rien de plus. Il n’y avait pas de quoi en faire un plat ! et pourtant…





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Bloody Tear. Empty
MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IV, Rupture & Déclaration   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 11:04

Lorsque nous arrivâmes au lycée, le lendemain matin, Elodie et moi, Morgan était déjà là. Installé sur un banc, il semblait ailleurs. A côté de lui, Cathy, quant à elle, était plongée dans un bouquin, son iPod dans les oreilles. Je ne pus m’empêcher de me demander, avec une certaine amertume, si ce n’était pas à sa salope d’une nuit qu’il songeait.
« - Alors ?! aboyai-je immédiatement, vexée. Comment elle s’appelle ?! »
Morgan me regarda sans comprendre.
« - Qui ? interrogea-t-il.
- Ta pétasse.
- Ah… aucune idée. »
Je me sentis soulagée malgré moi. Il avait oublié son nom… ou, plutôt, il l’ignorait. Cette fille ne lui était donc pas importante. Pourtant…
« - Désolé pour ton texto, dit-il. Je l’ai vu ce matin…
- Ce… c’est rien. »
Morgan me sourit, puis tourna la tête vers Elodie.
« - Est-ce que ça va mieux ? s’enquit-il. »
Ma sœur était étrangement pâle. Elle n’avait même pas prit le temps de se maquiller, ni même de se coiffer. C’était peut-être encore pire que moi !
« - Oui, fit-elle vaguement, haussant les épaules. »
Cathy ferma son livre, le rangea dans son sac ainsi que son iPod. Elle se leva et sourit faiblement à ma sœur. Elles s’éloignèrent alors toutes les deux, en silence. Je poussai un long soupir et me posai à côté de Morgan, là où Cathy était précédemment.
« - Alors ? interrogea-t-il.
- T’avais vu juste, répondis-je.
- Il l’a plaquée ?
- Ouais… »
Morgan soupira.
« - J’aurai préféré m’être gouré… »
J’hochai la tête.
« - J’ai l’impression qu’Elo a vraiment pas d’bol, niveau mecs, soupira-t-il. »
J’acquiesçai. Il sourit.
« - En réalité, dit-il, je suis un dégueulasse. J’en ai rien à faire qu’Anthony ait larguée Elodie. Ce qui me fait chier, c’est que je sais que ça va avoir des conséquences sur toi… cette histoire va pas t’aider.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce que je te connais. Je sais que tu te sens plus impliquée dans les histoires d’Elodie que dans les tiennes. C’est comme ça… toi, dès qu’il s’agit de ta sœur, tu… tu penses à elle avant tout le reste.
- Et alors ?! m’exclamai-je. Qu’est-ce que ça te fait, hein ? tu me reproches quoi, là, au juste ? d’être généreuse ? d’être solidaire ?! tu voudrais quoi ? qu je sois une égoïste, c’est ça ? une grosse pute qui ne pense qu’à elle ?!
- Non… bien sûr que non, Alex ! calme toi ! pourquoi tu t’excites toujours comme ça, hein ?! ».
Ma fureur s’estompa un peu.
« - Désolée…, murmurai-je. Je sais que tu veux m’aider…mais… si tu commences à me demander d’ignorer le malheur d’Elodie pour moi-même… non, je suis désolée Morgan, mais j’en suis incapable. »
Il sourit, puis passa sa main dans mes cheveux.
« - C’est moi qui suis désolé, princesse. Je sais à quel point Elodie t’es précieuse… à quel point tu tiens à elle… mais… dis-toi une chose. Moi, je ressens à la même chose vis-à-vis de toi. J’ai envie de t’aider, de te protéger, de te soigner… et Elodie, je la vois comme un obstacle qui m’en empêche. Et, je te le dis franchement, ça me gonfle… »
Je souris.
« - T’es adorable, Morgan. Mais je crois que tant qu’Elodie ira mal, ça me sera impossible de ne penser qu’à moi. Si Elodie ne va pas bien… alors, moi, je ne peux pas être heureuse. C’est comme ça. »
Morgan ne répondit pas tout de suite. Il regardait droit devant lui, méditant sur mes paroles.
« - Peut-être…, dit-il finalement. Mais, d’un côté, tu es toujours malheureuse. Tu passes ton temps à te mutiler, et personne, à part moi, ne s’en rend compte. Tu es triste… mais Elodie ne le voit pas. Et, par conséquent, que tu ailles bien ou non ne l’empêche pas d’être heureuse, elle.
- Je sais mais… »
Je cherchai mes mots, en vain.
« - Peu importe, m’interrompt-il. J’ai compris. Je vais arrêter de ne penser qu’à toi… et me soucier des autres personnes. Comme ta sœur, par exemple. »

La sonnerie retentit. Nous montâmes au deuxième étage. Nous avions maths. Mais je n’écoutai rien. Durant toute l’heure, mes pensées furent tournées vers les mots de Morgan : « Je vais arrêter de ne penser qu’à toi. »
Il ne pensait qu’à moi ? à moi ? à personne d’autre ? j’occupai toutes ses pensées ?
Si ça se trouvait, peut-être qu’hier soir même, pendant qu’il était avec cette autre fille dont il ne connaissait même pas le nom, pendant qu’il l’embrassait, pendant qu’il la touchait… peut-être que c’était à moi qu’il songeait…
« - Alex… ? »
La voix de Yoann me tira de mes pensées.
« - Ouais ?
- Est-ce que… je pourrai te parler, tout à l’heure ? j’ai… quelque chose à te dire. »
Les paroles que Morgan m’avait dit la veille me revinrent alors : « Yoann t’aime… ». Je pâlis. Yoann me dévisageait, mais je ne savais quoi répondre… les paroles de Morgan m’emplissaient la tête… à un point que je n’avais plus la moindre idée de l’endroit où je me trouvais, ni même de ce qui se passait. A ce moment-là, je crois que j’étais complètement perdue…


Je vais arrêter de ne penser qu’à toi…

« - Alex ? »

Yoann t’aime…

« - Alex, ça va pas ? »

T’es pas une pute…

« - Hé, Alex ! »

Yoann t’aime…

« - Réponds-moi ! »

J’ai envie de te protéger…

« - Alex ! »

T’es une princesse…

« - Hé ! t’es là ? »

J’ai quelque chose d’important à te dire…

« - Alex ? fit Morgan. »

Je sursautai en entendant sa voix. Il était juste devant moi, et s’était retourné. Il nous observait, sourcils froncés, Yoann, qui était juste assit à côté de moi, et moi-même.
« - Alex ? répéta Yoann. Ça va ? »
Je secouai la tête.
« - Oui, fis-je. Désolée. J’étais… ailleurs.
- On avait remarqué…, dit Morgan.
- Désolée… tu me parlais, Yoann ?
- Euh…oui. Je te demandai si… enfin… j’ai quelque chose à te dire… et je voudrai te parler à toi seule, tu vois… »
J’hochai la tête.
« - Pigé, dis-je. »
Je me forçai à sourire, comme si je n’avais rien su, comme si Morgan ne m’avait rien dit, comme si ce dernier n’occupait pas toutes mes pensées… comme si de rien n’était. Morgan eut un sourire amusé avant de se rasseoir correctement.
La sonnerie finit par sonner les midi. « Il était temps, pensai-je, parce que je commençai à crever la dalle ! ».
Alors que Jason, Elodie, Cathy et Morgan s’éloignaient vers les tables de la cour pour manger leur déjeuner, Yoann m’entraîna à l’écart, entre le mur du bâtiment et la murette qui délimitait le lycée. Un pommier se tenait à quelques mètres de nous, avec un banc installé juste en dessous.
En novembre, ce n’était pas un spectacle des plus agréables. En revanche, au printemps et en été, cet endroit, qui n’était connu que des plus anciens, était souvent surnommé le « Coin des Amoureux ».
En effet, c’était souvent ici que les couples récents s’isolaient pour passer leurs récrés à se bécoter… moi, j’avais toujours trouvé ça pathétique.
Mais malgré tout, le fait que Yoann m’emmène ici pour me dire « quelque chose d’important » dissipa tout les doutes qui pouvaient encore exister dans ma conscience.
Non, Morgan ne m’avait pas menti. Oui, Yoann m’avait bel et bien entraînée ici pour me faire sa déclaration. Mais moi, dans tout ça, qu’est-ce que je pouvais faire ? qu’allais-je devoir répondre ?
A ce moment-là, j’aurai préféré n’avoir jamais su ce que Yoann allait me dire. J’aurai préféré laisser la surprise s’installer plutôt que la panique. Parce que c’était ça. Je paniquais totalement. Que devais-je faire ?

« - Pourquoi tu m’emmènes ici ? demandai-je. Tu sais bien que je déteste cette endroit… »
Yoann se retourna.
« - Désolé, dit-il. J’avais oublié… tu veux… qu’on aille ailleurs ?
- Hein ? non… c’est bon.
- Enfin… je comprends pas pourquoi tu détestes venir ici… c’est plutôt agréable…
- Agréable ? achète toi des yeux !
- Mais, Alex… c’est Le Coin des Amoureux !
- C’est justement pour ça que je déteste cet endroit !
- Pourquoi ? c’est très joli, ici, pourtant…
- En été. Pas en automne. »
Yoann baissa la tête. Il semblait complètement décontenancé. Je fronçai les sourcils.
« - Bon… peu importe. Qu’est-ce que tu voulais me dire de si important, pour que tu ais besoin de m’entraîner à l’écart, dans le « Coin des Amoureux » ?
- Je… »
Yoann leva la tête. Il tenta d’affronter mon regard, mais détourna aussitôt les yeux.
« - Tu… ? »
Il hésita, ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis la referma.
« - T’as raison…, dit-il finalement. C’était stupide… j’aurai pas dû t’emmener ici. Comme j’aurai pas dû… enfin… non… laisse tomber !
- Comment ça, laisse tomber ? tu t’fous de moi ? t’as rien à me dire ?
- Non. Absolument rien. C’était… une blague.
- Menteur !
- Je mens pas !
- Bien sûr que si ! espèce de… trouillard ! dégonflé ! t’es sûr que t’as vraiment un truc entre les jambes, ou quoi ? qu’est-ce que je t’ais fais, hein ? pour que tu ais peur de moi à ce point ? si tu veux savoir… je sais exactement ce que tu veux me dire ! seulement, je sais aussi que t’es trop une lavette pour en avoir le courage ! et ben, dis-toi un truc ! si tu veux pas que je tombe amoureuse de Morgan… t’as plutôt intérêt à te décider le plus vite possible ! »
Yoann me regarda, bouche bée, muet.
« - Qu’est-ce que tu … ?
- Oh, ça va ! épargne moi les questions débiles ! »
Je croisai les bras, et pris un air mécontent qu’il connaissait mieux que personne. Je tapai du pied, histoire de montrer mon impatience.
« - Bon ! fis-je. Alors ?! t’attends quoi ?
- Mais, Alex…
- Déclare-toi ! allez ! qu’est-ce que t’as ? »
Yoann resta à me regarder sans rien dire. Cela m’agaça plus que tout.
« - Désolée, dis-je finalement, mais je refuse de sortir avec un dégonflé comme premier petit ami. Moi, je veux un mec, un vrai… pas un trouillard. »
Sur ce, je tournai les talons et commençai à m’en aller… mais Yoann m’en empêcha. Il m’attrapa le bras, me força à me retourner, et à le regarder.
« - Alex… !
- Quoi encore ?
- Mais… attends ! tu pourrais… me laisser le temps de…
- Comment ça ? tu te fous de moi ? ça fait depuis le CP que tu mijotes ça dans ton coin… tu vas pas me dire que t’as pas eu le temps de te préparer psychologiquement à ça, quand même ?
- Mais… tout va trop vite… je suis largué, là… co… comment t’as su que… que je…
- Je pense pas que ce soit très important. Je le sais, un point c’est tout. Plutôt que de te poser des questions… tu devrais en profiter, tu crois pas ? le fait que je sache déjà ce que tu vas me dire… ça devrait te mettre en confiance, non ?
- Oui… mais…
- Ah ! alors qu’est-ce que t’attends, dans ce cas ?
- Mais, Alex… t’exagère… ça fait peut-être un moment… mais c’est pas aussi simple que ça… t’es ma meilleure amie… j’ai peur… de te perdre…
- Imbécile… »
Je souris.
« - Tu crois vraiment que… ce genre de chose pourrait anéantir notre amitié ?
- Je… j’en sais rien, moi…
- Bien sûr que non ! Et puis, je connais ton secret, maintenant. Alors, je crois que, de toute manière, t’as plus grand-chose à perdre. »
Yoann osa enfin me regarder dans les yeux.
« - T’as raison, dit-il. »
Il prit son courage à deux mains… puis mit un genou à terre. J’éclatai de rires.
« - Je peux savoir pourquoi tu t’agenouilles ? fis-je, hilare. Tu m’fais une demande en mariage ou quoi ? ».
Yoann fronça les sourcils, mais ignora ma remarque.
« - Alexia Slynner…, commença-t-il.
- Oh, non ! c’est les profs qui m’appellent comme ça, Yo ! t’abuse !
- Putain, Alex, tu vas fermer ta gueule, oui ?! si tu crois que c’est évident… !! tu pourrais au moins te montrer sympa et arrêter de te foutre de ma gueule !
- Oh la la, je plaisante, t’énerve pas !
- Je m’énerve pas… mais ferme-la ! »
Je soupirai.
« - Et ben ! si pour toi faire une déclaration à une fille signifie mal lui parler, t’es plutôt mal barré…
- Ta gueule ! aboya-t-il. »
Je me décidai à me taire. Yoann inspira à fond, expira, comme s’il s’apprêtait à sauter d’un rocher de 8mètres de haut et qu’il s’y préparait psychologiquement…
« - Vas-y, l’encourageai-je, lance toi, Yoann, fais le grand saut… »
Yoann releva la tête pour voir si je me moquai encore de lui, et je lui adressai un sourire compatissant pour lui prouver le contraire. Il se sentit un peu plus confiant.
« - Ok…, fit-il. Déjà… je vais me lever… parce que là, j’ai bien l’air con ! »
J’éclatai de rires.
« - Je confirme ! répondis-je. »
Yoann sourit et se leva. Il se tint droit, fit un pas vers moi, et me saisit doucement le haut des bras. Les blessures que je m’étais infligée la veille me brûlèrent lorsqu’il posa ses doigts à cet endroit… mais je restai impassible. Je m’étais habituée à endurer cette insupportable douleur…
« - Alex…, commença-t-il. »
Je souris.
« - Yoann ? répondis-je. »
Il retrouva alors ce sourire franc et familier que je reconnaissais.
« - Je t’aime, dit-il. »
Les mots étaient sortis comme ça, aussi simplement… des mots qu’aucun autre garçon ne m’avait jamais dit… des mots si simples pour exprimer ce que l’on ressentait… c’était presque insensé…
« - Moi aussi, murmurai-je. Moi aussi, je t’aime. »
Yoann sourit. Il se pencha alors doucement vers moi et m’embrassa. Ce ne fut pas comme le baiser que Morgan m’avait volé, celui-ci était un vrai baiser, doux, mais surtout sincère. Et je pense que c’était cette sincérité qui me fit frissonner de tout mon être lorsque ses lèvres se posèrent sur les miennes…




Dernière édition par Doll le Mar 22 Avr - 10:38, édité 2 fois
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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre IV, Rupture & Déclaration   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 11:05

Lorsque Elodie, Morgan, Cathy et Jason nous virent revenir, Yoann et moi, main dans la main, le sourire aux lèves, ils comprirent immédiatement ce qu’il s’était passé. Néanmoins, ils se comportèrent comme d’habitude, ne posèrent aucune question, et ne firent aucune remarque.
Je remarquai que ma sœur avait retrouvé le sourire, que cet évènement l’avait plus ou bien consolée, et cela me rendit encore plus heureuse.
Morgan fut le seul à m’adresser des sourires et des clins d’œil complices, comme pour dire : « Sans moi, tu serais rien, princesse. »

Il profita d’un moment d’agitation pour m’entraîner dans un coin du lycée : sous les escaliers. Il s’assit par terre, et alluma une clope.
« - Alors ? fit-il. Raconte ! comment ça s’est passé ? »
Je soupirai.
« - Toi, alors… t’es peut-être pire qu’Elodie, des fois ! dis-je. »
Je m’assis à côté de lui et posai ma tête sur son épaule.
« - Yoann m’a avoué qu’il m’aimait…, dis-je. Et j’ai répondu moi aussi.
- Et ben c’est cool ! fit-il avec un grand sourire. »
Mais un seul regard dans ma direction lui suffit à comprendre qu’on ne percevait pas les choses de la même manière.
« - Et bien, quoi ? c’est pas cool ? tu sors avec ton ami d’enfance… il est amoureux de toi, t’es amoureuse de lui… il est où, le problème ?
- Je suis pas amoureuse de lui, Morgan. »
Il se stoppa net.
« - Quoi ?
- Yoann… je suis pas sûre de l’aimer. Tu comprends, je… j’ai jamais ressenti ça pour personne, alors… j’ai du mal à le savoir… est-ce que… c’est vraiment de l’amour ? ou peut-être… une amitié très forte ?
- Si t’étais pas sûre de tes sentiments pour lui… pourquoi tu lui as dis que tu l’aimais ?
- C’est que… je crois que je le suis, mais… sur le coup… j’ai répondu… la première chose que mon cœur me disait… et c’était moi aussi… est-ce que… j’ai mal fait ?
- Tu crois que tu l’aimes ?
- Je pense, oui.
- Alors… je crois pas que tu ais mal agi.
- T’es sûr ?
- Certain. Et puis… si, au pire, au fil des jours, tu te rends compte que tu l’aimes pas… et bien, tu le lui dis, un point c’est tout. Les sentiments que Yoann éprouve pour toi sont sincères, Alex. Alors, si tu lui annonces un jour que tu ressens rien d’autre qu’une forte amitié vis-à-vis de lui… il l’acceptera. Ça lui sera dur, évidemment… mais il s’en remettra. Et puis, il est pas con : il sait bien que c’est pas à dix-sept ans qu’il va rencontrer l’âme sœur. Et toi aussi… »
J’acquiesçai.
« - Merci, Morgan…, murmurai-je. Mais j’aimerai te poser une dernière question… je sais bien que t’es pas un expert en amour… mais… est-ce que c’est normal… de penser toujours à quelqu’un ? d’être obsédé par lui… en permanence ? quoiqu’on face, quoiqu’on dise… c’est à lui qu’on pense ?
- Et ben, comme tu dis, l’amour et moi, ça fait deux, mais… je pense que ce que tu dis, ça doit sûrement être ça, être amoureux. »
Je me figeai un peu.
« - Pourquoi ? continua Morgan. C’est ce que tu ressens pour Yoann ? »
Je me sentis pâlir. Non. Ce n’était pas ce que je ressentais pour Yoann… c’était ce que je ressentais pour lui. Mais comment aurai-je pu lui dire ? Je me forçai à sourire.
« - Oui, mentis-je. Bien sûr. »
Morgan sourit.
« - Alors c’est cool ! fit-il. »
Il me pinça le nez.
« - Tu vas te faire dépuceler, princesse ! dit-il.
- Hé… tu vas un peu vite, là, tu crois pas ?
- Ben quoi ?
- Ça fait à peine une demi-heure que je sors avec Yoann et tu veux déjà qu’on passe à l’acte ?
- Ben… pourquoi pas ? le plus tôt sera le mieux, non ?
- Ah ouais ? pourquoi ça ?
- Bah, parce que, imagine que tu meurs accidentellement demain… tu mourras vierge… c’est un peu con, non, pour une fille aussi bien roulée que toi, tu crois pas ? et là, tu regretteras de pas être passée à la casserole plus tôt !
- Quel mytho tu fais, Morgan !
- Quoi ? pourquoi ça ?
- Tout ce que tu veux, c’est que Yoann me dépucelle le plus vite possible pour pouvoir me sauter ensuite !
- …aussi, admit-il. Et alors… y’a un mal à ça ? »
Je levai les yeux au ciel.
« - T’es irrécupérable…, dis-je, exaspérée. »
Et Morgan éclata de rires.
« - Moi aussi, je t’aime, princesse ! fit-il avec un grand sourire. »



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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre V, Souvenirs d'Enfance   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 11:09

Chapitre V
Souvenirs d’enfance



« - QU’EST-CE QUE C’EST ENCORE QUE CE BORDEL ?! »
Mon père me hurlait dans les oreilles, me déchirant les tympans. Et moi, j’aurai donné n’importe quoi pour me changer en petite, en minuscule souris et disparaître loin, très loin d’ici.
« - Ecoute, papa, je…, commençai-je.
- Tais-toi ! je veux pas d’excuses ! ni même d’explications !
- Mais enfin, qu’est-ce qu’il se passe ici ? »
Ma mère était arrivée, et nous regardait tout deux d’un air hébété. Mon père se mit alors à agiter l’enveloppe qu’il venait de recevoir sous le nez de celle-ci.
« - Regarde ! regarde ! criait-il.
- Comment veux-tu que je fasse, si tu l’agites comme ça sous mon nez ? »
Elle arracha la lettre de la main de mon père et commença à la lire. Ses sourcils se haussèrent.
« - Qu’est-ce que ça signifie… ?
- C’est une lettre provenant du lycée de nos très chères filles !
- Oui, je le vois bien… mais… ils ont dû se tromper d’adresse, non ?
- Pourquoi se seraient-ils trompés d’adresse ?
- Et bien, tu ne l’as pas lue ? il y a écrit que nous sommes convoqués chez le vice principale suite aux fautes que notre enfant a commit. Oh, oui, c’est sûr, ils ont dû se tromper d’adresse ! tiens, Alex, prends cette lettre. Tu la rendras à ton vice principal en lui expliquant tout ça, d’accord ? »
Elle me tendit l’enveloppe mais je restai immobile.
« - Et bien ? continua-t-elle. Qu’est-ce que tu attends ? vas-y, prends la lettre !
- Non, maman, dis-je.
- Ah bon ? et pourquoi ça ?
- Parce qu’ils ne se sont pas trompés d’adresse.
- Comment ça… ?
- Idiote ! s’exclama mon père. Tu es aveugle ou quoi ? tu ne comprends pas ce qu’elle essaye de nous dire ?
- Et bien, non.
- Ta fille… a fait une connerie ! voilà ! une grosse, énorme connerie, et à cause de ça, nous sommes convoqués chez le vice principal !
- Oh, ne sois pas si grossier, Frank. Dis-toi que ça aurait pu être pire.
- Ah ? et comment ça pourrait être pire, tu m’expliques ?!
- Et bien, nous aurions pu être convoqués chez la principale au lieu du vice principal. Ça n’était sans doute pas une bêtise si énorme, donc. »
Mon père leva les yeux au ciel, en signe d’abandon.
« - Ecoutez…, commençai-je. Je vais vous expliquer…
- Hors de question ! rétorqua mon père. Je ne veux pas entendre un seul mot, c’est clair ?! Alors monte dans ta chambre !!
- Mais…
- MONTE DANS TA CHAMBRE !!!
- Mais, enfin, chéri, calme toi ! intervint ma mère. Décidément… tu perds ton sang-froid pour vraiment pas grand-chose !
- Pas grand-chose ? pas grand-chose ? je te signal que nous sommes convoqués par le vice principal de…
- Oh, je sais, Frank ! à t’entendre, on dirait que c’est la fin du monde ! il n’y a pas mort d’homme ! et bien quoi, tu n’en as jamais faîtes, des bêtises, toi, quand tu étais jeune ? moi, si. Des tas, même. Et ça ne m’a pas empêché de devenir une mère honnête et équilibrée.
- Et ben, on aura tout vu…, fis-je.
- Je me passerai de tes commentaires, Alexia, dit-elle. Bon… allez, explique moi un peu ce qu’il s’est passé ?
- Et bien, je…
- Tu… ?
- Jaisautésurmorganetjelaitabassépendantlecoursdhistoire. »
Mes parents me regardèrent, bouche bée.
« - Gné ? fit mon père.
- J’ai rien compris, dit ma mère. Pourrais-tu articuler ? »
J’inspirai, pris mon courage à deux mains, et lâchai :
« - J’ai sauté sur Morgan et je l’ai tabassé… pendant le cours d’histoire. »
Mes parents restèrent bouche bée. Mais, cette fois, ils avaient vraiment compris.
« - Qu…quoi ?! s’écria mon père.
- Je suis dé-so-lée ! fis-je.
- Mais enfin, Alexia, tu ne réfléchis pas ou quoi ? fit ma mère. Qu’est-ce qui t’as pris ? sauter sur ce pauvre Morgan… et le tabasser comme ça… que t’avait-il fait ?
- Il m’avait insultée !
- Et alors ? de simples mots valent-ils vraiment des coups ?
- Non ! je sais bien que non, mais… il m’avait énervée ! mais… il s’est excusé, maintenant. Donc tout va bien.
- Enfin… agir ainsi… ce n’est pas digne d’une jeune fille, Alex. Tu devrais le savoir, pourtant…
- Je sais… je suis désolée. Je recommencerai plus.
- Juré ?
- Craché. »
Ma mère soupira, puis sourit.
« - Bon, j’accepte de te pardonner sans punition…
- Quoi ?! fit mon père.
- Sérieux ? m’exclamai-je.
- A une condition.
- Ah… je m’en doutais…
- Je veux que tu répondes à une question.
- Ah ? et… c’est quoi ? »
Ma mère m’adressa un grand sourire.
« - Est-ce que Yoann embrasse bien ? »
Je la regardai avec des yeux ronds.
« - Qu’est-ce que… co… comment tu sais, pour Yoann et moi ?!
- Une mère sait toujours tout.
- Hein ? atterrit mon père. Alexia a un petit ami ?
- Oui ! lui répondit ma mère, soudain toute excitée. Et pas n’importe quel petit ami, s’il te plaît : il s’agit de Yoann Obeerns !
- Obeerns ? mais… ça fait un moment qu’on le connaît, ce p’tit gars, non ?
- Evidemment ! il est dans la même classe qu’Alex depuis le CP !
- Tu plaisantes ?
- Non ! c’est Elodie qui me l’a dit ! ils sortent ensemble depuis aujourd’hui ! »
J’en avais assez entendu. Je profitai de leur agitation pour m’éclipser en douce. Arrivée dans ma chambre, seule, je pensai de nouveau à Morgan. Il occupait vraiment toutes mes pensées…
Je secouai la tête, tentant de l’en chasser. C’était insensé. C’était à Yoann que je devais penser, pas à lui ! après tout, j’avais bien répondu « moi aussi » à sa déclaration, non ? je devais en assumer les conséquences.
Et puis, j’étais sans doute amoureuse de lui. Oui, c’est sûr. Si je pensais à Morgan… c’était en raison du mystérieux lien qui nous unissait. Rien d’autre.
C’était Yoann que j’aimais. C’était évident, non ? on se connaissait depuis l’école primaire… on avait partagé tellement de choses ensemble… c’était de lui que je devais être amoureuse. Pas d’un autre.
Si je pensais à Morgan, c’était parce que ce type était sûrement le plus bizarre que j’avais jamais vu. Et puis, il était beau, aussi, il fallait le reconnaître. Je n’éprouvai pour lui rien d’autre qu’une attirance purement physique.
Mais c’était Yoann que j’aimais. Il n’y avait aucun, absolument aucun doute là-dessus… et il ne pouvait pas y en avoir, de toute manière.
La porte s’ouvrit brutalement sur Elodie, et je sursautai. Elle avait le téléphone dans la main et l’agitait vivement.
« - Un appel pour toi, Alex ! fit-elle.
- Ah bon ? de qui ? c’est Morgan ?
- Morgan ? pourquoi Morgan ? c’est Yoann, ton petit ami, Alex, pas Morgan. Toi, alors… ! allez, réponds. »
Elle me donna le téléphone et sortit de ma chambre.
« - Allô ? fis-je.
- Alex ? c’est Yoann. Je te dérange ?
- Non… pas du tout. J’étais justement… en train de… penser à toi. »


Le lendemain, lorsque Elodie et moi arrivâmes au lycée, Yoann se rua presque immédiatement sur nous. Ma sœur lui dit bonjour puis nous laissa tous les deux, s’éloignant « rejoindre Cathy ».
« - On dirait qu’elle va mieux…, dit Yoann.
- Oui, répondis-je. Elle a retrouvé le sourire depuis qu’on sort ensemble. »
Yoann sourit. Il se pencha sur moi et ses lèvres effleurèrent les miennes. Puis il descendit un peu plus bas et m’embrassa le cou. J’aurai voulu le repousser de toutes mes forces, le repousser pour m’enfuir loin d’ici, loin de lui… mais je restai immobile, tétanisée.
Mon regard croisa alors celui de Morgan. Celui-ci semblait avoir lu la détresse dans mes yeux. Il s’approcha alors de nous, et tapa sur l’épaule de Yoann pour l’écarter de moi.
« - Hé, fit-il en riant, doucement, mon vieux ! un peu plus et tu la sautais sur place ! j’savais pas que t’avais des tendances exhibitionnistes ?! »
Yoann eut un sourire mauvais.
« - Salut… Morgan, fit-il. »
Celui-ci lui adressa un sourire puis se pencha vers moi pour me faire la bise.
« - Salut, princesse, dit-il.
- Salut… »
L’odeur de son parfum m’emplit les narines. Il sentait vraiment, vraiment trop bon. Je me sentis comme envahie, possédée par cette odeur… Morgan se redressa, toujours aussi souriant.
« - Bon, je vous laisse, les amoureux ! dit-il. »
Il m’adressa un clin d’œil avant de s’éloigner. Et, sans que je m’en rende compte, un sourire bêta s’était dessiné sur mes lèvres. Et ça n’échappa pas à Yoann.
« - C’est quoi, cette tête ? dit-il. »
Je revenais à la réalité.
« - Hein ? quoi ? quelle tête ?
- Te fous pas de moi ! t’es amoureuse de Morgan, ou quoi ?! »
J’éclatai de rires, mais, en voyant la tête que faisait Yoann, je réalisai qu’il ne plaisantait pas.
« - Hein ? m ais, Yoann, qu’est-ce que tu racontes ? c’est toi, mon petit ami, pas Morgan !
- Ouais, bah, on se demande !
- Quoi… ? hé, mais c’est quoi encore, cette crise de jalousie ? t’as pas vu la tête que tirent toutes les filles sur son passage ? Morgan est super beau ! et moi, je suis une fille comme les autres, je suis pas insensible à son charme. Mais c’est pas parce que je trouve Morgan beau que ça m’empêche d’être amoureuse de toi ! t’es bête, ou quoi ?! »
Yoann ne répondit pas tout de suite.
« - Ouais…, lâcha-t-il finalement. Si tu veux… »
Il tourna les talons et commença à s’en aller.
« - Hé ! criai-je. Mais… attends ! où tu vas ? »
Il se retourna.
« - Allez, dit-il. Tu viens ? »
Je souris, puis me pressai de le rejoindre.
« - Tu sais…, commençai-je. T u… tu devrais pas être jaloux de Morgan.
- Ah bon ? et pourquoi ça ?
- Ben, parce que… c’est vrai qu’on est super proches, lui et moi, mais… ça veut rien dire. Je te jure. Je suis pas amoureuse de lui. Sinon… j’aurai pas répondu que je t’aimais, hier…
« - Je sais bien…, dit-il en hochant la tête.
- Mais… ?
- Mais je peux pas m’empêcher d’être jaloux de lui. C’est comme ça. J’arrive pas à l’apprécier. Ce type… il est trop bizarre. »
Je souris.
« - Tu sais… Morgan et moi… si on est si proches… c’est parce que… il… il a découvert un secret à moi. Un… un secret que personne ne connaît. Personne… à part lui. C’est pour ça que… qu’on s’entend si bien, tous les deux… et c’est aussi pour ça que… que j’ai parfois tendance à… me confier à lui… plus facilement qu’à toi… »
Yoann s’arrêta de marcher.
« - Qu’est-ce qu’il y a ? fis-je.
- Je veux savoir, dit-il subitement.
- Hein ? savoir quoi ?
- Ton secret. Dis-le moi.
- Mais… Yoann…
- Y’a pas de raison qu’il le sache et pas moi, Alex ! alors si lui est au courant… je veux l’être aussi !
- Non !
- Pourquoi ?
- Parce que ! je… je peux pas te le dire. C’est comme ça. »
Yoann resta muet.
« - Ecoute…, dis-je. J’ai rien contre toi, mais… c’est quelque chose… que… j’ai trop peur de révéler…
- Alors pourquoi tu l’as dis à Morgan ?
- Je lui ais pas dis ! Il l’a découvert de lui-même !
- Mais… c’est injuste ! c’est moi, ton petit ami, non ? je devrai savoir…
- Arrête, Yoann ! on sort ensemble que depuis hier !
- Et alors ? moi… je te connais depuis le CP ! alors que lui… il… ça fait à peine un mois qu’il est ici ! et il connaît quelque chose de toi que j’ignore !
- Mais… Yoann…
- Quoi ?!
- Laisse tomber…, soupirai-je. Je te jure… que c’est pas contre toi. Un jour, je te le dirai… mais… pas tout de suite. Je suis pas prête. Ne m’y force pas, s’il te plaît… ne me force pas à te parler de ce secret… si je ne m’en sens pas capable ! ».
Yoann soupira.
« - Excuse-moi…, dit-il. Je suis un égoïste. Je ne pense qu’à moi. Morgan… il a été capable de te comprendre, au moins… il sait qu’il ne doit pas te forcer la main… et c’est pour ça que tu lui fais autant confiance, pas vrai ? »
Je baissai la tête.
« - Je suis désolée…, murmurai-je. Mais c’est comme ça. »
Yoann posa sa main sur mon crâne et frotta mes cheveux emmêlés.
« - C’est moi qui m’excuse, Alex, dit-il. J’ai tords de pas te faire confiance. Mais… tu comprends… mes ex m’ont tellement toutes fais des coups de putes que maintenant, je… je me méfie.
- Je suis pas comme tes ex, moi, répliquai-je. Si tu commences à me comparer à ces salopes-là…
- Non ! bien sûr que non !! je vais pas te comparer à elles, Alex ! je sais bien que t’es différente. Et c’est pour ça que je t’aime. »
C’est pour ça que je t’aime… Il parvenait à sortir des mots pareils aussi facilement… comme je l’enviais.
« - Je te demande juste de me faire confiance, dis-je. Si tu es incapable de me laisser faire ce qu’il me plaît… alors je refuse de sortir avec toi. Etre amoureux de quelqu’un ne signifie pas être lié à lui. Je ne veux pas t’appartenir. Ni à toi, ni à aucun autre. Je veux être libre. Alors ne m’enchaîne pas avec tes liens d’amour… parce que je suis née pour vivre en liberté. Et personne ne m’en empêchera. Pas même toi. »
Yoann hocha la tête, et sourit.
« - Je comprends…, dit-il. Tu ne m’appartiens pas. Et je ne t’appartiens pas non plus. Nous devons nous rester fidèle… mais nous sommes tout de même libres d’aller où bon nous semble. Tant qu’on ne se trompe pas.
- T’as tout pigé, acquiesçai-je.
- Ça me plaît, déclara Yoann.
- Moi aussi.
- Mais j’aimerai quand même que tu répondes à une simple question de curiosité.
- Laquelle ?
- Comment ça se fait que tu ais fais la bise à Morgan, tout à l’heure ? alors que tu ne fais la bise à aucun garçon, d’habitude ? »
Je me figeai. C’était vrai. Je lui avais fais la bise…
« - Je… je sais pas, en fait. Je crois que… je m’en suis même pas rendue compte ! »
Yoann éclata de rires.
« - Toi, alors… ! fit-il. Allez, t’en fais pas, je dirai à personne que t’es pas restée fidèle à tes principes de garçon manqué. »
J’hochai la tête en souriant.
« - Je suis un peu étourdie en ce moment… c’est bon signe, non ? ça veut sûrement dire… que je suis complètement amoureuse. »
Sur ce, je me levai sur la pointe des pieds et l’embrassai.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre V, Souvenirs d'Enfance   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 11:11

Yoann s’assit sur un banc, à côté de Jason, en poussant un long soupir.
« - Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda l’autre, sans même lever le nez de son journal.
- J’en ai marre ! répliqua l’autre.
- De quoi ?
- De Morgan !
- Encore ?! qu’est-ce qu’il a fait, cette fois ?
- Rien ! il me saoule, c’est tout ! j’ai l’impression… qu’il connaît Alex mieux que moi ! et ça me fait chier !! j’te jure, ce type… je peux pas me le blairer ! il me gonfle complètement !
- T’es jaloux ?
- Ouais ! sérieux, il me fait chier !
- Oui, mais d’un côté, s’il avait pas été là, t’aurais jamais eus Alex.
- Ah bon ? et pourquoi ça ?!
- Parce que, premièrement, il fallait que quelque chose susceptible de te la voler débarque dans ta vie pour que tu te décides à lui avouer que tu l’aimais. Deuxièmement, c’est Morgan qui a poussé Alex dans tes bras. Et, troisièmement, c’est lui qui lui a dit que tu l’aimais.
- Qu… quoi ? attends… t’es en train de me dire que… si je sors avec elle… c’est uniquement grâce à cet emmerdeur ?
- T’as tout pigé. »
Yoann rejeta la tête en arrière, les mains sur les yeux, soupirant une nouvelle fois, encore plus déprimé.
« - T’as vraiment pas le dont pour me remonter le moral, toi !
- En effet. Je dirai même que je te l’enfonce encore plus. Mais, d’un côté, y’a que la vérité qui fâche. »
Yoann hocha gravement la tête, avant de voir que Morgan arrivait vers eux.
« - Pff…, fit-il. Et le voilà qui débarque. »
Jason sourit mais ne fit pas de commentaire.
« - Yop, les gens ^^ ! dit Morgan, toujours souriant.
- Yo ! répondit Jason.
- Qu’est-ce que vous racontez de beau ?
- On parlait de toi, dit Jason.
- Ah bon ? et vous disiez quoi ^^ ?
- Yoann disait que t’étais un emmerdeur.
- Sympa…
- Et je lui ais répondu que s’il sortait avec Alex, c’était grâce à toi.
- Ouais…, fit Yoann, blasé. »
Morgan sourit. Il posa son pied sur le banc, sortit une clope, l’alluma, et la fourra dans sa bouche.
« - Désolé d’être la source de tes ennuis, rétorqua-t-il.
- Bah, il est juste jaloux de toi, fit Jason, indifférent.
- Y’a pas de quoi…
- Si, y’a de quoi. Tous les mecs ont de quoi être jaloux de toi.
- T’abuse. Je suis pas si beau que ça.
- Bah, c’est pas l’avis d’Alex, en tout cas, dit Yoann.
- Ni des autres filles…, ajouta Jason.
- Sérieux ? fit Morgan. Alex a dit qu’elle me trouvait beau ?
- Evidemment…, soupira Yoann. Garçon manqué ou pas… elle reste une fille… »
Morgan devint soudainement tout heureux.
« - Héhé ! mon charme agit même sur elle, alors !! »
Yoann poussa un long soupir, puis dit :
« - Malheureusement… et, le pire de tout, c’est que j’ai une dette envers toi.
- Ah bon ? pourquoi ? s’étonna Morgan.
- Parce que c’est grâce à toi si je sors avec Alex.
- Ben… un peu, mais… t’inquiète pas, t’as aucune dette envers moi. Si j’ai fais ça, c’était uniquement pour Alex. Je voulais qu’elle soit heureuse… et, pour ça, je savais qu’elle avait besoin d’un petit ami. Or, tu étais là, toi, son ami d’enfance, et, en plus, t’étais déjà amoureux d’elle. C’était juste un coup de bol. Mais si j’ai poussé Alex dans tes bras… c’était uniquement pour elle. Rien à voir avec toi, rassure-toi.
- Ça me rassure… »
Morgan sourit.

Je parvins à m’éclipser de justesse, profitant d’un instant de distraction des deux folles pour m’échapper.
Alors que je marchai dans la cour, je vis, au loin, Jason et Yoann, installés sur un banc, et Morgan qui leur parlait. Je souris. Je me mis à courir et sautai sur le dos de Morgan avec un hurlement barbare.
« - Putain, Alex ! s’écria-t-il. »
J’éclatai de rires.
« - Je suis crevée, Morgan ! en tant que gentleman, tu dois me porter !
- Je suis pas un gentleman ! rétorqua-t-il.
- Portes-moi quand même ! »
Il poussa un long soupir d’exaspération, mais saisit quand même mes jambes. Je mis mes bras autour de son cou, posait la tête sur son épaule et fermai les yeux.
« - Ahh, fis-je, je suis vraiment é-pui-sée.
- Qu’est-ce que t’as foutu ? demanda Jason.
- J’ai esquivé les deux tarées, répondis-je.
- Elodie et Cathy ? interrogea Yoann.
- Ouais. Elles m’ont coincée pour me harceler de questions.
- Elles voulaient savoir si Yoann embrassait bien, je suppose ? dit Morgan.
- Ouais…
- C’est des cas désespérés, fit le concerné. »
Je souris.
« - Je les ai esquivé, puis je vous ai vu, parlant de trucs de mecs, alors ça m’a immédiatement intéressée. Plus que leurs conversations de filles, en tout cas. »
Morgan éclata de rires.
« - T’as bien raison ! dit-il en me reposant à terre. »
« - Vous parliez de quoi ? demandai-je en m’avançant, tournant le dos à Morgan.
- De toi, me répondit Jason.
- Ah ouais ? et vous disiez quoi ? »
Morgan s’approcha de moi, mit un bras autour de mon cou, l’autre sur mon ventre, et approcha sa bouche de mon oreille.
« - On disait que t’étais vraiment bonne…, chuchota-t-il. Et qu’on allait te partouzer… »
Sur ce, il me lécha la joue.
« - Burk ! m’écriai-je. »
Je le repoussai vivement, puis courrai m’asseoir sur les genoux de Yoann. J’attrapai ses bras et les croisaient sur mon ventre, m’essuyant la joue à l’aide de ses manches. Je posai ma tête contre son épaule, puis fermis les yeux.
« - Vous avez de ces conversations, des fois, dis-je.
- Ben quoi ? on est des mecs normaux ! me répondit Morgan.
- Ouais, vous avez le droit d’être des pervers et de fantasmer sur des nanas, mais pas sur moi, s’il vous plaît ! ça me donne envie de girber…
- Hé, crois pas tout ce que je te dis, princesse !
- Non, t’inquiète, fit Jason. J’expliquai juste à Yoann que s’il sortait avec toi, c’était en partie grâce à Morgan.
- Ah ? »
Je lançai un regard en coin à Yoann. Il était complètement déprimé.
« - Je vois…, fis-je.
- Et oui, c’est pour ça qu’il tire une tête de cent pieds de long, depuis tout à l’heure ! fit Jason. »
J’éclatai de rires. J’attrapai la joue de Yoann, l’attirai vers moi, et lui fit un bisou sur les lèvres.
« - Allez, déprime pas, mon p’tit Yo ! fis-je.
- T’inquiète, répondit-il, il m’en faut plus que ça ! »
Je souris. Il s’approcha encore de moi et m’embrassa.
« - Dîtes-le, surtout, si on vous dérange…, fit Jason, blasé.
- Vous nous dérangez, répliqua Yoann. »
La sonnerie retentit. Yoann se leva, me forçant à dégager. Jason et lui s’éloignèrent en direction du bâtiment. Je commençai à les suivre mais Morgan m’attrapa par l’épaule pour me ramener vers lui. Il passa son bras autour de mon cou et me tint contre lui.
« - Morgan…, fis-je, blasée.
- Quoi ?
- Déjà que Yoann est jaloux… si tu commences à me faire des plans pareils, ça va pas s’arranger, dis-je.
- Quels plans ?
- Ce genre de plans ! »
J’attrapai son bras, l’enlevait, et le remis à sa place.
« - Imbécile ! dis-je. Imagine un peu la réputation que je risque de me taper, à cause de ce genre de conneries… on va croire que je sors avec toi et Yoann en même temps !
- Mais non… tu dis vraiment n’importe quoi !
- Ben, c’est l’impression qu’on donne, tout les deux…
- Et alors ? qu’est-ce qu’on s’en branle ! le principal, c’est pas ce que pensent les gens, c’est ce qu’on sait, nous ! et moi, je sais qu’on sort pas ensemble, je sais aussi que t’es pas une salope et que tu te tapes pas deux mecs en même temps. Ça me suffit. Les autres, je les emmerde. »
Je souris.
« - T’as bien raison ! dis-je. »
Il hocha la tête. Puis s’arrêta soudainement de marcher. Je l’imitai.
« - Qu’est-ce que tu fous ? demandai-je.
- Attends… »
Il fouilla alors dans la poche intérieure de son blouson quelques instants, puis en sortit quelque chose qu’il me tendit. Je pris l’objet dans mes mains.
« - C’est quoi ? demandai-je.
- Une boîte de capotes, répondit-il. Goût cerise. »
Je relevai vivement la tête et le dévisageai avec des yeux ronds. Je les lui rendis immédiatement.
« - Reprends ça, abruti ! criai-je. »
Morgan m’adressa un sourire pervers.
« - Pourquoi ? t’en auras besoin… avec Yoann !
- N’importe quoi !! je compte pas coucher avec lui !
- Ah ouais ? pourquoi ?
- Parce que ! je sors avec lui que depuis hier ! je suis pas une pute !
- Ouais, mais, c’est bon, on s’en fout. Vu que tu le connais depuis la primaire… tu peux te permettre de te faire baiser dès le premier soir. »
Je lui jetai un regard noir.
« - Ben quoi ? qu’est-ce que j’ai dis ?
- Laisse tomber…, soupirai-je.
- Non, sérieusement ! Alex, tu devrais les prendre !
- Pourquoi faire ?!
- Ben, on sait jamais ce qui peut arriver, tu sais. Des fois, ça arrive sans même qu’on s’en rende compte. Et, dans ces moments-là, vaut mieux être équipé pour. T’es pas d’mon avis, princesse ? »
Je poussai un long soupir d’exaspération.
« - Abruti ! dis-je.
- Quoi encore ?
- Même si je voulais coucher avec Yoann, j’en aurai pas besoin, de tes capotes pourries ! parce que, figure toi que Yoann est un mec ! des capotes, il en a ! il a pas besoin de Monsieur Morgan pour lui en fournir !
- Sérieux ? il en a ? comment ça se fait ? »
Je levai les yeux au ciel.
« - Parce que Yoann est pas puceau ! répondis-je. »
Morgan me dévisagea avec des yeux énormes.
« - Tu déconnes ?
- Mais non !
- IL EST PAS PUCEAU ?! cria-t-il.
- Pas si fort !! tout le monde nous regarde !!!
- Comment ça se fait ? il parle jamais de cul, pourtant !
- Parce que tous les mecs sont pas aussi obsédés que toi, Morgan !
- Ah bon… ?
- T’es vraiment un cas désespéré ! »
Il éclata de rires.
« - En tout cas, j’en ai appris une bonne ! dit-il. Je me coucherai moins con ce soir, dîtes donc ! ce cher Yoann est plus puceau… c’est qui qui l’a dépucelé ?
- Son ex…
- Ah, la fameuse Nathalie…
- Ouais. C’était une vraie pute. Elle passait son temps à le tromper… mais lui, il voyait rien. Il a fallut qu’il la prenne en flagrant délit pour bien vouloir me croire ! »
Morgan sourit.
« - Enfin, soupira-t-il, des capotes parfumées à la cerise, ça se refuse pas ! »
Je soupirai.
« - Bon, allez, fis-je en lui tendant la main.
- Quoi ?
- Donne-les moi. Puisque tu y tiens. »
Un sourire pervers se dessina sur ses lèvres.
« - Ma princesse aime les capotes à la cerise… ? hmm, c’est bon à savoir !
- Imbécile… et puis je suis pas ta princesse ! arrête de dire ça ! »
Morgan se pencha vers moi et m’embrassa le front.
« - Qu’est-ce que tu fous… ?
- T’es ma princesse, dit-il, tu n’appartiens qu’à moi, rien qu’à moi… que tu le veuilles ou non. »
Je fronçai un sourcil.
« - Je peux pas être ta princesse… alors que t’es même pas un prince charmant !
- Normal. Moi, je suis le vilain méchant de l’histoire.
- Le méchant ?
- Ouais. Celui qui te vole à ton véritable prince charmant.
- Ah… ? et… c’est qui, ce prince charmant ?
- Devine.
- Yoann ?
- Dans le mile.
- Mais tu m’as pas volée…
- Normal… j’attends qu’il t’ait dépucelée. Je frapperai ensuite.
- C’est vraiment n’importe quoi…, soupirai-je. »
Même si je prenais cela à la rigolade, les avances que me faisaient Morgan devenaient de plus en plus insistantes et répétitives, et cela me mettait mal à l’aise. C’était une sensation désagréable.
Le prof n’était pas encore arrivé. Je m’installai à côté de Yoann. Celui-ci se rendit immédiatement compte que quelque chose n’allait pas.
« - Qu’est-ce qu’il voulait, l’autre ? »
L’autre… c’était comme ça qu’il l’appelait, donc ?
« - Un truc.
- Quoi, comme truc ?
- Un truc. Rien d’important.
- Alex ?!
- Rohh… mais, il voulait rien du tout, j’te dis !
- Si c’était pas important, tu me ferais pas une histoire pareille pour pas m’en parler !
- Il voulait me passer des capotes ! voilà, t’es content ?
- Des capotes… ?
- Ouais. Goût cerise.
- Pour quoi faire ? »
Je le regardai avec des yeux ronds.
« - Ben… pour faire ce qu’on fait avec des capotes, répliquai-je. Tu veux pas que j’te fasse un dessin, quand même ?
- Il voulait te baiser ?!
- Mais non, abruti !
- Ben alors pourquoi il te proposerait des capotes ?! putain, quel enculé, ce mec, je vais le… !
- Mais arrête !
- Quoi ?
- C’était pas pour lui et moi, c’était pour nous deux !
- Pour nous… ?
- Ouais. Il s’est d’jà mis en tête que t’allais me dépuceler. »
Yoann ne répondit pas tout de suite.
« - Parce que… c’est pas le cas ? dit-il finalement. »
Je le regardai avec des yeux énormes, cette fois.
« - Non mais ça va pas ?! m’écriai-je.
- Ben quoi ?
- Non mais… t’es taré, toi !
- Et pourquoi ça ? un sort ensemble, non ? c’est normal qu’on s’envoie en l’air, dans ce cas…
- Dans tes rêves !! »
Il me regarda sans comprendre.
« - Mais… Alex… ? »
Je me levai subitement.
« - Vas te faire foutre ! aboyai-je. »
Furieuse, je m’éloignai, et allais m’asseoir ailleurs.
Morgan se leva à son tour et alla s’asseoir à côté de moi.
« - Ben alors, princesse ? fit-il. Ça va pas ?
- Oh, toi, ta gueule ! rétorquai-je.
- Qu’est-ce qu’y se passe ? y’a eut un désaccord sur la position ?
- La position ? mais de quoi tu parles ?
- Ben, oui, la position que vous allez utiliser pour ta première fois… le missionnaire, la cavalière, la levrette… ? »
Je levai les yeux au ciel et me détournai de lui.
« - Quoi encore ? fit-il.
- Rien !
- Qu’est-ce qu’y a ?
- Y’a que si tu fermais ta gueule de temps en temps, le monde ne se porterait pas plus mal !
- Mais… qu’est-ce que j’ai dis ?
- Laisse tomber ! soupirai-je, exaspérée. »
Morgan tourna la tête pour regarder Yoann, mais celui-ci semblait aussi perdu que lui.
« - Alex… ?
- Ta gueule.
- Hé… j’t’autorise pas à me dire ça !
- Rien à branler.
- Normal, t’as pas de queue.
- Putain, Morgan, la ferme ! fis-je en le regardant. »
Il sourit.
« - Au moins tu me regardes dans les yeux, maintenant, dit-il. »
Je levai les yeux au ciel et tournai la tête une nouvelle fois.
« - Non, sérieux, Alex, qu’est-ce qu’y va pas ? demanda-t-il.
- Y’a que vous me gonflez.
- Ah bon ? qui ça ?
- Vous tous ! vous et votre cul de merde ! vous avez que ce mot-là à la bouche… ça me gonfle !
- Tu dis ça parce que tu l’as jamais fait, Alex, fit Morgan. Moi, je suis sûre qu’une fois que tu te seras faîte sautée, t’adoreras en parler autant que moi. Et le faire, aussi…
- Je compte pas devenir une accro du sexe comme toi, Morgan !
- Ah bon ? pourquoi ça ?
- Parce que… tu crains ! »
Morgan sourit.
« - Tu trouves ? dit-il. Non, Alex… sérieusement… il est où, le problème ?
- Il est…
- Hmm ?
- Quelque part.
- Bizarrement, ça m’aide pas, ça.
- Laisse tomber. »
Morgan soupira.
« - C’est lié à ton fameux sacret, pas vrai ? »
J’hochai la tête.
« - Et… tu veux pas me le dire ?
- Non. »
Morgan ferma les yeux.
« - Allez, princesse…
- Lâche-moi.
- Qu’est-ce qu’y t’es arrivée ?
- Ta gueule.
- Et ben quoi ! t’es tombée sur une vidéo porno de ton frère quand t’étais gosse et t’as été traumatisée ?
- N’importe quoi, abruti ! »
Morgan éclata de rires.
« - C’est pas drôle, dis-je. »
Il acquiesça.
« - Oui. Désolé. »
Il posa sa main sur mon épaule.
« - C’est bon, dit-il. Boude pas, Alex, s’il te plaît. Je vais te laisser tranquille, si c’est ce que tu veux… je te parlerai plus de sexe. Voilà. T’es contente ? »
Je tournai ma tête vers lui, en lui adressant un sourire triste.
« - Je suis désolée, murmurai-je. Mais je peux pas. C’est comme ça. »
Morgan hocha la tête.
« - J’ai compris, dit-il. J’ai compris.
- Mais je sais pas… comment le dire à Yoann…
- Laisse. Je m’en occupe.
- Ça te dérange pas ?
- Bien sûr que non, princesse.
- T’es sûr ? »
Il sourit.
« - Certain, dit-il. »
Le prof entra dans la classe. Morgan se dépêcha de se lever et d’aller s’asseoir à côté de Yoann.



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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre V, Souvenirs d'Enfance   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 11:12

Lorsque la sonnerie retentit, annonçant la récréation, je me levai et sortis la première. Yoann dut courir pour me rattraper.
« - Alex ! cria-t-il. »
Je l’ignorai.
« - Mais… attends ! »
J’accélérai l’allure.
« - Putain ! »
Il finit par me rattraper, m’attrapant le bras pour me forcer à me retourner.
« - Mais où tu vas comme ça ?
- Nulle part, répondis-je. »
Yoann leva les yeux au ciel, exaspéré.
« - Allez, Alex… c’est bon… tu vas pas bouder !
- Et pourquoi ?
- Je m’excuse. Voilà. Je suis désolé.
- Tu sais même pas de quoi… !
- Si, je sais. Morgan m’a tout dit. »
Je restai bouche bée, interloquée.
« - Qu… quoi ?
- Morgan… il m’a tout raconté.
- Il… il t’a tout dit ? »
Yoann hocha la tête.
« - C’est bon, soupira-t-il. Je te demanderai plus rien niveau cul. J’attendrai que tu sois prête. Moi, ça m’est égal, tu sais. Je suis pas comme Morgan… le sexe, je peux m’en passer. »
Je souris tristement.
« - J’ai l’impression d’être…, commençai-je. »
Mais je ne finis pas.
« - Quoi ? interrogea Yoann.
- Hein ?
- Tu as l’impression d’être… ? »
J’hésitai.
« - Anormale, dis-je finalement. »
Yoann me regarda sans comprendre.
« - Comment ça, anormale ?
- Je sais pas… tu me trouves pas… bizarre ?
- Bizarre ? pourquoi tu serais bizarre, Alex ? »
J’haussai les épaules.
« - Je suis pas… comme les autres filles. Moi… je suis pas jolie… et j’ai pas envie de l’être. Je suis pas gentille… et… tous les trucs de filles… ça m’intéresse pas… le maquillage… les beaux mecs… les films à l’eau de rose… l’amour… tout ça… j’en ai rien à foutre… je préfère le sport… ou les jeux vidéos… est-ce que… je suis… anormale ? »
Yoann me prit immédiatement dans ses bras, me serrant de toutes ses forces.
« - Bien sûr que non, Alex ! dit-il. Bien sûr que non !! ce que tu dis… ça a aucun sens ! y’a pas de trucs de filles, ni de trucs de garçons ! y’a des tas de mecs qui aiment les films à l’eau de rose… et y’a des t’as de filles qui aiment les matchs de foot ! t’es pas anormale, Alex. T’es pas anormale. Pas du tout, même. T’es la fille… la plus banale que j’ai jamais vu ! ».
Je lui souris tristement.
« - T’es sincère ? je suis la fille la plus ordinaire que t’as jamais rencontrée ? »
Yoann hésita.
« - Ordinaire ? j’irai pas jusqu’à dire ça, quand même. »
J’éclatai de rires.
« - Ouf…, dis-je. Ça me rassure. »
Elodie et Cathy arrivèrent bientôt vers nous. Je laissai Yoann avec elles, et m’en allais rejoindre Morgan. J’avais deux mots à lui dire…
Je le trouvai, installé sur les marches d’escalier, en train de fumer, seul.
« - Qu’est-ce que tu fous là, tout seul ? demandai-je. Tu joues les sans amis ?
- Je déprime. Laisse-moi en paix.
- Tu déprimes ? toi ? ça t’arrive ?
- Tous les jours. Je déprime tout le temps, princesse. Sauf quand je suis avec toi…
- Ah bon ?
- Oui. Mais maintenant que t’es avec Yoann… je vais plus pouvoir t’avoir à moi tout seul, pas vrai ? Yoann… il va vouloir te récupérer. Le pauvre… je le comprends un peu. Si un mec débarquait comme ça, dans notre vie, et qu’il te piquait à moi aussi subitement que je t’ais volée à Yoann… j’avoue que ça me ferait bien chier, quand même. »
Je souris.
« - Peut-être… mais je suis pas… une poupée Barbie… ou une sorte de trophée que le plus méritant remporte, Morgan… Personne ne m’a volée, et personne ne le peut, puisque je n’appartiens à personne. Je n’appartiens qu’à moi. Et si j’ai envie de passer plus de temps avec toi qu’avec Yoann… et bien je le fais. Un point c’est tout. Si ça dérange quelqu’un… alors c’est à moi que cette personne doit s’adresser. A moi et à personne d’autre. »
Morgan hocha la tête.
« - Je comprends…, dit-il. Mais c’est à Yoann, que tu devrais l’expliquer, pas à moi. Moi, je sais très bien tout ça. Mais Yoann… il reste persuadé que je t’ais volée à lui. Alors fais en sorte de lui expliquer que si on est aussi proches… c’est parce que tu l’as bien voulu. Moi, j’ai volé personne. Et ça me gonfle de m’en prendre plein la gueule pour un truc aussi débile. J’ais pas spécialement envie de devenir ami avec Yoann… mais j’aimerai au moins qu’on s’entende bien. Ne serait-ce que pour toi… parce que je suppose que ça doit être dur à gérer, pour toi, ce genre de situation, pas vrai ? »
J’acquiesçai. A la différence de Yoann, Morgan semblait être capable de toujours me comprendre, comme si nos sentiments étaient partagés.
« - Mais je vais te retourner ce que tu m’as déjà dis… ça, c’est à Yoann que tu dois le dire. Pas à moi.
- Non, répondit-il.
- Pourquoi ?
- Parce que… il va encore penser que… je le nargue…
- Comment ça ?
- Oui, tu sais… ça fait un peu prétentieux… comme si je venais vers lui et que je lui sortais ça… comme si j’avais voulu lui dire : hé oui, tu vois, moi, Alex, je la connais mieux que toi. Je la comprends mieux, aussi, je la comprends et je sais prendre soin d’elle. Alors que toi, à côté, t’y piges que dalle… t’arrives pas à la comprendre et à se préoccuper de ses sentiments comme tu devrais… mais moi, moi, j’y arrive, tu vois. Alors que toi… t’es rien qu’une merde. »
Je restai muette.
« - Mais… qu’est-ce que tu racontes, Morgan ? »
Il soupira.
« - Laisse tomber, dit-il finalement. »
Je fermai les yeux.
« - Quoiqu’il en soit, tu aurais put me demander ma permission, dis-je. »
Morgan leva sur moi un regard interrogateur.
« - Ta permission ? répéta-t-il. Ta permission pour quoi ?
- Tu as parlé de mon secret à Yoann. Il me l’a dit.
- Quoi… ? mais… qu’est-ce que tu racontes, encore ?
- Yoann m’a dit que tu lui avais tout raconté. »
Morgan resta muet quelques instants, puis éclata de rires.
« - Il n’y a absolument rien de risible à ça ! je te croyais capable de garder un secret aussi important, figure toi !
- Mais je le suis !
- Menteur !! non mais tu t’entends ? tu me fais honte !
- Je mens pas ! j’ai absolument rien raconté à Yoann ! je lui ai juste dis que tu voulais plus entendre parler de cul. Point final. Je lui ai jamais dis que tu te mutilais… pour qui tu me prends ? »
Sur le coup, je ne dis rien. Rien ne me vint à l’esprit.
« - Ouf, soupirai-je finalement. »
Morgan sourit.
« - Je tiens trop à toi pour gâcher notre amitié comme ça, princesse, dit-il. Et puis… je suis bien trop content de partager ce secret avec toi… l’idée d’être le seul à le savoir me rend heureux… je vois pas pourquoi j’irai le crier sur tout les toits alors que… c’est le seul truc qui me donne l’impression que… tu es un peu plus à moi qu’aux autres. »
Je soupirai.
« - Je me disais aussi… que c’était bizarre. »
Morgan sourit.
« - Allez, dis-je, reste pas là, tu me fais pitié ! »
Je lui tendis une main qu’il ne prit pas.
« - J’ai pas envie de te regarder flâner avec ton amoureux, princesse. Je suis quelqu’un de très possessif. Je risque d’être jaloux. J’ai pas envie que tu me vois comme ça. »
Je souris, puis me penchai vers lui.
« - Et si, moi, j’avais envie que tu sois près de moi ? demandai-je. Tu ferais pas ça ? même pas pour me faire plaisir ? »
Morgan hésita.
« - J’ai pas envie d’être désagréable avec Yoann, dit-il finalement. Ni avec toi.
- C’est pas parce que je sors avec lui que ça nous empêche d’être aussi proches qu’avant.
- Tu crois ? je sais pas, moi… à chaque fois que les gens tombent amoureux d’une personne, j’ai l’impression qu’ils nous échappent totalement, qu’on peut plus les approcher… à leurs yeux, y’a que cette personne qui compte, les autres, ils en ont rien à faire… moi, cette attitude, elle me gonfle.
- Je serai pas comme ça.
- Comment tu peux savoir ?
- Parce qu’à mes yeux, rien ne compte plus que l’amitié.
- T’es sûre ?
- Certaine. »
Morgan sourit.
« - Alors, c’est à Yoann d’être jaloux de moi ? dit-il. »
J’haussai les épaules.
« - Peut-être. »
Morgan accepta finalement ma main et je l’aidai à se relever.



Quelques jours plus tard, mon anniversaire arriva. Oui, je dis bien mon anniversaire. Car il se trouva qu’Elodie et moi-même, bien que nous fûmes jumelles, n’étions pas nées le même jour. Et oui, Elodie était née le 14 Octobre à 23h58, et moi, le 15 Octobre à 00h02 !
Cette année, nous avions une chance pas possible. En effet, il se trouvait que le 14 Octobre était un samedi et le 15, naturellement, un dimanche,
Ma sœur et moi invitions donc toute la smala le 14 Octobre à 19h, chez nous, pour fêter nos dix-sept ans respectifs lors d’une petite soirée pyjama.
Nous dûmes nettoyer l’ensemble de notre grande baraque (y compris la chambre de nos frères ! quelle injustice !). Ce soir-là, les parents s’arrangèrent pour partir chez des amis avec Jordan, et Kevin alla dormir chez sa petite amie du moment – une certaine Emilie, ou quelque chose du genre. Nous avions donc la maison à nous tous seuls !

Yoann fut le premier à arriver, à 18h50.
« - J’ai droit à la palme d’or du premier invité à l’heure ? »
Je souris.
« - Ou plutôt de la première fois où t’arrives à l’heure, dis-je. »
Il hocha la tête.
« - Aussi, admit-il. »
Puis il se pencha sur moi et m’embrassa.
« - Hé, les amoureux, faîtes comme si j’étais pas là, surtout ! fit Elodie. »
Yoann lui sourit.
« - Salut, Elo, dit-il. Joyeux anniversaire !
- Merci ! »
Il lui tendit un paquet enveloppé d’un papier cadeau rouge.
« - Ton cadeau.
- Oh ! tu m’as acheté quelque chose ? c’est gentil ! fallait pas !
- Et moi ? fis-je, faisant mine d’être jalouse.
- Toi, ton cadeau, tu l’auras demain ! répliqua-t-il.
- Et oui, dit Elodie, c’est pas encore ton anniversaire, Alex ! »
Je lui tirai la langue en guise de réponse. Yoann éclata de rires.
On sonna à nouveau à la porte.
« - J’y vais ! dis-je. »
C’était Morgan.
« - Salut, princesse ! dit-il. Je t’ai manqué ?
- Pas le moins du monde, répliquai-je. »
Il ria.
« - Je l’aurai parié.
- Abruti.
- Tiens, ton cadeau.
- Oh ? tu m’as acheté un cadeau, toi ?
- Ouais. Mais l’ouvres pas tout de suite, hein.
- Pourquoi ?
- Ça porte malheur, y paraît…
- Morgan !!
- Tiens ? salut, Elo ! joyeux nannif !
- Merci !
- Tiens, un cadeau pour toi aussi !
- Oh, c’est gentil !
- Salut, Yoann.
- Salut. »
Ces derniers jours, la relation Yoann/Morgan s’était quelque peu « détendue ». Ils n’étaient pas « amis », mais étaient capables de se parler et même de rigoler ensemble. Parfois même, ils s’inventaient des délires entre eux deux, et c’était assez dure de les comprendre, de s’immiscer entre eux. Je me surpris même à être moi-même jalouse. Mais un petit peu, seulement… au fond, ça me rassurait de voir qu’ils s’entendaient mieux. Peut-être deviendraient-ils amis, un de ces jours, qui sait ?


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre V, Souvenirs d'Enfance   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 11:14

A 20h30, Jason, notre retardataire du jour, arriva à son tour. Nous étions installés dans la cuisine, en train de manger l’immense quiche que ma mère avait laissé avant de partir, quand Cathy dit, soudainement, sans qu’on comprenne pourquoi – mais bon, il ne fallait pas chercher, c’était Cathy, après tout :
« - Oh, fait, les amoureux !
- Quoi ? aboyai-je.
- Ça vous dirai pas un peu de nos parler de la première fois que vous vous êtes rencontrés ?
- C’était quand on était en CP, fit Yoann.
- Oui ! confirma Cathy. Et bien, tant mieux ! racontez-nous !
- C’est vrai qu’à l’époque, je n’étais pas dans la même école que vous, dit Elodie.
- Ah bon ? fit Morgan. Comment ça se fait ? »
Ma sœur haussa les épaules.
« - A l’époque, Elodie et moi ne nous supportions pas, dis-je.
- Ah, ben, ça a beaucoup changé, dis donc ! ironisa Morgan. »
Je lui lançai un regard noir.
« - Non, fit Elodie. Quand on te dit qu’on ne se supportait pas, c’est qu’on ne se supportait pas. On passait notre temps à nous gueuler dessus, on se battait, on se griffait, on se mordait… tenez ! vous voyez cette cicatrice ? c’est Alex qui me l’a faîtes, quand on avait 7 ans ! ».
Elodie releva son débardeur, laissant apparaître un morceau de sa hanche, dévoilant une marque presque disparue, mais visible quand même. Ce jour-là, je l’avais mordue au sang, et elle avait même dû aller à l’hôpital. Je vis Morgan se pencher de plus en plus près de la hanche de ma sœur… et me levai d’un bond.
« - Morgan ! aboyai-je. »
Celui-ci se releva immédiatement, et m’adressa le regard d’un chien prit en flagrant délit en train de voler une côte de bœuf.
« - Quoi ? demanda-t-il avec un air innocent. »
Je lui jetai un regard qui en disait long. Il haussa les épaules, feignant l’ignorance, mais, dès que les autres eurent le dos tournés, il m’adressa son traditionnel sourire pervers, se léchant les lèvres. Je levai les yeux au ciel, exaspérée.
« - Et ben ! fit Jason. Tu l’avais pas loupée, Alex ! »
Je souris, en hochant la tête.
« - Je me rappellerai toujours de la leçon de morale de papa après ça, dis-je. « Alexia… tu ne peux pas te comporter ainsi avec les autres ! et certainement pas avec ta sœur jumelle ! tu comprends ? ce comportement n’est pas digne d’une petite fille ! une fille doit être gentille, douce, compréhensive, et raffinée. » »
Les autres éclatèrent de rires.
« - Et bien, ton père a dû être gâté, après ça, fit Cathy.
- Oui. On va dire que sa leçon de morale a eut l’effet inverse sur moi. C’est depuis ce jour que j’ai adopté mon caractère de garçon manqué.
- Alors qu’Elodie, à l’inverse, elle a fait tout ce que son père lui avait dit, dit Yoann.
- Oui. Mais on va dire que ça a au moins apporté une chose : depuis ce jour, ma sœur et moi nous entendons beaucoup mieux, dit ma sœur. »
Elle m’adressa un sourire, et je le lui rendis.
« - Comme c’est moignon, fit Morgan, blasé. »
Je lui tirai la langue.
« - Bon ! reprit Cathy. C’est bien beau, tout ça, mais ça ne répond pas à ma question ?
- Hein ? fis-je.
- Bah, oui, elle nous a demandé de raconter comment on s’était rencontrés, me répondit Yoann.
- Ah, ouais… ben, vas-y, raconte-leur, toi.
- Ben… y’a pas dix mille trucs à dire. Alors qu’Alex courait, je lui ai fais un… »
Yoann ne savait vraiment pas raconter. Du moins, il ne savait pas raconter une histoire avec suspens, et donner aux autres l’envie de connaître la suite.
Ce jour-là, c’était la deuxième semaine après la rentrée des classes. Mais moi, j’arrivai d’une autre école maternelle, et ne m’étais pas fait d’amis, alors que les autres traînaient avec les mêmes personnes qu’ils fréquentaient depuis la petite section.
Du coup, je m’installai sur un banc et lisais. Yoann m’avait remarquée tout de suite. Et, gentil comme il était à l’époque et l’était toujours, il avait tenté de m’adresser la parole à plusieurs reprises. Mais moi, sauvage comme je l’étais à l’époque et l’étais toujours, je l’avais tout simplement ignoré.
Mais Yoann ne s’était pas découragé pour autant : il avait continué à me suivre, à me chercher, à me parler, alors que moi, je ne lui disais jamais rien.
Mais un jour, accidentellement, Yoann trouva le moyen de me faire réagir à sa présence. Ce jour-là, je courais, je ne sais plus pourquoi, peut-être avais-je frappé une des fillettes qui m’avait embêtée et étais poursuivie par la maîtresse d’école – ça se produisait assez souvent.
Quoiqu’il en soit, je courais. Et Yoann, j’ignore encore pourquoi, car ça ne correspond pas tout à fait à son tempérament, a tout simplement tendu sa jambe, et m’a fait un croche pied.
Je me suis étalée par terre. Yoann s’est immédiatement excusé.
« - Oh, pardon ! je suis vraiment, vraiment désolé ! tu n’as rien ? »
Je m’étais relevée, lui adressant un des regards les plus noirs que je possédais.
« - Espèce de… méchant ! avais-je hurlé. »
Je m’étais alors jetée sur lui, et avait commencé à le frapper. Nous avions donc tous les deux finis à l’infirmerie, où nous nous disputions toujours. Mais au fond, Yoann se fichait complètement que je l’ai frappé, ou que je lui ai crié dessus. Au fond, il avait obtenu ce qu’il voulait : je lui avais parlé.
Après cet épisode, je continuais à traîner seule, avec mon livre, mais Yoann continuait de venir me coller. Il savait que le seul moyen de me faire réagir était de m’embêter. Et il ne s’en privait jamais.
Chaque récréation finissait souvent en bagarre. Et notre amitié se construisit ainsi.
En réalité, je serai incapable de vous dire à partir de quand nous étions réellement devenus « amis ». Tout ce que je sais, c’est que j’adorai déjà Yoann au moment où je lui avait crié qu’il était un « méchant ».

Morgan sourit.
« - C’est une façon originale de commencer une histoire d’amour, dit-il. »
Je me sentis tressaillir. Cette remarque sonnait comme une accusation à mes oreilles. « C’est une façon originale de commencer une histoire d’amour », comme s’il avait voulu me montrer, me prouver que je n’aimais pas Yoann…
Je savais bien que ce n’était pas le cas, parce que Morgan était persuadé que j’étais folle amoureuse de mon ami d’enfance… mais même.

21h40. Nous étions tous installés dans la chambre d’Elodie, car la mienne était trop en bordel pour qui oserait s’y aventurer.
« - Bon, fit ma sœur, on fait quoi ?
- C’est ton annif, à toi de voir, dit Morgan.
- On se met un film ? proposa Cathy.
- Ouais, mais quoi ? demanda Yoann.
- American Pie ! proposa immédiatement Morgan. »
Mais son idée fut accueillie avec une ovation.
« - De quoi ça parle ? demandai-je.
- Tu les as jamais vus ? s’étonna Cathy.
- Ben… non.
- C’est une bande de potes qui font le pari de se dépuceler avant la fin de l’année qui a lieu dans une semaine, me répondit Morgan.
- Ah, ben, évidemment, fis-je. Ça m’étonne pas de toi, Morgan… »
Il haussa les épaules.
« - C’est marrant, dit-il. »
Je souris.
« - Quoiqu’il en soit, tu verras plus jamais une tarte aux pommes de la même manière, après l’avoir vu, Alex ! me dit Jason.
- Ah bon ? pourquoi ?
- Tu verras, répondit Yoann. »


Je vis Morgan se lever et aller « aux toilettes » en plein milieu du film. Intriguée, je me levais à mon tour, en disant que j’allais « chercher à boire ».
Je me dirigeai vers la salle de bain, qui faisait W.C./douches. Morgan avait laissé la porte entr’ouverte. Il tenait une seringue dans sa main. Il planta l’aiguille dans son bras et ingurgita ainsi la substance. J’ouvris des yeux énormes, puis poussai la porte.
Morgan sursauta et se retourna, lâchant la seringue qui tomba à terre et se brisa. Je lui adressai un regard glacé.
« - Qu’est-ce que tu fous ? fis-je. »
Morgan eut un air gêné.
« - Rien, mentit-il. »
Je me baissai et effleurait la substance qui s’était échappée de la seringue. De la poudre brune.
« - C’est quoi ? demandai-je sèchement.
- Rien, répéta Morgan.
- Morgan ! criai-je en me relevant, furieuse. C’est quoi ce… ?! »
Il mit immédiatement sa main sur ma bouche.
« - Tais-toi ! parle pas si fort, bon sang ! tu veux qu’ils entendent, ou quoi ? »
Je me dégageai vivement.
« - Je vais tout leur dire, dis-je. Si tu me dis pas ce que c’est ! »
Il soupira.
« - De l’héroïne, lâcha-t-il à contrecoeur. »
Je le regardai avec des yeux ronds.
« - Quoi ?! fis-je, scandalisée. C’est quoi ce… ? tu te drogues ?! depuis quand ? »
Il haussa les épaules.
« - Où est-ce que tu t’es fourni tout ça ?
- Peu importe. Ça n’a pas d’importance.
- Bien sûr que si, que ça en a ! tu parles de moi qui me mutiles… mais toi, c’est bien pire ! tu peux en crever, tu le sais, ça ?
- Mais oui, je sais ! je sais très bien ! je suis pas con, Alex !
- C’est à se demander ! tu réfléchis pas, ou quoi ?! »
Il m’adressa alors un regard qui me déchira le cœur.
« - Je suis désolé…, dit-il. Je voulais pas te causer du soucis. »
Je soupirai, puis le prit dans mes bras.
« - Mais non…, murmurai-je. T’as pourtant dis que t’arrêterai de ne penser qu’à moi. Moi, c’est pour toi que je m’inquiète.
- Et moi aussi. Moi aussi, c’est pour toi que je m’inquiète, Alex. »
Je souris tristement.
« - Disons que l’on va continuer de s’inquiéter pour l’autre, alors, fis-je. »
Je saisis doucement ses bras et caressait l’endroit où il s’était piqué.
« - Toi, alors… t’es vraiment trop bête. Je t’ai pourtant dis que si t’allais pas bien, il fallait m’en parler plutôt que d’y garder pour toi seul. »
Il hocha la tête.
« - Je suis désolé, dit-il. Je… je t’ai déçue, pas vrai ? »
Je souris.
« - Un peu, admis-je. Mais pas beaucoup. Au fond… ça ne me surprend pas plus que ça. Ça m’inquiète, surtout. J’ai peur pour toi. Tu sais… moi aussi, j’ai peur de te perdre, Morgan. Tu devrais arrêter d’agir comme un égoïste à risquer ainsi ta vie, alors que tu sais que ça peut me rendre triste. »
Ses yeux fuyaient les miens. Je voyais bien qu’il avait honte de lui. Je saisis doucement ses joues et le forçai à me regarder. Je lui souris.
« - Allez, murmurai-je, arrête de me fuir comme ça. Je t’aime comme tu es. T’as pas à avoir honte de toi.
- Merci, Alex…, murmura-t-il. »
Une sensation étrange s’empara alors de moi, et je réalisai que nos lèvres étaient drôlement proches, et qu’elles se rapprochaient de plus en plus… quand quelqu’un ouvrit la porte. C’était Yoann.
Je m’écartai immédiatement de Morgan, et lui aussi. Nous regardions Yoann avec un grand sourire, l’air de dire : « On a rien fait ! ».
Il nous adressa un regard noir, blasé.
« - Qu’est-ce que vous foutez ? lâcha-t-il. Ça fait déjà vingt minutes que vous avez disparu. Et on a entendu Alex gueuler.
- On s’est un peu disputé…, dis-je.
- A propos de quoi ?
- Peu importe, dit Morgan.
- Peu importe ? répéta Yoann.
- Euh… Yo…
- Quoi ?
- Est-ce que… tu pourrais nous laisser seuls ? encore quelques instants ? s’il te plaît… »
Il poussa un long soupir qui en disait long.
« - Ok, marmonna-t-il. »
Puis il s’en alla.
Je me sentis étrangement mal à l’aise. Mais je fus soulagée de voir que Morgan l’était aussi.
« - Bon, dit-il, on va peut-être nettoyer tout ça ? »
J’hochai la tête.
« - Bonne idée, répondis-je. Heureusement que Yoann n’a rien vu.
- Il était plus préoccupé par nous deux que par ce qu’il y avait à nos pieds.
- En effet… il est bête, hein ? comme s’il pouvait y avoir quoique ce soit, entre nous.
- Ouais… »
Je savais bien que ces paroles étaient complètement contre nature, étant donné qu’on se serait sûrement embrassés si Yoann n’était pas arrivé. Mais au fond, ça me rassurait que l’on ait été interrompus. Je m’en serais certainement voulu… je me serai sentie aussi sale que cette Nathalie ou cette Nelly que je détestais tant.


Lorsque nous retournâmes dans la chambre, je vis que Yoann me faisait la gueule. Evidemment. Je me dirigeai immédiatement vers lui. Il était assit sur le matelas qu’on lui avait attribué. Je m’installai en face de lui.
« - Bon, dis-je. Vas-y. Crache le morceau. »
Toutes les têtes se tournèrent vers nous. Yoann me regarda sans comprendre.
« - Et ben quoi ? qu’est-ce que t’attends ? c’est pas en restant là, à faire la gueule, et en disant rien, que ça va s’arranger ! dis-moi ce que t’as sur le cœur, allez !
- Tu le sais très bien !
- Mais je veux te l’entendre dire ! »
Yoann inspira, puis lâcha :
« - J’en ai marre ! voilà !
- Marre de quoi ?
- Marre de vous voir toujours collés l’un à l’autre, Morgan et toi !! ça me gonfle ! on dirait que vous le faîtes exprès pour me faire enrager ! j’ai l’impression que… depuis qu’on sort ensemble, t’es encore plus collée à lui qu’à l’ordinaire ! c’est trop trop gonflant, tu sais ?! j’en ai marre !!
- Tu veux savoir pourquoi je suis toujours fourrée avec Morgan ? Parce que depuis qu’on sort ensemble, tu m’étouffes ! t’es toujours en train de me coller, et ça me soule ! même le soir, quand je rentre à la maison, tu peux pas me laisser seule cinq minutes : faut que tu m’appelles ! moi, ça me gonfle ! j’ai pas envie d’être collée à toi 24h sur 24 sous prétexte qu’on sort ensemble !
- C’est pas une raison pour aller te bécoter avec un autre !
- Quoi ?! c’est quoi encore, ce délire ? Je me suis jamais… bécoté avec qui que ce soit ! c’est toi qui te fait des films tout seul !
- Et ben, y’a de quoi, non ? à chaque fois que je vous trouve, vous êtes dans les bras l’un de l’autre ! j’ai de quoi enrager !
- N’importe quoi ! y’a que cette fois où… !
- Et ben c’était une fois de trop ! »
Je soupirai, complètement désarmée.
« - Ecoute, dis-je, retrouvant mon calme. Je t’appartiens pas. Ni à toi, ni à Morgan. Et j’ai le droit de passer du temps avec lui si je le veux.
- C’que tu peux être égoïste… ça t’arrive jamais de penser à moi ? à ce que je peux ressentir ? »
Tout le temps, pensai-je. Et c’est pour ça que j’ai répondu moi aussi à ta foutue déclaration !
Mais je ne dis rien. Je soupirai.
« - Et bien quoi ? qu’est-ce que tu veux, hein ? qu’on se sépare ?
- Bien sûr que non !
- Alors, qu’est-ce que tu proposes ? »
Il ne répondit pas tout de suite.
« - J’aimerai que tu m’accordes autant d’attention que tu en accordes à Morgan.
- Et moi, continuai-je, j’aimerai que tu me comprennes autant que lui. »
Yoann soupira.
« - Désolé, dit-il. »
Je souris.
« - C’est moi qui suis désolée. »
Je l’embrassai, puis m’allongeai sur lui.



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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre V, Souvenirs d'Enfance   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 11:16

La soirée suivit son cours… et plus personne n’évoqua cette dispute. On resta éveillé toute la nuit, et quand minuit sonna, on me souhaita mon anniversaire et j’ouvris mes cadeaux.
Elodie m’avait acheté un crayon noir… j’éclatai de rires.
« - Il est temps que tu te maquilles, déclara-t-elle.
- Mais oui, je t’apprendrai, si tu veux, princesse, me dit Morgan. »
C’était vrai, n’oublions pas que Morgan se mettait lui aussi du crayon sous les yeux… si un mec en était capable, je devais l’être aussi (y’avait pas de raison !) !!
Je souris.
« - J’essaierai, promis-je. »
J’ouvris le cadeau de Yoann. Des oreilles de chat. Je le dévisageai avec des yeux ronds.
« - Oh !!! t’en as trouvé ?!
- Ouais ! répondit-il. Je savais que t’en voulais depuis des années… quand je les ai vues, je les ai immédiatement achetées. »
Je lui sautai au cou.
« - Merci ! criai-je. »
Il était vrai que je rêvai de mes oreilles de chat depuis un moment… je le saoulai chaque année pour qu’il m’en achète. Et enfin, il en avait trouvé.
« - Je les mettrai pour Halloween !
- Tu parles d’un déguisement ! dit Jason.
- Ouais, ça fait super peur, dis donc ! ironisa Morgan. »
Je les ignorai et posai mes fausses oreilles sur ma tête.
« - A moi, à moi ! dit Cathy. »
J’ouvrai son cadeau. Elle m’avait acheté des bottes magnifiques… qui avaient dû coûter la peau du cul – et encore, je restai polie.
« - Woaa ! fis-je.
- Elles sont belles, pas vrai ?
- Elles ont dû coûter cher !
- Peu importe.
- Manque plus que la robe qui va avec, pas vrai Alex ? fit Jason avec un grand sourire, me tendant son paquet. »
Je sortis la robe à lacets, noire, s’arrêtant au-dessus des genoux, qu’il m’avait acheté.
« - Elle est belle…, murmurai-je.
- Elle le sera encore plus sur toi, me dit Yoann. »
Je souris.
« - Plus que le miens ! fit alors Morgan en agitant son cadeau sous mon nez. »
Je le saisis, et sortis l’objet. Des menottes…
« - Ça te plaît ? me demanda-t-il.
- Pour quoi faire ? interrogea Yoann.
- Ah la la, pauvre innocent que tu es ! lui répondit Morgan.
- C’est les trucs de sadomaso ! s’exclama Cathy, en extase. Oh, Alex, tu me les passeras, hein ?
- Toi ? fit Jason. Je croyais que t’avais juré à ta grand-mère de pas coucher avec un mec avant ton mariage ?
- Je resterai vierge…, promit Cathy. Techniquement… »
Je soupirai, exaspérée. Morgan m’adressa son sourire d’obsédé.
« - Si ça plaît pas à Alex, dit-il, ça plaira à Yoann. »
Le concerné haussa les épaules.
« - Jamais testé, dit-il.
- Moi, si, fit Elodie. »
Toutes les têtes se tournèrent vers elle, mais elle ne voulut pas en dire davantage, au grand malheur de Morgan et de Jason.


Le mercredi après-midi suivant, Yoann m’invita à sortir au ciné avec lui. Moi, je serais bien restée vautrée devant ma télé, sur mon fauteuil adoré, mais je savais que je frôlerai de nouveau l’engueulade si je refusais. En plus, il m’emmenait voir le film des Simpson, que je crevai d’envie de voir depuis un moment – c’était une chance qu’il passe encore au ciné, d’ailleurs. Décidemment, Yoann savait comment s’y prendre, avec moi.
Quand la sonnerie annonçant une heure retentit, Yoann et moi laissâmes Elodie, Morgan et les autres pour aller prendre le bus.
« - Il est pas trop lourd, ton sac ? me demanda Yoann. Tu veux que je le porte ?
- Je suis pas en sucre, répliquai-je. »
Il éclata de rires.
« - Désolé. J’avais oublié. »
Je souris.
« - Dis… tu te souviens… d’Anaïs ?
- Anaïs ? interrogea-t-il.
- Ta toute première copine, idiot ! »
Il réfléchit.
« - Ah, oui…
- Tu l’avais oubliée ? »
Il haussa les épaules.
« - Un peu. »
Je soupirai.
« - Tu crains. »
Il hocha la tête en souriant.
« - Elle était moche, quand j’y repense.
- T’es méchant.
- Comparé à ma copine actuelle, ajouta-t-il avec un sourire angélique.
- Pff… t’es bête.
- C’est vrai… elle avait des taches de rousseurs plein le visage, un appareil dentaire, et de grosses binocles !
- Elle était jolie quand même.
- N’importe quoi !
- Je suis sûre que c’est un canon, maintenant !
- Ouh la, non.
- Ah ouais ? et comment tu peux savoir ?
- Je l’ai revue, l’autre jour.
- Ah… ? et alors ?
- Et alors, c’est devenue une vraie pétasse. Elle est moche, en plus. Elle a des boutons plein le visage. Et elle se lisse les cheveux, ça lui va trop pas. Et puis, elle est grosse.
- Grosse ?
- Ouais, elle a du bide, quoi…
- Y’a des tas de filles qu’en ont. Ça veut pas dire qu’elles sont grosses.
- Ouais, mais elle, je me permets de le dire, parce qu’elle est conne. »
Je souris.
« - En tout cas, je me rappellerai toujours de la première fois où vous vous êtes embrassés.
- Oh, arrête… m’en parle pas. »
Je ris.
« - Ce jour-là, t’avais dû rassembler tout ton courage pour aller lui avouer que tu l’aimais. Pauvre Yoann…
- Pff… c’est pas juste, en plus. Pourquoi c’est toujours moi qui dois faire le premier pas ?
- Parce que c’est toi qui tombe amoureux. T’as qu’à pas avoir un cœur d’artichaut. »
Il sourit.
« - J’avoue…, dit-il.
- Tu arrives vers elle… elle était avec ses copines et faisait son intéressante.
- Ouais… « Dis, Anaïs… »
- « Oui ? « fis-je, imitant une voix de niaise. »
Yoann éclata de rires, puis poursuivit :
« - « Est-ce que je peux te parler en privé ? »
- Et cette petite prétentieuse… « Oh, si c’est pour me faire ta déclaration, tu peux me la faire ouvertement, tu sais. »
- Oh, putain… je l’aurai tué, cette garce ! je suis resté sans voix.
- « Oh, inutile de prendre cet air ahuri. Mes amies et moi-même savons toutes que tu es amoureux de moi depuis l’année dernière. « »
Yoann éclata de rires.
« - Tu l’imites bien, en plus ! dit-il. « Ah, bon, et euh… qu’est-ce que tu en penses ? »
- « C’est d’accord. On sort ensemble, si tu veux. Mais à condition que tu portes mon sac tous les jours. Un garçon doit agir en gentleman. « »
Yoann ria de plus belle.
« - Putain, c’est vrai, en plus… elle se la raclait, celle-là !
- Le pire, c’est que tu l’as vraiment fait.
- Ouais, mais j’ai craqué au bout d’une semaine.
- Tu m’étonnes. Et votre premier baiser… vous étiez resté coincés à cause de son appareil dentaire, et vous aviez fini chez l’infirmerie… ! je m’en rappellerai toujours !!!
- C’est pas drôle !
- Si ! ».
Yoann sourit.
« - Et pourquoi tu me parles d’Anaïs, comme ça, aussi soudainement ? »
J’haussai les épaules.
« - J’ai juste pensé à elle ce matin. Je voulais savoir si tu t’en souvenais. »
Yoann hocha la tête.
« - Et ben, t’as eu la réponse à ta question. »
Je ris.
« - Je me demande quand même quelque chose…
- Quoi ?
- Les filles avec qui t’es sorti, jusqu’à présent… t’en étais vraiment amoureux ? »
Il haussa les épaules.
« - Un peu, dit-il. Mais ça n’a rien à voir avec toi. »
Je me sentis étrangement mal à l’aise. Le mensonge avait peut-être assez duré… ce matin, je m’étais résolue à lui dire que je n’étais pas vraiment sûre de mes sentiments. Mais de l’entendre dire des choses pareilles… ça m’en dissuadait. Allez savoir comment il le prendrait ?

Au début du film, Yoann n’arrêta pas de m’embrasser, ou de me faire des bisou dans le cou. Mais je lui adressai un regard si noir qu’il comprit clairement le message. J’avais pas payé ma place pour voir sa bouche en gros plan ! merde alors !!

Lorsque l’on sortit du cinéma, j’étais passée en mode « pipelette ». Je ne cessai de parler du film, ou de sortir des répliques qui m’avaient plues. Yoann souriait parfois, mais ne disait rien. Je finis par craquer.
« - Bon ! fis-je. Quoi encore ? »
Yoann me regarda sans comprendre.
« - Pourquoi tu tires la gueule ?
- Je tire pas la gueule ! protesta-t-il.
- Alors pourquoi tu me parles pas ? »
Il haussa les épaules.
« - Laisse tomber, dit-il. Ça a pas d’importance. »
J’insistai encore, mais comme il ne répondit pas, j’abandonnai. Il avait envie de bouder ? qu’il boude. Il me gonflait.
Il lâcha finalement le morceau après un moment.
« - C’est juste que… j’ai l’impression que rien n’a changé.
- Comment ça ?
- Entre nous. Hormis le fait qu’on s’embrasse, c’est pareil qu’avant.
- Et comment croyais-tu que ça allait changer… ? »
Il haussa les épaules.
« - J’aurai pensé qu’on se comporterait plus comme un couple. Mais là… j’ai toujours l’impression qu’on est rien de plus que deux bons potes. Ça me gonfle un peu.
- Désolée, dis-je. Mais je vois pas comment répondre à tes attentes. »
Il soupira.
« - Je t’avais promis de plus remettre ça sur le tapis…, dit-il. Mais moi, j’ai pas envie que notre relation se limite à de simples bisous, Alex. »
Je le dévisageai avec des yeux ronds.
« - Arrête ! dit-il. Me regarde pas comme ça.
- Y’a de quoi, non ? ça fait à peine quelques semaines qu’on sort ensemble…
- Mais on se connaît depuis qu’on est gosses ! Tu peux me dire combien de temps faut que j’attende encore pour avoir ta confiance ?
- Non, je suis désolée. Je peux pas. C’est pas une question de confiance… je sais bien qui tu es. Je te connais. Mais… je peux pas. C’est comme ça. C’aurait été pareil… avec n’importe quel autre mec.
- Il est justement là, le problème ! tu devrais pas me considérer comme les autres… je suis ton ami d’enfance, merde ! »
J’inspirai profondément, puis lâchai :
« - Tu sais quoi ? tu prétends que notre relation n’a pas changé depuis qu’on sort ensemble… mais je vais te le dire, moi ! notre relation a bel et bien changé ! et tu sais pourquoi ? parce que depuis qu’on sort ensemble, tu passes ton temps à me faire des reproches, à m’engueuler ou à me tirer la gueule ! non, on agit pas comme un couple normal : on agit comme un vieux couple marié qui se prend la tête H24 ! je te jure, on dirait mes grands-parents ! ».
Il soupira.
« - Désolé, lâcha-t-il. Mais qu’est-ce qu’il faut que je fasse ?
- Arrête de voir que les mauvais côtés de notre relation. Ma virginité, je te la donnerai, puisque tu y tiens tant ! mais pas tout de suite. Laisse-moi le temps. Si tu me brusques… alors je me casse. C’est comme ça.
- Très bien, dit-il. Mais moi non plus, j’attendrai pas éternellement… »
J’haussai les épaules.
« - Tu feras comme tu veux. »
Au fond, si c’était lui qui rompait, ça me soulagerait.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre V, Souvenirs d'Enfance   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 11:17

Il proposa de me raccompagner jusque chez moi, mais je refusai. Actuellement, je n’avais qu’une seule envie : voir Morgan et lui dire tout ce que j’avais sur le cœur.
Dès que Yoann et moi nous séparâmes, j’allai chez Morgan avec le peu de souvenirs qu’il me restait de l’itinéraire à prendre.
Arrivée devant sa porte, le poing en l’air pour taper, je me sentis tressaillir. Et s’il n’était pas là ? après tout, il était sûrement avec une fille ?
Je ne me laissai pas abattre et frappai à la porte. Aucune réponse. Je réessayai. Même cinéma.
Ce que je pouvais être stupide ! je n’avais même pas pensé à l’appeler pour être sûre qu’il était chez lui !
Je renonçai alors, quand une voix me parvint, provenant de derrière moi :
« - Tiens donc ! c’est pas tous les jours que je trouve une princesse sur le pas de ma porte ! »
Je me retournai. Morgan était là, portant son sac de cours dans une main, ses clefs dans l’autre.
« - Morgan ! fis-je.
- Qu’est-ce que tu viens faire là, Alex ?
- Je voulais te voir… j’ai pas le droit ?!
- Bien sûr que si, répondit-il. »
Il s’avança et enfonça la clef dans la serrure.
« - Tu peux venir autant de fois que t’en auras envie, princesse.
- Mais j’avais oublié de t’appeler pour savoir si t’étais là… je suis bête. T’étais avec une fille, pas vrai ?
- Non.
- Ah bon ?
- J’étais au McDo.
- Quoi ? mais il est 18h !
- Mais non. J’ai pas mangé… je bosse là-bas.
- Sérieux ? »
Il sourit.
« - Ouais, dit-il, tout fier.
- Ça alors ! tu travailles dans quel McDo ?
- Celui du centre-ville. Y’a toujours un monde pas possible. Et je peux draguer autant que je veux. »
Je souris.
« - T’es bête, dis-je.
- Je sais, me répondit-il. Allez, entre. »
J’obéis. J’enlevai mes chaussures.
« - Qu’est-ce que tu me voulais ? me demanda-t-il en fermant la porte. »
Je vis ses yeux se poser sur mes pieds, mais il ne put rien dire : elles étaient toutes les deux noires, et il n’y avait pas la trace du moindre petit trou.
« - Je te l’ai déjà dis : j’avais envie de te voir…
- Ouais, mais tu me vois demain. Ça pouvait pas attendre ? Je savais que ma belle gueule avait un effet pas possible sur toi, mais là… »
J’éclatai de rires.
« - T’es con ! dis-je. Je voulais juste te parler de ce que j’avais sur le cœur…
- Hein ?
- A propos de Yoann.
- Oh, putain, Alex… pourquoi c’est moi que tu viens voir pour tes problèmes de cœur ? tu sais bien que je suis loin d’être l’expert en la matière. Si tu veux des conseils, adresse-toi à ta frangine. Elle s’y connaît sans doutes mieux que moi.
- Mais je veux pas de conseils… j’ai juste besoin de quelqu’un qui m’écoute. Elodie, elle m’écoutera pas. Je le sais bien. Tu es le seul qui m’écoute vraiment quand je parle… »
Il sourit.
« - Attends un peu. Il me faut une Despe’ pour me mettre en condition. »
Il alla dans la cuisine, sortit une bouteille de Desperado, puis me servit un verre de lait qu’il me tendit.
« - On va dans ma chambre ? dit-il, non sans arrière-pensées, comme à son habitude.
- Mais bien sûr, répondis-je, entrant dans son jeu, j’ai même amené tes précieuses menottes ! »
Morgan éclata de rires.
« - Allez, viens, dit-il. »
Je m’assis sur son lit, à côté de lui, et posai ma tête sur son épaule, exténuée.
« - Raconte-moi tes malheurs, princesse, dit-il. »
J’inspirai à fond… puis me lançai.
« - C’est Yoann, dis-je.
- Je sais.
- Il me gonfle.
- Je sais.
- Mais… tais-toi et laisse-moi parler !
- Désolé.
- Il m’a encore fait une crise…
- Je m’en doutais.
- Morgan… !
- Oops. Désolé. A propos de quoi, cette fois ?
- Il disait que rien n’avait changé entre nous. Qu’à part le fait qu’on s’embrassait, on était resté deux potes. Rien de plus.
- C’est vrai qu’il a pas tort…
- Il m’a encore gonflée pour qu’on couche ensemble.
- Arrête, dis pas ça… à t’entendre, on dirait qu’il t’en parle tous les jours. Ça faisait un moment qu’il n’avait pas abordé le sujet.
- Mais même ! ça me saoule !
- Mais… c’est un mec, Alex. En plus, t’as pas de bol, il est pas puceau. S’il l’avait été… il aurait sûrement attendu autant de temps que tu aurais voulu. Mais c’est pas le cas. Et, au bout d’un moment, ben on commence à être en manque.
- La façon dont tu parles… on croirait que nous sommes des animaux.
- Ben, on en est, Alex. On est peut-être un peu plus développés que les autres, mais on reste des animaux. »
Je soupirai.
« - Mais l’amour et le sexe ne sont pas obligés d’être liés…, m’indignai-je.
- C’est ton point de vue.
- J’en ai marre ! ça lui fait quoi, d’attendre encore un peu ?
- D’attendre quoi, Alex ?
- D’attendre… que je sois sûre.
- Sûre de quoi ? »
J’hésitai… puis lâchai subitement :
« - Je veux être sûre que c’est bien de Yoann dont je suis amoureuse, de Yoann et pas de toi. »
Morgan resta sans voix. Puis il secoua frénétiquement la tête, comme s’il voulait rejeter cette idée de toutes ses forces.
« - Mais qu’est-ce que tu racontes ? dit-il finalement. Dis pas de conneries, Alex… c’est Yoann que t’aime. Pas moi…
- Et qu’est-ce que t’en sais, hein ? t’es dans ma tête ? t’es dans mon cœur ? comment tu peux savoir ?
- Mais tu m’avais promis que tu tomberais pas amoureuse de moi ! s’indigna-t-il.
- Et bien je t’ai menti, voilà ! qu’est-ce que ça peut te faire ?
- Je t’ai déjà dis que je voulais pas que tu m’aimes… j’aurai trop peur de te faire souffrir !
- Et alors ?! est-ce que j’y peux quelque chose, moi, si c’est à toi que je pense tout le temps ? est-ce que j’y peux quelque chose si je rêve de toi ? si c’est à toi que je pense alors que je suis avec Yoann ? »
Morgan secoua encore la tête.
« - Arrête ! tais-toi ! dis pas de connerie ! tout ça, c’est psychologique. Tu essaies juste de te convaincre que t’aimes pas Yoann pour avoir un prétexte pour pas coucher avec lui ! mais la réalité, c’est que tu l’aimes vraiment, que t’es complètement dingue de lui, mais que t’as tellement peur de t’envoyer en l’air que tu te réfugies dans des mensonges où tu te persuades que t’es amoureuse de moi !
- C’est faux !
- C’est la vérité et tu le sais ! moi… j’ai rien du tout… qui fait que je mérite d’être aimé. Ni par toi, ni par aucune autre fille… je suis pas quelqu’un qui mérite l’amour d’une nana, et crois-moi, je sais de quoi je parle. J’ai vraiment agi comme un salaud avec pas mal d’entre elles… et j’ai bien trop peur de faire pareil avec toi. Alors, s’il te plaît, même si un jour tu te mettais à m’aimer… et bien arrête tout de suite. Je veux pas que tu sois amoureuse de moi. Même la pire des garces ne mérite pas ça… crois-moi. Même Nelly ne mérite pas de tomber amoureuse de moi. Je te jure que c’est vraiment la pire des souffrances que d’aimer un type comme moi. Je voudrai juste te l’épargner. »
Je baissai les yeux. Ils allaient me rendre folle… entre un qui était complètement fou amoureux de moi et que j’avais peur de faire souffrir, et l’autre qui ne voulait surtout pas que je tombe amoureuse de lui…
Bon sang, j’aurai préféré rester célibataire toute ma vie plutôt que d’avoir à endurer ça ! j’y comprenais rien : pendant toute ma vie, jusque ici, j’avais regardé les autres nanas se bécoter avec leurs mecs sans que ça ne m’arrive jamais, et là, d’un coup, je m’en retrouvai avec deux et je n’étais même pas sûre d’être amoureuse ! c’était vraiment trop injuste…
Et moi, je n’aimais pas décevoir les autres. Depuis que j’étais gosse, je m’étais toujours efforcée de répondre aux attentes qu’on avait sur moi (sauf vis-à-vis de mon père que, jusque-là, je m’étais toujours efforcée de décevoir, malgré moi)… c’était pour ça que j’avais répondu « moi aussi » à la déclaration de Yoann. Et c’est pour ça que je devais croire en ce que Morgan m’avait dit.
Et au fond, il avait peut-être raison… j’avais tellement été traumatisée par ce qu’il s’était passé il y a 3 ans, que je trouvais n’importe quel prétexte pour m’empêcher de coucher avec Yoann…
« - C’est bon, dis-je finalement. J’ai compris. »
Morgan tourna vers moi un regard désolé.
« - Ecoute…, commença-t-il. Je veux pas que tu crois que… ça a un rapport avec toi, hein ? je suis le seul responsable. Toi… t’y es pour rien. Je pense juste que… tu mérites mieux que moi. C’est tout. »
J’hochai la tête.
« - Y’a pas de problèmes ! dis-je. Puisque, de toute manière, je suis pas amoureuse de toi.
- T’en es sûre ?
- Certaine, mentis-je. »
Morgan poussa un long soupir de soulagement. Puis il m’adressa un petit sourire en coin.
« - Bon, dit-il, il faudrait peut-être que tu rentres chez toi ? parce que si ton prince charmant t’as appelée et que t’es pas chez toi… en plus si il apprend qu’on était tout les deux sur mon lit, comme ça… »
Il se pencha vers moi, son traditionnel sourire d’obsédé aux lèvres. J’eus un faible sourire.
« - T’es bête, dis-je. »
Il m’embrassa le front.
« - Allez, princesse, dit-il. Je veux pas te mettre dehors… mais ta mère risque de s’inquiéter. Tu veux que je te dépose ?
- Si ça te dérange pas…
- Ça me dérange pas.
- Bon, alors, d’accord. »

Morgan arrêta sa moto devant chez moi. Je descendis, mais voyant qu’il restait immobile, je lui proposai :
« - Tu veux entrer ?
- Quoi ? pour quoi faire ? »
J’haussai les épaules.
« - Ma mère a tellement entendu parler de toi… je suis sûre qu’elle serait enchantée de te rencontrer. »
Morgan sourit.
« - Ça, c’est un argument non discutable, dit-il. »
Lorsque j’entrai en criant que j’étais rentrée, Elodie et ma mère me sautèrent quasiment au cou. Elles étaient dans un tel état qu’elles ne remarquèrent même pas Morgan sur le pas de la porte.
« - Alex ! rugit Elodie.
- Où t’étais passée, hein ? cria ma mère.
- Yoann a appelé en demandant à te parler ! on croyait que t’étais avec lui, nous ! t’étais où ?
- Chez Morgan, répondis-je.
- Hein ? »
C’est à ce moment là qu’elles s’aperçurent de sa présence.
« - Tiens… Morgan ! s’exclama Elodie.
- Salut, Elo ! dit-il. Euh, bonjour madame… »
Ma mère était restée figée. Elle dévisageait Morgan sans dire un mot, et nous restâmes là, dans le couloir, à contempler notre mère et Morgan qui se dévisageaient tous deux du regard… il fallut attendre au moins cinq bonne minutes avant que notre mère se décide à rompre le silence.
« - Wahoo ! Elodie, tu ne m’avais pas menti ! il est vraiment très beau, ce jeune homme !
- Maman ! m’exclamai-je. »
Morgan éclata de rires.
« - Tu vois, tu vois, tu vois ?! fit Elodie. »
Ma mère avança vers Morgan, attrapa son t-shirt, le força à entrer dans la maison, puis ferma la porte.
« - Fais-moi voir ça…, dit-elle. »
Elle le fit tourner sur lui-même, l’inspectant sous tous les angles, et de haut en bas. Je ne savais même plus où me mettre. Mais Morgan avait l’air d’apprécier ce petit manège plutôt que d’en être mal à l’aise.
« - Maman…, fis-je. C’est pas un phénomène de foire…
- Oh, Alex ! fit Elodie.
- Peut-être, dit ma mère, mais c’est tellement rare, de nos jours, les vrais beaux garçons, que l’on peut se permettre de regarder un peu ! ».
Morgan ria de plus belle.
« - Fais gaffe, dis-je, le complimente pas trop ! sinon, après, il a les chevilles qui enflent. »
Morgan répliqua en me tirant la langue.
Kevin arriva à ce moment-là. Il resta figé de la même manière que ma mère.
« - Et ben quoi, t’as fini de buger, toi ? dis-je.
- Euh… Alex… tu m’expliques pourquoi y’a un mannequin dans notre maison ?
- Pff… ! fis-je. T’es bête ! c’est Morgan !
- Ah… le fameux Morgan…
- Je vois que je suis célèbre ici, fit le concerné, avec un grand sourire.
- Tenez ! regardez ! c’est ce que je vous disais ! il a les chevilles qui enflent !
- Ta gueule, Alex, répliqua mon frère. Dis, Morgan, ça t’es déjà arrivé de faire virer des mecs homos ?
- Une fois…, admit l’autre.
- Sérieux ?! nous exclamâmes ma frangine et moi d’une même voix. »
Morgan nous adressa un sourire angélique.
« - Mais ça remonte à loin. »
Mon petit frère fit, à son tour, son entrée. Il regarda Morgan deux secondes, puis retourna illico dans sa chambre.
« - Ah, ben, je lui ais fais peur…, fit Morgan.
- Ahh ! bien fait pour toi ! charmeur de mères, terroriseurs d’enfants ! »
Morgan me frappa la tête en guise de réponse.
« - Je t’emmerde ! répliqua-t-il.
- Oh ! s’indigna ma mère. Jeune homme, pas de vulgarité dans ma maison !
- Oops. Désolé.
- Ce n’est pas digne d’un beau visage comme le vôtre !
- Désolé, répéta-t-il.
- Et nous, fit Kevin, comme on est moches, on peut se le permettre, c’est ça ?
- Exactement ! répondit ma mère. »
Elle n’écoutait même pas ce qu’on lui disait, trop occupée à contempler Morgan de ses deux yeux ébahis. Une vision de celui-ci avec ma mère m’emplit alors la tête, et dégoûtée, je m’exclamai immédiatement :
« - Bon ! je vais raccompagner Morgan jusqu’au portail, hein ?
- Quoi ? déjàà ? s’indigna ma mère.
- Tu l’as suffisamment mater pour aujourd’hui ! rétorquai-je. »
J’entraînai déjà Morgan vers la porte d’entrée.
« - Alex, t’es qu’une égoïste ! me parvint la voix de ma mère alors qu’on était dehors. »
Morgan éclata de rires.
« - Elle est excellente, ta famille ! me dit-il.
- Et encore, t’as pas vu mon père !
- Je suis sûr que ton père, c’est ton caractère tout craché, pas vrai ?
- Ouais !
- Parce que ta mère, y’a pas de doute : c’est bien celle d’Elodie ! le même tempérament !
- Ouais ! c’est chiant !
- Non… c’est marrant.
- Ouais… mais t’as vu comment elle réagit dès qu’elle voit un mec ? un peu normal que j’ai jamais eu de petit ami, jusqu’à présent. Ils auraient tous fuient en la voyant. »
Morgan ria de nouveau.
« - Moi, je l’aime bien, ta mère, dit-il.
- Normal… elle a pas arrêté de te complimenter. »
Il sourit.
« - J’adore cette ambiance, dit-il. Ça, c’est une vraie famille. »
Je souris tristement.
« - Allez, continua-t-il. »
Il monta sur sa moto et mit son casque.
« - A plus, princesse.
- A plus. »
Je le regardai s’en aller, puis retournai dans la maison.


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MessageSujet: Bloody Tear : Chapitre V, Souvenirs d'Enfance   Bloody Tear. EmptyLun 21 Avr - 11:20

« - Qu’est-ce que t’étais allée faire, chez Morgan ? me demanda presque aussitôt ma jumelle.
- Rien de spécial, répondis-je.
- Menteuse ! pourquoi tu me dis jamais rien, à moi ? ni à Yoann ? on a l’impression que depuis que Morgan ait entré dans ta vie… y’a plus que lui qui compte à tes yeux !
- Dis pas n’importe quoi !
- Alors pourquoi tu ne nous dis jamais rien, à Yoann et à moi ? pourquoi tu ne te confies pas à nous ?
- Je ne me confiais pas à vous avant de rencontrer Morgan non plus.
- Et bien, justement ! pourquoi, à nous, tu ne nous a jamais rien dit, alors que Morgan, tu lui dis toujours tout ? »
Je soupirai.
« - Tu peux pas comprendre, dis-je. Morgan est mon confident. Voilà. J’ai encore le droit de confier mes états d’âmes à qui je veux, non ? »
Elodie ferma les yeux.
« - D’accord, dit-elle. Mais je veux que tu me garantisse une chose.
- Laquelle ?
- T’as couché avec lui ?
- Quoi… ? non mais… t’es folle ! prends pas ton cas pour une généralité, Elodie, je couche pas avec le premier venu, moi ! »
Ma sœur ne protesta pas. Elle poussa juste un long soupir de soulagement.
« - Ouf…, dit-elle. J’avais vraiment peur de ça.
- Mais non… dis pas n’importe quoi. »
Elle sourit, puis dit :
« - Je préférerai crever plutôt que de te voir devenir comme ça. Comme moi… »
Je ne répondis pas.
« - Bon, à part ça, ton aprem’ avec Yoann, ça s’est bien passé ?
- Ouais, répondis-je vaguement. »
Elodie fronça les sourcils.
« - Comment ça, ouais ? t’as passé l’après-midi avec ton chéri, et c’est tout ce que tu trouves à dire pour résumé ça ?
- Ben… ouais. »
Elle leva les yeux au ciel.
« - T’es désespérante, Alex, dé-ses-pé-rante ! »
Je souris mais ne répondit pas.
Le soir, à table, il n’y en eut que pour Morgan. Ma mère se lança même dans une description interminable, disant que c’était un jeune homme charmant et adorable. Je me demandai comment elle pouvait en tirer une telle conclusion alors qu’elle ne l’avait vu qu’un quart d’heure dans toute sa vie.
Je poussai de long soupir d’exaspération quand on me demandait ce que j’étais allée faire chez lui, non sans sous-entendus, bien sûr.
Jordan, quant à lui, avait été effrayé lorsqu’il avait vu les piercings de Morgan et ses traits de crayon noir sous les yeux. Elodie et moi éclatâmes de rires en entendant ça. Je m’imaginais déjà la tête qu’il allait tirer quand on allait lui dire ça.
« - Au moins, lui, il aura pas besoin de déguisement, pour Halloween, dit mon petit frère. Sa tête suffira. »
Nous rîmes de plus belle sans que le pauvre Jordan ne comprenne pourquoi. Personnellement, je ne trouvai pas que Morgan avait une tête à faire peur. Bien au contraire…


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